
Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 31, numéro 2, 2021
Sommaire (5 articles)
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“Producerist Consumers?”: Women, Men, and Consumption in Rural Lower Canada, 1830–1867
Béatrice Craig
p. 1–23
RésuméEN :
Since at least the nineteenth century, work has been described as something done for pay—and the opposite of consumption. Earlier work on eighteenth-century Nova Scotia concluded that work and consumption were symbiotically connected. Most of the goods purchased needed female labour to be consumable (flour to become bread or fabric to become clothing, for instance). Those goods were paid with the product of men’s labour (in services, kind, or cash). Women were consumers but consumed to produce, whereas men produced to consume. In Lower Canada, rural women also consumed to produce—but so did men who bought tools, nails, paint, or fodder, and all could be considered “productionist consumers.” Both men and women acquired goods that did not require further transformation (from shoes and hats to tobacco and books), but the majority of ready-to-use consumer goods were household ones, used by men, women, or children (blankets, curtains, mirrors, crockery, etc.). Although men, who held almost all the accounts, controlled transactions at the stores, these stores were full of goods normally used by women or inside the female space. The women may not have produced to consume, but they were still the buyers targeted by the storekeepers.
FR :
Depuis au moins le XIXe siècle, le travail est décrit comme étant une tâche réalisée pour une rémunération—et l’opposé de la consommation. Des travaux antérieurs sur la Nouvelle-Écosse du XVIIIe siècle ont conclu que le travail et la consommation étaient liés de manière symbiotique. La plupart des produits achetés nécessitaient la main-d’oeuvre des femmes pour être consommables (la farine pour devenir du pain ou le tissu pour devenir des vêtements, par exemple). Ces biens étaient payés avec le fruit du travail des hommes (en services, en nature ou en espèces). Les femmes étaient des consommatrices mais elles consommaient pour produire, alors que les hommes produisaient pour consommer. Au Bas-Canada, les femmes rurales consommaient également pour produire—il en va de même pour les hommes qui achetaient des outils, des clous, de la peinture ou du fourrage, et tous pouvaient être considérés comme des « consommateurs productivistes ». Tant les hommes que les femmes se procuraient des biens qui ne nécessitaient aucune transformation supplémentaire (des chaussures et des chapeaux, au tabac et aux livres), mais la majorité des biens de consommation prêts à l’emploi étaient des produits domestiques, utilisés par les hommes, les femmes ou les enfants (couvertures, rideaux, miroirs, vaisselle, etc.). Bien que les hommes, qui détenaient la quasi-totalité des comptes, contrôlaient les transactions effectuées dans les magasins, ceux-ci étaient bondés de produits normalement utilisés par les femmes ou dans l’espace féminin. Les femmes ne produisaient pas forcément pour consommer, mais elles composaient la clientèle ciblée par les commerçants.
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L’octroi du droit de vote universel autochtone aux élections fédérales
Justin Richard Dubé
p. 25–53
RésuméFR :
Le droit de vote est l’une des bases de la conception contemporaine de la démocratie. À travers le temps, plusieurs groupes ont cherché à universaliser cette notion afin que tous les citoyens, quel que soit leur genre, origine et condition économique y aient droit. Le droit de vote pour les Autochtones n’a toutefois que très peu suscité l’attention dans l’historiographie. Les seules études réalisées à ce sujet ne se penchent malheureusement pas sur les débats parlementaires qui ont mené à l’adoption de cette réforme, de sorte que les motivations précises du gouvernement canadien demeurent assez obscures. Cet article s’intéresse donc à l’octroi du droit de vote universel aux « Indiens » pour les élections fédérales, en se basant sur les échanges tenus dans la Chambre des communes en mars 1960. Globalement, le gouvernement semble avoir agi davantage par souci de cohérence entre son discours libéral et ses propres pratiques plutôt que pour répondre aux pressions de la part de groupes militants.
EN :
The right to vote is one of the foundations of the contemporary conception of democracy. Over time, many groups have sought to universalize this notion so that all citizens, regardless of their gender, origin and economic condition, may be entitled to it. However, the right to vote for Aboriginal people has received very little attention in historiography. Unfortunately, the studies carried out on this subject do not examine the parliamentary debates that led to the adoption of this reform, and so the precise motivations of the Canadian government remain quite unclear. This article therefore focuses on the granting of universal voting rights to “Indians” in federal elections, based on the discussions held in the House of Commons in March 1960. Overall, the government seems to have acted more out of a concern for consistency between its liberal discourse and its own practices than in response to pressure from activist groups.
Canadian Historical Association Wallace K. Ferguson Book Prize in Non-Canadian History / Prix Wallace-K.-Ferguson en histoire autre que canadienne de la Société historique du Canada
Aidan Forth’s Barbed-Wire Imperialism: Britain’s Empire of Camps, 1876–1903
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Comment on Aidan Forth’s, Barbed-Wire Imperialism: Britain’s Empire of Camps, 1876–1903 (Berkeley: University of California Press, 2017)
Daniel Gorman
p. 56–62
RésuméEN :
This review essay assesses Aidan Forth’s Barbed-Wire Imperialism: Britain’s Empire of Camps, 1876–1903 within the broader historical context of imperial repression. It looks at how the British used camps as tools of control, how they reflected spatial concepts of imperial rule, and how they challenged the idea of liberal imperialism.
FR :
Cet essai critique évalue l’ouvrage Barbed-Wire Imperialism : Britain’s Empire of Camps, 1876-1903 d’Aidan Forth, en le replaçant à l’intérieur du contexte historique plus large de la répression impériale. Il examine comment les Britanniques ont utilisé les camps comme des outils de contrôle, la manière dont ceux-ci ont reflété les concepts spatiaux de la domination impériale et comment ils ont défié l’idée de l’impérialisme libéral.
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Camps, Carcerality, and Late Victorian Empire: In Conversation with Aidan Forth’s Barbed-Wire Imperialism
Barrington Walker
p. 63–66
RésuméEN :
This paper is a brief critical review essay of Aidan Forth’s recent award-winning work Barbed Wire Imperialism, winner of the 2019 Ferguson Prize of the Canadian Historical Association. The essay suggests a few potential slightly different emphases, trajectories, interpretive lenses and, perhaps, possibilities. Included among these are the centrality of the slave ship and transatlantic slavery for thinking about the roots of carcerality in the British Empire.
FR :
Cet article est un court essai critique du récent ouvrage primé d’Aidan Forth, Barbed Wire Imperialism, lauréat du prix Ferguson 2019 de la Société historique du Canada. L’essai propose quelques potentialités légèrement différentes au niveau des priorités à mettre de l’avant, des trajectoires, des lentilles interprétatives et, peut-être, des possibilités. Parmi celles-ci, citons la centralité du navire d’esclaves et de l’esclavage transatlantique pour réfléchir aux racines de la carcéralité dans l’Empire britannique.
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Wallace K. Ferguson Prize Forum Author’s Response: Barbed-Wire Imperialism: Some Canadian Connections and Contemporary Considerations
Aidan Forth
p. 67–78
RésuméEN :
This article reassesses the argument of Barbed-Wire Imperialism for a contemporary Canadian readership. The concentration and segregation of indigenous communities on demarcated reserves in western Canada exhibited many of the same dynamics as British concentration camps erected in the context of colonial famines, pandemics, and guerilla warfare. As Canada encounters its own colonial past in cities like Kitchener (named after the infamous British General who detained African civilians in dirty and disease-ridden wartime camps), the colonial mantra to concentrate and control also finds resonance in Canada’s “racialized state” and in the burgeoning prisons, migrant labour facilities, and refugee camps of contemporary North America.
FR :
Cet article réévalue l’argument de Barbed-Wire Imperialism pour un lectorat canadien contemporain. La concentration et la ségrégation des communautés autochtones dans des réserves délimitées dans l’Ouest canadien présentaient de nombreuses similitudes avec les camps de concentration britanniques érigés dans le contexte des famines, des pandémies et des guérillas coloniales. Alors que le Canada est confronté à son propre passé colonial dans des villes comme Kitchener (qui porte le nom du général britannique notoire ayant détenu des civils africains dans des camps de guerre insalubres et infestés de maladies), le mantra colonial associé à la concentration et au contrôle trouve également une résonance dans « l’État racialisé » du Canada, ainsi que dans les prisons, les installations de travail pour immigrants et les camps de réfugiés en plein essor en Amérique du Nord contemporaine.