Hors-dossierRecensions

Yvan Lamonde, Les colonies du Haut et du Bas-Canada avant et à l’époque des rébellions, Québec, PUL, 2022

  • Julien Mauduit

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  • Julien Mauduit
    Université Laval

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Couverture de Au nom de l’universel : le Québec et les droits humains au XX<sup>e</sup> siècle, Volume 31, numéro 3, hiver 2024, p. 7-248, Bulletin d'histoire politique

Chaque contribution à l’étude des « Rébellions » est la bienvenue, car l’importance et l’intérêt de cet épisode historique semblent déconsidérés par les chercheuses et les chercheurs enseignant dans les universités du Québec et du Canada, mais également du fait de la richesse de l’évènement qui reste à explorer. Le livre d’Yvan Lamonde, Les colonies du Haut et du Bas-Canada avant et à l’époque des rébellions, vient compléter une discussion historiographique qui a pris forme depuis les années 1990 et qui s’est accélérée avec la publication, en 2010, du livre de Michel Ducharme sur l’idée de liberté : que nous apprend la déprovincialisation d’un évènement qu’il nous faut, aussi, comprendre dans son unicité, c’est-à-dire en englobant dans une même réflexion les deux colonies canadiennes ? L’apport de Lamonde est toutefois limité, mais les lectrices et les lecteurs intéressés par l’histoire politique de ces deux colonies, entre leur création administrative en 1791 et la tentative de révolution qui éclate en 1837, auront certaines bonnes raisons de consulter l’ouvrage. Le but d’Yvan Lamonde est de comparer les histoires du Bas-Canada et du Haut-Canada (le Québec et l’Ontario) afin de « pondérer la dimension nationalitaire des évènements de 1837 et de 1838 » (p. XI). Il est structuré en ce sens avec, tout au long d’une progression chronologique, des chapitres et des sections qui s’appliquent à mettre en parallèle les deux colonies, alors que plus de la moitié du livre est consacrée à ce que l’auteur nomme les « rébellions », au pluriel. Diverses annexes complètent l’ouvrage, rendant accessibles des informations utiles et élémentaires. La narration commence avec le bouleversement provoqué par la Révolution américaine et l’auteur rappelle un ensemble d’informations politiques, démographiques et culturelles sur la période couverte. Les lecteurs attentifs sourcilleront néanmoins à la vue de certaines imprécisions factuelles ou éditoriales, comme les dates de la guerre d’Indépendance des États-Unis (p. 1 et p. 3). Le propos se concentre sur la progressive radicalisation de la contestation face à l’ordre britannique dans les deux colonies (chapitres 1 et 2), prélude à l’éclatement de la violence dans les années 1830. L’ampleur de l’analyse s’avère néanmoins restreinte, ce qui est manifeste pour le Haut-Canada puisque l’auteur s’appuie davantage sur des notices du Dictionnaire biographique du Canada (DBC) – excellente source, certes, malgré l’âge des textes – que sur les recherches disponibles, notamment les plus récentes. La juxtaposition d’informations qui résulte de cette démarche accentue sa tendance à personnifier l’histoire, ce qui tend régulièrement vers l’anecdotique, même si sa connaissance générale de l’histoire lui permet de proposer un récit agréable et accessible aux non-spécialistes. Les informations portant sur le Bas-Canada sont largement reprises de ses précédents ouvrages, incontournables et donc bien connus. Si les extraits des notices biographiques du DBC continuent de fournir une importante partie des informations, le propos se densifie dans le chapitre consacré au radical William Lyon Mackenzie, qui permettra notamment au lectorat francophone de mieux se familiariser avec cette grande figure haut-canadienne de l’époque. L’auteur souligne que le « vice » de l’administration coloniale, incarné par le « Family Compact » et la « clique du Château » au pouvoir dans les deux colonies, « était massivement le même dans le Haut et dans le Bas-Canada » (p. 40). Par conséquent, Mackenzie et Papineau s’accordent dès les années 1820, selon l’auteur, pour identifier leur « intérêt mutuel » et « l’intérêt d’un travail commun ». Le troisième chapitre documente cette convergence des luttes et des revendications, qui se précise au tournant de 1830, ce qui représente une contribution historiographique notable. Pour les années qui précèdent l’éclatement de la …

Parties annexes