Imaginations
Journal of Cross-Cultural Image Studies
Revue d’études interculturelles de l’image
Volume 13, numéro 2, 2022 Travelling by Photograph: Representing and Reframing Migration Sous la direction de Carolina Cambre et Asko Lehmuskallio
Sommaire (9 articles)
Introduction
Articles
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The Photographer Photographed: A Conversation with Jean Mohr
Reuben Connolly Ross
p. 23–45
RésuméEN :
The Swiss photographer Jean Mohr, who died in November 2018 at the age of 93, is well known for his long career documenting the plight of the displaced and dispossessed. Especially noteworthy are his collaborations with major intellectual figures, through which he experimented with the construction of visual narratives. His celebrated books with John Berger include *A Fortunate Man*, an intimate portrait of an English country doctor, and A Seventh Man, a meditation on migrant labour in 1970s Europe; with Edward Said, he published After the Last Sky, a reflection on Palestinian life through the fusion of text and photography. Partially based on a short interview conducted with Mohr in early 2018, this paper reflects on his life and work, taking the reader on a journey mediated by our conversation. In particular, I explore the development of his unique approach to photography and the experimental construction of visual narratives. In so doing, I argue that Mohr’s work offers social scientists, particularly those engaged in studying processes of migration or zones of conflict, ways of constructing more effective, more engaged, and more experiential accounts of complex social realities.
FR :
Le photographe suisse Jean Mohr, décédé en novembre 2018 à l’âge de 93 ans, est connu pour sa longue carrière de documentation du sort des personnes déplacées et dépossédées. Ses collaborations avec de grandes figures intellectuelles, à travers lesquelles il a expérimenté la construction de récits visuels, sont particulièrement remarquables. Ses livres célèbres avec John Berger comprennent A Fortunate Man, un portrait intime d’un médecin de campagne anglais, et A Seventh Man, une méditation sur le travail des migrants dans l’Europe des années 1970 ; avec Edward Said, il a publié After the Last Sky, une réflexion sur la vie palestinienne à travers la fusion du texte et de la photographie. Partiellement basé sur un court entretien réalisé avec Mohr au début de 2018, cet article réfléchit à sa vie et à son œuvre, entraînant le lecteur dans un voyage médiatisé par notre conversation. J’explore en particulier le développement de son approche unique de la photographie et la construction expérimentale de récits visuels. Ce faisant, je soutiens que le travail de Mohr offre aux spécialistes des sciences sociales, en particulier ceux qui sont engagés dans l’étude des processus de migration ou des zones de conflit, des moyens de construire des comptes rendus plus efficaces, plus engagés et plus expérientiels de réalités sociales complexes.
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Migrant Portraiture and Life Imaging in Fazal Sheikh’s Photodocumentaries
Birgit Mersmann
p. 47–78
RésuméEN :
This article explores the role of migrant photo portraiture for life imaging by providing a close reading of two photobooks by contemporary photographer Fazal Sheikh – A Sense of Common Ground (1996) and The Victor Weeps. Afghanistan (1998). Visual storytelling is a core feature of this social and humanitarian photographer’s work, through which two main questions are addressed: how are real-life migration experiences as survival stories and personal biographies inscribed in the portraits of refugees and migrants? Which form(at)s of portraits are chosen, and which practices of portrayal are employed for the purpose of documenting migrant lives? Based on Jean-Luc Nancy’s portrait theory and Giorgio Agamben’s notion of ‘bare life’, the author introduces a process-analytical category of the ‘migrant/refugee portrait’ in order to grasp the complex (de-)figuration processes connected with the sociopolitical issues of human displacement. In Sheikh’s long-term portrayal of migrant/refugee communities and his concept of relational portraiture, she recognizes an effective documentary photo practice for de-othering and demigrantizing the portrait of the migrant as a stereotypical representation of the ‘other’.
FR :
Cet article explore le rôle du portrait photographique de migrants dans la construction d’une représentation visuelle de leur vie, en se livrant à une lecture en profondeur de deux ouvrages photographiques du photographe contemporain Fazal Sheikh: – A Sense of Common Ground (1996) et The Victor Weeps. Afghanistan (1998). La narration visuelle est au coeur de l’oeuvre sociale et humanitaire de ce photographe, qui pose deux questions principales: Comment les expériences vécues de migration ressenties comme des histoires de survie et les biographies personnelles sont-elles inscrites dans les portraits de réfugiés et de migrants ? Quelles formes de portraits sont choisies et quelles pratiques de représentation sont employées pour documenter la vie des migrants ? S’appuyant sur la théorie du portrait de Jean-Luc Nancy et la notion de Giorgio Agamben de “vie mise à nu,” l’auteur présente une catégorie de procédés analytiques du portrait de communautés de migrants et de réfugiés destinés à expliquer les processus complexes de (dé-)figuration associés au questions de déplacement de populations. À travers son long travail de représentation de communautés de migrants et de réfugiés, et son concept de portraiture relationnelle, Sheikh révèle une pratique de photographie documentaire visant à dé-autériser et démigrer le portrait du migrant en tant que représentation stéréotypée de “l’autre”.
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Gender and Migration: Resisting with a Camera. A Researcher to Researcher Experience
Yolanda Hernández-Albújar et Adriana Ciccaglione
p. 79–103
RésuméEN :
This manuscript is a reflexive collaboration between two differently situated researchers. It meets at the crossroad of knowledge and visual activism at three levels: it uses a case study to analyze the possibilities of photovoice as a form of resistance against narratives of hate; it reflects on the ways in which the observed and the observer cooperate to construct from their own perspectives a legitimized knowledge aiming to promote visibility and social transformation; finally, it revises whether photovoice may become a form of visual activism and, if so, the ways in which images may be used toward this goal. Using as a point of departure the work of the photographer Diane Arbus and a photovoice project on being a migrant woman in Spain, the authors elaborate on the power of images to work at the margins, from the margins, and for the margins.
FR :
Ce manuscrit est le fruit d’une collaboration réflexive entre deux chercheuses situés à des endroits différents. Il se situe au carrefour de la connaissance et de l’activisme visuel à trois niveaux : il utilise une étude de cas pour analyser les possibilités du photovoice comme forme de résistance aux récits de haine; il réfléchit aux façons dont l’observé et l’observateur coopèrent pour construire à partir de leurs propres perspectives un savoir légitimé visant à promouvoir la visibilité et la transformation sociale; enfin, il examine si les images peuvent devenir une forme d’activisme visuel et, si c’est le cas, les façons dont elles peuvent être utilisées à cette fin. En utilisant comme point de départ le travail de la photographe Diane Arbus et un projet de photovoice sur le fait d’être une femme migrante en Espagne, les auteurs élaborent sur le pouvoir des images de travailler aux marges, à partir des marges et pour les marges.
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A Key to Home: Illuminating the Role of the SIM Card in Refugee Resettlement
Liz Hingley
p. 105–121
RésuméEN :
This paper considers how creative research mediated by mobile devices might contribute to upending inherited notions of refugee powerlessness and passivity in galleries and museums. A collaborative project, undertaken in 2019, explored the significance of SIM cards in forging a sense of security, identity, and belonging for Syrian refugees on a resettlement program in the U.K. This “opening up” the “body” of the smartphone in the process of creating artworks reveals the urgent need for deeper appreciation of the meaning and materiality of personal digital ecosystems (Blanke & Pybus 2020) for refugees negotiating a sense of home.
FR :
Cet article examine la manière dont une recherche créatrice réalisée à l’aide de smartphones peut contribuer à renverser dans les galeries d’art et les musées les notions d’impuissance et de passivité ressenties par les réfugiés. Un projet collaboratif, entrepris en 2019, a exploré le rôle des cartes SIM pour forger un sentiment de sécurité, d’identité, et d’appartenance parmi des réfugiés syriens participant à un programme de relocalisation au Royaume-Uni. Cette “ouverture” du “corps” du smartphone au cours du processus de création artistique révèle le besoin urgent d’une appréciation plus profonde de la signification et de la matérialité des écosystèmes digitaux personnels (Blanke & Pybus 2020) pour les réfugiés qui tentent de reconstruire un sentiment d’appartenance.
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(Dis)Affect, Photography, Place
Patricia Prieto-Blanco
p. 123–144
RésuméEN :
Migrants are connected for a variety of reasons (Leurs and Prabhakar 2018, p. 247), and in a myriad of ways (Cabalquinto 2018; Özdemir, Mutluer, and Özyürek 2019; Gencel Bek and Prieto-Blanco 2020). Drawing from a larger project of ethnographic nature (Prieto-Blanco 2016b), this paper argues that photographic practices advance socialization in transnational families, and that each practice activates certain relational affordances to support bonding and familial intimacy. This also serves to offer an alternative reading of phatic communication (Malinowski 1923) as an emotion‐based process. Finally, the paper proposes to understand (digital) photography as a medium of (inter)action and experience for transnational families.
FR :
Les migrants sont liés entre eux pour un grand nombre de raisons (Leurs and Prabhakar, p. 247) et d’une myriade de manières (Cabalquinto 2018; Özdemir, Mutluer, and Özyürek 2019; Gencel Bek and Prieto-Blanco 2020). S’inspirant d’un plus grand projet de nature ethnographique (Prieto-Blanco 2016b), cet article argumente que les pratiques photographiques aident à la socialisation au sein des familles transnationales et que chaque pratique active des potentiels relationnels pour soutenir les liens et l’intimité familiales. Cela permet également d’offrir une lecture alternative de la communication phatique (Malinowski 1923) comme un processus reposant sur les émotions. Enfin, l’article offre une compréhension de la photographie (digitale) comme un moyen d’(inter)action et d’expérience pour les familles transnationales.
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The Wall and the Politics of Exclusion and Inclusion at Baja California Borderlands: A Pictorial Journey
Ángel Iglesias Ortiz
p. 145–180
RésuméEN :
The essay considers the border wall between Mexico and the United States as its primary visual, symbolic, and material reference to reflect on the politics of exclusion and inclusion entangled in everyday discourses and practices in Baja California’s borderlands. Everyday bordering applies not only to governmental technologies of control but also to these sorts of politics. The essay proposes that the wall represents an exclusionary symbol that is nonetheless challenged by those who attempt to embed inclusion in this context. The pictorial journey shows aspects of common situations next to the wall between the Mexican cities of Mexicali and Tijuana.
FR :
Cet essai considère le mur frontalier entre le Mexique et les États-Unis comme son principal référent visuel, symbolique et matériel, dans le but de réfléchir aux politiques d’exclusion et d’inclusion imbriquées dans les discours et les pratiques quotidiennes des régions frontalières de la Baja California (Basse-Californie). Le quotidien du voisinage frontalier concerne non seulement les technologies gouvernementales de contrôle, mais également ces types de politiques. L’essai argumente que le mur représente un symbole d’exclusion qui est néanmoins remis en question par ceux qui tentent d’assimiler l’inclusion dans ce contexte. Le journal de voyage en images montre des aspects de situations courantes dans les environs du mur entre les villes mexicaines de Mexicali et de Tijuana.
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Spaces of Empathy: Visual Strategies in Photojournalistic Imagery of Migration
Maria Nilsson
p. 181–206
RésuméEN :
This essay explores visual representations of migration by drawing on a Swedish case to reflect on broader questions regarding the position of the witness, including the photographer and the distant spectator, and on how photographs may contribute to an understanding of the experience of forced migration. Through an interpretative analysis of imagery recognized by the Swedish Picture of the Year contest, I identified mostly empathetic visualizations, according to the five positions of visibility suggested by Chouliaraki and Stolic. Engaging a different set of imagery, I delved into an extended exploration of one family over a span of four years as a narrative of lived experiences of forced migration. Methodologically, this essay begins within the area of photojournalism, but suggests the inclusion of varied visual forms and genres in the empirical materials.
FR :
Cet essai examine les représentations visuelles de la migration en s’inspirant sur un cas suédois, afin de réfléchir à des questions plus larges concernant la position du témoin, y compris celle du photographe et du spectateur distant, et à la manière dont les photos peuvent contribuer à la compréhension de l’expérience de la migration forcée. À travers une analyse interprétative de l’imagerie reconnue par le concours suédois de l’Image de l’Année, j’identifie des visualisations essentiellement empathiques selon les cinq positions de visibilité suggérées par Chouliaraki et Stolic. En utilisant un ensemble différent d’images, j’ai exploré en profondeur une famille sur une période de quatre ans comme un récit d’expériences vécues de migration forcée. En termes de méthodologie, cet essai débute dans le domaine du photojournalisme, mais suggère l’inclusion de formes et de genres visuels divers dans les matériaux empiriques.
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Guided Into a World Unknown: Reflections on the Making of a Visual Essay With Refugees
Shirley van der Maarel
p. 207–226
RésuméEN :
The constant presence of refugees in the media has constructed its own reality, at the expense of lived reality. Any work concerned with refugees’ lived experience will need to find ways to encourage people to see beyond this discourse. Based on research with refugees placed in depopulating villages in Italy, this article follows the process of collaboratively creating a visual essay that reflects the lived reality of refugee participants. The essay’s aim is to let readers share in an experience, rather than merely documenting that of others. This article reflects on efforts to achieve this through experimenting with the essay’s form, poetics and aesthetics. In doing so, the article discusses an alternative way of communicating research and presenting a visual essay.
FR :
La présence constante des réfugiés dans les médias a construit sa propre réalité, aux dépens de la réalité vécue. Tout travail visant à parler de l’expérience vécue par des réfugiés devra donc trouver les moyens d’encourager les gens à voir au-delà de ce discours. S’appuyant sur les recherches menées parmi des réfugiés placés dans des villages abandonnés d’Italie, cet article suit le processus de création collaborative d’un essai visuel qui reflète la réalité vécue des réfugiés ayant participé à cette recherche. Le but de l’essai est de permettre aux lecteurs de de partager une expérience, plutôt que de simplement documenter celle des autres. Cet article rend compte des efforts déployés pour y parvenir en expérimentant la forme, la poétique et l’esthétique de l’essai. Ce faisant, l’article discute d’un moyen alternatif de communiquer les résultats d’une recherche et de présenter un essai visuel.