Windsor Yearbook of Access to Justice
Recueil annuel de Windsor d'accès à la justice
Volume 37, 2020
Table of contents (6 articles)
ARTICLES
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A Former Crown’s Vision for Empowering Survivors of Sexual Violence
Karen Bellehumeur
pp. 1–20
AbstractEN:
Our method for combatting sexual violence in Canada is failing. Survivors of sexual violence have lost confidence in the criminal justice system as evidenced by the extremely low reporting rate to the police. While victims generally wish to hold perpetrators accountable, their reluctance to engage the criminal justice system is a clear indication that the cost (psychologically and emotionally) is too high. Survivors need more protection from re-traumatization and something must change in order to hold perpetrators accountable and deter sexual violence. In this article I propose a fully funded confidential trauma-informed model of victim representation for survivors of sexual violence to better protect their rights and facilitate equal access to justice. I find support for my proposed model by looking to systems of victim representation internationally, in the U.S. Military and in the International Criminal Court. Studies of these models demonstrate that they more meaningfully engage victims with the justice system and mitigate harm in various ways. I also demonstrate why the criticisms of these models are unwarranted. Finally I provide an analysis regarding equality rights under the Canadian Charter and outline why our current process is discriminatory and undermines the equality of women. I conclude that allowing legal representation offers overwhelming value and empowerment to survivors of sexual violence by improving their protection from harm and increasing their access to justice. I further postulate that providing this support to survivors could increase the reporting rate for sexual violence and thereby contribute to reducing the rate of sexually offending with impunity.
FR:
Notre façon de lutter contre la violence sexuelle au Canada ne fonctionne pas. Les victimes de la violence sexuelle ont perdu confiance dans le système de justice pénale, comme en témoigne le taux extrêmement faible de signalements à la police. Bien que les victimes souhaitent généralement que les auteurs de violence sexuelle soient tenus responsables de leurs actes, leur réticence à recourir au système de justice pénale indique clairement que les coûts (psychologiques et émotionnels) sont trop élevés. Les victimes ont besoin d’une protection accrue contre les nouveaux traumatismes, et quelque chose doit changer afin que les auteurs de violence sexuelle soient tenus responsables, ainsi que pour décourager la violence sexuelle. Dans le présent article, je propose un modèle de représentation des victimes tenant compte des traumatismes, confidentiel et entièrement financé pour les victimes de la violence sexuelle, afin de mieux protéger leurs droits et faciliter un accès égal à la justice. Le modèle que je propose s’appuie sur les systèmes de représentation des victimes à l’étranger, dans l’armée américaine et à la Cour pénale internationale. Les études de ces modèles démontrent que ceux-ci font participer les victimes de manière plus significative au système de justice et atténuent les préjudices de diverses façons. Je démontre également pourquoi les critiques dirigées contre ces modèles sont injustifiées. Enfin, je présente une analyse concernant les droits à l’égalité en vertu de la Charte canadienne et j’explique pourquoi notre processus actuel est discriminatoire et porte atteinte à l’égalité des femmes. Je conclus que la représentation juridique offre une excellente valeur et d’énormes possibilités d’autonomisation aux victimes de la violence sexuelle en renforçant leur protection contre les préjudices et en améliorant leur accès à la justice. Je fais également valoir qu’un tel soutien aux victimes pourrait mener à une hausse du taux de signalement de la violence sexuelle et ainsi contribuer à réduire le taux d’infractions sexuelles commises en toute impunité.
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The 2010 Amendments and Hryniak v Mauldin: The Perspective of the Lawyers Who Have Lived Them
Gerard J. Kennedy
pp. 21–67
AbstractEN:
Through a survey of 90 lawyers with litigation experience, the author sought to determine the effects of recent amendments to Ontario procedural law [2010 Amendments] and a leading Supreme Court of Canada case [Hryniak] interpreting those amendments. The results were mixed. Most respondents viewed Hryniak and the 2010 Amendments as, overall, positive. But this was hardly a unanimous view. While Hryniak has certainly had effects, most respondents viewed the effectiveness of Hryniak and the 2010 Amendments to be limited, as other factors have intervened or remained as access to justice obstacles. While there was some perception that a culture shift has begun to emerge, the extent of that culture shift has been restricted. The responses did not lack all hope, but they ultimately suggest that the battle for access to civil justice must continue to be waged on multiple fronts.
FR:
Au moyen d’une enquête auprès de 90 avocats ayant de l’expérience en matière de litige, l’auteur a voulu déterminer les effets des modifications récemment apportées au droit procédural de l’Ontario (les « modifications de 2010 ») et d’un arrêt de principe de la Cour suprême du Canada (« Hryniak ») ayant interprété ces modifications. Les résultats ont été mitigés. Selon la plupart des répondants, l’arrêt Hryniaket les modifications de 2010 ont eu des effets positifs dans l’ensemble. Cependant, cette position était loin de faire l’unanimité. Bien que l’arrêt Hryniak ait certes eu des effets, la plupart des répondants étaient d’avis que l’efficacité de l’arrêt Hryniak et des modifications de 2010 était limitée, car d’autres facteurs sont apparus ou demeurés en place comme obstacles à l’accès à la justice. Même si, selon certains, un changement de culture a commencé à se manifester, la portée de ce changement s’est avérée limitée. Les réponses n’étaient pas sans aucun espoir, mais en définitive, elles donnent à penser que la lutte pour l’accès à la justice civile doit se poursuivre sur plusieurs fronts.
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"Backpack Refugee Rights Advocating" in Greece – Access to Justice through Legal Empowerment
Magnus Manhart
pp. 68–87
AbstractEN:
The moment asylum seekers arrive in Greece, they are often denied access to justice on different levels. At the same time international volunteer field advocates or Backpack Refugee Rights Advocates have the goal of assisting asylum seekers to master the difficulties of the complex European asylum process. More importantly they can play an important role in the process of legally empowering asylum seekers. This paper will first analyze the different forms of access to justice that are denied to asylum seekers in Greece. Then then paper will proceed with the concept of legal empowerment of asylum seekers and it is argued that the main purpose of Backpack Refugee Rights Lawyers should be enabling asylum seekers and refugees to know and enforce their own rights. At the same time the paper identifies and addresses several problems of the work of Backpack Refugee Rights Lawyers. Overall, it is hoped that this paper will provide field advocates with information about how they can play an integral part in the legal empowerment of asylum seekers and refugees if they act according to certain guidelines.
FR:
Au moment où les demandeurs d'asile arrivent en Grèce, ils se voient souvent refuser l'accès à la justice à différents niveaux. Dans le même temps, les défenseurs de terrain volontaires internationaux ou Backpack Refugee Rights Advocates ont pour objectif d'aider les demandeurs d'asile à maîtriser les difficultés du processus d'asile européen complexe. Plus important encore, ils peuvent jouer un rôle important dans le processus d'autonomisation juridique des demandeurs d'asile. Ce document présentera d'abord le rôle et les défis des Backpack Refugee Rights Advocates dans le processus d'autonomisation juridique des demandeurs d'asile. Ensuite, le document analyse comment l'accès à la justice est refusé aux demandeurs d'asile en Grèce et comment Backpack Refugee Rights Advocates peut faire une différence grâce à l'autonomisation juridique. Enfin, le document présentera quelques alternatives au concept de Backpack Refugee Rights Advocates. Dans l'ensemble, on espère que ce document fournira aux défenseurs du terrain et aux autres chercheurs des informations sur la manière dont ils peuvent jouer un rôle essentiel dans l'autonomisation juridique des demandeurs d'asile et des réfugiés s'ils agissent conformément à certaines lignes directrices.
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Making Time for Critique: Canadian ‘Right to Shelter’ Debates in a Chrono-Political Frame
Mark Zion
pp. 88–116
AbstractEN:
This article engages with Canadian ‘right to shelter’ discourse, with a focus on shared assumptions that do crucial work but are sometimes unstated. It offers a ‘chrono-political’ framework to organize various claims made in the courtroom, in legal academic commentary, and by homeless people themselves. People sleeping outdoors have had noteworthy success in court, preventing immediate bodily peril. However, the ‘emergency’ temporality in those cases ultimately offers a limited politics. The author evaluates proposals from legal academics who therefore prescribe court orders that aim to transcend emergency protection: the state ought proactively to provide some minimal level of shelter to everyone, thereby conjoining the emergency temporality with a longer term ‘progressive’ temporality. However, it is argued that these proposals insufficiently formulate how judges understand their institutional role and the extent to which courtroom doctrine can redirect wider neoliberal trends. Regulative assumptions about ‘gradual improvement’ in the law must themselves be interrogated. As an antipode for the courtroom emergency temporality, a ‘dissensual’ temporality is explored, not as a ‘solution,’ but as an already operant politics, one not previously explored in legal academic commentary on the ‘right to shelter.’ Never to be romanticized, the tent city is nonetheless seen to enact what Jacques Rancière terms ‘dissensus,’ in which participants stage their equality in a way that calls into question the existing arrangement of political intelligibility. Amidst present constraints, dissensus discloses an expansive nonlinear temporality that channels egalitarian predecessors, taking feasible action in the present and attempting to prefigure a more equal future dwelling arrangement.
FR:
Le présent article traite du discours canadien sur le « droit au logement », qui met l’accent sur les hypothèses partagées qui font un travail essentiel mais qui sont parfois inexprimées. Il offre un cadre « chrono-politique » permettant d’organiser diverses réclamations présentées en salle d’audience, dans les commentaires des professeurs de droit, ainsi que par les sans-abri eux-mêmes. Les personnes qui dorment dehors ont connu un succès remarquable devant les tribunaux, évitant ainsi des préjudices corporels immédiats. Cependant, la temporalité d’« urgence » dans ces affaires offre finalement un horizon politique limité. L’auteur évalue les propositions des professeurs de droit qui prescrivent donc des ordonnances judiciaires visant à transcender la protection d’urgence : l’État devrait fournir de façon proactive un certain niveau de logement minimal à tous, unissant ainsi la temporalité d’urgence à une temporalité « progressive » à plus long terme. Toutefois, il est soutenu que ces propositions exposent inadéquatement la façon dont les juges perçoivent leur rôle institutionnel et la mesure dans laquelle la doctrine de la salle d’audience peut réorienter des tendances néolibérales plus générales. Les hypothèses régulatrices au sujet d’une « amélioration graduelle » du droit doivent elles-mêmes être examinées. En tant qu’antipode de la temporalité d’urgence de la salle d’audience, une temporalité « dissensuelle » est étudiée, non pas comme « solution », mais comme politique déjà opérante, qui n’a pas encore été examinée dans les commentaires des professeurs de droit sur le « droit au logement ». Bien qu’il ne doive jamais être idéalisé, le village de tentes est néanmoins considéré comme mettant en œuvre ce que Jacques Rancière appelle la « dissension », dont les participants affichent leur égalité d’une manière qui remet en question l’arrangement existant de l’intelligibilité politique. Malgré les contraintes actuelles, la dissension révèle une vaste temporalité non linéaire, en canalisant les prédécesseurs égalitaires, en prenant des mesures réalisables dans le présent et en tentant de préfigurer un arrangement plus égal en matière de logement pour l’avenir.
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Effectuating Change: A Tool Box of Strategies for Reducing the Unnecessary Use of Administrative Court Orders
Sarah Runyon
pp. 117–131
AbstractEN:
This article is a sequel to Correctional Afterthought, in which the author argued that Gladue’s promise of reducing Indigenous over-incarceration by employing non-custodial measures has been thwarted. By insisting on alternatives to incarceration, the justice system is forced to rely on administrative court orders managed by provincial probation services. The judiciary and justice system participants possess a misplaced faith in the probationary regime, which functions as a repressive system of control that necessarily views the Indigenous accused as a risk that must be managed. The most common probation conditions, far from fostering reintegration, serve to erode individual autonomy, engender mistrust, alienation, resentment, and resistance; in the end creating disunity and discord. The aim of Effectuating Change is to offer a sound proposal for legislative reform and in the interim, practical sentencing solutions to deliver the true intention of Gladue and its offspring. Regardless of whether the proposals in this article are vigorously critiqued, supported, denounced or modified the hope is that they create a springboard for creative solutions to the problems identified in Correctional Afterthought.
FR:
Le présent article se veut une forme de suite de l’article intitulé « Correctional Afterthought », lequel soutenait que la promesse de l’arrêt Gladue, soit celle de réduire l’incarcération disproportionnée des Autochtones au moyen de mesures non privatives de liberté, avait été contrecarrée. En insistant sur des solutions de rechange à l’incarcération, le système de justice est obligé de se fonder sur des ordonnances de tribunaux administratifs gérées par les services de probation provinciaux. La magistrature et les participants au système de justice accordent une confiance mal placée au régime de probation, lequel fonctionne en tant que système de contrôle répressif qui perçoit nécessairement l’accusé autochtone comme un risque à gérer. J’ai examiné comment les conditions de probation les plus courantes, loin de favoriser la réintégration, servent à éroder l’autonomie individuelle et à causer de la méfiance, de l’aliénation, du ressentiment et de la résistance, et finissent par mener à la désunion et à la discorde. Le présent article vise à offrir une solide proposition de réforme législative et, dans l’intervalle, des solutions pratiques en matière de détermination de la peine, afin de réaliser la véritable intention de l’arrêt Gladue et des décisions qui l’ont suivi. Que les propositions figurant dans le présent article soient vigoureusement critiquées, soutenues, dénoncées ou modifiées, j’espère qu’elles créeront un tremplin pour trouver des solutions créatives aux problèmes cernés dans l’article intitulé « Correctional Afterthought ».
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Litigating in the Time of Coronavirus: Mental Health Tribunals’ Response to COVID-19
Ruby Dhand, Anita Szigeti, Maya Kotob, Michael Kennedy and Rebecca Ye
pp. 132–160
AbstractEN:
People with mental health and addiction issues are disproportionately affected by COVID-19 given the elevated risk of contracting COVID-19 within psychiatric facilities. The impact of the pandemic on this extraordinarily vulnerable population includes the potential for large outbreaks and multiple deaths. There is also the increased risk of serious psychological harm, exacerbating pre-existing mental health and substance use issues and in turn elevating their risk to themselves and/or others. In Part I of this paper, we analyze the procedural barriers to access to justice that arose as a result of the initial responses to COVID-19 by the Consent and Capacity Board [CCB] and the Ontario Review Board [ORB]. In Part V, we include a brief report on how appeals taken from both tribunals have been handled throughout COVID-19 to date. In Part VI, we analyze the discretionary and systemic barriers experienced by people with mental health and addiction issues appearing before the CCB and ORB during COVID-19. We critique recent mental health law cases during COVID-19 where deprivations of liberty interests and substantive equality have occurred, and access to justice for people with mental health and addictions issues has been denied, suspended or impaired. Through a legal analysis of how the pandemic has impacted this vulnerable community of litigants, we hope this research will result in further advocacy and education to prevent outbreaks and death, improve health care practices, and increase access to justice.
FR:
Les personnes qui ont des problèmes de santé mentale et de toxicomanie sont touchées de façon disproportionnée par la COVID-19, vu le risque élevé de contracter la COVID-19 dans les établissements psychiatriques. Les répercussions de la pandémie sur cette population extrêmement vulnérable comprennent la possibilité d’éclosions importantes et de décès multiples. Il y a également le risque accru de préjudice psychologique grave, qui exacerbe les problèmes de santé mentale et de toxicomanie préexistants et qui augmente les risques que les personnes souffrant de ces problèmes posent pour elles-mêmes ou pour d’autres personnes. Dans la partie I du présent document, nous analysons les obstacles procéduraux à l’accès à la justice qui sont apparus à la suite des réponses initiales à la COVID-19 par la Commission du consentement et de la capacité [CCC] et la Commission ontarienne d’examen [COE]. Dans la partie V, nous présentons un bref rapport sur la façon dont les appels interjetés à l’encontre des décisions des deux tribunaux ont jusqu’à présent été traités pendant la pandémie de COVID-19. Dans la partie VI, nous analysons les obstacles discrétionnaires et systémiques auxquels se heurtent les personnes ayant des problèmes de santé mentale et de toxicomanie qui comparaissent devant la CCC et la COE pendant la pandémie de COVID-19. Nous critiquons de récentes affaires en matière de santé mentale qui ont été instruites pendant la pandémie de COVID-19, dans lesquelles des privations de liberté et des dénis d’égalité réelle ont eu lieu et où l’accès à la justice pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale et de toxicomanie a été refusé, suspendu ou compromis. Grâce à une analyse juridique des effets de la pandémie sur la communauté vulnérable de plaideurs qui nous intéresse, nous espérons que nos recherches mèneront à d’autres activités de sensibilisation et d’éducation visant à prévenir les éclosions et les décès, à améliorer les pratiques de soins de santé et à élargir l’accès à la justice.