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L’auteur montre que la langue est un élément de la culture auquel les totalitarismes du xxe siècle se sont attaqués de façon délibérée. Ils ont essayé d’intoxiquer la langue ou d’en forger une nouvelle, le novlangue, pour manipuler et influencer les masses dans le sens de leurs intérêts, pour empêcher toute expression d’une pensée critique. La propagande et l’idéologie ont été les moyens qu’ils ont utilisés pour le faire. Le pouvoir absolu s’est chargé d’imposer des mots, des tournures, des expressions, des énoncés qu’il n’a cessé de marteler tout en éliminant d’autres. Cet excès de violence était destiné à empêcher tout travail de subjectivation en rendant impossible la constitution d’un espace psychique propre, condition essentielle de la subjectivation. Dans cette perspective, l’auteur se pose la question du rapport entre cette perversion de la langue et l’apparition des Lagers et des Goulags. La plupart des écrivains qui ont survécu à l’expérience concentrationnaire ont abordé la question de la langue comme s’il s’agissait d’une question incontournable. À travers l’analyse et le commentaire de deux auteurs, Primo Levi et Imre Kertèsz, et de leur réflexion sur la langue des camps et du système totalitaire, l’auteur tente d’ouvrir des pistes de réflexion sur ce qui, dans la question, demeure obscur et énigmatique.