Ad machina
L'avenir de l'humain au travail
Numéro 5, 2021 L’adaptation de l’humain au travail
Sommaire (12 articles)
Éditorial
Articles de recherche
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Intégration des travailleurs immigrants en milieu rural : défis et perspectives
Guy Arcand, Jamal Ben Mansour et Myriam Robichaud
p. 3–14
RésuméFR :
Cet article porte sur l’intégration des travailleurs immigrants dans des secteurs non urbains. Différentes études portent sur les travailleurs immigrants; par contre, peu se sont intéressées à l’intégration en dehors des grands centres. Les réalités étant différentes, il est difficile d’inférer les résultats de ces études dans les milieux ruraux. Il s’agit d’une étude qualitative portant sur l’intégration en entreprise, mais également sur l’intégration dans la communauté. En effet, les entrevues que nous avons réalisées nous ont amenés à inclure la nécessité d’intégrer non seulement le travailleur, mais également toute sa famille dans la nouvelle communauté d’accueil. Cette étude préliminaire ouvre la porte à une série d’études pour essayer de mieux comprendre comment nous pouvons faire, autant les entreprises que la collectivité, pour faire en sorte d’assurer une intégration plus harmonieuse des nouveaux travailleurs immigrants et de leurs familles et de s’assurer qu’ils demeurent en poste.
EN :
This article focuses on the integration of immigrant workers in rural areas. Various studies focus on immigrant workers, but there are few on integration outside of major centres. Since the realities are different, it is difficult to infer the results of these studies in rural areas. This is a qualitative study on integration into the workplace as well as into the community. Indeed, the interviews conducted led to include the need to integrate the worker and his entire family into the new host community. This preliminary study opens the door to a series of studies to try to better understand how both businesses and the community can ensure a smoother integration of new immigrant workers and their families in the community and make sure they stay.
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Les industries culturelles : l’art de se réinventer pour assurer la pérennité des modèles artistiques
Julie Bérubé, Alexis Pouliot, Jérémie Roussel et Maud Loranger
p. 15–33
RésuméFR :
La pandémie qui sévit depuis plus d’une année a eu un impact majeur sur les industries culturelles, lesquelles ont été particulièrement touchées par les mesures sanitaires mises en place au Québec. La survie de la culture, notamment en région, est remise en question. Cette recherche poursuit l’objectif de comprendre les adaptations nécessaires aux modèles artistiques afin de rendre les industries culturelles pérennes en région malgré la crise mondiale. Pour ce faire, nous avons mené 5 groupes de discussion regroupant 22 participants et tenu 33 entrevues semi-structurées avec des artistes ou des travailleurs au sein d’organismes culturels. Nous visons les secteurs de la musique, des arts visuels et médiatiques et des arts vivants. Les résultats de cette recherche mettent en lumière les problématiques vécues au sein de ces industries en région comme la fermeture de lieux de diffusion, l’annulation d’événements et la migration de travailleurs vers d’autres secteurs d’activité ou régions. Malgré ces problématiques, nous relevons de nombreuses initiatives permettant à ces industries de traverser la crise. Ces initiatives se déclinent sur deux plans, celui de la création et celui de la diffusion. Des artistes ont adapté leur pratique, par exemple, en exposant à l’extérieur. D’autres se sont tournés vers de nouveaux modes de diffusion comme la baladodiffusion. Des partenariats multidisciplinaires ont également vu le jour. Pour la diffusion, les organismes ont utilisé les nouvelles technologies permettant, par exemple, des expositions virtuelles. Les artistes et travailleurs culturels sont parvenus à mettre en place des stratégies assurant la pérennité de leur modèle artistique.
EN :
The pandemic that has been raging for over a year has had a major impact on the cultural industries, which have been particularly affected by the health measures implemented in Quebec. The survival of culture is questioned, particularly outside major centres. The objective of this research is to understand the adaptations for the artistic models to render cultural industries sustainable outside major centres, despite the global crisis. To achieve this, five focus groups were conducted with 22 participants and 33 semi-structured interviews were held with artists or workers in cultural organizations. The fields of music, visual and media arts, and performing arts were targeted. The results of this research highlight the problems experienced within these industries outside major centres, such as the closure of venues, the cancellation of events and the migration of workers to other fields of activity or regions. Despite these issues, numerous initiatives that enable these industries to make it through the crisis are noted. These initiatives may be found in creation and dissemination. For example, artists have adapted their practice by way of outdoor exhibitions. Others have turned to new dissemination methods like podcasting. Multidisciplinary partnerships have also emerged. As an example of dissemination, organizations used new technologies such as virtual exhibitions. Artists and cultural workers have managed to implement strategies to ensure the sustainability of their artistic model.
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L’action comme vecteur de création de sens pour soutenir la capacité d’adaptation des organisations
Anne-Marie Corriveau et Julie Béliveau
p. 34–52
RésuméFR :
Les enjeux organisationnels occasionnés par la pandémie de COVID-19 démontrent plus que jamais le besoin de développer la capacité d’adaptation des organisations si elles veulent pouvoir réagir à un environnement en constante mutation. Des décennies d’études sur le changement organisationnel ont mis l’accent sur l’importance d’une vision claire du changement souhaité et d’une planification rigoureuse. Toutefois, qu’en est-il du changement non planifié, qui génère ambiguïté et incertitude ? Les données empiriques issues d’un projet de recherche-action mené dans cinq établissements du réseau de la santé québécois en contexte de changement sur une période de quatre ans offrent une perspective intéressante à cette question en identifiant l’action comme vecteur de création de sens pour soutenir la capacité d’adaptation et de changement durable des organisations. Fort de l’analyse par théorisation ancrée de 314 entretiens et plus de 42 groupes de discussion, cet article illustre que le processus de création de sens est composé de trois dimensions – sensegiving, création individuelle de sens, création collective de sens – qui cohabitent de manière concomitante tout au long d’un processus de changement. Ce processus atteint son apogée lorsqu’il permet aux membres de l’organisation de passer à l’action de manière cohérente avec les orientations qui ont guidé ce changement. Une fois cette boucle enclenchée, la capacité des diverses parties prenantes d’agir et de réagir à des situations imprévues ou ambiguës est accrue, conférant à l’organisation une plus grande capacité d’adaptation face à un environnement changeant. Les résultats font aussi ressortir le rôle particulier que peuvent jouer les cadres intermédiaires dans ce cycle de création de sens par et pour l’action.
EN :
The organizational challenges brought on by the COVID-19 pandemic demonstrate more than ever the need for organisations to develop the ability to adapt in order to be able to react to a constantly changing environment. Decades of studies of organizational change have stressed the importance of a clear understanding of the desired change, and careful planning. However, what about unplanned change, which generates ambiguity and uncertainty? The empirical data resulting from an action-research project carried out in five facilities of the Quebec provincial health network, in a context of change over four years, provides an interesting viewpoint for this subject. It identifies action as a medium for creating meaning to support the capacity for adaptation and sustainable change of organizations. Drawing on the analysis using theorization supported by 314 interviews and over 42 focus groups, this article illustrates that the process of creating meaning consists of three dimensions - sensegiving, individual creation of meaning, collective creation of meaning - that coexist concomitantly throughout the process of change. This process culminates in enabling members of the organization to act in line with the orientations that have guided this change. Once this loop is engaged, the capacity of the various stakeholders to act and react to unforeseen or ambiguous situations is enhanced, giving the organization a greater capacity to adapt to a changing environment. The results also highlight the special role that middle management may have in this cycle of creating meaning through and for action.
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Partager les connaissances malgré la distance : quel est l’effet de l’usage des technologies collaboratives?
Andrée-Anne Deschênes
p. 53–68
RésuméFR :
La pandémie de COVID-19 aura sans conteste bouleversé le monde du travail. Le déploiement massif du télétravail induit par cette crise sanitaire a nécessité d’importants ajustements sur les plans de la communication et de l’organisation du travail. Ainsi, les technologies collaboratives, comme la vidéoconférence et les outils de partage et de création de documents et de contenu, se sont imposées comme de nouveaux outils de travail quotidiens pour plusieurs. La rapidité de leur déploiement et de leur démocratisation suscite plusieurs enjeux quant aux conséquences de leur utilisation, notamment sur le plan du partage des connaissances. Cette étude vise à examiner l’effet de l’usage des technologies collaboratives sur les comportements de partage des connaissances dans un contexte inédit, celui d’un télétravail forcé par une pandémie mondiale. Pour ce faire, elle prend appui sur le modèle d’acceptation de la technologie (technology acceptance model [TAM]). Les résultats s’appuient sur une collecte de données menée auprès de 728 télétravailleurs québécois de divers secteurs d’activité à l’hiver 2021. Les résultats confirment les hypothèses du modèle théorique d’acceptation de la technologie : la facilité d’utilisation et l’utilité perçues des technologies collaboratives favorisent leur utilisation. Aussi, les résultats montrent l’effet positif de l’utilisation des technologies collaboratives sur les comportements de partage des connaissances à distance. Ces résultats sont discutés à la lumière de leurs contributions théoriques et pratiques. Des pistes d’études futures sont proposées.
EN :
The COVID-19 pandemic will undoubtedly have upset world of work. The massive deployment of telework induced by this health crisis has required major adjustments in terms of work communication and organization. Thus, collaborative technologies, such as videoconferencing and tools for sharing and creating documents and content, have become new daily work tools for many. The rapidity of their deployment and democratization raises several issues regarding the consequences of their use, particularly in terms of knowledge sharing. This study aims to examine the effect of the use of collaborative technologies on knowledge sharing behaviours in the unprecedented context of telework forced by a global pandemic. To achieve this, the study relies on the technology acceptance model (TAM). The results are based on a collection of data from 728 Quebec teleworkers from various fields of activity in the winter of 2021. The results confirm the hypotheses of the theoretical model of acceptance of the technology: the ease of use and the perceived usefulness of collaborative technologies promotes their use. Also, the results show the positive effect of the use of collaborative technologies on remote knowledge sharing behaviours. These results are discussed in light of their theoretical and practical contributions. Avenues for future studies are suggested.
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Mission d’aider et pandémie : l’autoformation comme stratégie d’adaptation des délégués sociaux de la FTQ
Mélanie Dufour-Poirier et Francine d’Ortun
p. 69–83
RésuméFR :
L’annonce du Grand confinement de mars 2020 est un mémento exceptionnel, un fait historique rare, une expérience vécue par tous les délégués sociaux et les déléguées sociales (DS) de la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ). Cet article dresse le portrait des défis posés par la pandémie de COVID-19 aux DS et fait état de leur remarquable capacité d’adaptation, par la voie de l’autoformation notamment. Sur le plan théorique, les fondements de nos analyses tirent leurs assises du mode d’apprentissage qu’est l’autoformation (d’Ortun, 2012), du modèle conceptuel de Karolewicz (2010) sur la transformation de la pratique professionnelle découlant de l’expérience et du processus et des phases de la transformation de Mezirow (2001). Côté méthodologie, les résultats de nos plus récentes analyses s’inscrivent dans un programme longitudinal de recherche se poursuivant depuis 2014. Les données empiriques soutenant cet article ont été recueillies à l’été 2020 dans la foulée du Grand confinement. Elles proviennent de 2 groupes de discussions ayant rassemblé plus de 25 DS chacun et de 13 entretiens semi-dirigés menés auprès de DS aux parcours et profils diversifiés. Ces entretiens (individuels et de groupe), d’une durée de 60 à 90 minutes, ont été menés par Zoom (en raison de l'injonction de distanciation physique), enregistrés et retranscrits dans leur intégralité. Dans le contexte de la mise sur pause de l’offre de formations syndicales, les résultats mettent en lumière les motifs, les objets et les stratégies d’autoformation des DS. La variété des autoformations recensées souligne la résilience, la débrouillardise, l’autonomie, ainsi que les capacités d’adaptation remarquables des DS pour rejoindre et aider les travailleurs, nonobstant les défis et les enjeux posés par la pandémie. Le document se conclut par les perspectives d’apprentissage entre pairs aidants, mais aussi, plus fondamentalement encore, par l’importance de collectiver les solutions en amont de la souffrance au travail en vue d’apaiser les milieux de travail.
EN :
The announcement of the Great Lockdown of March 2020 is an exceptional memento, a rare historical fact experienced by all the social representatives (SR) of the Federation des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ), a Quebec labour union. This article reveals the challenges brought on by the COVID-19 pandemic to SRs and demonstrates their remarkable ability to adapt, particularly through self-training. Theoretically, the bases of our analyses are drawn from the self-training means of learning (D'Ortun, 2012), from the conceptual model of Karolewicz (2010) on the transformation of professional practice resulting from experience, and the transformation process and phases of Mezirow (2001). In terms of methodology, the results of our most recent analyses are part of a longitudinal research program that has been ongoing since 2014. The empirical data supporting this article were collected in the summer of 2020 in the wake of the Great Lockdown. They come from two focus groups that brought together over 25 SRs each and from 13 semi-structured interviews conducted with SRs with diversified backgrounds and profiles. These individual and group interviews, lasting from 60 to 90 minutes, were conducted using the Zoom video platform (due to the physical distancing injunction), recorded and transcribed in their entirety. With the suspension of the trade union training offer, the results shed light on the motives, objects and strategies of SR self-training. The variety of self-training identified highlights the resilience, resourcefulness, autonomy and remarkable adaptability of SRs to reach and help workers, notwithstanding the challenges and issues brought on by the pandemic. The document concludes with the perspectives of learning between peer helpers, but also, more fundamentally still, with the importance of collectivizing solutions before suffering at work occurs, in order to calm the workplaces.
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Retour au travail du personnel de sécurité publique à la suite d’une problématique de santé mentale : une revue systématique
Clémence Emeriau-Farges, Marc Dussault et Andrée-Ann Deschênes
p. 84–106
RésuméFR :
Le milieu de travail est un déterminant essentiel de la santé de ses acteurs (p.ex., troubles musculosquelettiques, dépression, stress, épuisement professionnel). Le personnel de sécurité publique, par son rôle et sa proximité avec le public, est plus à risque d’être touché par des problématiques de santé mentale. La présente revue systématique aborde la question de l’effectivité des procédures organisationnelles de retour au travail du personnel de sécurité publique, à la suite d’une absence pour une problématique de santé mentale. Afin d’y répondre, une recherche exhaustive a répertorié l’ensemble des études présentes dans la littérature scientifique de 1990 à 2019. Trois études ont été retenues selon les critères d’inclusion et l’évaluation de leur qualité. Les procédures efficaces recensées démontrent la priorité de la communication et de l’inclusion de tous les acteurs d’une organisation dans le processus de retour au travail durable; l’enjeu du suivi exemplaire de la procédure établie en amont, par les membres de l’organisation, tels les médecins du travail ou les gestionnaires; et enfin, l’impact d’une meilleure confiance et connaissance de son rôle et des problématiques de santé mentale, sur l’efficacité du gestionnaire ou du médecin du travail, dans la procédure de retour au travail. La principale conclusion de cette revue systématique est que les procédures actuelles ont un effet significatif limité sur le retour au travail durable des travailleurs de ces milieux. Des constats et des recommandations sont avancés.
EN :
The workplace is a key determining factor in personnel health issues (e.g., musculoskeletal problems, depression, stress, burnout). Because of their duties, public safety personnel have an increased risk of developing mental health problems compared to the general working population. The following systematic review addresses the issue of the effectiveness of organizational procedures for public safety personnel resuming work, following an absence due to a mental health problem. An exhaustive search was conducted to gather the studies in the scientific literature from 1990 to 2019. Three studies were selected based on inclusion criteria and quality assessment. The effective procedures found indicate the following: 1) communication and inclusion is a priority for all the personnel in an organization in the long-term work resumption process; 2) the importance of exemplary follow-up of the procedure established upstream, by members of the organization such as occupational physicians or managers; 3) the impact of better trust; and 4) the impact of knowledge of mental health issues and of one’s role on the effectiveness of the manager or occupational physician in the work resumption process. The main conclusion of this systematic review is that current procedures have a limited significant effect on worker long-term work resumption in these workplaces. Findings and recommendations are given.
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Créer du sens à distance : une lecture weickienne des pratiques de travail de résilience en période pandémique
Claire Estagnasié, Consuelo Vásquez et Claudine Bonneau
p. 107–128
RésuméFR :
Par son côté soudain et inédit, la pandémie de COVID-19 a causé un effondrement des repères traditionnels du travail, une situation jamais vue auparavant, ce que Karl Weick appelle un « vu jàdé ». Certaines organisations, dans l’obligation de fonctionner à distance lors des périodes de confinement sanitaires, ont pu résister, voire se réinventer. Cet article a pour objectif d’explorer, à la lumière de la théorie du sensemaking de Karl Weick, les capacités humaines et organisationnelles dans le déploiement du travail à distance à l’échelle globale pendant et après la crise sanitaire de la COVID-19. Pour cette recherche, neuf entrevues semi-structurées ont été menées avec des salariés travaillant à distance, portant sur leurs pratiques quotidiennes de travail en lien avec l’aménagement de l’espace, des temporalités, les pratiques communicationnelles avec les outils numériques, et la collaboration avec les autres membres de l’organisation. Les quatre sources de « résilience organisationnelle » proposées par Weick (l’improvisation et le bricolage, le système des rôles virtuels, l’interaction respectueuse, la sagesse comme attitude) nous ont permis de dégager quelques pistes sur la manière dont les individus se sont adaptés à cette période particulière à travers leurs pratiques quotidiennes de travail, que nous qualifions de « pratiques de résilience ». La contribution principale de cette recherche est de rendre opérationnel le cadre conceptuel de Weick dans un contexte distancié.
EN :
By its sudden unprecedented nature and the collapse of traditional reference work points, the COVID-19 pandemic corresponds to a situation “vu jàdé”, the opposite of “déjà vu”. Some organizations, forced to operate remotely during periods of sanitary confinement, have been able to resist, or even reinvent themselves. Taking Karl Weick’s “sensemaking” theory as a conceptual framework, this article aims to explore the human and organizational capacities in the deployment of remote work on a global scale during and after the COVID-19 health crisis. For this research, nine semi-structured interviews were conducted with employees working remotely, focusing on their daily work practices in connection with spatial arrangements, temporalities, communication practices with digital tools, and collaboration with other members of the organization. The four sources of organizational resilience proposed by Weick (improvisation and bricolage, virtual role systems, an attitude of wisdom, and respectful interaction) allowed us to draw some insights on how individuals demonstrated resilience through their daily work practices during this period, which we qualify as “resilience practices”. The main contribution of this research is to render Weick’s conceptual framework operational in a remote context.
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Les entreprises libérées : en quête du dernier Eldorado
Olivier Gagnon
p. 129–143
RésuméFR :
Les organisations sont constamment à la recherche d’une formule leur permettant à la fois d’être hautement concurrentielles tout en assurant à la main-d’oeuvre une qualité de vie au travail. Le modèle de l’entreprise libérée répond en théorie à ces besoins. Toutefois, il importe de valider empiriquement les attentes. La présente étude mettra à l’avant-plan une société québécoise qui a instauré l’entreprise libérée. Nous tenterons de faire ressortir les conditions de succès ou les éléments phares qui ont permis à cette société de réussir sa libéralisation. Cette recherche exploratoire à cas unique vise à mieux cerner les spécifications propres aux entreprises adoptant ce modèle.
EN :
Organizations are constantly seeking a formula that allows them to be competitive while ensuring work life quality for the workforce. The liberated company model theoretically meets these needs. However, it is important to empirically validate the expectations. This study will highlight a Quebec company that introduced the liberated company. Highlighted are the conditions for success or key factors that have enabled this company to succeed its liberalization. This single-case exploratory research aims to better define the specifications for companies adopting this model.
Perspectives théoriques
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Évolutions de l’intelligence artificielle au travail et collaborations humain-machine
Anne-Marie Côté et Zhan Su
p. 144–160
RésuméFR :
L'intelligence artificielle (IA) est de plus en plus présente dans toutes les sphères de la société. Elle est d’ailleurs sur le point de bouleverser radicalement les milieux de travail et la vie quotidienne. Cette évolution imminente suscite cependant de nombreuses inquiétudes, notamment sur le marché du travail. Le déploiement de l'IA pourrait supprimer plus d'emplois qu'il n'en crée et modifier leur nature, y compris dans le cas des emplois qualifiés. En réponse à la pandémie de COVID-19, de nombreuses entreprises à travers le monde ont dû prendre dans l’urgence le virage numérique afin d’assurer leur survie. Cette crise pourrait d’ailleurs constituer un tournant dans l'adoption de nouvelles technologies telles que l'IA. Cette étude explore les grandes tendances associées aux évolutions qu’apporte l’IA au marché du travail et aux nouvelles collaborations humain-machine. Allant bien au-delà de la simple automatisation de processus de tâches répétitives, l’alliance de l’IA à l’humain a le potentiel d’augmenter les capacités humaines, de permettre aux individus de mieux travailler ensemble et ainsi de devenir un puissant levier d’innovation et de créativité.
EN :
Artificial intelligence (AI) is used increasingly in all spheres of society. It is on the verge of radically transforming workplaces and daily life. However, this imminent development raises many concerns, particularly in the labour market. Using AI could eliminate more jobs than it creates and change their nature, skilled jobs included. To cope with the COVID-19 pandemic, many businesses around the world have had to urgently resort to digital technology to ensure their survival. This crisis could also constitute a turning point to adopting new technologies such as AI. This study explores the major trends associated with the changes that AI brings to the labour market and to new human-machine interactions. Going far beyond the simple automation of repetitive task processes, humans working with AI may increase human capacities, enable individuals to work better together, and thus become a powerful lever for innovation and creativity.
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Occasions et défis de l’utilisation de la microcertification numérique au 21e siècle : présentation d’un modèle conceptuel pour les gestionnaires
Guillaume Desjardins, Gustavo Adolfo Angulo Mendoza et Stéphanie Turgeon
p. 161–184
RésuméFR :
La crise sanitaire provoquée par la pandémie de COVID-19 a engendré des perturbations majeures dans tous les secteurs de l’industrie et a accéléré la transformation numérique des organisations tout en étant le catalyseur de la formation en ligne et de l’apprentissage par le numérique (Brunet, 2020; FCEI, 2020; Lamb, 2020). Ainsi, dans un contexte postpandémique, il est envisageable que les systèmes de formation des organisations soient principalement basés sur des modalités de formations en ligne ou hybrides (Schrumm, 2020). De plus, le mode de formation dit traditionnel entraîne plusieurs insatisfactions chez les gestionnaires actuels. Ainsi, de nouvelles options sont envisagées par les employeurs eux-mêmes afin de pallier le manque de compétences spécifiques de leur main-d’œuvre qui sont propres à leur industrie. L’une de ces initiatives est la microcertification numérique (MCN). Cet article propose un modèle conceptuel construit à partir d’une revue de la littérature qui marie le domaine de l’éducation avec celui du monde des affaires. Il présente les éléments qui accélèrent l’adoption des MCN ainsi que les possibles obstacles lors de l’implémentation.
EN :
The health crisis caused by the COVID-19 pandemic has caused major disruptions in all sectors of industry and has sped up the digital transformation of organizations while being the catalyst for online training and digital learning (Brunet, 2020; CFIB, 2020; Lamb, 2020). In a post-COVID context, it is thus conceivable that the training systems in organizations will be mainly based on online or hybrid training methods (Schrumm, 2020). The traditional training method is considerably dissatisfactory for current managers. Thus, new options are being considered by employers to address themselves their workforce specific skills shortages for their own their industry. One such initiative is digital micro certification (DMC). This article proposes a conceptual model produced by reviewing the literature, that combines the field of education with that of the business world. It presents the elements that speed up the adoption of DMCs as well as the obstacles that may be met during implementation.