FR :
Ce texte condense une thèse par articles, en sciences de l’éducation, soutenue en 2010 à l’Université de Montréal. La réflexion, incontournable aujourd’hui dans le monde de la formation et du travail, reste un concept aux contours mouvants. Son apparence sans équivoque en fait un objet de consensus dans les textes directeurs des politiques éducatives nationales ou internationales. Le bât blesse lorsqu’il faut mettre le concept à l’oeuvre dans des projets éducatifs ou professionnels. La réflexion revêt soudain divers manteaux et l’on ne voit plus très bien comment l’articuler au réel. Elle renvoie de fait à plus d’une conception de l’Homme, de la science et de l’éducation. Une mouvance particulière du champ théorique de la pratique réflexive semble toutefois porteuse pour opérationnaliser le concept en milieu éducatif ou professionnel. Elle s’enracine dans l’humanisme et le pragmatisme de Dewey (1933). Nombre de chercheurs et formateurs contemporains la mettent au travail. Ils recherchent des manières de réfléchir et faire réfléchir riches de sens pour les acteurs. La visée est émancipatoire et sociale : former des citoyens et professionnels capables de s’adapter et de se renouveler à long terme. Après un recadrage épistémologique et théorique, l’étude s’attèle à une question méthodologique nécessaire pour réguler un dispositif réflexif : comment savoir, au-delà de l’intuition, que de la réflexion s’est produite, et à quelle occasion, dans une formation ou un projet professionnels? L’étude est qualitative-interprétative, à base d’entrevues semi-dirigées collectives et individuelles auprès de 25 volontaires issus de trois échantillons : des enseignants de français langue seconde, expérimentés ou en formation, et des professionnels adultes qui suivent un programme universitaire de coopération internationale. La démarche méthodologique pour « saisir » de la réflexion constitue un résultat en soi. D’autres suivent : les déclencheurs de cette dernière, ainsi que les conditions et moyens pédagogiques ou organisationnels qui ont présidé à son émergence. Les objets « réfléchis », c’est-à-dire ici « reconceptualisés », sont analysés sous l’angle de changements de perspective de l’acteur sur sa profession, soi et l’Autre dans le métier. Les préoccupations des formés et professionnels sont également abordées. Des pistes de recherche et d’application sont dégagées pour des formations professionnalisantes, notamment celle à l’enseignement, mais aussi pour le développement professionnel en milieu de travail.