FR:
Dans la région de la capitale nationale du Canada, les Québécois et les Franco-Ontariens sont non seulement voisins, mais ils partagent aussi un riche historique de liens et d’échanges. Cependant, cette frontière qui les rapproche aurait à la fois le pouvoir de les éloigner, les occasions étant nombreuses de constater que les uns et les autres ne parlent pas tout à fait la même langue et ne s’abreuvent pas à la même culture. C’est la thèse que l’auteure propose, en s’appuyant sur le témoignage d’une trentaine de Franco-Ontariens de la région sur leur vie quotidienne, à cheval sur la frontière. La première partie du texte porte sur ce que ressentent les Franco-Ontariens lorsqu’ils traversent à Gatineau. Le fait d’y côtoyer les Québécois sur leur territoire offre, chez nos interlocuteurs, de nombreuses occasions de s’identifier comme Franco-Ontariens et de consolider leur fierté. La seconde partie du texte décrit les sentiments que suscite, au contraire, la présence de Québécois dans les institutions francophones et bilingues d’Ottawa. Elle fait état de l’exclusion que ressentent les Franco-Ontariens lorsque les Québécois s’amènent sur leur propre terrain, révélant un côté moins lumineux de l’effet de frontière sur l’identité franco-ontarienne. Citations à l’appui, Anne Gilbert montre que, dans les deux cas, le discours identitaire franco-ontarien puise dans cette dernière des arguments agrégatifs fort convaincants.
EN:
In the region of Canada’s national capital, the Québécois and the Franco-Ontarians are not only neighbours, but share a rich history of connections and exchanges as well. However, this border that draws them closer conversely has the power to push them apart, and opportunities to observe that the two do not quite speak the same language or participate in the same culture are numerous. This is the thesis that the author proposes, based on the discourse of thirty Franco-Ontarians of the region in their daily life, straddling the border. The first part of the text discusses what Franco-Ontarians feel when they cross to Gatineau. The ability to rub shoulders with the Québécois in their territory offers, to our contacts, a chance to self-identify as Franco-Ontarians and to strengthen their pride. The second part of the text describes in turn the feelings evoked by the presence of Québécois in francophone and bilingual institutions in Ottawa. It acknowledges the exclusion felt by Franco-Ontarians when the Québécois bring themselves onto their soil, revealing a darker side of the border’s effect on the Franco-Ontarian identity. Anne Gilbert will show that in both cases, the discourse of Franco-Ontarian identity draws extremely convincing aggregative arguments for the latter.