Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 3, numéro 1, 1992
Sommaire (13 articles)
Charlottetown 1992
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Presidential Address: National Unity and the Politics of Political History
Gail Cuthbert Brandt
p. 3–11
RésuméEN :
The latest lengthy round of constitutional discussions has once again highlighted Canadians' desire and need to know their history. But which history? In the opinion of some historians, Canadianists have done a disservice to their compatriots by forsaking national political history in favour of increasingly specialized research into areas such as women's history, regional history, working class history and ethnic history. This call for a renewed emphasis on national political history raises the central issue of how to produce a history that accurately represents the experience of the diverse elements which constitute the Canadian community. An examination of some selected themes from women's history suggests that a reconceptualization of political history and its relationship to social history would result in a more integrated and meaningful approach to our collective past.
FR :
Les dernières discussions constitutionnelles ont démontré que les Canadiens désirent et doivent connaître leur histoire. Mais de quelle histoire s'agit-il ? Selon certains historiens, les canadianistes ont desservi leurs compatriotes en concentrant leurs recherches sur l'histoire des femmes, des régions, des travailleurs ou des groupes ethniques, cela aux dépens de l'histoire politique nationale. Cet appel à l'histoire politique amène une question d'importance : comment rédiger un historique qui représente correctement l'expérience vécue par les humains qui forment la communauté canadienne ? En examinant certains des thèmes traités par l'histoire des femmes, on en vient à penser qu'une reconceptualisation de l'histoire politique, qui tiendrait mieux compte qu'auparavant du tissu social, résulterait en une approche de notre passé qui serait à la fois plus englobante et plus significative.
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Le développement agricole dans la haute vallée de la rivière Saint-Jean en 1860
Béatrice Craig
p. 13–26
RésuméFR :
Jusqu'à la publication des travaux d'Alan MacNeil et de Rusty Bitterman, l'agriculture des Maritimes a eu mauvaise réputation. Presque rien n'a été publié récemment concernant l'agriculture du Nouveau-Brunswick pour examiner la véracité de cette image. Ce texte examine l'agriculture pratiquée par une communauté francophone du nord-ouest du Nouveau-Brunswick en 1860. La majorité des fermes de cette région produisaient des quantités largement supérieures à celles requises pour la subsistance. Les surplus étaient inégalement répartis, mais certains fermiers pratiquaient visiblement une agriculture commerciale. Finalement, l'agriculture de la vallée de la rivière Saint-Jean se compare favorablement à celle de l'Ontario, du Québec, de la Nouvelle-Angleterre, et avec celle des régions les plus productives de la Nouvelle-Ecosse à la même époque. Seules les fermes de l'Ouest américain semblent avoir été plus productives.
EN :
Maritime agriculture has had a poor reputation until the publication of Alan McNeiland Rusty Bitterman s work on Nova Scotia. Hardly anything has been published recently on New Brunswick agriculture. This text focuses on a francophone farming community in northwestern New Brunswick in 1860. The majority of the farmers in this community were producing quantities significantly larger than those required for mere subsistance. Surplus were also unevenly distributed, and some farmers were resolutely engaged in commercial agriculture. Finally, the St John valley agriculture compared favorably with the one of Ontario, Quebec, New England, and the most productive townships of Nova Scotia in the same period.Only farmers in the western United States seem to have been more productive.
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Scottish Portias: Women in the Courts in Mediaeval Scottish Towns
Elizabeth Ewan
p. 27–43
RésuméEN :
By studying the fifteenth and early sixteenth-century records of several Scottish towns, this paper examines the roles of women in the town courts of mediaeval Scotland. It argues that, although women faced certain legal disadvantages, they were able to make use of the courts to advance their own interests. An examination of the actions of these women shows that the legal restrictions were often flouted in practice, with women arguing their own cases and even occasionally acting as procurators for others. This case study points out the necessity of examining the practical application of the law as well as legal codes and treatises before reaching conclusions about women s status. By showing the active part which women took in the legal life of the town, it also suggests that Scottish urban history needs to take into account women's experiences in reconstructing the life of mediaeval towns.
FR :
Cet article utilise les archives judiciaires de plusieurs villes écossaises du XVe siècle et du début du XVIe siècle pour tenter de cerner le rôle des femmes dans les cours de l'Ecosse médiévales. Malgré les barrières légales qu'elles y rencontraient, les femmes furent capables d'utiliser ces cours à leur avantage. Souvent, faisant fi des restrictions légales, des cours autorisèrent des femmes à défendre leur propre cas et, à l'occasion, à agir comme procureur pour d'autres. Cette étude de cas signale combien il est important d'aller voir la façon dont lois, codes et traités furent appliqués dans les faits avant de risquer des généralisations sur le statut des femmes. En soulignant le rôle actif qu' elles jouèrent dans la vie judiciaire de la ville, elle invite les historiens de l'Ecosse urbaine à considérer davantage les expériences des femmes dans leurs travaux de reconstruction de la vie au moyen âge.
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The Short Life of a Local Protest Movement: The Annexation Crisis of 1849-50 in the Eastern Townships
J. I. Little
p. 45–67
RésuméEN :
This paper examines the annexationist movement on the border region of the Eastern Townships, where the American-descended majority felt that union with the United States would end their economic isolation and stagnation as well as remove them from the growing threat of French-Canadian political domination. Leading proponents of this genuinely bi-partisan movement were careful not to appear disloyal to Britain, however, and they actively discouraged popular protest at the local level. Fearful of American-style democracy, the local élite also expressed revulsion towards American slavery and militaristic expansionism. Consequently, the movement died as quickly in the Eastern Townships as it did in Montreal after Britain expressed its official disapproval and trade with the United States began to increase.
FR :
Au cours des années 1849-1850, un mouvement d'annexion aux États-Unis enflamma la majorité de la population de la partie frontalière des Cantons de l'Est. De provenance américaine, les annexionnistes croyaient avoir trouvé à la fois la solution à leur double problème économique d'isolement et de stagnation et une façon de se protéger de la menace grandissante de la domination politique des Canadiens français. Cependant, les dirigeants de ce mouvement authentiquement bi-partisan prirent plusieurs précautions : celle de ne pas apparaître déloyaux à la couronne britannique de même que celle de décourager activement toute manifestation à l'échelle locale. En outre, ces élites locales condamnaient l'institution américaine de l'esclavage, l'expansionisme militaire du pays de même que la nature de sa démocracie. Ainsi, lorsque la Grande-Bretagne réprouva officiellement le mouvement, il expira aussi rapidement dans les Cantons de l'Est qu'à Montréal. Par la suite, le commerce avec les États-Unis commença à augmenter.
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After the Fur Trade: The Aboriginal Labouring Class of British Columbia, 1849-1890
John Lutz
p. 69–93
RésuméEN :
This paper challenges the long-standing view that aboriginal people were bystanders in the economic development and industrialization of British Columbia outside, and after, the fur trade. From the establishment of the Colony of Vancouver Island in 1849, through Confederation in 1871 and to the completion of the Canadian Pacific Railway, aboriginal people comprised the majority of the population in present-day British Columbia, and the majority of the workforce in agriculture, fishing, trapping and the burgeoning primary industries.
FR :
Cet article remet en question l'idée longtemps admise qu'avec le déclin de la traite des fourrures les peuples autochtones auraient été laissés de côté par le développement économique si bien que l'industrialisation de la Colombie-Britannique se serait effectuée sans eux. Pourtant, entre le moment de la fondation de la colonie de l'Ile de Vancouver en 1849 et celui de l'achèvement du chemin de fer du Canadien Pacifique, les autochtones constituaient non seulement la majorité de la population du territoire actuel de la province mais encore le plus gros contingent de la force de travail dans les secteurs de l'agriculture, de la pêche, de la trappe et des industries du secteur primaire.
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Getting Hired: The Civil Service Act of 1857
Michael J. Piva
p. 95–127
RésuméEN :
In 1857 the Province of Canada passed the Civil Service Act which made a first attempt to define uniform personnel policies for the emerging bureaucracy. Analysis of applications, examination results and appointments to the inside service between September 1857, when applicants first sat for examination, and the end of 1861, when the government undertook an internal survey of public employees, demonstrates that the reform potential of the Act was only partially realized. The introduction of the examination system strongly favoured applicants who resided in the provincial capital. Applicants were most frequently urban middle-class men born either in the United Kingdom or in Canada East. Many were young, although a significant number were over 30 years of age and had extensive labour market experience. Analysis of the employment histories of applicants shows that middle-class careers commonly involved frequent job changes in which workers moved from one employer to another and often back and forth between salaried employment and independence. The Civil Service examination proved elementary, yet it tested basic skills appropriate for the work of most public employees. Although examination results were sufficiently discrete to be used as a competitive examination, decision-makers treated the exercise as a qualifying examination and paid little attention to examination results. Very few successful candidates found employment in the Civil Service; those few were employed at all ranks within the service. Analysis of public employees in 1861 also demonstrates that, although experience was an important factor, seniority did not govern hiring, promotion or salary decisions. The evidence also suggests that patronage played at best a limited role in hiring decisions within the inside service while nepotism continued to exist. In the end The Civil Service Act proved a modest attempt to reform the bureaucracy by creating uniformity in ranks, procedures for appointment and promotion, and, most importantly, salary structures. Its successes proved even more modest.
FR :
En 1857, le gouvernement de la province du Canada-Uni adopta une loi de la fonction publique par laquelle il essaya pour la première fois de définir une politique d'encadrement du personnel de la bureaucratie naissante. L'analyse des demandes d'emploi, des résultats d'examen et des désignations à des postes de fonctionnaires, pour la période qui s'étent de septembre 1857 à la fin de 1861, c'est-à-dire du moment où les postulants furent soumis à un examen pour la première fois à celui où le gouvernement entreprit une enquête interne sur ses fonctionnaires, montre que le potentiel réformiste de la loi ne fut atteint qu en partie. En effet, le nouveau système d'examen eut tendance à favoriser les habitants de la capitale de la province. De plus, les postulants appartenaient pour la plupart aux classes moyennes urbaines nées soit au Royaume-Uni soit au Canada-Est. Plusieurs étaient jeunes, quoiqu'un bon nombre d'entre-eux avaient plus de trente ans et qu ils se présenteraient avec une expérience considérable du marché du travail. Un examen plus poussé des emplois antérieurs des candidats indique que les trajectoires professionnelles des membres des classes moyennes étaient marquées par de fréquents changements, soit d'un employeur à un autre soit entre un travail salarié et une entreprise autonome. Les questions de l'examen lui-même étaient élémentaires, d'un niveau toutefois qui permettait de s'assurer que les postulants détenaient les qualifications nécessaires à l'exécution de la plupart des tâches de la fonctionpublique. Les résultats auraient permis de ranger les candidats selon leurs compétences, comme l'auraient voulu les règles d'un système compétitif, mais les responsables choisirent de ne les traiter que comme un simple exercice de qualification. Au total, très peu des candidats ainsi repérés recurrent une offre d'emploi; et ceux qui réussirent à entre dans la fonction publique de cette façon se retrouvèrent à des niveaux d'emploi très variés. L'analyse des carrières des fonctionnaires montre que I expérience professionnelle constituait un important facteur de promotion sans pour autant que l'ancienneté ne prévale dans les décisions concernant ces promotions, l'embauche ou encore les salaires. Ces documents suggèrent aussi que le patronage jouait un rôle limité dans les pratiques d'engagement à l'intérieur de la fonction publique mais que le népotisme continua d'exister. En définitive, il faut voir en cette première loi de la fonction publique un effort modeste — aux résultats encore plus modestes — de changer la bureaucratie, en créant une certaine uniformité parmi les emplois d'un même niveau, les procédures d'embauche et de promotion et, de façon plus importante, au sein de la structure salariale.
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Classes populaires et comportement suicidaire à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle
Barrie M. Ratcliffe
p. 129–169
RésuméFR :
Les tenants de la thèse écologiste en sociologie urbaine considèrent les suicides dans la ville comme des symptômes de pathologie urbaine. Dans leur sillage, les historiens qui ont étudié le problème à Paris au XIXe siècle, assumant que les statistiques officielles reflètent la réalité, ont cherché à expliquer le taux plus élevé dans la capitale qu'ailleurs en France par le déracinement et l'inadaptation des immigrants, des marginaux et même des classes ouvrières. L'objectif de cet article est de tester la validité de ces conclusions. La méthode adoptée consiste, tout d'abord, en la constitution d'une base de données fiable construite à partir de trois sources différentes: les registres de la Morgue, les statistiques publiées tous les ans par le Ministère de la Justice et des compilations faites à partir de dossiers individuels durant les années 1850. Elle consiste, aussi, en une analyse des chiffres bruts et des taux globaux, ainsi que de l'incidence des suicides par sexe, statut civil, groupe d'âge et profession à travers iespace parisien. Les résultats infirment la validité de la thèse écologiste. Les taux naugmentent pas avec le temps et les immigrants, les marginaux et les classes populaires ne sont pas surreprésentés parmi les suicide. Cet article soutient aussi que les méthodes dont on se sert pour mettre fin à ses jours sont plus passives que brutales et que les suicides sont moins importants parmi les causes de décès qu ils ne le seront au XXe siècle quand les taux parisiens seront devenus les moins élevés en France.
EN :
The ecological thesis in urban sociology has long treated suicides as a symptom of urban pathology. Historians who have studied the problem in Paris in the nineteenth century have accepted that official statistics mirrored reality and have explained higher rates in the capital than elsewhere in France by the failure of immigrants, marginal groups and working classes to adapt to the urban milieu. The purpose of this article is to determine the validity of these conclusions. The method adopted to do so consists, first of all, in creating a reliable data base using three different sources: the Morgue registers, statistics published annually by the Ministry of Justice and compilations made from individual suicide dossiers in the 1850s. It consists, secondly, of an analysis of crude data and global rates, and a more detailed examination of the incidence of suicide by gender, civil status, age group and profession and across Parisian space. The argument that is presented denies the validity of the ecological thesis. It is argued that rates do not increase across the period and that immigrants, the marginal, the working class are not overrepresented among suicides. It is further argued that the methods used to end one's life were more passive than brutal and that suicides were less important among causes of death than they would be in the twentieth century when Parisian rates had become the lowest in France.
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“A new labour era?”: Canadian National Railways and the Railway Worker, 1919-1929
Allen Seager
p. 171–195
RésuméEN :
It is conventional to assume that the idea of a 'new era of collaboration among organized labour, capital, and the slate in wartime Canada died still-born with the events at Winnipeg in 1919 and the Big Business assault on trade unionism during the 1920s. This paper suggests that the conventional picture has been overdrawn. Railway workers, and those in the public sector in particular, remained highly unionized, while their organizations became deeply enmeshed in structures of conciliation, arbitration, and 'co-operation' during the period 1919-1929. Under the leadership of President Henrx Thornton, the state-owned Canadian National Railways, the largest employer in Canada at that time, developed a unique strategy of labour-management collaboration seen in some quarters as the harbinger of a 'new labour era' for North American industry as a whole.
FR :
La littérature conventionnelle présume que la « nouvelle époque » de collaboration entre les syndicats ouvriers, le capital et l'État ouverte par la guerre mourut dans l'oeuf avec les événements de 1919 à Winnipeg et, plus généralement, à la suite des assauts contre le syndicalisme lancés par les grands employeurs dans les années 1920. Cet article suggère qu'il s'agit là d'une surestimation. Au cours des années 1919-1929 en effet, les travailleurs des chemins de fer, et parmi eux ceux du secteur public tout particulièrement, conservèrent un fort taux de syndicalisation et leurs associations s'impliquèrent profondément dans des structures nouvelles de conciliation, d'arbitrage et de « coopération ». Sous la direction du Président Henry Thornton, les Chemins defer nationaux du Canada (le Canadien National), une compagnie para-gouvernementale, et l'employeur le plus important du pays, mit au point une stratégie exceptionnelle de collaboration entre patrons et employés qui fut considérée par plusieurs comme le modèle avant-coureur de la « nouvelle époque » pour l'ensemble de l'industrie nord-américaine.
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Maintenance Agreements for the Elderly: Canada, 1900-1951
James G. Snell
p. 197–216
RésuméEN :
Maintenance agreements were a traditional mechanism by which the elderly gained economic security for themselves and ensured the continuing viability of the family economy. Over the later decades of the nineteenth century and the first half of the twentieth century in Canada, variations to this traditional process developed. The wage-labour opportunities available to young adults altered their dependence on family property, that itself was often changing incharacter. Reduced dependence loweredthe elderly parents' obligation to use the property to sustain the family over succeeding generations, even allowing the elderly to disperse or alienate the property. New forms of property could also be employed to somewhat altered purposes — the property no longer had to sustain an entire family culture and way of life, but simply to maintain its owners. Thus, an age-old custom was adapted by the elderly to meet their needs in circumstances of fundamental economic and social change.
FR :
Les pensions alimentaires et les donations entre vifs ont longtemps assuré une certaine sécurité économique aux personnes âgées; plus généralement, ces pratiques garantissaient la viabilité de F économie familiale. Le Canada du tournant de la fin du XIXe siècle et de le première moitié du XXe siècle a vu se développer plusieurs variations sur ce modèle traditionnel. Avec l'expansion des possibilités de travail salarié, la dépendance des jeunes adultes vis-à-vis du patrimoine familial diminua et la nature de la propriété familiale s'en trouva souvent modifiée. En effet, la réduction de cette dépendance entraîna à son tour une diminution de. l'obligation qu'avaient les parents âgés d'utiliser leur patrimoine pour assurer la continuité de la famille d'une génération à l'autre, en permettant à certains d'entre-eux de disperser leur bien voire même de l'aliéner. Ainsi dégagé de son rôle traditionnel de maintien d'un mode de vie et d'une culture familiale dans son entier, l'usage du patrimoine put être dirigé vers le simple entretien de ses propriétaires. C'est ainsi que les personnes âgées transformèrent une coutume séculaire pour rencontrer leurs besoins dans un contexte de changements socio-économiques fondamentaux.
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The Elderly Poor in Rural Ontario: Inmates of the Wellington County House of Industry, 1877-1907
Stormie Stewart
p. 217–233
RésuméEN :
Late in the nineteenth century, a number of Ontario county governments financed and built social welfare institutions. Essentially modelled after English and American work-houses, these institutions were intended to provide indoor relief to all indigent members of the community. By the turn of the century, however, the inmate population was almost uniformly elderly. This paper traces the demographic evolution of one such institution, the Wellington County House of Industry, and examines the circumstances and problems, frequently gender-specific, which compelled aged men and women to enter.
FR :
A la fin du XIXe siècle, un certain nombre de comtés onta riens entreprirent de construire et de financer des institutions de bien-être social. En vertu du modèle anglais et américain de la maison d'industrie, ces institutions auraient dû offrir un toit à tous les pauvres de la communauté, quels qu'ils soient. Pourtant, au tournant du siècle, lapopulation des pensionnaires ne se composait presque plus que de personnes âgées. Cet article retrace l'évolution démographique de l'un de ces maisons, celle du comté de Wellington. De plus, il examine les circonstances et les problèmes qui poussèrent hommes et femmes âgés à y entrer et il montre que leur situation variait considérablement selon leur sexe.
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Regulating the Elderly: Old Age Pensions and the Formation of a Pension Bureaucracy in Ontario, 1929-1945
James Struthers
p. 235–255
RésuméEN :
This article examines the emergence of means-tested old age pensions in Ontario in the context of the Great Depression and World War II. Ontario's old age pension scheme, it argues, was launched in 1929 with weak political commitment, little bureaucratic-preparation, and an almost complete absence of administrative experience at the provincial and municipal level in assessing and responding to need on a mass scale. The article examines the complex interplay among federal, provincial, and local government authorities in the politics of pension administration throughout the 1929-1945 era, arguing that local control of pension decision-making in the early years of the Depression provided two divergent models of pension entitlement both as charity and as an earned social right. After 1933 governments at both the provincial and federal level centralized decision-making over pension administration in order to standardize and restrict pension entitlement, contain its rapidly rising costs, and enforce more efficiently the concept of parental maintenance upon children. World War II undermined the concept of pensions as charity by broadly expanding the boundaries of entitlement both for the elderly and their children. By 1945 means-tested pensions had few supporters within or outside of government, laying the basis for the emergence of a universal system of old age security in 1951.
FR :
Cet article porte sur les premières années de l'histoire des pensions de vieillesse après enquête financière sur les ressources (means-tested) versées aux Ontariens durant la Crise et la Deuxième Guerre mondiale. Il tente de montrer que c'est avec peu de conviction politique que le programme de pensions ontarien fut mis en vigueur en 1929 : peu e préparation bureaucratique et un contexte, tant au niveau provincial qu'au niveau municipal, d'absence quasi totale de l'expérience administrative nécessaire à la mise sur pied d'un mécanisme massif d'évaluation des besoins et de réponse à ceux-ci. Un examen des relations complexes entre les autorités fédérales, provinciales et municipales mises en branle dans les premières quinze années du programme montre qu'au cours des premières années de la Crise, les autorités locales contrôlèrent les décisions d'allocations de pensions et ce selon deux modèles divergents, celui de la charité et celui des droits sociaux acquis. Après 1933 cependant, les gouvernements provincial et fédéral centralisèrent et uniformisèrent le processus de décision en vue tout à la fois de réduire le nombre des prestations, de contrôles l'accroissement rapide des coûts du programme et, pour ce faire, de redonner vigueur à l'idée de l'obligation qu'ont les enfants d'entretenir leurs parents. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, l'idée d'associer ces pensions à la charité perdit des plumes alors que les conceptions des droits des enfants et des personnes âgés gagnèrent en popularité. Après 1945, les enquête financières sur les ressources (means-tests) ne récoltaient plus qu'un support minime chez les membres du gouvernement et dans l'ensemble de la population, si bien que les fondements de l'émergence du système de pension universel de 1951 étaient jetées.