Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 23, numéro 1, 2012
Sommaire (11 articles)
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“An Extensive Collection of Useful and Entertaining Books”: The Quebec Library and the Transatlantic Enlightenment in Canada
Michael Eamon
p. 1–38
RésuméEN :
At the height of the American Revolution in 1779, the Quebec Library was created by Governor Sir Frederick Haldimand. For Haldimand, the library had a well-defined purpose: to educate the public, diffuse useful knowledge, and bring together the French and English peoples of the colony. Over the years, the memory of this institution has faded and the library has tended to be framed as an historical curiosity, seemingly divorced from the era in which it was created. This paper revisits the founding and first decades of this overlooked institution. It argues that its founder, trustees, and supporters were not immune to the spirit of Enlightenment that was exhibited elsewhere in the British Atlantic World. When seen as part of the larger social and intellectual currents of the eighteenth century, the institution becomes less of an historical enigma and new light is shed on the intellectual culture of eighteenth-century Canada.
FR :
Au plus fort de la Révolution américaine en 1779, Sir Frederick Haldimand fonde la Bibliothèque de Québec. Pour Haldimand, cette bibliothèque visait à éduquer le public, à diffuser des connaissances utiles et à rassembler les sujets francophones et anglophones de la colonie. Au fil des ans, cette institution a été oubliée, devenant tout au plus un objet de curiosité séparé du contexte qui l’avait vue naître. Cet article étudie la fondation de la bibliothèque et les premières décennies de son existence. Il soutient que son fondateur, ses administrateurs et ses supporteurs n’étaient pas insensibles à l’esprit des Lumières qui soufflait partout ailleurs dans le monde atlantique britannique. Lorsque remise dans le contexte social et intellectuel du dix-huitième siècle, la Bibliothèque de Québec cesse d’être une énigme historique. Elle lève le voile sur la culture intellectuelle du dix-huitième siècle au Canada.
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The Co-optation of Tecumseh: The War of 1812 and Racial Discourses in Upper Canada
Robin Jarvis Brownlie
p. 39–63
RésuméEN :
The Shawnee leader Tecumseh is one of very few named Aboriginal figures who are accorded a place in Canadian history texts. In the years following the War of 1812, he was claimed by Upper Canadians as a war hero and symbol of the struggle with the United States, a “Noble Savage” whose life and death provided material for nation-building discourses. Through the analysis of two long poems about Tecumseh published in the 1820s, this essay examines the early stages of Upper Canada’s co-optation of Tecumseh as a component of its national identity. The valiant but ultimately savage character the poems depicted could inspire Upper Canadians and remind them of their wartime sacrifices, but he also served to mark off Indigenous people from the Euro-Canadians whose cultural superiority legitimated their possession of the colony’s lands and resources. These literary works produced a “Canadian” hero who could be incorporated as a national symbol for a settlement colony he never set out to defend, and whose massive expansion after his death he would have vigorously opposed.
FR :
Le chef shawnee Tecumseh est un des rares Amérindiens mentionnés nommément dans les livres d’histoire canadienne. À la suite de la Guerre de 1812, les Haut-Canadiens en firent un héros de guerre et un symbole de la lutte contre les États-Unis. Ils récupérèrent la vie et la mort de ce « noble sauvage » dans leurs efforts pour construire une identité nationale. En analysant deux poèmes concernant Tecumseh publiés dans les années 1820, cet essai étudie les premières manifestations de cette récupération. Son courage et, plus fondamentalement, son caractère sauvage pouvaient inspirer les Haut-Canadiens et leur rappeler leurs sacrifices durant la guerre. Ils servaient aussi à séparer les peuples autochtones des Euro-Canadiens dont la supériorité culturelle légitimait leur possession du territoire et des ressources de la colonie. Ces oeuvres littéraires ont ainsi créé un héros « canadien » qui pouvait servir de symbole national dans une colonie qu’il n’a jamais voulu défendre et qu’il aurait combattu s’il avait survécu.
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“The Public Has The Right to be Protected From A Deadly Scourge”: Debating Quarantine, Migration and Liberal Governance during the 1847 Typhus Outbreak in Montreal
Dan Horner
p. 65–100
RésuméEN :
During the summer of 1847 the impact of famine, disease, and social upheaval in Ireland was felt in port cities across the North Atlantic World. As an important hub of commerce and migration, Montreal was deeply affected by these events. The arrival of thousands of Irish migrants, many of whom had contracted typhus during their journey, touched off a contentious debate in the city. An engaged and alarmed public threw their support behind a proposal put forward by representatives of the municipal government that called for the construction of an elaborate quarantine facility just down the St. Lawrence River from the city. This facility, which migrants would be confined at until their healthy status was confirmed beyond reasonable doubt, promised to return order not only to Montreal, but to the entire migration process. The body appointed by the colonial administration, however, rejected the proposal, and tabled a far more modest plan that would continue to house migrants in sheds located just a stone’s throw away from the city’s western suburbs. The highly charged debate that ensued furnishes us with an opportunity to examine how the city’s political elite and the broader public were thinking through questions about migration, public health, and the contours of liberal governance. The objective of this article is to consider the role that moments of crisis such as this played in shaping the city’s political culture, and to place the events of 1847 in the context of the larger struggle between local and metropolitan authority occurring during this period.
FR :
Au cours de l’été de 1847, les conséquences de la famine, de la maladie et des bouleversements sociaux en Irlande se sont fait sentir jusque dans les ports de l’Amérique du Nord. Plaque tournante commerciale et migratoire, Montréal a été grandement affecté par ces événements. L’arrivée de milliers d’immigrants irlandais, plusieurs ayant contracté le typhus durant la traversée transatlantique, ont provoqué un débat controversé dans la ville. Le public inquiet a donné son appui à une proposition mise de l’avant par des représentants de l’administration municipale pour la construction d’une station de quarantaine en amont de la ville sur le fleuve St-Laurent où les immigrants devaient être confinés jusqu’à ce que leur bonne santé soit confirmée au-delà de tout doute raisonnable. Cette mesure devait ramener l’ordre non seulement à Montréal, mais également dans le processus d’immigration. Une instance nommée par le gouvernement colonial a toutefois rejeté la proposition et suggéré une solution plus modeste d’après laquelle les immigrants continueraient à être hébergés dans des abris situés à un jet de pierre des banlieues ouest de la ville. Le débat très animé qui s’ensuivit éclaire la manière dont l’élite politique de la ville et le public plus généralement concevaient les questions de migration, de santé publique et de gouvernance libérale. Cet article vise à étudier le rôle joué par cette crise dans l’évolution de la culture politique municipale et à replacer les événements de 1847 dans le contexte d’une lutte plus générale entre les autorités locales et métropolitaines.
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Working at the crossroads: Statute Labour, Manliness, and the Electoral Franchise on Victorian Prince Edward Island
Colin Grittner
p. 101–130
RésuméEN :
This essay considers how conceptions of manliness shaped the electoral franchise on Victorian Prince Edward Island. Soon after its institution of responsible government, Prince Edward Island shifted away from a property-based franchise to one grounded in the performance of statute labour. Instead of heralding the male property owner, this new law championed the man who used his labour to faithfully serve and improve his community. Because of limited land distribution, bourgeois ideals of manliness based upon property ownership fit the conditions of the colony poorly. A statute labour franchise better reflected the gender ideals upheld by the Island’s unpropertied majority. Like all gender ideals, these standards were not accepted across Prince Edward Island unopposed.
FR :
Cet article étudie la façon dont les différentes conceptions de la masculinité ont façonné la franchise électorale à l’Île-du-Prince-Édouard à l’époque victorienne. Peu de temps après l’avènement de la responsabilité ministérielle, le gouvernement de la colonie a délaissé la franchise basée sur la propriété au profit d’une franchise basée sur la participation des hommes à la corvée. Plutôt que de mettre à l’honneur l’homme-propriétaire, la nouvelle législation privilégiait l’homme qui mettant son travail au service de sa communauté. Étant donné la distribution limitée de la propriété sur l’île, les idéaux bourgeois entourant la masculinité, fondés sur la notion de propriété, ne correspondaient pas à la réalité sociale de la colonie. La franchise basée sur la corvée reflétait davantage les idéaux concernant le genre entretenus par la majorité de la population.
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Not for Alms but Help: Fund-raising and Free Education for the Blind
Joanna L. Pearce
p. 131–155
RésuméEN :
When the Halifax Asylum for the Blind opened its doors to students in 1872, its funding came from charitable donations, with only limited financial support from the provincial government. However, sighted children in Nova Scotia had been entitled to tax-based funding for their education since the 1864 Free Schools Act. To ensure sufficient funding for his students, Charles Frederick Fraser, the blind Superintendent of the Asylum, began an appeal to bring in additional donations. Fraser then used the same appeal to persuade the Nova Scotian government to provide tax-based funding in a similar manner to that available for educating sighted students, arguing that his students were citizens just as much as their sighted counterparts. Fraser contended that funding the education of blind children was a sound fiscal move on the part of the provincial and municipal governments as it would eliminate the far greater expense of caring for unemployable, despondent blind adults. This paper explores the importance of Fraser’s campaign in the fight for rights for blind people in the Maritime provinces.
FR :
Lorsque le Halifax Asylum for the Blind ouvre ses portes en 1872, il est financé essentiellement par des dons de charité, ainsi qu’une petite subvention du gouvernement provincial. Parallèlement, depuis l’adoption du Free Schools Act de 1864, les enfants malvoyants néo-écossais avaient droit à une éducation financée par le gouvernement. Afin de s’assurer d’un financement suffisant pour ses propres élèves, Charles Frederick Fraser, le surintendant aveugle du Halifax Asylum, débute une campagne de levée de fonds. Il se sert ensuite du même appel pour persuader le gouvernement provincial d’octroyer une subvention plus importante à son institution, subvention similaire à celle offerte aux élèves malvoyants, soutenant que ses élèves aveugles étaient citoyens au même titre que les malvoyants. Fraser soutient alors que l’éducation des enfants aveugles était une bonne mesure fiscale pour le gouvernement provincial et l’administration municipale puisqu’elle leur éviterait d’avoir à prendre en charges nombre d’adultes aveugles dépendants et inaptes au travail. Cet article explore l’importance de la campagne de Fraser dans le cadre de sa lutte pour le droit des gens aveugles dans les provinces maritimes.
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« Procurer à mes lecteurs quelques heures de délassement » : Les Mélanges, les Notes de voyage et le roman Pour la patrie de Jules-Paul Tardivel
Dominique Marquis
p. 157–178
RésuméFR :
Jules-Paul Tardivel a été propriétaire et rédacteur principal du journal La Vérité de 1881 à 1905, date de son décès. Ardent défenseur des principes ultramontains, il utilise son journal comme une arme de combat contre toutes les idées qui s’éloignent de l’orthodoxie catholique et qu’il juge trop libérales. Tardivel n’a cependant pas uniquement publié son journal : on compte aussi plusieurs livres et brochures à son actif. Les idées véhiculées par Tardivel dans La Vérité ont été abondamment analysées, mais l’historiographie est demeurée plus discrète sur ses autres publications. Cet article s’intéresse à quelques-uns de ces livres, plus particulièrement aux Mélanges, aux Notes de voyage et au roman Pour la patrie. Grâce à une analyse croisée des livres, du journal et de la correspondance de Tardivel, nous découvrirons quelles ont été les stratégies déployées par le journaliste et son réseau pour assurer la diffusion de ces oeuvres qui ont participé au même combat que le journal. Si ces publications n’ont pas connu le succès souhaité, elles s’ajoutent néanmoins à l’arsenal varié de publications ultramontaines recensées durant la seconde moitié du XIXe siècle.
EN :
Jules-Paul Tardivel was the owner and editor in chief of the journal La Vérité, from 1881 to the time of his death in 1905. Ardent defender of ultramontane principles, he used his journal like a weapon against all ideas that strayed from Catholic orthodoxy, or that he judged to be too liberal. Nevertheless, Tardivel did not restrict his writings to his journal: there were also many books and pamphlets to his name. The ideas that Tardivel promoted in La Vérité have been thoroughly analyzed, but less consideration has been given to his other publications. This article examines some of these works, in particular his Mélanges, his Notes de Voyage, and his book, Pour la patrie. A cross-analysis of Tardivel’s books, journal and correspondence reveals the strategies that he deployed, along with the network that he developed to enable the diffusion of his works that had the same characteristics as the journal. Although these publications did not gain the recognition that Tardivel had hoped for, they nevertheless formed part of the armamentarium of ultramontane publications produced in the second half of the nineteenth century.
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Entangled Communities: Religion and Ethnicity in Ontario and North America, 1880–1930
Benjamin Bryce
p. 179–214
RésuméEN :
This article examines the relationship between religion, ethnicity, and space in Ontario between 1880 and 1930. It tracks the spread of organized Lutheranism across Ontario as well as the connections that bound German-language Lutheran congregations to the United States and Germany. In so doing, this article seeks to push the study of religion in Canada beyond national boundaries. Building on a number of studies of the international influences on other denominations in Canada, this article charts out an entangled history that does not line up with the evolution of other churches. It offers new insights about the relationship between language and denomination in Ontario society, the rise of a theologically-mainstream Protestant church, and the role of institutional networks that connected people across a large space. The author argues that regional, national, and transnational connections shaped the development of many local German-language Lutheran communities in Ontario.
FR :
Cet article analyse les rapports entre la religion, l’ethnicité et l’espace en Ontario entre 1880 et 1930. Il retrace la croissance de l’Église luthérienne en Ontario, ainsi que les connexions qui liaient les congrégations de langue allemande de l’Ontario à celles des États-Unis et de l’Allemagne. Ce faisant, cet article cherche à transcender les frontières nationales dans l’étude de la religion au Canada. À partir d’études menées sur les influences internationales sur d’autres confessions au Canada, cet article rend compte de l’évolution singulière de l’Église luthérienne. Il offre de nouvelles perspectives pour comprendre les rapports entre la langue et la religion en Ontario, la montée en importance d’une Église protestante théologiquement centriste et le rôle fédérateur des réseaux institutionnels dans un grand espace. L’article soutient que les liens régionaux, nationaux et transnationaux ont façonné le développement de nombreuses communautés luthériennes germanophones au niveau local en Ontario.
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“Foreigners in Town”: Leisure, Consumption, and Cosmopolitanism in Late-Nineteenth and Early-Twentieth Century Tillsonburg, Ontario
Rebecca Beausaert
p. 215–247
RésuméEN :
At the turn of the twentieth century, the small town of Tillsonburg, Ontario contained a population that was over eighty-six percent Anglo-Celtic in origin. Increasingly, however, local leisure activities began to incorporate “ethnic” food, dress, and mannerisms so that citizens could momentarily become “foreigners” and “consume” knowledge of other nations and peoples. Two of the more notable venues where participants acted out racialized identities—the “Garden Party of the Nations” and the Ladies’ Travel Club—showcase desires to consume markers of foreignness while concurrently displaying an acceptance of these cultures. Using Tillsonburg as a case study, this article examines how engaging with the “foreign” in patterns of leisure and consumption was a way for citizens (and women in particular) to convey an air of cosmopolitanism and cultural refinement in the face of critiques that small towns were insular and unsophisticated. Their cultural appropriations, however, represent grossly distorted understandings of races, ethnicities, and cultures that existed outside their Euro-Canadian one. Though efforts by Tillsonburg’s populace to appear more cosmopolitan were grounded in a desire to expand understandings of “the foreign,” this occurred only on their own terms and in controlled spaces.
FR :
Au tournant du vingtième siècle, la population de la petite ville de Tillsonburg en Ontario se composait d’une vaste majorité d’habitants d’origine anglo-celtique (environ quatre-vingt-six pourcent de la population). Malgré cette homogénéité, la population de cette petite ville s’intéressait aux cultures étrangères. Elle intégrait d’ailleurs de plus en plus de plats, de costumes et de manières provenant de différents groupes ethniques dans ses activités de loisirs. Se faisant, elle se permettait de devenir momentanément « étrangère » en s’appropriant certaines connaissances sur les autres nations et les autres peuples. Deux des lieux privilégiés où les participants jouaient des rôles inspirés par diverses identités—le « Garden Party of the Nations » ainsi que le club de voyage des femmes—démontrent le désir des habitants de Tillsonburg de s’approprier certains marqueurs identitaires étrangers et leur acceptation des cultures étrangères. Utilisant les activités de loisirs ayant eu lieu à Tillsonburg comme études de cas, cet article examine comment l’appel à des références étrangères dans les activités de loisirs de la ville et leur « consommation » par ses habitants (et en particulier par les femmes) leur permettaient de donner un air cosmopolite et raffiné à leur ville, en réponse aux critiques voulant que les habitants des petites villes étaient isolés et peu sophistiqués. Leur appropriation de références culturelles étrangères dénote toutefois une mauvaise compréhension des notions de race, d’ethnicité et de culture. Bien que les efforts faits par les habitants de Tillsonburg pour devenir plus cosmopolites reposaient sur la volonté de mieux comprendre les cultures étrangères, ils étaient faits seulement dans des espaces contrôlés et dans des limites prédéterminées.
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A Circumscribed Commemoration: Mrs. Rudolph Anderson and the Canadian Arctic Expedition Memorial
Janice Cavell
p. 249–282
RésuméEN :
In 1926 a plaque commemorating the sixteen men who died during the Canadian Arctic Expedition, 1913–1918 (CAE) was unveiled. The expedition was highly controversial because of the deep divide between the leader, Vilhjalmur Stefansson, and the scientists of the expedition, many of whom were civil servants. Despite their official positions, the scientists were under constraints that blocked their efforts to secure public recognition of their dead colleagues’ services to Canada. Belle Allstrand Anderson, the wife of scientist Rudolph Anderson, was theoretically under even more stringent constraints. Yet, using her persona of devoted wife and her connections with the bereaved families — especially the wives and mothers of the dead men — she successfully negotiated the creation of the memorial. The personal and gendered element in its history gives the CAE memorial an unusual position among state-sponsored commemorations. Recent scholarship has placed increasing emphasis on the role played by intimate domestic relations in the history of polar exploration. Drawing on the Andersons’ extensive personal archive, this paper examines the interplay between the domestic and the political in the commemoration of what was perhaps the most significant twentieth-century Canadian venture in the Far North.
FR :
En 1926, une plaque commémorant les seize hommes morts lors de l’Expédition canadienne dans l’Arctique de 1913–1918 était dévoilée. Cette expédition avait été très controversée étant donné les profonds désaccords entre le commandant de l’expédition, Vilhjalmur Stefansson, et les scientifiques qui y participaient, incluant de nombreux fonctionnaires. Malgré leur poste officiel, les scientifiques voulant obtenir la reconnaissance du public pour la contribution de leurs collègues décédés n’avaient pas les coudées franches. Belle Allstrand Anderson, épouse du scientifique Rudolph Anderson, était théoriquement soumise à des contraintes encore plus strictes. Malgé tout, utilisant son image publique de femme dévouée ainsi que ses relations avec les familles endeuillées — surtout avec les femmes et les mères des hommes décédés — elle a réussi à négocier l’érection d’un monument commémoratif en l’honneur de l’Expédition. L’aspect personnel et sexué de cette histoire donne au monument une place particulière parmi les autres monuments érigés sous l’égide de l’État. Les recherches récentes ont placé de plus en plus l’accent sur le rôle joué par les relations personnelles dans l’histoire de l’exploration polaire. S’inspirant des archives personnelles des Anderson, cet article étudie la relation entre vie personnelle et vie politique dans la commémoration de ce qui a probablement été la plus importante entreprise dans l’exploration du Grand Nord canadien au vingtième siècle.
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Irene Baird’s ‘North and South’ in The Climate of Power
Joan Sangster
p. 283–318
RésuméEN :
This article explores the production and publication of The Climate of Power, Irene Baird’s fictionalized account of the post-World War II Ottawa civil service and its interactions with administrators and Indigenous peoples in the Canadian Arctic. While written primarily as a satirical exploration of the Ottawa political scene, particularly the bureaucracy and its policies in the North, the book also reveals much about the gendered nature of the Ottawa bureaucracy, a decidedly masculine space of power. Baird’s experience as an information officer in the Department of Indian and Northern Affairs left her with a rich archive of ideas and impressions about northern development. Her observations are incorporated into the novel as critical social commentary on the ‘contact zones’ of north and south, the colonial space in which unequal encounters between white settlers and Indigenous peoples took place.
FR :
Cet article explore la production et la publication de The Climate of Power d’Irene Baird. Cette oeuvre de fiction lève le voile sur la vie au sein de la fonction publique fédérale après la Seconde Guerre mondiale et ses interactions avec les administrateurs et les peuples autochtones dans le Grand Nord. Bien que cet ouvrage se présente comme un récit satirique concernant la vie politique à Ottawa, plus particulièrement de la bureaucratie et de ses politiques concernant le Nord, il met en lumière la nature sexuée de la bureaucratie ottavienne, un espace de pouvoir décidément masculin. Baird s’est grandement inspirée de son expérience à titre d’agente d’information au Ministère des Affaires indiennes et du Grand Nord pour rédiger ce roman. Plusieurs observations, idées et impressions concernant le développement du Nord ont été incorporées dans le roman qui se présente comme un commentaire social critique sur les « zones de contact » entre le Nord et le Sud, un espace colonial à l’intérieur duquel s’est réalisée la rencontre inégale entre les colons blancs et les peuples autochtones.
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Engendering Nationality: Haudenosaunee Tradition, Sport, and the Lines of Gender
Allan Downey
p. 319–354
RésuméEN :
The Native game of lacrosse has undergone a considerable amount of change since it was appropriated from Aboriginal peoples beginning in the 1840s. Through this reformulation, non-Native Canadians attempted to establish a national identity through the sport and barred Aboriginal athletes from championship competitions. And yet, lacrosse remained a significant element of Aboriginal culture, spirituality, and the Native originators continued to play the game beyond the non-Native championship classifications. Despite their absence from championship play the Aboriginal roots of lacrosse were zealously celebrated as a form of North American antiquity by non-Aboriginals and through this persistence Natives developed their own identity as players of the sport. Ousted from international competition for more than a century, this article examines the formation of the Iroquois Nationals (lacrosse team representing the Haudenosaunee Confederacy in international competition) between 1983-1990 and their struggle to re-enter international competition as a sovereign nation. It will demonstrate how the Iroquois Nationals were a symbolic element of a larger resurgence of Haudenosaunee “traditionalism” and how the team was a catalyst for unmasking intercommunity conflicts between that traditionalism—engrained within the Haudenosaunee’s “traditional” Longhouse religion, culture, and gender constructions— and new political adaptations.
FR :
Le jeu autochtone de la crosse a subi plusieurs transformations depuis que d’autres groupes ethniques se le sont approprié depuis le début des années 1840. À travers ces transformations, les Canadiens non-autochtones ont intégré ce sport dans leur identité nationale. Ils ont parallèlement empêché les athlètes autochtones de participer aux compétitions de championnat. Malgré tout, le jeu de la crosse est demeuré un élément essentiel de la culture et de la spiritualité autochtones. Les Autochtones ont ainsi continué à jouer à ce jeu, à l’extérieur des classements de championnats. Malgré l’absence des Autochtones des compétitions, les non-Autochtones ne se sont pas gênés pour célébrer les racines amérindiennes du jeu, en le présentant comme un legs de l’antiquité nord-américaine. Grâce à leur persévérance et malgré qu’ils aient été tenus à l’écart des compétitions internationales pour plus d’un siècle, les Autochtones ont développé leur propre identité comme joueurs de ce sport. Cet article étudie la formation des Iroquois Nationals (une équipe de la crosse représentant la Confédération de Haudenosaunis lors des compétitions internationales) entre 1983 et 1990 et leur lutte pour être reconnus comme représentant une nation souveraine lors des compétitions internationales. L’article démontre comment les Iroquois Nationals ont contribué à la renaissance du traditionalisme de la Confédération Haudenosaunis et comment cette équipe a permis de mettre en lumière les conflits intercommunautaires entre le traditionalisme—enraciné dans la religion, la culture et l’identité socio-sexuelle du Longhouse traditionnel de la Confédération de Haudenosaunis—et les nouvelles réalités politiques.