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La France accuse-t-elle un retard dans la rénovation de son système d’éducation ? Mons tente de répondre à cette question en comparant les réformes éducatives mises en oeuvre dans les pays de l’OCDE. D’abord, l’auteure décrit l’évolution des systèmes d’éducation au cours des deux dernières décennies, évolution qui est marquée par une remise en cause fondamentale du rôle de l’État. Elle critique l’idée que le phénomène de globalisation de l’économie mondiale entraîne l’adoption de modes de régulation communs des systèmes nationaux en éducation. Selon elle, au contraire, chaque nation tend à redéfinir ses politiques en fonction de ses propres valeurs culturelles et de ses traditions particulières. Ainsi, en dépit d’une certaine adhésion des élites politiques aux principes du New Public Management et aux modèles de gestion qui s’en inspirent, la nature et l’ampleur des réformes nationales en éducation varient sensiblement d’un pays à l’autre.

Dans cette perspective, l’auteure analyse les différentes politiques adoptées en France afin de rénover le modèle traditionnel de l’école obligatoire au primaire et au secondaire. Elle rappelle les vifs débats que cette question soulève encore parmi la classe politique. Par exemple, elle fait état des efforts de décentralisation des pouvoirs de gestion de l’État au profit des communautés locales. Elle constate à quel point la prise de responsabilité par les élus locaux est difficile, en raison de leur incompétence relative en cette matière, mais aussi en raison des limites de leurs pouvoirs. En effet, l’État conserve une autorité exclusive dans plusieurs domaines-clés comme la détermination du cursus de formation et la gestion des programmes d’enseignement.

Afin de juger de l’impact des nouvelles politiques nationales en matière d’éducation sur la performance des jeunes, Mons utilise les données de l’enquête PISA 2000, soit l’évaluation des compétences en compréhension de l’écrit chez les élèves âgés de 15 ans dans 39 pays. Au terme de son analyse, elle soutient que les modèles nationaux de gestion les plus performants tendent à favoriser la décentralisation des pouvoirs, la différenciation pédagogique et le libre choix de l’école, mais ils confient aux gouvernements centraux des responsabilités et des pouvoirs très importants afin d’assurer la régulation du système. Cette conclusion présuppose que l’efficacité des modèles de gestion répertoriés dans l’ensemble de ces pays varie en fonction de la performance des jeunes. Toutefois, la preuve de l’existence d’une relation de causalité entre ces deux phénomènes n’est pas démontrée par l’auteure, ce qui soulève des doutes quant à la validité des résultats.

En conclusion, la chercheuse constate un certain louvoiement dans le processus de rénovation du modèle de l’école unique en France, qui est lié aux difficultés à établir un consensus social à propos des réformes souhaitées. À son avis, on observe des conjonctures politiques similaires dans plusieurs autres pays de l’OCDE. En somme, cet ouvrage présente un point de vue intéressant et bien documenté sur les efforts de modernisation de l’éducation nationale en France. De plus, il fournit un portrait détaillé des réformes scolaires mises en oeuvre actuellement dans les pays développés.