Volume 30, numéro 1, printemps 1998 Le second souffle de la sociologie Sous la direction de Paul Bernard, Marcel Fournier et Céline Saint-Pierre
Sommaire (14 articles)
Introduction
Articles
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Théorie sociale et analyse de la société
Margaret S. ARCHER
p. 9–22
RésuméFR :
Ce texte traite de la théorie sociale au lendemain du positivisme. Il fait un examen critique de trois types de théories contemporainesdont les présupposés ontologiques fusionnent structure et agent. Au moyen de leur méthodologie explicative respective,ces théories font apparaître cette fusion dans leurs analyses de la société. Dans la dernière partie, l’auteure montre qu’unethéorie sociale fondée sur le réalisme transcendental, c’est-à-dire sur la reconnaissance des propriétés et des pouvoirs émergentsdistincts qui caractérisent la structure et l’agent et qui exigent donc un examen non réductionniste de leur interrelations,est la voie la plus prometteuse pour faire progresser des théories qui permettent d’avoir prise sur les grandes questions sociales.
EN :
This paper deals with social theory in the aftermath of positivism. Three forms of contemporary theorizing are critically examinedfor their ontological assumptions which conflate structure and agency. Such conflation is transmitted via their respectiveexplanatory methodologies to the analyses of society associated with them. The final section suggests that social theorybased upon transcendental realism, i.e. acknowledging distinct emergent properties and powers characterizing structure andagency, and thus requiring a non-reductionist examination of their interplay, is the most promising path for furthering theorizingwhich gives purchase on major social issues.
ES :
Este texto trata de la teoría social después del positivismo. Se critican tres tipos de teorías contemporáneas cuyas presuposicionesontológicas fusionan estructura y agente. Por intermedio de su metodología explicativa, estas teorías vehiculan estafusión en sus análisis de la sociedad. En la última parte, la autora muestra una teoría social fundada en el realismo trascendental,es decir en el reconcimiento de las propiedades y de los distintos poderes emergentes que caracterizan la estructura y elagente y que exigen un examen no reduccionista de sus interrelaciones. Ésta es la vía más prometedora para hacer progresarteorías que permiten influenciar las grandes cuestiones sociales.
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Les nouveaux défis épistémologiques de la sociologie
Jean Michel Berthelot
p. 23–38
RésuméFR :
Un siècle après sa fondation, comment la sociologie pense-t-elle son programme épistémique fondamental ? Cette question peut sembler démesurée. Elle est à la fois légitime et urgente. Légitime, parce que la réflexion sur le statut épistémologique de la sociologie accompagne la discipline depuis son origine ; urgente, parce que le relativisme et le scepticisme contemporains en exacerbent les enjeux. Cet article s'efforce de saisir comment, dans les dix dernières années, ce défi a pu être relevé par la sociologie. Il suit les voies du débat sur l'internationalisation et l'indigénisation, le relativisme et le rationalisme, et met en évidence, dans les travaux épistémologiques contemporains, une ligne nouvelle conjuguant pluralisme et rationalisme. Loin de toute visée normative, celle-ci s'attache à saisir la discipline non telle qu'elle se rêve, mais telle qu'elle se dégage de son processus de construction historique.
EN :
A century after its foundation, how does sociology elaborate its fundamental epistemological programme? Although this question might seem ambitious, it is both legitimate and urgent. Legitimate, because reflections on the epistemological status of sociology have been undertaken throughout its history; urgent, because contemporary relativism and scepticism have tended to exacerbate the issues. This article attempts to understand how sociology has addressed this challenge in the past ten years. Beginning with an examination of the debates which have opposed the international and the indigenous, relativism and rationalism, the article then explores the potential of some contemporary epistemological work which brings together pluralism and rationalism. Far from any normative-type orientation, this latter work enables an understanding of the discipline not in any idealised form, but rather as it has emerged from its process of historical construction.
ES :
Un siglo después de su fundación, cómo piensa la sociología su programa epistemológico fundamental ? Esta pregunta puede parecer desmesurada. Ella es al mismo tiempo legítima y urgente. Legítima, porque la reflexión sobre el estatuto epistemológico de la sociología acompaña la disciplina desde su origen ; urgente, porque el relativismo y el escepticismo contemporáneos excacerban la cuestiones cruciales actuales. Este artículo se esfuerza por comprender de que manera, en los diez últimos años, este desafío pudo ser encarado por la sociología. Él sigue las vías del debate sobre la internacionalización y la « indigenización », el relativismo y el racionalismo, y pone en evidencia, en los trabajos epistemológicos contemporáneos, una nueva línea que conjuga pluralismo y racionalismo. Lejos de toda intención normativa, ésta se concentra en la comprensión de la disciplina, no tanto como ella se sueña, sino como ella se desprende de son proceso de construcción histórica.
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Les épistémès de la société : l’enclavement du savoir dans les structures sociales
Karin KNORR CETINA
p. 39–54
RésuméFR :
On s’entend généralement aujourd’hui pour dire que les sociétés occidentales contemporaines sont régies, d’une manière oud’une autre, par le savoir et l’expertise. Cet article débute par une analyse des sociétés du savoir (knowledge societies ») d’unpoint de vue sociologique : Une telle analyse montre que les processus du savoir qui envahissent la vie contemporaine représententune force structurante qui façonne les formes d’ordre et d’existence de ces sociétés. Dans le cadre de son argumentation,l’auteure analyse deux formes d’organisation sociale : les relations personnelles (présentées sous l’angle d’une sociabilitéaxée sur les objets) et l’organisation de l’entreprise (présentée sous l’angle des structures du laboratoire).
EN :
There is a widespread consensus today that contemporary Western societies are in one sense or another ruled by knowledgeand expertise. The paper begins to develop an analysis of knowledge societies from a sociological viewpoint, arguing that theknowledge processes which permeate contemporary life have a structuring force that shapes the forms of ordering and existenceof these societies. The paper discusses two forms of social organization relevant to the argument, personal relationships(discussed in terms of an object-centered sociality) and corporate organization (discussed in terms of laboratory structures).
ES :
Hoy existe un amplio consenso en las sociedades occidentales contemporáneas en el hecho que ellas son gobernadas, en unoou otro sentido, por el conocimiento y la competencia. Este texto comienza por desarrollar un análisis de las sociedades deconocimiento a partir de una perspectiva sociológica, argumentando que los procesos de conocimiento que hacen posible lavida contemporánea tienen una fuerza estructurante que modela las formas del ordenamiento y de la existencia de dichas sociedades.Este artículo discute dos formas de organización social que corresponden al debate, las relaciones interpersonales(enfocada en términos de sociabilidad centrada sobre el objeto) y a la organización corporativa (enfocada en términos de estructurasde laboratorio).
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Enjeux institutionnels et action collective
Henri Lustiger-Thaler, Louis Maheu et Pierre Hamel
p. 53–63
RésuméFR :
Dans le contexte de la modernité avancée, les mouvements sociaux ont dû revoir leurs cadres d'action, leurs représentations du social et du politique de même que leurs rapports aux institutions. Le paradigme traditionnel auquel renvoient la majorité des travaux sociologiques ne permet pas de saisir toute la complexité et l'ambivalence qui caractérisent les relations que les acteurs construisent dans leurs rapports aux institutions. En se démarquant de la thèse de l'institutionnalisation partielle et de la perspective interactionniste, les auteurs proposent une nouvelle problématique des enjeux institutionnels et de l'institutionnalisation des mouvements sociaux qui prend en compte les changements majeurs caractéristiques de la modernité avancée. C'est ce qui les conduit à examiner trois processus significatifs à cet égard, à savoir la réflexivité, la globalisation et l'authenticité.
EN :
Social movements, within the context of advanced modernity, have had to reexamine their frames of action, their representations of social and political phenomena as well as their relations with institutions. The traditional paradigm to which most sociological studies refer cannot account for all the complexity and ambivalence that characterize the relationships actors construct in their dealings with institutions. In distancing themselves from the thesis of partial institutionalization and the interac-tionist perspective, the authors propose a new approach to the institutional issues and the institutionalization of social movements that takes account of the major changes that characterize advanced modernity. This leads them to examine three significant processes in this respect: reflexivity, globalization and authenticity.
ES :
En el contexto de la modernidad avanzada, los movimientos sociales debieron revisar sus marcos de acción, sus representaciones de lo social y de lo político, así como sus relaciones con las instituciones. El paradigma tradicional al cual se refieren la mayoría de los trabajos sociológicos no permite comprender toda la complejidad y la ambivalencia que caracterizan los lazos que los actores construyen en sus relaciones a las instituciones. Diferenciándose de la tesis de la institucionalización parcial y de la perspectiva interaccionista, los autores proponen una nueva problemática de los desafíos institucionales y de la institucionalización de los movimientos sociales que tiene en cuenta los cambios mayores característicos de la modernidad avanzada. Esto los conduce a examinar tres procesos significativos, a saber la « reflexividad », la globalización y la autenticidad.
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Les limites des prophéties, ou les raisons d’être de la modestie intellectuelle en sciences sociales
John MYLES
p. 55–67
RésuméFR :
Depuis longtemps, le désir de concevoir des méta-récits historiques destinés à séparer le passé du présent et à indiquer lestrajectoires probables dans l’avenir est au coeur de la tradition sociologique. En règle générale, le cours réel de l’histoire aplutôt démenti les prévisions. Aujourd’hui, les théories spéculatives de la modernisation et de la transformation du capitalisteque les spécialistes des sciences sociales avaient tant prisées entre les années cinquante et soixante-dix ont presque toutes étéinfirmées. En réaction, beaucoup ont renoncé à leurs ambitions théoriques antérieures pour embrasser, d’une part, le solipsismedu post-modernisme et, d’autre part, les modèles statiques de la théorie des choix rationnels. Dans mon article, je signaleune troisième réaction, soit la reprise du projet traditionnel, mais sur des bases plus modestes. En m’inspirant d’études récentessur les marchés du travail et sur les États-providences, je montre comment la théorie de la régulation et le nouvel institutionnalismereprésentent tous deux des moments différents d’une tentative de comprendre le changement historique à une grandeéchelle, mais sans chercher comme la génération antérieure à produire des « prophéties historiques inconditionnelles ».
EN :
The impulse to create grand historical meta-narratives aimed at separating past from present and pointing out likely trajectoriesto the future has long been at the core of the sociological enterprise. In general, the actual course of history has not been kindto this project. The “grand theories” of modernisation and capitalist transformation much favored by social scientists from thefifties to the seventies have now been mostly falsified. In response, many have turned away from the theoretical ambitions ofan earlier period to embrace the solipsism of postmodernism, on the one hand, or the static models of rational choice theory,on the other. In this paper, I point to a third response that has taken up the traditional project, albeit on more modest terms.Drawing on recent studies of labor markets and welfare states, I illustrate how both regulation theory and the new institutionalismrepresent different moments of an effort to understand large scale historical change minus the ambitions of an earliergeneration to generate “unconditional historical prophecies”.
ES :
Dese hace mucho tiempo, el deseo de concebir metarelatos históricos destinados a separar el pasado del presente y a indicarlos trajectos probables en el futuro está en el corazón de la tradición sociológica. En regla general, el curso real de la historiaa más bien maltratado esta empresa. Hoy, las teorías especulativas de la modernización y de la transformación capitalista quelos especialistas de las ciencias sociales habían apreciado tanto entre los años cincuenta y setenta han sido casi todas contradichas.En reacción, muchos han renunciado a sus ambiciones teóricas anteriores para abrazar, por un lado, el solipsismo delposmodernismo y, por otro lado, los modelos estáticos de las elecciones racionales. En mi artículo, yo señalo una tercerareacción, la retoma del projecto tradicional, pero a partir de bases más modestas. Inspirándome de estudios recientes sobre losmercados de trabajo y sobre los Estados-benefactores, yo muestro de que manera la teoría de la regulación y el nuevo institucionalismorepresentan momentos diferentes de una tentativa de comprender el cambio histórico en grande escala, pero sinintentar, como la generación anterior, producir « profecías históricas incondicionales ».
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Fragmentation et exclusion : la question sociale dans la phase actuelle de la transition des villes dans les sociétés industrielles avancées
Enzo MINGIONE
p. 69–83
RésuméFR :
Cet article est fondé sur une critique radicale du paradigme du marché auto-régulé et facteur de régulation sociale. On soutiendraque les relations d’échange ne peuvent avoir lieu que dans des conditions favorables que ne peut pas directement créer lemarché lui-même, mais qui sont plutôt imputables à des facteurs de coopération (association et réciprocité) constituant la basede l’enracinement social de l’économie. Ceci a deux conséquences importantes : d’une part, les différentes conditions sociales(dans le temps et dans l’espace) sont essentielles à la compréhension des modes de développement industriel ; d’autre part, les sociétés industrielles se caractérisent par des différences importantes et persistantes. L’époque fordiste a été caractérisée parun mélange de conditions où les associations étaient prédominantes tandis que l’époque actuelle se caractérise par un retourde la réciprocité ; c’est en ce sens que l’on considère que les sociétés contemporaines sont fragmentées. On fera ici une étudecomparative montrant à quel point les traits de la fragmentation se manifestent dans la production de l’exclusion sociale, c’està-dire d’un statut discriminatoire appliqué institutionnellement, venant s’ajouter à certains processus de marginalisation tenantau chômage et à la transformation des systèmes socio-démographiques et des systèmes d’emploi.
EN :
This paper is based on a radical critique of the paradigm of the self-regulated and socially regulating market. It is argued thatexchange relations can take place only within favourable conditions which cannot be directly created by the market itself butrather by factors of cooperation (association and reciprocity) which constitute the basis for the social embeddedness of theeconomy. This fact has two important consequences: the differing (in time and space) socio-cultural conditions are essentialfor understanding the modes of industrial development; industrial societies are characterized by persistent and important differences.The Fordist age was characterized by mixes in which the associative forms were predominant while now the combinationsare characterized by the innovative resurgence of reciprocity; in this sense the present societies are considered asfragmented. A comparative investigation is carried out of the extent to which the features of fragmentation are reflected in theproduction of social exclusion, that is institutionally enforced discriminated status, on top of marginalization processes, particularlycentred on joblessness and the transformation of the employment and socio-demographic systems.
ES :
Este artículo está fundado en una crítica radical del paradigma del mercado autoregulado y del factor de regulación social. Sesostendrá que las relaciones de intercambio no pueden tener lugar sin condiciones favorables que no pueden ser creadas por elmismo mercado, sino por factores de cooperación (asociación y reciprocidad) que constituyen la base del arraigo social de laeconomía. Esto tiene dos consecuencias importantes : por un lado, las diferentes condiciones sociales (diferentes en el tiempoy en el espacio) son esenciales para la comprensión de los modos de desarrollo industrial ; y por otro lado, las sociedadesindustriales se caracterizan por diferencias importantes y persistentes. La época fordista se caracterizó por una mezcla de condicionesen el marco de las cuales las asociaciones eran predominantes mientras que la época actual se caracteriza por unretorno de la reciprocidad ; es en este sentido que se considera que las sociedades contemporáneas están fragmentadas. Haremosaquí un estudio comparativo que muestra hasta que punto los rasgos de la fragmentación se manifiestan en la producciónde la exclusión social, es decir de un estatuto discriminatorio aplicado institucionalmente, que viene a agregarse a ciertosprocesos de marginalización y particularmente centrada en el desempleo y la transformación de los sistemas socio-demográficosy de los sistemas de empleo.
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Devenir social, néo-modernisation et importance de la culture : quelques implications de la révolution anticommuniste pour la théorie du changement social
Piotr SZTOMPKA
p. 85–94
RésuméFR :
Les révolutions anticommunistes de 1989 ont d’importantes implications pour les théories du changement. Elles semblentporter un dernier coup à certains paradigmes évolutionnistes, dialectiques et cycliques du XIXe siècle ainsi qu’à l’image del’utopie sociale. Elles fournissent aussi les preuves solides d’un paradigme alternatif du « devenir social ». Les théories duchangement doivent freiner les aspirations prédictives, devenir plus spécifiques par rapport à l’histoire et se défaire du déterminisme,du fatalisme et du finalisme. Parmi les théories du changement, la théorie de la modernisation doit être revue avecun soin particulier plutôt qu’abandonnée. À l’avenir, les théories du changement, en portant attention aux interactions humaineset en adoptant le modèle du devenir social, devraient accorder une place plus importante aux facteurs « mous », intangibles,comme les codes culturels, l’orientation des valeurs, les formes de discours, les façons d’agir et de penser.
EN :
The anti-communist revolutions of 1989 have important implications for sociological theories of change. They seem to dealthe final blow to some 19th century paradigms: evolutionist, dialectic and cyclical, as well to the image of social utopia, andprovide strong evidence for the alternative paradigm of “social becoming”. Theories of change must curb predictive aspirations,become more historically specific, and get rid of determinism, fatalism and finalism. Among particular theories ofchange, modernization theory needs to be carefully re-examined, rather than entirely abandoned. And future theorizing aboutchange, focusing on human agency and adopting the model of social becoming, should pay more attention to intangible, “soft”factors like cultural codes, value orientations, forms of discourse, frames for acting and thinking.
ES :
Las revoluciones anticomunistas de 1989 tienen importantes implicaciones para las teorías del cambio. Ellas parecen dar unúltimo golpe a ciertos paradigmas evolucionistas, dialécticos, del siglo XIX así como a la imagen de la utopía social. Ellassuministran también pruebas sólidas de un paradigma alternativo del « devenir social ». Las teorías del cambio deben frenarles aspiraciones predictivas, volverse más específicas con relación a la historia y deshacerse del determinismo, del fatalismo ydel finalismo. Entre las teorías del cambio, la teoría de la modernizacion, debe ser revisada con un cuidado particular en lugarde ser abandonada. En el futuro, las teorías del cambio, al prestar atención a las interacciones humanas y al adoptar el modelodel « devenir social », deberían acordar un lugar más importante a los factores « blandos », intangibles, como los códigosculturales, la orientación de los valores, las formas de discurso, las maneras de actuar y de pensar.
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Nouvelle problématique socio-historique et perspective sociologique
Manuel Antonio GARRETÓN
p. 95–105
RésuméFR :
Au moment ou l’unité de la société perd son sens référentiel pour la sociologie du développement, en laissant la voie libre auxidéologies soit du marché, soit de l’identité, l’étude de la démocratisation comme effort de création collective qui accompagneun nouveau modèle de modernité dépasse l’analyse purement politiciste des transitions pour récupérer une sociologie des acteurs.Dans cette démarche, on essaie de définir un nouveau concept, celui de matrice constitutrice des acteurs sociaux. Oncomprend ce concept comme le rapport entre l’État, le système de représentation et la base socio-économique et culturelle,donc le lien institutionnel qu’on appelle régime politique.
EN :
At a time when the unit of society is losing its referential sense for the sociology of development, leaving the way open forideologies of the market or of identity, the study of democratization as a collective effort of creation accompanying a newmodel of modernity goes beyond the purely politicist analysis of the transitions to recuperate a sociology of actors. In thisapproach, an attempt is made to define a new concept, that of a matrix formed by social actors. This concept is understood asthe relation between the State, the representational system and the socio-economic and cultural base, whose institutional linkis what is called the political regime.
ES :
En un momento en donde la unidad de la sociedad pierde su sentido referencial para la sociología del desarrollo, dejando lavía libre a las ideologías del mercado y de la identidad, el estudio de la democratización como un esfuerzo de creación colectivaque acompaña un nuevo modelo de modernidad desborda el análisis puramente político de las transiciones para recuperaruna sociología de los actores. En esta óptica, se trata de definir un nuevo concepto, el de matriz constitutiva de los actoressociales. Comprendemos este concepto como la relación entre el Estado, el sistema de representación y la base socio-económicay cultural, cuyo lazo institucional es lo que se llama régimen político.
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Sociologie culturelle ou sociologie de la culture ? Un programme fort pour donner à la sociologie son second souffle
Jeffrey C. Alexander et Philip Smith
p. 107–116
RésuméFR :
La sociologie de la culture et la sociologie culturelle ont plusieurs points en commun : un répertoire de concepts (valeurs, codes, discours), l'importance donnée à la culture dans la société. Mais l'une et l'autre approches s'opposent comme, en sociologie de la science, s'opposent le « programme faible » et le « programme fort » (à la Bloor). Nous entendons proposer pour l'étude de la culture un « programme fort ». Notre démarche se fera en trois étapes : d'abord un bref survol de l'histoire de la théorie sociale, ensuite une critique de trois approches qui ont été populaires pour l'analyse de la culture (Paul Willis et l'école de Birminghan, Pierre Bourdieu et Michel Foucault), et enfin une esquisse de « programme fort » qui se construirait autour des trois axiomes suivants : textualité de la vie sociale, autonomie des formes culturelles et repérage des mécanismes culturels concrets. Le passage d'une sociologie de la culture à une sociologie culturelle apparaît comme une condition de renouvellement de la sociologie et une façon de lui donner un « second souffle ».
EN :
The sociology of culture and cultural sociology have several points in common: a set of concepts (values, codes, discourses), the importance accorded to culture in society. But the two approaches differ as do the "weak program" and the "strong program" in the sociology of science (in the Bloor manner). We propose a "strong program" for the study of culture. Our approach comprises three stages: first a short overview of the history of social theory, then a critique of three approaches that have been popular for the analysis of culture (Paul Willis and the Birmingham School, Pierre Bourdieu and Michel Foucault), and last an outline of a "strong program" that would be constructed on the following three axioms: textuality of social life, autonomy of cultural forms, and identification of concrete cultural mechanisms. The shift from a sociology of culture to a cultural sociology appears to be a condition for the renewal of sociology and a way of giving it a "second wind".
ES :
La sociología de la cultura y la sociología cultural tienen varios puntos en común : un repertorio de conceptos (valores, códigos, discursos), la importancia acordada a la cultura en la sociedad. Sin embargo, ambas perspectivas se oponen de la misma manera que, en sociología de la ciencia, se oponen el « programa débil » y el « programa fuerte » (Bloor-Bloor). Nosotros proponemos un « programa fuerte » para el estudio de la cultura. Nuestro trabajo comprende tres etapas : primeramente, una breve revisión de la teoría social, luego una crítica de tres perspectivas que fueron populares para el análisis de la cultura (Paul Willis y la escuela de Birminghan, Pierre Bourdieu, y Michel Foucault), y finalmente un bosquejo de un « programa fuerte » que se construiría en torno a tres axiomas : textualidad de la vida social, autonomía de las formas culturales, y localization de los mecanismos culturales concretos. El pasaje de una sociología de la cultura a una sociología cultural aparece como una condición de renovación de la sociología y una manera de otorgarle un « segundo aliento ».
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La société de communication à la lumière de la sociologie de la culture : idéologie et transmission de sens
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Nouvelles familles, nouveaux défis pour la sociologie de la famille
Anne QUÉNIART et Roch HURTUBISE
p. 133–143
RésuméFR :
Où en est la recherche sociologique sur la famille et vers quoi tend-elle ? Quelle est la pertinence et la spécificité de l’approchesociologique dans la compréhension du fait familial au tournant du siècle ? Telles sont les principales questions auxquellesrépondent les auteurs dans ce texte. Sur un plan théorique, ils observent un éclatement du champ de la soiologie de la familleen de multiples objets (la maternité, la paternité, le divorce, le mariage, etc.) et un isolement des chercheurs : ceux travaillantsur le divorce, par exemple, échangent peu avec ceux qui s’intéressent au désengagement paternel ou aux mères monoparentales.Cette tendance à la spécialisation vers des « sous-objets familiaux » permet aux sociologues de développer une connaissancefine des processus qui influencent diverses dimensions des réalités familiales. Toutefois, elle rend difficile le travail de« reglobalisation » de l’objet famille. Sur le plan méthodologique, ils constatent la cohabitation d’une pluralité de méthodes etd’approches et de nombreuses ouvertures vers les disciplines périphériques. Finalement, selon les auteurs, l’un des apports lesplus importants de la sociologie de la famille à la sociologie en général est de montrer que la famille constitue l’un des lieuxprivilégiés pour saisir la manière dont s’articulent, selon une foule de modalités, l’individuel et le collectif, pour rendre comptede la complexité des processus de reproduction humaine et sociale, de socialisation et de construction de l’identité. La sociologiede la famille révèle aussi les tensions et les contradictions entre divers acteurs sociaux, elle rend compte du relativismedes structures et des fonctions de la famille, de la multiplicité des formes familiales et témoigne du dynamisme de diversessociétés à transformer, innover et refaire la vie familiale.
EN :
What is the current status of sociological research on the family and what direction is it taking? What is the relevance andspecificity of a sociological approach to understanding the family at the turn of the century? These are the principal questionsaddressed in the present article. On a theoretical level, the authors comment on the fragmentation of the field of family sociologyinto multiple objects (e.g. maternity, paternity, divorce, marriage, etc.) and the isolation of researchers (those workingon divorce, for instance, have little contact with those working on paternal disengagement of single-parent mothers. This tendencytowards increasing specialisation and the development of family ‘sub-objects’ has enabled sociologists to develop amore detailed understanding of the diverse dimensions of family realities. At the same time, however, it has made it difficultto develop a global perspective on the family as object. On a methodological level, the authors comment on the coexistence ofa plurality of methods and approaches and the openness of the sociology of the family towards peripheral disciplines. Finally,according to the authors, one of the most significant contributions of the sociology of the family to sociology in general hasbeen to demonstrate that the family is an important site for understanding both the relationship between the individual and thecollectivity and the complexity of processes of human and social reproduction, socialisation and identity construction. Thesociology of the family also reveals the tensions and contradictions between diverse social actors, acknowledges the relativismof family structures and functions, the multiplicity of family types, and bears witness to the dynamism of diverse societies withrespect to the transformation, innovation and reconstruction of family life.
ES :
Dónde se encuentra la investigación sociológica sobre la familia et hacia dónde se dirige ? Cuál es la pertinencia y la especificidadde la perspectiva sociológica en la comprensión del hecho familiar en el fin de siglo ? Tales son las preguntas principalesa las cuales responden los autores en este texto. En el plano teórico, ellos observan una dispersión del campo de lasociología de la familia en múltiples objetos (la maternidad, la paternidad, el divorcio, el matrimonio, etc.) y un aislamientode los investigadores : los que trabajan en el tema del divorcio por ejemplo, intercambian poco con los que se interesan a lafalta de compromiso paterno o a las madres « cabeza de familia ». Esta tendencia a la especialización hacia « sub-objetosfamiliares » permite a los sociólogos desarrollar un conocimiento preciso de los procesos que influencian las diverses dimensionesde las realidades familiares. Sin embargo, ella vuelve difícil el trabajo de « reglobalización » del objeto familia. En elplano metodológico, los autores constatan la cohabitación de una pluralidad de métodos y perspectivas y de numerosas aper-turas hacia disciplinas periféricas. Finalmente, según los autores, uno de los aportes más importantes de la sociología de lafamilia a la sociología en general es mostrar que la familia constituye uno de los lugares priviliegiados para comprender lamanera en la que se articulan, según numerosas modalidades, lo individual y lo colectivo, para rendir cuenta de la complejidadde los procesos de reproducción humana y social, de socialización y de construcción de la identidad. La sociología de la familiarevela también las tensiones y contradicciones entre los diversos actores sociales, ella rinde cuenta del relativismo de lasestructuras y de las funciones de la familia, de la multiplicidad de las formas familiares y testimonia del dinamismo de diversassociedades para transformarse, innovar y rehacer la vida familiar.
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La théorie du capital et le renouveau du paradigme des tensions et des opportunités en criminologie sociologique
John HAGAN et Bill MCCARTHY
p. 145–158
RésuméFR :
La théorie du capital social est devenue très populaire en sociologie contemporaine. On a cependant accordé beaucoup plusd’attention aux conséquences positives de l’accumulation de capital social qu’aux obstacles et aux échecs rencontrés par ceuxqui tentent d’accéder à de telles ressources et de les développer. S’inspirant du paradigme des tensions et des opportunités dela criminologie sociologique et voulant à étendre les études sur les jeunes des écoles aux jeunes qui vivent dans la rue, cetarticle veut montrer qu’une théorie du capital social de la criminalité peut élargir l’évantail explicatif de la criminologie contemporaine.Pour démontrer notre point, nous passons en revue notre propre recherche sur la criminalité et l’itinérance dejeunes de deux villes canadiennes. Nous montrons qu’une conception du capital social qui s’appuie sur l’anomie fournit uncadre théorique flexible pour explorer et expliquer les différences entre différents milieux d’un même pays et de pays différents.Les problèmes des jeunes de la rue et de la criminalité posent aux chercheurs une série de questions qui méritent uneattention internationale.
EN :
Social capital theory has achieved a unique popularity in contemporary sociology. Yet much more attention has been given tothe positive consequences of accumulations of social capital than to obstacles and failures in efforts to access and advance thedevelopment of such resources. Drawing on the strain-and-opportunity paradigm in sociological criminology, and encouragingan extension of research on youth in school to young people living on the streets, this paper urges that a social capital theoryof crime can expand the explanatory range of contemporary criminology. We make these points by reviewing findings fromour own research on youth crime and homelessness in two Canadian cities. We suggest that an anomie inspired conception ofsocial capital provides a flexible theoretical framework for exploring and explaining differences within and between nationalsettings. The problems of street youth and crime pose a set of research issues that invite international attention.
ES :
La teoría del capital social ha alcanzado una popularidad única en la sociología contemporánea. Mucha más atención a sidoaún otorgada a las consecuencias positivas de las acumulaciones de capital social que a los obstáculos y a los fracasos en losesfuerzos para acceder y mejorar el desarrollo de tales recursos. Orientándose en el paradigma del « esfuerzo-y-oportunidad »de la criminología sociológica, y alentando una extensión de la investigación sobre la juventud en las escuelas para jóvenesque viven en las calles, este artículo insiste vigorosamente en el hecho que una teoría del capital social del crimen puedeampliar el campo explicativo de la criminología contemporánea. Nosotros hacemos estas observaciones a través de la revisiónde las conclusiones de nuestra propia investigación sobre el crimen juvenil y la falta de alojamiento en dos ciudades canadienses.Nosotros sugerimos que una concepción inspirada de la anomia del capital social puede darnos un marco teórico flexiblepara la exploración y la explicación de las diferencias tanto entre como en el interior de los contextos nacionales. Los problemasde la juventud de la calle y el crimen plantean un conjunto de problemáticas de investigación que invitan a la atencióninternacional.
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La démocratie en Amérique latine : les acteurs sociaux, la représentation et l’État
Gerardo L. MUNCK et Vicente PALERMO
p. 159–172
RésuméFR :
La sociologie latino-américaine a attiré l’attention sur l’enjeu pressant de la démocratisation. Dans un effort pour éclairer l’étatactuel des recherches sur ce sujet, les auteurs font ressortir les faiblesses dont souffrent aujourd’hui les démocraties d’Amériquelatine : un État qui n’est pas totalement en mesure de relever les défis de la fonction gouvernementale et d’imposer efficacementà toute la société l’autorité de la loi, une arène de représentation faible et souvent court-circuitée ainsi que desacteurs sociaux fragiles. Pour tenter d’expliquer ces traits problématiques, les auteurs considèrent d’abord les racines historiquesdu problème, c’est-à-dire les événements qui s’étendent du XIXe siècle jusqu’aux années 1960. Ils se tournent ensuite versdes facteurs plus contemporains et montrent que même si des expériences récentes, telles que l’autoritarisme, les crises économiqueset les réformes en faveur de l’économie de marché, ont donné naissance, directement ou indirectement, à des conditionsfavorisant la période la plus démocratique de l’histoire de l’Amérique latine, ces changements n’ont pourtant pas eu uneffet d’entraînement suffisant pour abolir dans cette région les obstacles historiques à la démocratie.
EN :
Latin American sociology has focused attention on the urgent issue of democratization. Attempting to provide a sense of thecurrent state of this research, this article stresses the weaknesses that afflict current democracies in Latin America: a state thatis not quite capable of meeting the challenges of governance and enforce the rule of law effectively throughout society, a weakand regularly circumvented arena of representation, and fragile social actors. Seeking to explain these problematic features,we first consider the historical roots of the problem, that is, developments that stretch from the nineteenth century to the 1960s.Then, we turn to more contemporary factors, and show that even though the recent experiences of authoritarianism, economiccrisis and free-market reforms have generated, directly or indirectly, the conditions for the most democratic period in LatinAmerican history, these changes have still not been sweeping enough to redress the historical obstacles to democracy in theregion.
ES :
La sociología latinoamericana atrajo la atención sobre el desafío imperioso que plantea la democratización. En un esfuerzo poraclarar el estado actual de las investigaciones sobre ese tema, los autores ponen en relieve las debilidades que hoy afectan alas democracias de América Latina : un Estado que no está totalmente en condiciones de afrontar los desafíos de la función degobierno e imponer eficazmente a toda la sociedad la autoridad de la ley, una arena de representación débil y con frecuenciacortocircuitada, así como actores sociales frágiles. En vista de explicar estos rasgos problemáticos, los autores consideran enprimer lugar las raíces históricas del problema, es decir los sucesos que se extienden desde el siglo XIX hasta los años 1960.Seguidamente, ellos analizan factores más contemporáneos y muestran que mismo si experiencias recientes, tales como elautoritarismo, las crisis económicas y las reformas a favor de la economía de mercado, dieron nacimiento, directamente ouindirectamente, a condiciones que favorecen el período más democrático de la historia de América Latina, esos cambios notuvieron sin embargo un efecto de arrastre suficiente para abolir en esa región los obstáculos históricos a la democracia.