FR :
Héritier de la génération littéraire postmoderne, le roman Tombeau de J.R. Léveillé se présente comme le résultat d’une équation thématique: l’amour et la mort provoquent la création artistique. Récit associatif, voire symbolique qui installe la Figure, celle du Créateur. Ce Créateur est Christian, mais par extension Orphée, tel qu’Ovide l’interprète dans ses Métamorphoses. Or, dès que naît l’acte de création s’installe la transformation d’un récit chronologique en un «déploiement» sémiotique, engageant d’emblée le lecteur dans une entreprise de décodification. L’examen des processus de lecture et plus précisément des processus perceptuel et cognitif, tels qu’établis par Gilles Thérien dans son article «L’exercice de la lecture littéraire», constitue une manière de rendre les signes qui composent le texte accessibles au lecteur, lui permettant ainsi de saisir l’analogie du mythe ovidien. Au niveau perceptuel, il s’agit d’une lecture engageante pour les sens du lecteur qui doit composer avec une structure obéissant à une esthétique de la transformation, alors que le genre narratif se teint d’accents élégiaques. Une ambiguïté formelle que reflète également le contenu alors que les deux récits présentent des personnages aux contours flous, une chronologie brouillée, des lieux imprécis et une entreprise de résurrection éphémère. Deux récits où le verbe «créer» devient synonyme d’«idéaliser».
EN :
J.R. Léveillé’s novel, Tombeau, a product of the post-modern literary generation, unfolds as the result of a thematic equation: love plus death yields artistic creation. An associative and even symbolic narrative gives form to the Figure, that of the Creator. This Creator is Christian, but also, by extension, Orphée, as interpreted by Ovid in Metamorphoses. No sooner does the creative act take shape than the transformation from chronological tale to semiotic deployment begins, drawing the reader immediately into the task of decoding the text. The examination of the reading process or, more to the point, the perceptual and cognitive processes at play when readers read, as set forth by Gilles Thérien in an article entitled “L’exercice de la lecture littéraire“, constitutes a means of rendering the component signs of the text accessible to readers, so that they may apprehend the analogy with the ovidian myth. At the perceptual level, reading is an act that engages the senses of readers, who must observe a structure that adheres to an aesthetic of transformation, while the narrative genre is tinged with elegiacal tones. This formal ambiguity is also reflected in the content, as the two narratives present fuzzily-drawn characters, a scrambled chronology, imprecise notions of place and an ephemeral effort towards resurrection. In these two narratives, “creativity“ becomes synonymous with “idealization.“