Volume 37, Number 3, 2001 Écriture et judéité au Québec Guest-edited by Pierre Nepveu
Table of contents (10 articles)
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Présentation
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Vers une relecture de l’héritage littéraire yiddish montréalais
Pierre Anctil
pp. 9–27
AbstractFR:
La littérature yiddish de Montréal est restée jusqu’à récemment un livre fermé aux regards extérieurs à la communauté. Peu de non-Juifs ont pu acquérir une connaissance suffisante du yiddish pour lire des textes écrits dans cette langue, peu connus de toute manière en dehors du cercle restreint des yiddishophones. La traduction récente en français de trois mémorialistes (Israël Medresh, Simon Belkin et Hirsch Wolofsky) appartenant à la période de la grande migration est-européenne a renversé ces perspectives et a permis de mieux comprendre le contexte d’émergence de la littérature yiddish à Montréal. Cet article propose des réflexions sur cette contribution originale et très peu étudiée des Juifs de langue yiddish à la littérature québécoise.
EN:
Until recently, Montreal yiddish literature had remained unaccessible to readers from outside the Jewish community. This stemmed largely from the fact that few non-Jews had been able to gain a working knowledge of the language. Outside the Yiddish speaking circles, very little had filtered about the existence of these works. The translation in French, in the last few years, of the memoirs of three prominent East-European immigrants established in Montreal in the period of the great migration (Israël Medresh, Simon Belkin and Hirsch Wolofsky), has done a lot to reverse these perceptions and to explain the context into which this literature has emerged in Montreal. The present article proposes some reflexions on this little known and very original contribution to the literature of Quebec.
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L’imitation de la Torah : A. M. Klein, The Second Scroll : leçon talmudique
Anne Élaine Cliche
pp. 29–51
AbstractFR:
La lecture du roman d'Abraham Moses Klein, The Second Scroll, permet ici de penser la dimension « première » de l’exil, inséparable de l’histoire juive — celle de la tradition hassidique, cabaliste, talmudique, et celle du xxe siècle — et de sa prise en compte par le reste du monde. On entend dans ce livre une voix en proie à la transmission et au passage, livrée à l’exigence de sa pérennité et de sa survivance, insistante à dire sa puissance d’universalité. L’auteure veut donc montrer rapidement comment ce roman traverse les multiples sens de l’exil juif pour en révéler, au noyau, l’impératif d’abord humain. Cette analyse permet ainsi de reprendre ce terme d’exil, profondément ancré dans le judaïsme, pour voir jusqu’à quel point son universalité effective exige de quiconque s’en réclame un travail rigoureux sur la lettre, le signifiant, le sujet, le Nom et le sens. Question d’étude, il va sans dire.
EN:
Through the reading of A. M. Klein’s novel The Second Scroll, this article proposes a reflection on the original dimension of exile, closely related to Jewish history — its Hassidic, Kabalistic and Talmudic traditions, the history of the 20th century — and to its impact on the rest of the world. Klein’s book makes us hear a voice which is totally involved in the desire of transmission and passage, in the will for permanence and survival and which thrives for universality. The present article wants to show the multiple meanings of the Jewish exile and reveal, at its core, an essential human imperative. Such an analysis allows us to show how the theme of exile so deeply rooted in Judaism requires, in order to comprehend its universality, a methodic and studious work on the signifier, the subject, the Name and the meaning.
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A. M. Klein et Karl Stern : le scandale de la conversion
Sherry Simon
pp. 53–67
AbstractFR:
L’un des épisodes du roman allégorique d’A. M. Klein, Le second rouleau (1951), raconte la tentation qu’éprouve le protagoniste juif pour la religion catholique. Pourquoi Klein a-t-il choisi d’introduire le thème controversé de l’apostasie, rarement traité dans la littérature juive ? De quelle facon la conversion figure-t-elle dans les rapports entre Juifs et Canadiens francais dans les années d’après-guerre ? Ces questions seront examinées en rapport avec un autre récit de conversion, celui-ci du psychiatre bien connu Karl Stern, dont l’autobiographie, The Pillar of Fire, paraît également en 1951.
EN:
A. M. Klein’s allegorical novel, The Second Scroll, contains a surprising episode describing the “near-conversion” of its protagonist to Catholicism. Why did Klein choose to explore the theme of apostasy, a subject rarely treated in Jewish literature? In what ways does conversion emerge as a theme in postwar relations between Jews and French Canadians? These questions are explored in relation to another conversion narrative, Karl Stern’s Pillar of Fire which was published in 1951, the same year as The Second Scroll.
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Désordre et vacuité : figures de la judéité québécoise-française
Pierre Nepveu
pp. 69–84
AbstractFR:
La période qui va de 1945 à 1960 présente au Québec un intérêt double : d’un côté, la littérature du Québec français y connaît un éveil et s’ouvre à la modernité urbaine et de l’autre, la littérature juive montréalaise vit un apogée où s’annonce déjà une crise culturelle et identitaire. Le présent article décrit cette conjoncture particulière surtout du point de vue « québécois-français », comme une expérience radicale de déstabilisation et de désordre, en même temps que les nouveaux écrivains juifs de l’époque remettent en cause la tradition et la fidélité aux origines.
EN:
The period between 1945 and 1960 in Quebec offers a double interest: on the one hand, French Quebec literature comes to a new life and opens itself to urban modernity, and on the other hand, Jewish literature in Montreal reaches its golden age while signs of an imminent crisis become obvious. The present article describes this situation mainly from the French Quebec point of view, as a radical experience of destabilisation and disorder, at a time when new Jewish writers are putting into question tradition and fidelity to the origins.
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Un singe à Moscou de David Homel : la judéité comme identité de réserve
Pierre L’Hérault
pp. 85–97
AbstractFR:
Dans le roman de David Homel Un singe à Moscou, la judéité est sans doute l’instance dernière du récit. Mais elle joue de façon différente selon qu’il s’agit du personnage de Jack ou de celui de Sonja. Pour celui-là, qui confond foi messianique et foi révolutionnaire, elle apparaît comme une identité que l’on tente de resolidifier alors que pour celle-ci, mue par les mouvements contre-révolutionnaires du coeur, il s’agit d’une identité de réserve, double, à l’intérieur d’une autre, en abyme, empêchant la fixation. Ces deux visions contradictoires ne s’excluent peut-être pas, formant les deux faces d’une même réalité, la première désignant ce à quoi l’on ne peut échapper, la seconde ce par quoi l’on échappe.
EN:
This article proposes to show how, in David Homel’s Sonja & Jack, judaity functions as a structuring element, although it works differently for each of the protagonists. For Jack, who confuses messianic and revolutionary faith, judaity appears as an identity that needs to be solidified, while for Sonja, moved by the heart’s counter-revolutionary pulses, it plays the role of an identity “in reserve,” working in the midst of another and which, on the contrary, prevents any definite fixation of identity. These two ways of considering judaity do not necessarily exclude one another; they might even be presented as the two sides of a same reality, the first pointing to that from which one cannot espace, the second, that through which one can escape.
Itinéraires
Exercices de lecture
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« La dernière image du monde » ou l’écriture de Jean Genet sur les Palestiniens
Basma El Omari
pp. 129–146
AbstractFR:
La Palestine dans la dernière oeuvre de Jean Genet n’est pas un espace physique réel qui aurait son histoire et sa géographie, mais une terre disparue, effacée quand bien même elle se lit entre les lettres du nom que porte tout un peuple : les Palestiniens. La lecture que propose Jean Genet de l’histoire palestinienne fait de celle-ci, c’est là notre hypothèse, bien plus qu’un simple événement politique. Partant d’une observation d’un conflit politique et historique autour d’une terre appelée aussi « mythique », l’écrivain semble en effet configurer une autre terre qui n’appartient qu’au poétique. Mais quel poétique ? Celui de l’écriture ou celui du réel ?
EN:
Palestine, in Jean Genet’s last work, is not a physical place with its own reality, history and geography; it is rather a land which has disappeared, been erased, despite the fact that its name can be read between the letters of the name of an entire people: the Palestinians. This article analyzes how Genet’s reading of the Palestinian history makes it much more than a mere political event. While ostensibly observing a political and historical conflict in a land also called “mythical,” Genet configures another land belonging only to the realm of poetry. But which poetry? That of a writer or that of realty?
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Saint-Denys Garneau et le vol culturel
Karim Larose
pp. 147–163
AbstractFR:
Il y a un mystère chez Saint-Denys Garneau : celui de son silence final, annoncé par certains passages très tourmentés de l’oeuvre en prose où le poète s’enferme dans des arguties touchant, entre autres, la légitimité de son écriture. Il y a là des pages jugées illisibles, que la critique a souvent imputées à une sorte de « fatalité psychologique ». Il est pourtant possible de déceler une singulière cohérence dans cette partie de l’oeuvre. Cet article se propose ainsi de montrer que le Journal et les Lettres à ses amis sont clairement structurés par deux réseaux conceptuels et métaphoriques, liés tantôt à la sphère économique, tantôt à la sphère judiciaire, mais se conjuguant à travers un motif fondateur: le «vol» culturel.
EN:
There is a mystery pertaining to Saint-Denys Garneau: that of his final silence, announced through some very tormented passages of his prose whereby the poet shuts himself in through quibbles touching, among others, the legitimacy of his writing. There are pages which have been judged unreadable, and which critics have often attributed to a sort of “psychological fate.” However, it is possible to discern a remarkable coherence in this part of his work. This article sets out to demonstrate that the Journal and the Lettres à ses amis are clearly structured by two conceptual and metaphorical networks related sometimes to the economic world, sometimes to the judicial world, but converging through an essential motive: the cultural “theft.”