FR :
Gerald Gaudet, Université du Québec à Trois-Rivières
En se tournant du côté de l'intime, les romanciers des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix se sont éloignés de la problématique nationale. Souvent confrontés à l'autre en eux-mêmes, les personnages entreprennent un retour vers l'origine, par lequel ils tentent de se réapproprier ce qui a pu être mal compris, vécu ou nommé. La fête du désir, de Madeleine Ouellette-Michalska, est un roman emblématique de cette période. Avec son amant, la narratrice déconstruit les logiques traditionnelles. Elle emprunte à la poésie et au langage de l'inconscient des dispositifs pour oser l'impossible : se libérer des limites de l'âge, du sexe et de l'apprentissage. Comment redevenir l'enfant du désir? Comment accepter une légitimité autre? Avec ces questions qui prennent leur ancrage dans la psychanalyse, l'auteure ouvre la voie à une relecture de l'histoire du roman québécois, nourrie par la question des genres.
EN :
Novelists of the 80s and 90s moved away from the national issue as they turned to more intimate subjects. Characters often confront the other within themselves, going back to the origins in an attempt to reappropriate what may have been wrongly understood, lived or named. La fête du désir, by Madeleine Ouellette-Michalska, is a novel that embodies the characteristics of this period. With her lover, the narrator deconstructs traditional forms of logic. From poetry and the language of the unconscious she borrows ways of attempting the impossible: to free herself from the limits of age, gender and education. How can one become, once again, a child of desire? How can one accept another legitimacy? With these questions, anchored in psychoanalysis, the author points the way to a new reading of the history of the Québécois novel, sustained by the question of gender.