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Ghislaine Vézina est décédée le 27 septembre 2019. Bénévole avec une mission d’appui scientifique et pédagogique, Ghislaine a fait connaître la revue Recherches féministes à l’Université féministe d’été, chaque année, de 2007 à 2017, travail qui représente une contribution très significative. Dans les faits, Ghislaine prenait des vacances pour venir présenter aux étudiantes et aux étudiants l’imposant corpus de recherches scientifiques de la revue, des Cahiers de recherche du GREMF et des publications de la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, Savoirs et Sociétés. Elle était toujours enthousiaste pour faire découvrir l’historique de certains concepts et les thématiques des numéros publiés. Ces semaines consacrées à la revue lui permettaient également de se ressourcer en matière de recherches féministes, ce qui lui servait dans ses autres engagements sociaux.

À la fin des années 80, Ghislaine Vézina entreprenait à temps partiel un parcours universitaire marqué par l’interdisciplinarité, et ce, alors qu’elle travaillait comme technicienne en administration à la Commission municipale du Québec. En 1991, elle obtenait un baccalauréat en sociologie avec une mineure en communications publiques; en 1997, elle recevait son diplôme d’études supérieures spécialisées en études féministes; en 2000, elle terminait sa maîtrise en administration et politiques scolaires, toujours à l’Université Laval. Le Groupe de recherche multidisciplinaire féministe (GREMF) a fait paraître, en 2001, son essai Le suivi scolaire : une réalité féminine (en gynéparentalité et en biparentalité)[1].

Ghislaine Vézina a fait carrière au gouvernement du Québec, plus précisément à la Société immobilière du Québec et au ministère des Affaires municipales et de la Métropole, où elle a rédigé plusieurs articles pour la revue Municipalité. En outre, elle a collaboré à la recherche et à la rédaction de nombreux ouvrages, entre autres : Les services éducatifs complémentaires : essentiels à la réussite (2002), Les collectivités viables en milieu rural : bref regard sur les enjeux (2003) et Initiatives municipales prenant en considération les intérêts particuliers des femmes (2005).

En tant que vice-présidente des membres individuelles de la Fédération des femmes du Québec (2009-2013), Ghislaine Vézina faisait fi de la hiérarchie. Elle savait mettre la main à la pâte en montant, en tenant et en démontant le kiosque de Recherches féministes. Enfin, elle a signé un compte rendu de l’ouvrage dirigé par Claudie Solar, intitulé Pédagogie et équité, dans la revue Recherches féministes, Éducation et émancipation (vol. 11, n °1, 1998)[2].

Avec son sens de l’humour, Ghislaine Vézina a toujours su donner l’heure juste sur les questions féministes en débat. Elle analysait la cohérence entre la théorie et la pratique afin d’éclairer et de transformer les politiques publiques. En avril 2019, lors de la récidive de sa maladie, elle en a parlé avec lucidité. Elle m’a alors confié le fait qu’elle ne guérirait pas, mais que sa médecin ferait tout pour la soulager. Et cette infatigable travailleuse a continué d’aller au théâtre, de faire de l’entraînement physique au Pavillon de prévention des maladies cardiaques, de chanter dans sa chorale et de marcher le long du fleuve Saint-Laurent au parc de la Plage-Jacques-Cartier. Quel courage! Merci, Ghislaine, pour toute cette belle énergie consacrée à tes semblables. Tu nous manques déjà!