Number 13, Spring 2009 Programmer Programming Guest-edited by Suzanne Leblanc
Table of contents (11 articles)
Programmer / Programming
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Introduction
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Pr gr mm r : l m ch n c t , l s st m t c t , l’ nd t rm n, l s r l t , l’ rt
Francine Dagenais
pp. 17–37
AbstractFR:
Dans cet article, l’auteure cherche à établir un lien entre les fondements de la musique à programme, le mouvement de translation de l’art vers la vie et les méthodes de production de l’art aux 20e et 21e siècles. Elle examine ces pratiques interdisciplinaires dans un certain type de corpus d’oeuvres chez des compositeurs et des artistes visuels, des avant-gardes à l’époque post-conceptuelle.
EN:
In this article, the author seeks to underline the relationships between programmatic music’s core principles, the translation of art into life, and different methods of art production in the 20th and 21st centuries. She examines these interdisciplinary practices through music compositions and visual art ranging from the historical avant-garde to the post-conceptual period.
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Divinations
Michelle Kuo
pp. 38–55
AbstractEN:
The essay “Divinations” focuses on Robert Rauschenberg’s Oracle (1962-1965), a work whose making and display entailed close collaboration between the artist and the engineers Billy Klüver and Harold Hodges, both of Bell Laboratories. The piece stemmed from Rauschenberg’s interest in sound, sculptural form, and radio networks: it housed ten radios and speakers in various sculptural elements constructed from found metal objects, including ducts, window frames, a bathtub, and a car door. Audience members could turn dials that indirectly modified the volume and tuning of the radios. Walking through the sculptural installation, one experienced shifting acoustic, spatial, and visual effects. This text seeks to understand how the interactions between artist and engineers—and between sound sculpture and viewers—engaged systems of industrial and postindustrial production, broadcast radio, and audiovisual reception.
FR:
L’article « Divinations » traite d’Oracle (1962-1965) de Robert Rauschenberg, une oeuvre dont la fabrication et l’installation ont entraîné l’étroite collaboration entre l’artiste et deux ingénieurs des laboratoires Bell, Billy Klüver et Harold Hodges. Cette installation de Rauschenberg découle de son intérêt pour le son, la forme sculpturale et les réseaux radiophoniques : elle est composée de dix radios et haut-parleurs disposés à l’intérieur de divers éléments sculpturaux construits à partir d’objets trouvés, tels que des conduits, des cadres de fenêtre, une baignoire et une portière de voiture. Le public pouvait manipuler certains cadrans qui modifiaient indirectement le volume et le réglage des radios. Parcourir l’installation sculpturale donnait lieu à l’expérience d’effets acoustiques, spatiaux et visuels variables. Le présent texte tente d’expliquer comment l’interaction entre artiste et ingénieurs (et entre sculpture sonore et spectateurs) a pu impliquer des systèmes de radiodiffusion, de réception audiovisuelle et de production industriels et postindustriels.
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Une époque circuitée
Jérôme Joy
pp. 56–76
AbstractFR:
Pourquoi faut-il penser une organologie des arts en réseau ? Les pratiques artistiques peuvent-elles proposer des reconstructions et des « re-programmations » de circuits de réception et d’émission, là où les choses semblent socialement, juridiquement et techniquement dissociées et désajustées dans notre quotidien technologisé ? Programmer, c’est « construire » des circuits, des associations d’organes, des circulations d’actions, et des espaces de connexions dans lesquels les oeuvres, prises au sens large comme productions humaines, prennent forme et créent des situations appropriables, de manière critique, à la fois individuellement et collectivement. Le terme de « musique étendue » avancé dans cet article, en supplément de son extension à des systèmes télématiques de transport et d’interprétation à distance, annonce sans doute le passage du réseau à son état musical (ses dimensions agogique et organologique). Ceci relève, d’une part, de nos capacités à moduler et ralentir les flux pour échapper au temps asservi de nos technologies, et, d’autre part, de nos potentiels d’attention et d’écriture à tracer nos parcours, à émettre nos annotations sur les choses reçues et à « assembler » des perceptions et des fabrications, c’est-à-dire à programmer, composer et recomposer des circuits, des espaces critiques et des différends, et donc ainsi des liaisons et des reconnaissances sociales.
EN:
Why is it necessary to elaborate an organology of network arts? Can artistic practices put forth reconstructions and “re-programmings” of circuits, where things are out of tune ? Programming involves manufacturing circuits, grids and spaces of connections where artworks take form and create a wide range of situations. The concept of extended music that is proposed in this article relates to the nascent musical state of electronic networks (the Internet) in the development of its agogical and organological dimensions. This shift concerns our capacities to slow down and decelerate the fluxes by condensing and “interpreting” them, as well as our ability to compose our courses and navigations through networks by marking and leaving traces of our passages in spaces and on telematic surfaces. This embodiment related to our experiments with social, technical and legal contexts and controversies, asks to assemble our perceptions and manufactures by programming, composing and re-composing circuits.
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Programmation architecturale et architecture virtuelle
Pierre Côté, Jean-Pierre Goulette and Sandra Marques
pp. 77–88
AbstractFR:
La programmation architecturale constitue souvent la première étape d’un ensemble plus vaste et complexe nécessaire à l’édification d’un bâtiment. Cet article vise à dégager, à partir de la nouvelle pratique de l’architecture virtuelle, les éléments essentiels qui différencient sa programmation architecturale de celle d’une architecture traditionnelle. L’exposé introduit dans un premier temps la programmation architecturale, puis définit l’architecture virtuelle, pour ensuite exposer l’application de la programmation à l’architecture virtuelle.
EN:
Architectural programming is often the first stage of a bigger and more complex set of necessary actions to building edification. This article aims at spotting from the new practice of virtual architecture, the essential elements, which differentiate its architectural programming from a traditional architecture. The paper introduces initially programming, and then defines virtual architecture, for then describing the application of programming to virtual architecture.
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Programming and Reprogramming Artworks: A Case of Painting and Practicing Conceptual and Media Art by Other Means
David Tomas
pp. 89–113
AbstractEN:
Programming and Reprogramming Artworks discusses the “needlegraph” practice of Rosika Desnoyers, its relationship to the concept of programming and the automation of manual labor. The paper explores the artist’s engagement with a history of errors that is mapped against the automated programme that is inherent in the production of Berlin work needlepoints and it concludes with an extended discussion of the artist’s practice in relation to conceptual art and an extended or expanded practice of “painting by other means.”
FR:
« Programming and Reprogramming Artworks » développe une réflexion sur la pratique « aiguillographique » de Rosika Desnoyers et, plus spécifiquement, son rapport au concept de programmation et à l’automatisation du travail manuel. L’article explore, dans un premier temps, la manière par laquelle l’artiste investit une histoire des erreurs qui s’est tracée en marge du programme automatisé inhérent à la production de broderies de style Berlin. Dans un deuxième temps, l’étude de la pratique de Desnoyers est approfondie et mise en relation avec l’art conceptuel et le développement de la « peinture par d’autres moyens ».
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Programmer un pays : cybernétique et matérialisme dialectique en RDA
Jérôme Segal
pp. 115–139
AbstractFR:
Définie comme science générale de la régulation et de la communication s’appliquant aussi bien aux machines, aux êtres vivants qu’à la société, la cybernétique a été profondément marquée aussi bien par son contexte de développement, la Deuxième Guerre mondiale, que par les milieux où elle fut appliquée, à l’époque de la guerre froide. À l’Est, si la cybernétique fut au départ considérée comme une science « bourgeoise », l’appareil d’État a dû se rendre à l’évidence, son utilisation était nécessaire dans bien des domaines, à commencer par celui des technologies militaires. De son côté, un philosophe influent, Georg Klaus (1912-1974), a su convaincre la direction du parti de la compatibilité de la cybernétique avec le marxisme-léninisme. Dès lors, sous cette double impulsion, les années 1960 ont été marquées par une véritable conversion du pays, la cybernétique devenant la science de la programmation, en informatique bien sûr, mais aussi pour la planification économique et dans bien d’autres domaines.
EN:
Cybernetics, defined as the science of regulation and communication pertaining to machines, human beings or society, bears the traces of the context in which it was elaborated—Second World War—and of the different areas where it was put into practical use during the Cold War. If initially in the East cybernetics was considered a bourgeois science, the state apparatus soon realised its crucial importance in many fields of activity, and most prominently, in developing military technology. In parallel, the influential philosopher Georg Klaus (1912-1974) convinced the party leaders of the compatibility of cybernetics and Marxism-Leninism. From then on, driven by this double impetus, the 1960s were marked by a downright conversion of the country as cybernetics became the science of programming, within computing research of course, but also in economic planning and other fields.
Artiste invité / Guest Artist
Hors dossier / Miscellaneous
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Interactivity and Affect in Intermedial Art: Theorizing Introverted and Extraverted Intermediality
Jasper Sluijs and Anneke Smelik
pp. 177–196
AbstractEN:
The article takes two case studies of intermedial computer art, a monumental piece of interactive sound architecture, Son-O-House (2004), and an animated “open movie”, Elephants Dream (2006) as the starting point for an analysis of intermediality. The authors identify two directions in intermedial works of art: “introverted” and “extraverted”. Taking their cues from Deleuze’s notion of difference and combining them with the ideas of Dutch artist Dick Raaijmakers on the aesthetics of intermedial art, the authors claim that introverted intermediality is directed inwards, drawing self-reflexive attention to the intermedial relations of the work, while extraverted intermediality is directed outwards, engaging the user through an affective register. The concepts of introversion and extraversion point to the dynamics of intermediality and enable a more specific analysis of intermedial artworks.
FR:
Cet article présente deux oeuvres d’art numérique et intermédial : une architecture sonique et interactive, Son-O-House (2004), et un film d’animation « ouvert », Elephants Dream (2006), qui constituent le point de départ d’une analyse de l’intermédialité. Les auteurs observent deux tendances dans les oeuvres d’art intermédiales : l’une que l’on pourrait qualifier d’introvertie et l’autre d’extravertie. À partir de la pensée sur la différence de Deleuze et les idées de l’artiste néerlandais Dick Raaijmakers sur l’esthétique de l’art intermédial, les auteurs posent que l’intermédialité introvertie se dirige vers l’intérieur et attire l’attention réflexive sur les relations intermédiales de l’oeuvre, tandis que l’intermédialité extravertie se dirige vers l’extérieur et engage l’utilisateur dans un registre affectif. Les concepts d’introversion et d’extraversion relèvent le dynamisme de l’intermédialité et facilitent une analyse plus spécifique des oeuvres d’art intermédiales.
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Conduite sociale et compétence écrite
Jack Goody
pp. 197–205
AbstractFR:
Dans cet essai, Goody poursuit ses réflexions sur la compétence écrite (literacy) dans le cadre d’une étude des relations entre la transmission de normes de conduite à l’intérieur des sociétés purement orales et leur communication par l’entremise de guides écrits. Il cherche ainsi à identifier les transformations sociales qu’entraîne la formalisation de contraintes de conduite par un code écrit afin de discuter des implications d’une différence dans le mode d’apprentissage et la médiation d’un discours de type juridique. En menant son investigation dans une perspective résolument comparatiste, Goody s’appuie sur ses recherches antérieures, qui englobe le langage des fleurs jusqu’aux us et coutumes de la société des LoDaaga, ainsi que sur différents phénomènes culturels, depuis les dix commandements jusqu’à l’expansion de l’État chinois.
EN:
In this essay, Goody continues to investigate literacy by outlining its impacts on the transmission of standards of behaviour. He argues that if jural norms exist within both oral and literate societies, written behaviour guides radically transform the way they are applied, learned and formalized. In a truly comparative perspective, he examines a wide range of case studies, stemming from his earlier work on the language of flowers or the Bagree Society, as well as on other cultural phenomenons like the Ten Commandments and the expansion of the Chinese State.