Canadian Journal of Applied Linguistics
Revue canadienne de linguistique appliquée
Volume 20, Number 2, 2017 Special Issue: Current Perspectives on Oral Communicative Competence of French Second Language Speakers Guest-edited by Leif French, Suzie Beaulieu and Diane Huot
Table of contents (8 articles)
Introduction au numéro spécial / Introduction to Special Issue
Articles / Articles
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L’acquisition de la phonologie en français langue seconde : le profil phonologique d’enfants allophones en maternelle
Rabia Sabah Meziane and Andrea A. N. MacLeod
pp. 1–17
AbstractFR:
La ville de Montréal est l’une des villes les plus multiethniques du Canada. Compte tenu de cette diversité, il y a une grande proportion d’enfants qui apprennent deux langues et donc deux phonologies ; la phonologie de leur langue maternelle et celle du français. L’interaction entre ces deux systèmes phonologiques peut influencer le développement de la phonologie de la langue seconde. Le but de cet article est de comparer les compétences phonologiques en français des enfants allophones à celles des enfants francophones unilingues issues d’études précédentes. Nous utiliserons des mesures pour évaluer le pourcentage de consonnes bien produites par les enfants dans une tâche de dénomination d’images et nous analyserons différents facteurs qui peuvent contribuer aux résultats à cette tâche.
EN:
The city of Montreal is one of the most multiethnic cities in Canada. Given this diversity, there is a high proportion of children learning two languages, and thus two phonologies: the phonology of their first language and that of French. The interaction between these two phonological systems may influence the phonological development of the second language. The purpose of this article is to compare phonological abilities in French Allophone children to those of monolingual Francophone children from previous studies. We will use measures to assess the percentage of consonants produced correctly by children in a picture naming task and we will analyze different factors that can contribute to the results of this task.
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Opening up to Native Speaker Norms: The Use of / I / in the Speech of Canadian French Immersion Students
Terry Nadasdi and Alison Vickerman
pp. 18–31
AbstractEN:
Our study examines the extent to which French immersion students use lax /ɪ/ in the same linguistic context as native speakers of Canadian French. Our results show that the lax variant is vanishingly rare in the speech of immersion students and is used by only a small minority of individuals. This is interpreted as a limitation of French immersion students’ sociolinguistic competence. Within the group of students who do use both variants, we document a positive correlation between female and middle-class students and use of the lax variant and suggest these speakers are generally more sensitive to sociolinguistic variation. A reverse correlation between English cognates and laxing was found. This is taken as evidence that the learning of laxing is lexically mediated.
FR:
Dans cette étude, nous examinons l’emploi de la voyelle relâchée /ɪ/ dans le parler des étudiants inscrits dans un programme d'immersion française et comparons la distribution de cette variante à celle qu'on trouve chez les francophones au Canada. Nos résultats démontrent que les étudiants en immersion n’utilisent la variante relâchée que très rarement. Nous interprétons ce résultat comme une lacune dans la compétence sociolinguistique de ce groupe de locuteurs. Parmi ceux qui utilisent la variante relâchée, nous notons une corrélation positive entre l’emploi de cette variante et les étudiants de sexe féminin, aussi bien que les étudiants de la classe moyenne. Notre interprétation de ce résultat est que ces étudiants sont plus sensibles à la variation sociolinguistique en comparaison avec les autres groupes d’étudiants. Une corrélation inverse se trouve entre les mots pour lesquels il existe une forme similaire en anglais. Cela suggère que l’apprentissage du relâchement passe par l’acquisition lexicale.
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Development of Second Language French Oral Skills in an Instructed Setting: A Focus on Speech Ratings
Pavel Trofimovich, Sara Kennedy and Josée Blanchet
pp. 32–50
AbstractEN:
This study examined the relationship between targeted pronunciation instruction in French as a second language (L2) and listener-based ratings of accent, comprehensibility, and fluency. The ratings by 20 French listeners evaluating the speech of 30 adult L2 French learners enrolled in a 15-week listening and speaking course targeting segments, prosody, fluency, and connected speech processes (e.g., liaison, enchainment) were compared before and after instruction in read-aloud and extemporaneous (picture description) speaking tasks. Results showed that the learners improved in all speech ratings, especially in extemporaneous speaking. Results also revealed that accent ratings were linked to prosody (intonation accuracy, pitch range), while fluency and comprehensibility ratings were additionally linked to fluency phenomena (length of fluent run, hesitation rate). These findings are discussed in terms of their implications for L2 pronunciation learning and links between instruction, listener-rated dimensions of speech, and performance in different tasks.
FR:
Cette étude examine la relation entre l’enseignement explicite de la prononciation en français langue seconde (L2) et l’évaluation de l’accent, de la compréhensibilité et de la fluidité par des locuteurs du français. L’étude compare les évaluations des productions orales de 30 apprenants adultes du français L2 avant et après un cours de phonétique de 15 semaines ciblant les segments, la prosodie, la fluidité et les phénomènes de resyllabification tels l’enchaînement. Les productions provenant d’une tâche de lecture à haute voix et d’une tâche de narration spontanée d’une histoire illustrée ont donc été soumises à l’évaluation (sur échelles de type Likert) de 20 juges naïfs. Les résultats montrent que les apprenants se sont améliorés dans toutes les dimensions évaluées de leur production, particulièrement en narration spontanée. On note par ailleurs une corrélation entre les jugements liés à l’accent et ceux liés à la prosodie (précision des contours intonatifs, étendue de la variation tonale). On remarque aussi que les jugements de fluidité et de compréhensibilité sont en lien avec certains phénomènes de fluidité (moyenne du temps de parole entre les pauses, hésitations). On discutera de la pertinence des résultats pour l’apprentissage de la prononciation L2 et on abordera en parallèle la relation entre l’enseignement, les dimensions de l’oral appréciées par des juges naïfs et la performance à l’oral dans diverses tâches.
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Les représentations associées aux français nationaux, aux espaces géographiques et aux locuteurs dans les manuels de français langue étrangère et de français langue seconde : étude comparée entre la France et le Québec
Marie Duchemin
pp. 51–70
AbstractFR:
Avec l’importance grandissante accordée au développement de la compétence de communication et tout particulièrement à la compétence sociolinguistique en classe de langues, les manuels de français langue seconde ou étrangère s’intéressent désormais à la pluralité de la langue, notamment en présentant différents variétés et usages sociolinguistiques qui se font entendre, adaptant ainsi le contenu aux échanges dans l’espace francophone. Toutefois, le traitement des français nationaux et de leurs locuteurs entre souvent en conflit avec l’enseignement d’une langue de scolarisation se voulant uniforme. Cette étude, qui s’inspirait de la linguistique de discours comparative, proposait d’examiner, par l’intermédiaire d’un corpus de 10 manuels destinés à un public adolescent et adulte, les représentations associées aux français nationaux, aux territoires géographiques et aux locuteurs dans des manuels français et québécois. Les résultats ont démontré que les représentations associées aux français nationaux variaient grandement en fonction du lieu d’édition des manuels. Les manuels québécois présentaient une seule variété, dont les traits informels étaient mis en évidence tandis que les manuels français, présentant plusieurs français nationaux, utilisaient la variété française comme point de référence pour la comparaison.
EN:
With the growing importance given to the development of communicative competence and especially to sociolinguistic competence in language classes, French as a second or foreign language textbooks are now focusing on the plurality of language use, in particular by presenting different varieties and sociolinguistic uses, thus adapting the content to exchanges in the French-speaking world. However, the treatment of French national varieties and their speakers often conflicts with the teaching of a language of instruction, which is intended to be uniform. This study, which was based on a comparative discourse approach, proposed to examine, through a corpus of 10 textbooks intended for adolescent and adult audiences, representations associated with national French, geographic territories and speakers in French and Quebec textbooks. The results showed that the representations associated with national French varied greatly according to the place where the textbooks were published. Quebec textbooks had only one variety and the informal traits were highlighted, while the French textbooks, presenting several French varieties, used the variety from France as a point of reference for comparison.
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Evolution of Self-Repair Behaviour in Narration Among Adult Learners of French as a Second Language
Daphnée Simard, Leif French and Michael Zuniga
pp. 71–89
AbstractEN:
Self-repairs, or revisions of speech that speakers themselves initiate and complete (Salonen & Laakso, 2009), have long been associated with second language (L2) development (e.g., Kormos, 2000a). To our knowledge, however, no research has looked at the evolution of self-repair correctness patterns, that is, the correctness of elements targeted for repair and the correctness of the repair outcomes. Consequently, the present study sought to investigate changes in the self-repair behaviour of English-speaking L2 learners of French over the course of a 5-week period and to verify whether any changes occurred over time. Speech samples of the L2 were collected from 50 adult participants through an elicited narration task at the beginning (Time 1) and the end (Time 2) of a 5-week immersion program. Overall, the results showed that there were qualitative and quantitative changes in self-repairs types, and that correctness of the element being repaired increased significantly over time.
FR:
Les autoreformulations, soit toute modification du discours amorcée et réalisée par le locuteur (Salonen et Laakso, 2009), sont depuis longtemps associées au développement des langues secondes (L2) [p. ex. Kormos, 2000a]. Toutefois, à notre connaissance, aucune étude n’a à ce jour examiné l’évolution des patrons de justesse d’autoreformulations, à savoir la justesse de l’élément étant l’objet d’une reformulation et du résultat de cette reformulation. Ainsi, la présente étude avait pour objectif d’examiner les autoreformulations d’apprenants anglophones du français L2 pour vérifier si des changements ont eu lieu au cours d’une période de 5 semaines. Les productions langagières de 50 participants ont été obtenues au moyen d’une tâche de narration à partir d’images, au début (temps 1) et à la fin (temps 2) d’un programme d’immersion. De façon générale, les résultats mettent en lumière des changements tant qualitatifs que quantitatifs dans les types d’autoreformulations ainsi qu’une amélioration significative de la justesse des reformulations.
Articles / Articles
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What Features Best Characterize Adult Second Language Utterance Fluency and What Do They Reveal About Fluency Gains in Short-Term Immersion?
Norman Segalowitz, Leif French and Jean-Daniel Guay
pp. 90–116
AbstractEN:
This study reports on how one can examine a second language (L2) speech corpus in order to define which of many possible features of L2 utterance fluency (i.e., speech fluidity) should be the focus of an L2 fluency gains investigation. Participants were 100 adult English-speakers enrolled in a French immersion program. Data from 50 randomly selected participants were assigned to Sample A for Analysis 1 and the remainder to Sample B for Analysis 2. In Analysis 1, 23 candidate speech features, drawn from the literature at large, were examined in Sample A through a series of logical and statistical steps and systematically reduced to four features as constituting a core set of L2 utterance fluency features. In Analysis 2, these four features were examined in the Sample B corpus for gains after 5 weeks of immersion. Results indicated strong gains on all four. In Analysis 3, by way of replication, we reversed the process by using the Sample B data to first define the target fluency features and then the Sample A data to test for fluency gains. The main results replicated those of Analyses 1 and 2. The four features that emerged as core L2 utterance fluency features were mean syllable run length and mean phonation run length between silent pauses, and mean syllable duration and mean silent pause duration. Mean filled pause duration did not meet the criteria for belonging to the same fluency construct. Overall, the results showed that it is possible (a) to operationally define L2 fluency markers without reference to fluency gains, and (b) to then use these fluency markers to study L2 fluency gains without the gains data having shaped the operational definition of fluency in the first place, thereby avoiding the circularity of post hoc identification of relevant variables.
FR:
Cette étude rapporte une méthode qui peut être utilisée pour examiner un corpus de parole en langue seconde dans le but de déterminer les variables parmi toutes celles présentées dans la littérature sur l’aisance à l’oral énonciative en langue seconde (c.-à-d. la fluidité de la parole) qui devraient être au centre des recherches portant sur le développement de l’aisance à l’oral en L2. Les participants étaient 100 adultes anglophones qui ont complété un programme d’immersion française. Les données de 50 participants sélectionnés au hasard ont été assignées à l’Échantillon A et celles des autres 50 participants à l’Échantillon B. En lien avec la première analyse, 23 variables de parole candidates, tirées de la littérature sur le sujet, ont été examinées dans l’Échantillon A à travers une série d’analyses logiques et statistiques et ont été systématiquement réduites à 4 variables fondamentales pour représenter l’aisance à l’oral énonciative en langue seconde. En lien avec la deuxième analyse, ces 4 variables ont été examinées dans le corpus de l’Échantillon B pour observer les gains après 5 semaines d’immersion. Les résultats indiquent des gains robustes pour les 4 variables. En lien avec la troisième analyse, en utilisant la réplication, nous avons renversé le processus en sélectionnant les données de l’échantillon B pour déterminer les variables fondamentales représentant l’aisance à l’oral énonciative en langue seconde et celles de l’échantillon A pour observer les gains en aisance à l’oral. Les résultats principaux ont répliqué ceux des deux premières analyses. Les 4 variables qui ont émergé des analyses comme étant fondamentales sont la longueur moyenne de l’énoncé en syllabe, le temps moyen de phonation entre les pauses silencieuses, la durée moyenne de la syllabe et la durée moyenne de la pause silencieuse. La durée moyenne des pauses remplies n’a pas répondu aux critères pour appartenir au même construit d’aisance à l’oral. De façon général, les résultats indiquent qu’il est possible (a) de définir de façon opérationnelle les variables qui représentent l’aisance à l’oral en langue seconde sans référer aux gains, et (b) d’utiliser ces variables pour étudier les gains en aisance à l’oral en langue seconde par la suite sans que ces derniers influencent la conception de la définition opérationnelle de l’aisance à l’oral au départ dans le but d’éviter la circularité des analyses post hoc pour identifier les variables pertinentes.