Résumés
Résumé
Au Canada, en milieu bilingue, la traduction est un mode de vie : on y échappe rarement au cours d’une journée, que ce soit par la lecture ou par la parole. Cela se produit à tout moment, et à tout âge. Ce phénomène peut se mesurer par la statistique lexicale, comme le démontre cet article, fondé sur des extraits de textes de Gabrielle Roy et sur des indices de « disponibilité lexicale », calculés sur les données d’une enquête auprès de jeunes Franco-Manitobains. Nous dégagerons trois pratiques traductives quotidiennes. La première consiste en traduction proprement dite : elle a lieu dans le discours, quand un mot en une langue est aussitôt suivi de sa traduction, dans la même phrase, prenant (ou introduisant) la fonction de commentaire métalinguistique. La deuxième est la traduction partielle : le mot anglais n’est traduit qu’en partie, ce qui donne lieu à des mots hybrides, des anglicismes. La troisième, traduction mentale, est liée à l’alternance des langues (ou alternance codique où le locuteur passe d’une langue à l’autre dans le cadre d’un même énoncé). Nous verrons que ces trois pratiques sont observables dans les textes de Roy, tout comme dans le vocabulaire disponible des 336 témoins de l’enquête.
Abstract
In bilingual areas of Canada, translation is a way of life. A day without translation, whether while reading or while speaking, is rare indeed. The need to translate can arise at any time and affects all ages. This phenomenon can be measured through lexicometry—the statistical analysis of discourse—as demonstrated in this article, based on excerpts of Gabrielle Roy’s writings and on lexical availability indices calculated using data from fieldwork with young Franco-Manitobans. In this article, we identify three translation practices that occur daily. The first of these is translation qua translation, which occurs in discourse when a word in one language is immediately followed by its translation in the other, in the same sentence. The translation thus takes on (or introduces) the function of a metalinguistic remark. The second everyday translation practice is partial translation: the English word is only partially translated into French. This gives rise to hybrid words, or anglicisms. The third, silent translating, is linked to alternating between languages (code-switching), a practice whereby speakers shift from one language to the other within a single sentence. We will see how these practices are observable in the writings of Gabrielle Roy as well as in the available vocabulary of our 336 young informants.
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Parties annexes
Bibliographie
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