Résumés
Résumé
Tout au long de la période coloniale, les interprètes sont des intermédiaires incontournables entre les administrateurs Européens et les populations africaines. À l'instar des autres catégories d'employés, les interprètes sont organisés en un corps au sein de la fonction publique coloniale. Hormis quelques aménagements locaux, la structure de ce corps est partout la même. Les textes organiques énoncent notamment les conditions de recrutement, de rémunération et de promotion. Mais pour diverses raisons ces textes sont rarement suivis à la lettre, avec pour résultat que les portes de la profession sont pratiquement ouvertes à tous les profils. Les rapports entre les administrateurs et les interprètes sont empreints de suspicion. Chez les administrateurs, l'interprète est tantôt loué comme un collaborateur fidèle et efficace, tantôt vilipendé comme un agent incompétent et indigne de confiance. Cependant, bien qu'il ne soit officiellement qu'un auxiliaire subalterne, l'interprète jouit d'un immense prestige auprès des populations locales, parce que de par ses fonctions il est l'Africain le plus proche du centre du pouvoir. Cette situation enviable ne manque pas de provoquer parfois des ressentiments chez les autres élites locales, voire chez certains colons, et l'interprète fait souvent l'objet de diverses accusations plus ou moins fondées. Enfin, par rapport aux autres territoires français d'Afrique, le corps des interprètes d'Algérie présente la particularité de réunir aussi bien des Français que des indigènes et des étrangers, ce qui est à l'origine de bien de difficultés.
Abstract
Throughout the colonial era, interpreters were indispensible intermediaries between European administrators and the African population. As in the case of other categories of employees, interpreters were organized into professional bodies within the colonial civil service. The structure of these bodies were the same everywhere, with the exception of a few local adjustments. The texts organising the bodies notably defined the conditions for recruitment, remuneration and promotion. But for various reasons, these texts were rarely followed to the letter, with the result that the doors of the profession were open to practically any type of profile. The relations between administrators and interpreters were characterized by suspicion. Some administrators lauded interpreters for their loyalty and competence, while others viewed them as notoriously incompetent and untrustworthy. However, although officially the interpreter was no more than an administrative underling, he enjoyed a tremendous prestige within the local community because by the nature of his job, he was the African who was closest to the centres of power. Such an enviable position sometimes brought about resentments in the other local elites, and even in some administrators, and interpreters were often the object of various accusations. Finally, as compared to the other French territories in Africa, the body of interpreters of Algeria was different in that it was made up of French, native and foreign interpreters, a situation which resulted in considerable difficulties.
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