EN :
Ukrainian witchcraft beliefs, as attested in materials collected by the author and in stories recorded in the early part of this century by Volodymyr Hnatiuk, serve many functions. They alleviate tensions between neighbors over property, especially foodstuffs such as milk, explaining why one villager has more milk than another or why someone suffers a sudden drop in milk production. By providing a vehicle for victim-blaming, especially in failed love relationships, they excuse misbehavior and assuage feelings of guilt. Most strikingly, they provide an excuse for community inaction. There were no witchcraft trials in Ukraine and accusations of witchcraft, instead of preceding persecution of a presumed witch, usually come after an attack and serve to justify the violent behavior of the attacker. When someone commits a violent act, be it a man who feels guilty over jilting his lover and strikes her to punish her for the anger he fears she harbors towards him, or a man, often drunk, who attacks at random, the community chooses to explain the attack rather than to punish it. The explanation is that the victim must have been guilty of witchcraft.
FR :
En Ukraine, les croyances en la sorcellerie, qui sont manifestes dans les documents que l’auteure a collectés sur le terrain et dans les histoires qui ont été enregistrées au début du siècle par Volodymyr Hnatiuk, remplissent différentes fonctions. Elles allègent les tensions entre voisins, particulièrement en ce qui concerne les denrées alimentaires comme le lait, permettant d’expliquer pourquoi un villageois a plus de lait qu’un autre ou pourquoi plusieurs connaissent soudainement des baisses dans leur production de lait. Elles permettent aussi de jeter le blâme sur la victime, surtout dans le cas des relations amoureuses difficiles, de justifier une mauvaise conduite et d’apaiser un sentiment de culpabilité. Plus frappant encore, ces croyances permettent de justifier l’attitude passive de la communauté. Il n’y a pas eu de chasses aux sorcières en Ukraine, les accusations de sorcellerie, au lieu de précéder la persécution d’une sorcière présumée, viennent généralement après l’agression et servent à justifier le comportement violent de l’agresseur. Lorsqu’un homme commet un acte violent, que ce soit un homme qui éprouve de la culpabilité après avoir rejeté son amoureuse et qui l’agresse pour la punir de sa colère, qu’il s’agisse d’un homme ivre qui agresse de façon imprévisible, la communauté choisit d’expliquer l’agression plutôt que de punir l’agresseur, l’explication étant que c’est la victime qui est coupable de sorcellerie.