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Ouvrage collectif de 22 auteurs sous la direction de Denis Jeffrey, le présent document cherche à tracer les contours de concepts très complexes que sont la laïcité, les régimes de laïcité ainsi que les signes religieux, notamment vestimentaires, dans le cadre plus précis de l’école. Puisant dans les divers contextes européens et québécois, quatre grandes sections émergent à la lecture. Dans un premiers temps, les conceptions de la laïcité et des régimes s’y rapportant résument l’esprit des premières contributions. Puis, à travers le thème du voile musulman, la seconde section sert de transition entre la laïcité et le monde scolaire. Une troisième section porte ensuite sur le programme d’Éthique et culture religieuse québécois en regard de la posture professionnelle, du port de signes religieux et de la laïcité. Enfin, un dernier texte revient sur la laïcité d’un point de vue plus anthropologique.

D’entrée de jeu, signalons que cet ouvrage comporte de nombreux défis pour quiconque y chercherait un regard facile d’accès sur les questions traitées. Les textes colligés sont de différentes factures et ne peuvent être aisément comparés les uns aux autres, tant les genres d’écrits sont variés. Parmi les textes qui comportent une grande érudition pour un lecteur novice mais qui raviront le lecteur plus expert, notons ceux de Baubérot et de Koussens, pour les questions de laïcité en Europe, et celui de Jeffrey, pour les mêmes questions au Québec. Les textes de Sellami, Milot et Vendetti ainsi que celui de Hirsch apportent par ailleurs un éclairage fort instructif sur le plan des enquêtes de terrain, des représentations et des perceptions. Toutefois, certains auteurs proposent plutôt des réflexions plus éclectiques. Certains font appel à des savoirs déjà connus du lecteur expert comme les contributions de Milot, Bouchard, Leroux, Ménard ou Maclure. À ce titre, la pensée de Milot est mieux desservie dans la contribution commune de Maxwell, MacDounough, Waddigton et Schwimmer. Quant à St-Onge, il verse ici dans la chronique politique. Enfin, Jeffrey fait oeuvre utile par la synthèse qu’il dresse en conclusion de l’ouvrage.

Sur le thème plus spécifique de l’école, la contribution de Paradis sur le programme d’Éthique et culture religieuse pourra servir d’introduction au lecteur novice, mais ne satisfera pas le lecteur expert. Quant à Bouchard, il propose des avenues de réflexion sur le thème de la posture professionnelle qui nous semblent porteuses, quoiqu’elles s’inscrivent philosophiquement dans une autre direction que celles d’Estivalèzes, qui étudie aussi ce thème dans sa contribution. Enfin, l’apport de LeVasseur nous apparaît comme le plus éclairant sur ce thème dans l’ensemble de l’ouvrage. Il trace avec doigté les écueils des concepts explorés dans ce recueil. Pour le didacticien en éthique et culture religieuse, sa conclusion sur le relativisme épistémologique vaut à elle seule la lecture de sa contribution.