Présentation[Notice]

  • Clara Foz et
  • Ryan Fraser

…plus d’informations

  • Clara Foz
    Université d’Ottawa

  • Ryan Fraser
    Université d’Ottawa

La question de la méthodologie de la recherche en traductologie est aussi importante qu’actuelle, comme en témoigne la grande variété des publications et des rencontres organisées autour de ce thème. On peut dire en effet que notre discipline est arrivée au stade de l’évaluation de ses méthodes de recherche. Cette question permet d’en aborder une autre, cruciale, celle du statut de notre discipline par rapport aux autres (histoire, études littéraires, linguistique, sociologie, études culturelles, etc.) auxquelles elle emprunte certains concepts ou appareils conceptuels. Alors qu’à ses débuts la traductologie était directement liée à la linguistique, son éloignement de cette dernière a généré pour la méthodologie de la recherche des avantages, mais a également donné lieu à des inconvénients. D’une part, l’ouverture du champ aux méthodes empruntées à d’autres disciplines représente un potentiel évident. D’autre part, survient le risque d’adapter à la sauvette les méthodes des uns et des autres sans pour autant en dominer aucune. La première étape, nous semble-t-il, serait de jeter un regard sur les deux grands modèles scientifiques mobilisés par les traductologues : celui des études empiriques et celui des sciences humaines. Comment les méthodes propres à ces deux modèles ont-elles été adaptées ou mésadaptées par les traductologues? Ce numéro de TTR, qui connaîtra une suite à l’été 2012, se voudrait une esquisse des méthodes empruntées à ces deux modèles, ainsi qu’un premier regard autocritique sur celles-ci. Les trois premiers articles (Neunzig, Gile et Chesterman) sont axés sur l’adaptation des méthodes scientifiques empiriques en traductologie. Au grand survol de la méthode scientifique classique et des modalités d’expériences proposé par Neunzig succède le regard autocritique porté par Gile sur le processus même des expériences empiriques menées en traductologie. Cette première partie prend fin avec les réflexions proposées par Chesterman sur les hypothèses qui sous-tendent toute expérience empirique. Les trois articles suivants (Malena, Jaka et Stratford) sont axés sur l’adaptation des méthodes empruntées aux sciences humaines, l’histoire pour Malena et la littérature pour Jaka et Stratford. Malena interroge le rôle du sujet historiographe et traducteur dont la production serait non pas une narration objective mais bien un discours avec tout ce que ce mot comporte. Jaka, quant à elle, affirme que les méthodes de recherche en traductologie pourraient profiter de l’observation du contexte basque défini comme minorisé. Pour finir, Stratford s’oppose à la méthode prescriptive de John Dryden et propose une manière plus inclusive d’aborder l’analyse des traductions poétiques. Qu’en est-il plus précisément de la recherche empirique en traductologie? Neunzig montre la méthode scientifique classique dans ses différentes étapes (« Phases Model »), pour l’appliquer à la traductologie, et s’attache à examiner les difficultés potentielles qui pourraient surgir à chacune de ces étapes (« theoretical level, methodological level, analytical level »). L’« objet traduction » est défini par lui comme ne correspondant ni aux sciences naturelles, ni aux sciences sociales, ni à la philologie, ni à l’histoire, mais à un état idéal : Or deux questions se posent : d’abord, la traductologie, comme nouvelle science qui chercherait « une nouvelle voie de recherche » (une nouvelle méthode?) peut-elle se satisfaire du modèle scientifique existant? Et les difficultés implicites de ce modèle sont-elles insurmontables? Ces difficultés sont au coeur de l’article de Gile. Pour lui, les traductologues attirés par « l’approche scientifique canonique » ont tendance à ne pas dominer, dans le détail, les méthodes multiples et complexes de cette approche, d’où le titre de son article, « La recherche traductologique : méthodes ou approche? » Dès lors, Gile jette un regard critique sur les étapes concrètes des expériences menées en traductologie. Plutôt que d’aborder la question des fondements …