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Métiers de la relation. Nouvelles logiques et nouvelles épreuves du travail, Dirigé par Marie-Chantal Doucet et Simon Viviers (2016) Québec : PUL, 203 pages. ISBN : 978-2-7637-3060-8[Notice]

  • Johanne Dompierre

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  • Johanne Dompierre
    Professeure, Département des relations industrielles, Université Laval

Ce volume, résultat du travail d’un collectif de 16 auteurs, dont la plupart proviennent de diverses universités canadiennes et européennes, est dirigé par Doucet et Viviers. D’entrée de jeu, ces derniers se réfèrent à l’expression « métiers relationnels » qu’ils définissent de la façon suivante : « une activité transdisciplinaire d’aide ou d’accompagnement de personnes en situation de vulnérabilité, que ce soit au travers de transactions adaptatives, émancipatrices ou encore d’une quête de sens » (p. 1). À l’origine du projet, des préoccupations sur le contexte actuel des institutions induisant de profondes mutations dans les conditions d’exercice des professions des soins et de l’aide sociale. Ces mutations sont en lien avec les principes de la Nouvelle gestion publique (NGP) empruntés au secteur privé, à savoir, une « recherche d’efficience et de productivité, fixation sur le mesurable et sur la reddition de comptes instrumentés » (p. 2). Ces mutations ayant un impact significatif sur le sens attribué au travail génèrent de la dissonance cognitive se traduisant par un malaise professionnel, une « souffrance identitaire de métier ». Cette dissonance cognitive résulte de « l’existence d’un écart entre le travail réel des professionnels et les prescriptions organisationnelles ». Les impératifs managériaux encadrant leur travail mettent à mal le sens attribué par les professionnels de la relation d’aide à leur activité, ainsi que la représentation du travail bien fait et du plaisir qui lui est associé. Au coeur de cette problématique, il y a cette donne : pour les professionnels de la relation d’aide, leur outil de travail, c’est eux, profession et personnalité étant étroitement liées. En plus de leur engagement personnel « envers » leur travail, le praticien s’engage « dans » un travail sur lui-même. Les nouvelles contraintes organisationnelles viennent bloquer la réalisation de soi dans le travail (cf. l’« activité empêchée » de Clot). Par ailleurs, certains éléments du métier de la relation d’aide cadrent difficilement avec les principes de la NGP, notamment la nécessaire et constante adaptation de la relation d’aide au client et à sa situation, l’importance de la collaboration de ce dernier, sans oublier que les résultats s’inscrivent dans la durée. Ce volume se veut une démarche de réflexion portant sur les « nouvelles conduites et les nouvelles épreuves du travail » des acteurs oeuvrant dans des métiers relationnels et intervenant sur des problèmes sociaux et scolaires. Il comporte quatre parties : 1- logiques d’actions, contraintes et potentialités des métiers relationnels contemporains; 2- tensions dans les orientations professionnelles et théoriques; 3- subjectivité et métier au travail; et 4- mouvance du social et du politique et les transformations des pratiques. La première partie s’ouvre avec le texte de Doucet s’interrogeant sur la manière dont les praticiens pensent et parlent de leur métier à partir de l’analyse de leur activité (cognitive, affective et sociale) et de leur langage en milieu de travail. Son objectif est de repérer « une marge de jeu implicite » et « une grammaire du métier » en référence au processus de recomposition du prescrit par les praticiens. Doucet identifie trois strates de l’implicite permettant au praticien de « se faire un tête » : niveau pratique, niveau de langage intérieur et impensé social. Le texte suivant est celui de Ravon qui, considérant pas possible de définir a priori le travail de relation d’aide, conclut qu’il n’y a pas de « bonnes pratiques », mais plutôt des « pratiques acceptables. En dernier lieu, le texte de Demailly propose le terme « agencements symboliques de mobilisation professionnelle », au lieu du concept de culture de métier ou d’identité professionnelle. Selon elle, ces agencements (cf. « systèmes …