Cahiers de recherche sociologique
Number 62, Winter 2017 Peirce et les sciences sociales. Une sociologie pragmaticiste ? Guest-edited by Mathieu Berger, Philippe Gonzalez and Alain Létourneau
Table of contents (9 articles)
I- Esthétique de la communication
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Quelques contributions de Peirce à l’épistémologie des sciences sociales
Alain Létourneau
pp. 21–44
AbstractFR:
Le but de l’article est surtout de montrer que si nous réfléchissons aux liens entre deux notions de base de la philosophie de Peirce, soit le traité de la sémiosis et le traité des catégories (soit la priméité, la secondéité et la tiercéité), nous pouvons y découvrir les bases d’une épistémologie des sciences interprétatives, et notamment les sciences sociales qui se réclament d’une telle perspective. Si tout l’interactionnisme repose sur une notion interactive du signe, c’est que déjà chez Peirce l’interprétation des signes est sociale. De plus, s’il est bien exact que les sciences sociales ont souvent voulu thématiser l’action humaine, et ce notamment au 20e siècle, il est clair qu’une troisième idée de Peirce, soit la notion de science normative de l’action appelée « practics », a quelque chose d’inaugural au plan conceptuel, tant pour la sociologie que pour une éthique qui ne voudrait pas s’identifier à la morale mais thématiser sa réflexion pratique.
EN:
The article aims at showing that two basic notions of Peirce’s theoretical development provide us with a kind of epistemological basis for the interpretive sciences, including the relevant social sciences. The notion of semiosis with its interactive character on one side, and the three categories on the other side (firstness, secondness and thirdness), when closely connected, show us how any knowledge is constructed in interaction with signs, especially at the social level. Many of the social sciences can count as interpretive, the ones that precisely understand themselves that way. Furthermore, a third Peircian idea, that of “practics” as a normative science for action, when distinguished from ethics that could be understood as the teaching of morality, certainly plays an important part to theorize action, which is important for the social sciences, and was quite developed notably in the 20th century. This article cannot really explore the historical file of that development, but tries to show by arguments how Peirce’s triadic thinking logically leads us to the social sciences.
ES:
El objetivo del artículo es mostrar principalmente el hecho de que si reflexionamos sobre los lazos existentes entre dos nociones de base de la filosofía de Peirce, siendo una de ellas el tratado de la semiótica o la otra, el tratado de las categorías (como la primera, la segunda y la tercera), nosotros podremos descubrir aquí las bases de una epistemología de las ciencias interpretativas, y concretamente la atribución que las ciencias sociales realizan sobre tal perspectiva. Si todo interaccionismo se sostiene sobre una noción interactiva del signo, es porque, según Peirce, la interpretación de los signos es social. Además, si es cierto que las Ciencias Sociales frecuentemente desean tematizar la acción humana – particularmente en el siglo XX-, es claro que una tercera idea de Peirce, como ser la noción de Ciencia Normativa de la acción, denominada “practics”, tiene un componente inaugural en el plano conceptual, tanto para la Sociología como para una ética que no desea identificarse con la moral pero si tematizar una reflexión práctica.
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La rhétorique spéculative chez Charles Sanders Peirce : nouvelles avenues dialectiques pour le pragmatisme en sociologie
Jean-François Côté
pp. 45–67
AbstractFR:
Cet article présente l’idée de la rhétorique spéculative chez C.S. Peirce, dans son lien avec la logique au sein de la recherche scientifique et avec une théorie pragmatiste de la communication. D’un côté, la rhétorique spéculative est rattachée au cadre général de la sémiotique peircienne, en tant que catégorisation logique générale, et d’un autre côté, au processus de sémiose. Cette présentation, axée sur la mise en évidence de la place de la rhétorique, et de la dialectique qui en constitue le fondement, est mise en parallèle avec la logique hégélienne, qui table elle aussi sur la dialectique comme fondement, mais paraît esquiver la question de la rhétorique ; par cela, les entreprises de Hegel et de Peirce sont concurrentes, mais tout en étant rapprochées dans leurs visées sur le plan d’une logique dialectique. Par la suite, la place de la rhétorique au sein du pragmatisme est examinée dans les oeuvres de John Dewey et de George Hebert Mead. Enfin, sont proposées des avenues en sociologie pour réintégrer la rhétorique, du point de vue à la fois politique et analytique.
EN:
This article presents the idea that C.S. Peirce’s speculative rhetoric in its relation to logic in scientific research and to a pragmatist theory of communication. On the one hand, speculative rhetoric belongs to the overall framework of Peirce’s semiotic, as a general logical categorization, and on the other hand, to the process of semiosis. Such presentation positions rhetoric, and dialectic as the foundation of the latter, drawing parallels with Hegel’s logic, which also relies on dialectic as its foundation, but which apparently eschews rhetoric; in this, both Hegel’s and Peirce’s endeavors are challenging each other, while their respective orientation come closer to each other in developing a dialectical logic. Following this, the place of rhetoric in the philosophy of pragamatism is examined, through John Dewey’s and Georg Herbert Mead’s works. New paths are proposed to re-engage rhetoric in sociology, from both political and analytical points of view.
ES:
Este artículo presenta la idea de la retórica especulativa según C.S. Peirce, de acuerdo a la relación que se establece en el seno de la investigación científica y una teoría pragmática de la comunicación. Desde un extremo, la retórica especulativa está ligada a un marco general de la semiótica de Peirce, como categorización de la lógica general, y desde el otro extremo, al proceso de semiosis.
Esta presentación, basada en la puesta en evidencia del lugar de la retórica - y de la dialéctica que constituye su fundamento - es colocada paralelamente junto a la lógica hegeliana, que también se sostiene sobre la dialéctica como fundamento pero que parecería esquivar la pregunta sobre la retórica; es por ello que los intentos de Hegel y de Peirce confluyen, sobre todo en sus perspectivas, sobre el plano de una lógica dialéctica. A continuación, se examina el lugar de la retórica en el seno del pragmatismo en las obras de John Dewey y de George Herbert Mead. Finalmente, se proponen las trayectorias que sugiere la sociología para reintegrar la retórica, desde el punto de vista a la vez político y analítico.
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Vers une théorie du pâtir communicationnel. Sensibiliser Habermas
Mathieu Berger
pp. 69–108
AbstractFR:
Ce texte tente de poser les jalons d’une critique interne et reconstructrice de la Théorie de l’agir communicationnel. A travers la discussion de penseurs chers à Jürgen Habermas (C.S. Peirce, K. Bühler, G. H. Mead), l’auteur plaide pour une « sensibilisation » du modèle de rationalité développé par le francfortois, condition d’une meilleure capacité de description des situations et processus de communication, autrement dit, d’un plus grand réalisme de la théorie : réalisme sémiotique, par la prise en compte de l’instabilité de la signification dans les situations d’interlocution (Bühler) et de la multi-modalité de sémioses combinant le symbolique, l’indiciel et l’iconique, aspects de tiercéité, de secondéité et de priméité (Peirce) ; réalisme écologique, à travers une plus grande attention pour les situations concrètes, pour les corps qui soutiennent la communication, ainsi que pour les milieux qui l’accueillent et la reçoivent (Mead).
EN:
This paper attempts at an internal and reconstructive critique of the Theoy of communicative action. Referring to theorists directly relevant to Habermas (Peirce, Bühler, Mead), the author pleads for a « sensitisation » of the model of rationality elaborated by the german philosopher, as a condition for a better capacity of description of situations and processes of communication, that is, for an increased realism of the theory: a semiotic realism, by taking into consideration of the instability of meaning in communicative interactions, and of the various regimes of signs taking part in semioses (Peirce); an ecological realism, through a greater attention to the concrete situations, the bodies and the environments of communication (Mead).
ES:
Este texto intenta sentar las bases de una crítica interna y de reconstrucción de la Teoría de la acción comunicativa. A través de la discusión de pensadores cercanos a Jürgen Habermas (C.S. Peirce, K. Bühler, G.H. Mead), el autor reclama por una « sensibilización » del modelo de racionalidad desarrollado por los habitantes de Frankfort, condición de una mejor capacidad de descripción de situaciones y de procesos de comunicación, dicho de otro modo, de un mayor grado de realismo de la teoría: realismo semiótico, a través de la toma en consideración de la inestabilidad de la significación en situaciones de interlocución (Bühler) y de la multi – modalidad de la semiosis combinando lo simbólico, lo indicial y lo icónico, aspectos de la terceridad, de la segundidad y primaridad (Peirce); realismo ecológico, a través de una mayor atención a situaciones concretas, por los cuerpos que sostienen la comunicación, como así también por los medios que le dan la bienvenida y la reciben. (Mead)
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Penser avec Peirce la conception architecturale
Jean-Louis Genard
pp. 109–135
AbstractFR:
A partir d’une expérience de fréquentations d’architectes, et plus spécialement de l’enseignement de l’architecture, cette contribution, en s’appuyant sur la sémiotique peircienne, propose de construire un appareillage conceptuel permettant de comprendre comment s’opère le travail architectural, en particulier comment peut se saisir la « boîte noire » du travail de conception, de design. Le pari de l’article est de réfléchir, à partir des catégories peirciennes, ce que composer veut dire comme un processus sémiotique dans lequel le travail de conception navigue constamment entre icone, indice et symbole. Cette approche permet de faire droit à la fois, au travers d’un rapport dominant au concept de symbole, aux multiples conventions sur lesquelles s’étaye la conception, mais aussi, au travers des concepts d’icone et d’indice, à la large part d’intelligence infra-discursive, infra-propositionnelle dont elle se nourrit. Dans un contexte où la spécificité du travail architectural se voit menacée par la concurrence déjà ancienne avec les ingénieurs, mais de plus en plus avec les spécialistes de la conception assistée par ordinateur, ou encore avec les designers, sans parler de la montée des processus de co-design dans lesquels la compétence propre de l’architecte pourrait se perdre, le texte cherche à cerner ce qui constitue le propre de la conception architecturale, une compétence acquise patiemment au travers de ce que permet de cerner l’idée d’une formation pensée comme « entraînement », dans ces espaces apprêtés que sont les « ateliers», les « workshops »...
EN:
Based on an experience of acquaintances with architects, and more particularly with the teaching of architecture, this contribution, based on Peircian semiotics, proposes to build a conceptual apparatus allowing to understand how architectural work is performed, more specifically how to comprehend the “black box” of design work. The challenge of the article is to explore, starting from the Peircian categories, what composing means as a semiotic process in which the design work constantly oscillates between icon, index and symbol. This approach makes it possible to recognize both, through a dominant relationship with the concept of symbol, the multiple conventions on which the design is based, but also, through the concepts of icon and index, the large part of infra-discursive and infra-propositional intelligence on which it is based. In a context where the specificity of architectural work is under threat from the already old competition with engineers, but more and more from specialists in computer-assisted design, or even with designers, not to mention the development of co-design processes in which the architect’s own competence could be lost, the text seeks to define what constitutes the proper of architectural design, a competency patiently acquired through what can be defined as a learning process conceived as “training”, as “drill”, in these pre-prepared spaces that are “ateliers”, “workshops”, “studios”…
ES:
A partir de la experiencia de los arquitectos, y particularmente de la enseñanza de la arquitectura, esta contribución, apoyándose en la semiótica de Peirce, propone construir un marco conceptual que permita entender cómo funciona el trabajo de la arquitectura, particularmente como puede comprenderse la “caja negra” del trabajo de concepción, de diseño. El desafío de este artículo es el de reflexionar, a partir de las categorías de Pierce, qué significa componer dentro de un proceso semiótico a través del cual el trabajo de concepción navega constantemente ente ícono, índice y símbolo. Este método permite hacer justicia, no solo a la lógica dominante del concepto de símbolo y a las múltiples convenciones sobre las cuales se apoya el mismo, sino también a los conceptos de ícono e índice, que en definitiva son parte de la inteligencia infra-discursiva, infra-proporcional donde ella se alimenta.
Dentro de un contexto donde la especificidad del trabajo arquitectural se ve amenazado por la antigua diputa con los ingenieros, y más aun, con los diseñadores, sin hablar del auge de los procesos de co-diseño dentro de los cuales la competencia propia del arquitecto podría perderse, el texto busca abarcar lo que constituye la propia concepción arquitectural, una competencia adquirida pacientemente a través de la cual se puede alcanzar la idea de una formación pensada como “entrenamiento”, dentro espacios ya preparados para este fin,como son los “talleres”, los “workshops”.
II- Statut de l’émotion dans l’enquête
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Pourquoi la peur des ours et des épidémies n’est-elle pas automatique ? Ce que Peirce apporte à l’analyse des peurs dans la constitution des problèmes publics
Jocelyne Arquembourg
pp. 137–155
AbstractFR:
L’apport des travaux de Ch.S. Peirce à l’étude des émotions est souvent méconnu. Pourtant, ses échanges épistolaires avec W.James au sujet de la peur des ours, sont à l’origine d’une réflexion féconde. Rétrospectivement, on peut considérer que ses analyses permettent de dépasser des clivages qui structurent encore les études contemporaines sur les émotions. Elles invitent, tout d’abord, au dépassement de l’opposition entre l’exploration interne et l’observation des manifestations externes des émotions. En qualifiant les émotions d’hypothèses, Peirce refuse aussi de réduire leur indétermination. Enfin, il opère un glissement d’une interrogation sur les objets des émotions à celle des situations dans lesquelles elles prennent naissance. Le but de cet article consiste à mettre ces trois spécificités à l’épreuve de la peur des maladies et des épidémies dans les sociétés contemporaines, et de leur constitution en problèmes publics. Cette étude empirique porte sur le problème de l’antibiorésistance, source de nombreuses pathologies ou de difficultés grandissantes à soigner des maladies jusque-là curables au moyen d’antibiotiques, et sur la production des discours catastrophistes qu’il a générés. Si les discours catastrophistes sont d’abord apparus comme un moyen commode de susciter la peur afin de changer les comportements en matière d’antibiothérapie, ils ont aussi générés des critiques. Ces débats méritent attention car ils sont révélateurs de manières de concevoir la peur, et son rôle dans la communication des problèmes de santé publique. En retour, les théories de Peirce éclairent de manière efficace leur absence d’ancrage dans des situations concrètes et sensibles.
EN:
The contribution of the work of Ch. S. Peirce to the study of emotions is often misunderstood. Yet his epistolary exchanges with W. James about what is to be afraid of a bear, is at the origin of a fruitful reflection. In retrospect, one can consider that its analyses allow to overcome divisions that still shape contemporary studies on emotions. They invite, firstly, to the overcoming of the opposition between internal exploration and the observation of the external bodily manifestations of emotions. In describing the emotions as hypothesis, Peirce also refuses to reduce their indeterminacy. Finally, he operates a shift from a study of the objects of emotions to the study of the situations in which they arise. The purpose of this article is to apply these three characteristics to the fear of diseases and epidemics in contemporary societies, and its role in the constitution of public problems. This empirical study examines the problem of antibiotic resistance, source of many pathologies or difficulties to treat diseases previously curable through antibiotics, and the production of catastrophist discourses that it generated. If the apocalyptic discourses first appeared as a convenient way to create fear in order to change behaviors regarding the consumption of antibiotics, they also generated criticism. Those debates deserve attention because they reveal ways to design fear, and its role in the communication of public health problems. In return, the theories of Peirce cast light on their lack of anchoring in sensitive situations.
ES:
El aporte de los trabajos de Ch. S. Peirce al estudio de las emociones, es generalmente desconocido. A pesar de ello, los intercambios epistolares con W. James en relación con el miedo a los osos, se caracterizan en sus orígenes por ser de una reflexión fecunda. Retrospectivamente, podemos considerar que los análisis permiten superar las divisiones que estructuran los estudios contemporáneos sobre las emociones. Ellas invitan, en primer lugar, a superar la oposición entre la exploración interna y la observación de las manifestaciones externas de las emociones.
Calificando las emociones como hipótesis, Peirce también se niega a reducir su indeterminación. Finalmente, existe un desplazamiento a partir de una incógnita que parte desde los objetos de las emociones hacia situaciones donde ellas se originan. El objeto de este artículo consiste en poner a prueba estas tres especificidades respecto al miedo a las enfermedades y a las epidemias en las sociedades contemporáneas y que posteriormente se conforman en problemas públicos. Este estudio empírico se sostiene sobre el problema de la antibioresistencia, origen de muchas patologías o de crecientes dificultades para curar las enfermedades, hasta hoy en día curables por medio de antibióticos, y sobre la producción de discursos catastróficos que ellas generan. Si los discursos catastróficos aparecen en un principio como un medio apropiado para suscitar el miedo, con el propósito de cambiar los comportamientos en materia de antibio-terapia, ellos también generan críticas. Esto debates merecen atención ya que son reveladores de maneras de concebir el miedo y su rol dentro de la comunicación de los problemas de salud pública. Como contrapartida, las teorías de Peirce esclarecen de manera eficaz la ausencia de anclajes en situaciones concretas y sensibles.
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Ethnographie du verbe et ethnographie du signe : autour de l’abduction de Peirce et de la question de l’expérience d’observation en sociologie
Philippe Schaffhauser
pp. 157–175
AbstractFR:
Cet article aborde la question de l’observation et du travail de terrain, à partir de la construction de liens heuristiques autour du concept d’abduction de Charles S. Peirce, grâce à la notion de sérendipité développée par R. K. Merton et au concept d’expérience pure chez William James. Il s’agit de penser l’abduction non plus seulement comme un type d’inférence fondée sur la formulation d’un corps d’hypothèses plausibles à partir d’un doute réel qui engage la recherche, mais de saisir celle-ci dans son moment premier (la priméité peircienne), comme une rencontre inattendue et inédite avec le réel. Afin d’illustrer cette idée, l’article fait le récit de trois moments de l’expérience ethnographique puisée à Bali et au Mexique et qui auront suscité un effet de surprise pour les observateurs les ayant vécus. À partir de là, il s’agit de s’interroger sur le rôle du hasard dans le travail de terrain et sur la prise en charge de la catégorie de l’inattendu dans la recherche sociologique.
EN:
This article raises the problem of observation and field work from the construction of heuristic links around the concept of abduction of Charles S. Peirce, through the notion of Serendipity developed by R. K. Merton and the concept of pure experience to William James. The goal of the subject is thinking the issue of abduction not only as a type of inference based on the formulation of a body of plausible hypotheses from a real doubt that engages research, but to seize the abduction in his moment first (the firstness of C. S. Peirce), as an unexpected and unprecedented ways with the real encounter. To illustrate this idea, the article tells the story of three moments of the ethnographic experience drawn from Bali and Mexico and which will rise a surprise effect for observers who have experienced them. From there, it is to wonder about the role of chance in field work and the category of the unexpected in the sociological research.
ES:
Este artículo aborda la cuestión de la observación y del trabajo de terreno, a partir de la construcción de lazos heurísticos alrededor del concepto de abducción de Charles S. Peirce, gracias a la noción de « serendipity » (término en inglés que significa encontrar algo de manera fortuita) desarrollada por R. K. Merton y al concepto de experiencia pura según William James.Se trata de pensar la abducción no solamente como un tipo de inferencia fundada sobre la formulación de un cuerpo de hipótesis plausibles a partir de una duda real comprometida con la investigación, sino también de alcanzarla en su primer momento (la primaridad peirciana), como un encuentro inesperado e inédito con lo real. Con el fin de ilustrar esta idea, el artículo resume tres momentos de la experiencia etnográfica que se extiende desde Bali hasta México, y que habría provocado un efecto sorpresa entre los observadores que participaron en dicha experiencia. A partir de ello, se trata de interrogar sobre el rol del azar en el trabajo de terreno y sobre la toma en consideración de la categoría de lo inesperado en la investigación sociológica.
III- Explorations méthodologiques
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En quoi, une théorie sémiopragmatique à partir des théories de Peirce peut-elle renouveler la recherche en sciences humaines et sociales ?
Gérard Bourrel and Agnes Oude Engberink
pp. 177–201
AbstractFR:
Dans le champ des Sciences Humaines et Sociales, l’analyse textuelle est une procédure essentielle des approches qualitatives. Notre objectif est de proposer une méthode sémiopragmatique inédite dans l’analyse de verbatims. Les écrits de CS Peirce, philosophe américain, père du pragmatisme, de la sémiotique et concepteur du raisonnement abductif en sont les fondements. Les procédures d’analyse se résument en 3 étapes : décrire et analyser le texte en y repérant les classes de signes élémentaires ; Ordonner les données empiriques en catégories de sens selon la logique des relations-signes ; Produire un sens global à partir de la catégorie-argument. Cette méthode apporte un moment formel à l’analyse en permettant une mise en ordre logique des catégories empiriques limitant le risque de biais d’interprétation liés à l’investigateur. Elle pourrait éclairer les zones d’ombre autour du moment interprétatif et du raisonnement sous-jacent, critique récurrente des approches qualitatives.
EN:
In the fields of Human and Social Sciences, textual analysis is the core process of qualitative approachs. Our aim is to offer a semiopramatic method to analyse. The writings of CS Peirce, american philopsophe, father of pragmatisme and semiotics and inventor of abductive reasoning are the foundations.
This method can be summarized in three stages : analyzing the text in elementary classes of signs ; ordoning empirical data and constructing categories of meaning according to logical relationship ; providing a comprehensive meaning. This method add a formal moment to the analyze and allow the logical ordering of these empirical categories according to Peirce’s classes of signs by limiting investigator-related interpretation bias. This method could illuminate the « shadow zones» regarding interpretative process and the underlying reasoning, usual criticism of qualitative researchs.
ES:
En el campo de las Ciencias Humanas y Sociales, el análisis del texto es un procedimiento esencial del método cualitativo. Nuestro objetivo es el de proponer un método semio -pragmático inédito en el análisis de los verbatims y analizar los escritos de CS Peirce, filósofo americano, padre del pragmatismo, de la semiología junto a los fundamentos del concepto de razonamiento abductivo. Los procesos de análisis pueden resumirse en tres etapas: describir y analizar el texto, poniendo énfasis en las clases de signos elementales; ordenar los datos empíricos en categorías de sentido según la lógica de la relación-signo; producir un sentido global a partir de la categoría-argumento. Este método aporta un momento formal al análisis, permitiendo una puesta en orden lógico de las categorías empíricas, limitando el riesgo de ser influenciado por las interpretaciones del investigador. Este método puede esclarecer las zonas no-claras que aparecen en el momento interpretativo y del razonamiento subyacente, critica recurrente que se realiza al método cualitativo.
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L’abduction de Peirce comme mode d’inférence et comme méthode et stratégie de recherche en sociologie : l’expérience de la négociation sociale en Belgique
Yves Hallée, Arthur Klitsch and Jean Vandewattyne
pp. 203–224
AbstractFR:
Ce texte se veut une proposition épistémo-méthodologique du pragmatiste peircien comme mode de recherche en sociologie et notamment pour la négociation sociale. Son apport est double. Tout d’abord, l’abduction, comme mode d’inférence et comme méthode qui combine les trois types de raisonnements, abductif, déductif et inductif, permet de faire émerger une hypothèse, une habitude d’action propre à apaiser le doute et atteindre la croyance. Ensuite, sur un plan épistémologique, il invite le chercheur à explorer dans la réalité, l’articulation entre significations et situations, pensées et actions. C’est une posture qui rend caduque la querelle des méthodes entre la déduction et l’induction, pour proposer une méthode alternative basée sur un processus de production de connaissance axé sur l’activité humaine et l’expérimentation. Des hypothèses explicatives sont confrontées avec des « objectivités » situationnelles, tout autant par les acteurs participant à la négociation sociale que les chercheurs qui en font l’expérience pour la décoder et la rapporter. Enfin, la négociation sociale est un objet qui se prête parfaitement au pragmatisme considérant que c’est une expérience qui renvoie à une autre expérience, qui se renouvelle sans cesse, et qui génère des redéfinitions en continu des conditions, stratégies et enjeux. De surcroît, la négociation sociale un exercice qui permet une projection dans l’avenir, conception dérivée de la maxime du pragmatiste.
EN:
This text is intended as an epistemo-methodological proposal of the pragmatist Peircian as a mode of research in sociology and especially for social negotiation. Its contribution is twofold. First of all, abduction, as a mode of inference and as a method that combines the three types of reasoning, abductive, deductive and inductive, makes it possible to bring out a hypothesis, a habit of action that appeases doubt and reaches the belief. Then, on an epistemological level, he invites the researcher to explore in reality, the articulation between meanings and situations, thoughts and actions. It is a posture that renders the quarrel between methods of deduction and induction obsolete, in order to propose an alternative method based on a process of production of knowledge centered on human activity and experimentation. Explanatory hypotheses are confronted with situational “objectivities”, as much by the actors involved in the social negotiation as the researchers who experience it in order to decode and report it. Finally, social negotiation is an object that lends itself perfectly to pragmatism considering that it is an experience that refers to another experience, which is constantly renewed, and which generates continuous redefinitions of the conditions, strategies and stakes. In addition, social negotiation is an exercise that allows a projection into the future, a conception derived from the pragmatist’s maxim.
ES:
En este texto se considera a la proposición epistemológica - metodológica del pragmatismo de Peirce - como un modo de investigación en sociología y especialmente para la negociación social. Su aporte es doble. En primer lugar, la abducción, como modo de inferencia y como método que combina los tres tipos de razonamiento: el abductivo, deductivo e inductivo, permitiendo de esta manera hacer emerger una hipótesis, una rutina de acción orientada disminuir las dudas y a así lograr mayores certezas. Luego, en el plano epistemológico, el texto invita al investigador a explorar la realidad, articulando significaciones y situaciones, pensamientos y acciones.
Esta es una postura que considera perimido el conflicto entre los métodos de deducción e inducción, para proponer un método alternativo basado en el proceso de producción de conocimiento sostenido en la actividad humana y la experimentación. Las hipótesis explicativas son confrontadas con las “objetividades” situacionales, tanto para los actores que participan en la negociación social como así también para los investigadores que realizan la experiencia de decodificación y documentación. Finalmente, la negociación social es un objeto que se presta perfectamente al pragmatismo y como experiencia que la re direcciona hacia otra experiencia, que se renueva sin cesar y que genera redefiniciones junto a las condiciones, estrategias y desafíos. Además, la negociación social es un ejercicio que permite una proyección hacia el futuro, concepción derivada de la máxima del pragmatismo.