Revue Gouvernance
Governance Review
Volume 7, Number 2, 2010
Table of contents (4 articles)
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Lettre des éditeurs / Letter from the Editors
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Démocratie constructive et gouvernance de la technique : les conditions de la gouvernance démocratique dans un processus technique et social complexe : l’exemple du projet européen Cowam-in-Practice dans la gestion des déchets radioactifs
Sylvain Lavelle, Gilles Hériard Dubreuil, Serge Gadbois, Claire Mays and Thierry Schneider
AbstractFR:
Il existe au sein des théories et des pratiques de la gouvernance démocratique une tendance dominante qui trouve son origine dans la pensée dialogique contemporaine, celle de Habermas en particulier, et dans une moindre mesure, celle de Latour et Callon. Les modèles dialogiques se distinguent par le privilège qu’ils accordent à des degrés divers à la discussion et à l’entente, au risque de favoriser les dispositifs institutionnels de démocratie délibérative et participative, tels que le débat public ou la conférence de citoyen. Le modèle de la démocratie constructive apparaît en comparaison comme une voie alternative qui permet de combler certaines lacunes des modèles dialogiques. Le modèle de la démocratie constructive peut s’appliquer au sein de la gouvernance de la technique dans les secteurs où la tendance dialogique est manifeste et où elle tend à conforter une forme de « technocratie éclairée ». Le dispositif du projet européen Cowam-in-Practice (CIP) propose une expérimentation inspirée par la démocratie constructive dans la gestion des déchets radioactifs, issus pour l’essentiel de l’exploitation des centrales nucléaires. La voie de la démocratie constructive mise à l’épreuve dans ce processus technique et social complexe vise une transformation du système de relations entre acteurs ainsi qu’une consolidation de l’autonomie tant heuristique que stratégique de la société civile.
EN:
A dominant trend has emerged within the theories and practices of democratic governance that originates in contemporary dialogical thought, particularly that of Habermas, and to a lesser extent Latour and Callon. Dialogic models are characterized by their focus on discussion and agreement, with the risk of fostering institutional arrangements of participatory and deliberative democracy, such as public debates or citizen jurys. Constructive democracy appears as an alternative model that enables the bridging of some of the gaps that one can observe in the dialogical models. The model of constructive democracy can be applied in the governance of technology in some fields where the dialogical trend is quite obvious and tends to reinforce a form of “enlightened technocracy”. The framework of the European Cowam-in-Practice (CIP) project proposes an experiment inspired by constructive democracy in the management of radioactive wastes. The option of constructive democracy that is put to the test in this complex social and technical process aims at transforming the system of relationships between actors as well as strengthening the heuristic and strategic autonomy of civil society.
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Autonomie et gouvernance des universités au Québec et en France : deux conceptions opposées et quelques convergences
Michel Jamet
AbstractFR:
L’autonomie des universités est devenue un enjeu tant au Québec qu’en France ou cours de ces dernières années. Mais que recouvre cette notion ? Cet article examine de manière comparée quatre dimensions de l’autonomie des universités vis à vis de l’Etat. Les résultats soulignent les écarts dans les conceptions de l’autonomie des universités dans les deux sociétés, liés à deux modèles opposés : fédéral au Québec, de décentralisation en France. Cependant la dynamique actuelle des configurations universitaires québécoises et françaises permet de dégager quelques convergences sur l’action directive de l’Etat dans la gouvernance du système universitaire.
EN:
The autonomy of universities was at stake both in Quebec and in France for the past few years. But what was the significance of this? This article compares four dimensions of the autonomy of the universities regarding the state. The results show the variations in the concepts of the universities’ autonomy in the two societies: federal control in Quebec, decentralization in France. However the current dynamics of the Québécois and French university configurations makes it possible to see some convergence as regards the guidance of the state in the governance of their respective university systems.
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University Governance: Empirical evidence from Tunisian Public Higher Education Establishments
Islem Khefacha and Lotfi Belkacem
AbstractEN:
This paper investigates the way decisions are taken in Tunisian public higher education establishments. We focus our review on the ubiquitous but not well understood concept of “university governance” Despite the presence of a large body of literature about governance in higher education, the lack of empirical research led us to think that it would be important to “perationalize” the concept of "university governance" in an empirical survey. To do this, we tried to identify the factors which may increase or decrease, in a significant way, the odds that the decision-making process relates to a precise domain (pedagogic, scientific, institutional management or academic personnel), and that this process follows the characteristics of four decision-making models in current use: collegial, political, bureaucratic or anarchical model.
FR:
Le présent article examine la manière dont les décisions peuvent être prises dans les établissements d’enseignement supérieur publics tunisiens. Nous mettons l’accent sur le concept omniprésent mais souvent mal compris et même méconnu de « gouvernance universitaire ». En effet, trop de publications ont été consacrées à la discussion théorique de la notion de « gouvernance universitaire ». Pour notre part, nous pensons que cette dernière ne vaut qu’à travers son opérationnalisation dans une analyse empirique. En particulier, notre investigation empirique a pour objectif de révéler les facteurs qui augmentent ou qui diminuent d’une manière significative la probabilité que le processus décisionnel relatif à un domaine précis (pédagogique, scientifique, management institutionnel et personnel‐enseignant) soit « plutôt collégial », « plutôt politique », « plutôt bureaucratique » ou encore « plutôt anarchique ».