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L’avant-propos présente l’idée centrale de l’ouvrage : confirmer la validité de l’usage des termes « métropole » et « métropolisation » dans les études urbaines, en géographie sociale, ainsi que dans les sciences régionales. Ce point de vue est clairement attesté au regard de l’importance des références bibliographiques mobilisées par les différents auteurs de l’ouvrage collectif incluant chercheurs francophones et anglophones. L’intérêt de la métropole provient du fait qu’elle regroupe un large spectre d’activités économiques et qu’elle représente le principal « réceptacle » d’enjeux sociaux, politiques et économiques indissociables des craintes écologiques et identitaires sans oublier les « frayeurs logistiques » (concernant notamment les infrastructures). L’avant-propos sert également d’introduction aux quatre parties incluant 13 articles principalement ancrés dans la réalité du Québec, pendant que l’épilogue intitulé « l’espace métropolitain comme espace délibératif ? » synthétise l’essentiel des débats en cours sur la gouvernance métropolitaine. Il présente l’intérêt de mettre en évidence la spécificité de la culture politique québécoise tout en rappelant sa proximité avec celle de l’État français.

Comme il est quasi impossible de rendre compte de l’ensemble des arguments présentés dans l’ouvrage, ce compte-rendu se limitera à souligner les éléments originaux qu’on ne retrouve pas dans les ouvrages collectifs abordant la même thématique. Une partie du chapitre II intitulé City Academy souligne la compétitivité accrue entre les villes à l’heure de la métropolisation ainsi que le rôle et la contribution des chercheurs pour mettre au point ces classements de type benchmarking. L’expression « urbanisme de créneau » est remarquablement illustrée par l’analyse dans les plans d’aménagement et les termes promotionnels utilisés par la Ville Saint-Laurent (dans la région métropolitaine de Montréal). En prenant deux périodes (1950-1980 et 1980-2000), Darchen démontre avec subtilité les mutations des pratiques d’aménagement ainsi que le choix volontariste des acteurs en faveur de l’insertion de leur territoire (municipal) dans les secteurs de la haute technologie. Le chapitre V met en évidence la rivalité entre deux visions possibles de la métropole (ici Montréal) et l’auteure, Claire Poitras, souligne avec acuité la différence entre la métropole organisée autour d’une ville centre et la vision d’une métropole organisée sous le mode polycentrique en prenant l’exemple des infrastructures. Le chapitre VIII répond certainement le mieux à l’attente du lecteur français en quête d’une sorte de diagnostic ou d’évaluation des réformes de restructuration de type fusion et défusion des dernières années ayant touché Montréal (et d’autres villes canadiennes). En centrant son analyse sur la thématique du budget, des services et des financements, Hamel démontre le poids des responsabilités métropolitaines qui incombent en réalité à la ville centre (Montréal), en dépit de l’apport compensatoire de la province de Québec qui, paradoxalement, a autorisé la défusion des municipalités suburbaines riches.

A l’issue de la lecture de cet ouvrage centré sur l’expérience du Québec, il est peu aisé d’indiquer son positionnement au sein de la production scientifique. Le lecteur regrette également que les éditeurs, qui dans leur introduction avaient réussi à différencier avec brio les trois usages (pédagogique, géopolitique et méthodologique) de la métropole, n’aient pas fait le choix d’organiser l’ouvrage sur cette base. L’usage pédagogique se présente comme un outil permettant de penser le développement territorial et à terme d’imaginer une gouvernance métropolitaine alors que l’usage stratégique permet de reconnaître la portée géopolitique des métropoles (y compris au sein d’institutions comme l’OCDE) et que l’usage méthodologique permet d’élucider les modalités d’investigation.