Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 10, Number 1, 1999
Table of contents (15 articles)
Sherbrooke 1999
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Presidential Address: The Empire Strikes Back: The Nineteenth-Century Origins of the Canadian Secret Service
Gregory S. Kealey
pp. 3–18
AbstractEN:
While the history of the RCMP security service is becoming better known, study of its nineteenth-century predecessors is just beginning. From experiments with a rural police force established in Lower Canada in the aftermath of the 1837 Rebellions, the United Provinces of Canada created two secret police forces in 1864 to protect the border from American invasion. With the end of the Civil War, these forces turned to protecting the Canadas from Fenian activities. The Dominion Police, established in 1868, provided a permanent home for the secret service. The NWMP followed in 1873. Unlike the English, whose Victorian liberalism was suspicious of political and secret police, Canadians appear to have been much more accepting of such organisations and did not challenge John A. Macdonald's creation or control of a secret police. Republicanism, whether in the guise of Quebec, Irish or American nationalism, was seen as antithetical to the new nation of Canada, and a secret police was deemed necessary to protect the nation against it.
FR:
Si l'on connaît mieux maintenant l'histoire du Service de sécurité de la G.R.C., on en sait toutefois encore peu sur ses origines, au XIXe siècle. Dans le sillage des rébellions de 1837, le Canada-Uni avait établi une police rurale dans le Bas-Canada et riche de cette expérience, il avait créé deux forces de police secrète en 1864 pour défendre sa frontière contre une éventuelle invasion américaine. La guerre civile terminée, on donna à ces deux corps policiers le mandat de protéger le Canada-Uni de l'activisme des Fenians. La Police fédérale, créée en 1868, prit sous son aile les services secrets. Puis, ce fut l'établissement de la Police à cheval du Nord-Ouest en 1873. Contrairement aux Anglais, que leur libéralisme victorien rendait méfiants envers toute police politique ou secrète, les Canadiens semblaient plus ouverts à la présence de telles organisations ; ils ne songèrent donc pas à contester la décision de John A. Macdonald de créer ou de disposer d'une police secrète. Celle-ci, estimait-on, devait prémunir la jeune nation contre le républicanisme, qu'il se manifestât dans le nationalisme québécois, irlandais ou américain, car l’on jugeait cette doctrine politique contraire à l’esprit devant animer le nouveau Canada.
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Entre les familles et l’État : les procureurs et la procédure au XVIe siècle
Claire Dolan
pp. 19–36
AbstractFR:
Dans le développement de l'État qui caractérise la période moderne, les procureurs jouent un rôle crucial : celui d'intermédiaires entre la justice et les justiciables. Professionnels de la procédure, ils gagnent en importance au XVIe siècle, en conjonction avec la codification des procédures qu'effectue à ce moment l'État monarchique. Exerçant une fonction publique, ils obtiennent rapidement le monopole de la représentation en justice, prenant sur eux du coup tous les torts du système. Cette justice au quotidien à laquelle ils sont associés est souple et adaptée si on la compare à l'image qu'en donnent les ouvrages juridiques. Les familles sont confrontées à cette justice mais elles l'utilisent aussi grâce aux bons soins des procureurs qui se mettent alors à leur service tout autant qu'au service de l'État. Ce rôle d'intermédiaires et l'ambiguïté de leur position entre les familles et l'État font des procureurs les boucs émissaires de tous les ratés du système, préservant par le fait même, l'image d'une justice royale au-dessus des contingences quotidiennes.
EN:
In the development of the State, which characterizes the modern era, prosecutors play a crucial role: that of intermediaries between justice and the accused. These professionals in legal proceedings gained in importance in the 16th century, in conjunction with the codification of the proceedings carried out at that time by the monarchial State. Exercising a public service, they rapidly obtained the monopoly of judicial representation, as a result taking on themselves all the faults of the system. The day-to-day justice with which they were associated was flexible and adaptable compared to the image we generally have of legal work. Families were confronted with this justice, but also used it thanks to the care of prosecutors who put themselves at their service as much as at the service of the State. Their intermediary and ambiguous role between families and the State made prosecutors the scapegoat of all the failures of the system, thus preserving the image of a royal justice above the daily happenings.
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The Semiotics of Furniture Form: The French Tradition, 1620-1840
John A. Fleming
pp. 37–58
AbstractEN:
This paper outlines and illustrates a few of the principles that might serve as a basis for a general semiotics of furniture form, meaning a description and analysis of domestic objects and utensils as a coherent system of signs related to human activity, to physical, social, and psychological needs, as well as to material context. The approach is both structural and inductive, anchored in specific examples drawn from French and English traditions between 1620 and 1840. The Louis styles are central to the argument, which proceeds from formal characteristics of shape, structure and immediate function to questions of aesthetic, psychological, and ideological intent.
FR:
Cet article se propose d'esquisser et d'illustrer quelques principes qui pourraient servir de base à une sémiotique générale du mobilier, c'est-à-dire, à une description et analyse des objets et ustensiles domestiques en tant que système cohérent de signes reliés aux activités humaines, aux besoins physiques, sociaux et psychologiques de l'usager, ainsi qu’au contexte matériel. L'approche est à la fois structurale et inductive, fondée sur des exemples spécifiques provenant des traditions française et anglaise entre 1620 et 1840. Les styles Louis XIlI, XIV, XV, XVI et Empire constituent la matière première du propos qui se développe à partir d'une analyse des caractéristiques déforme, de structure et de fonction du meuble pour aboutir à des considérations d'ordre esthétique, psychologique et idéologique.
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Gender and Gentility on the Lower Canadian Frontier: Lucy Peel’s Journal, 1833-36
J. I. Little
pp. 59–79
AbstractEN:
This paper examines the gender and class values reflected in the journal of a young English woman who lived with her husband near Sherbrooke during the 1830s. Contrary to the claims of studies dealing with the British gentry in Upper Canada, the lives of the local elite described in Lucy Peel's journal do not conform to the rigid separation of a female private world and a male public one. Men took an active part in the domestic sphere, and women played a central role in maintaining social boundaries.
FR:
Little analyse ici les valeurs sociales et les rapports hommes-femmes évoqués dans le journal intime d'une jeune Anglaise, qui vécut avec son mari dans la région de Sherbrooke au cours des années 1830. Contrairement à ce qu'avancent certaines études sur la haute bourgeoisie britannique du Haut-Canada, la vie quotidienne de l'élite locale, telle que décrite par Lucy Peel dans son journal, ne s'articulait pas sur une stricte division de la sphère privée, réservée aux femmes, et de la sphère publique, confiée aux hommes. L'auteur démontre en effet que ces derniers participaient activement à la vie familiale, tandis que les femmes jouaient un rôle clé dans le maintien des barrières sociales.
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Heroes, History, and Two Nationalisms: Jacques Cartier
Alan Gordon
pp. 81–102
AbstractEN:
Historical heroes are created to represent particular social and political goals. Jacques Cartier is a case in point. He is really a nineteenth century figure. Although he lived in the sixteenth century, he was unremembered before the 1830s. Thus, he is a product of nineteenth-century scholarship, attitudes, and biases. Moreover, Cartier's historical meaning shifted over the course of some four decades from a religio-national affirmation to a symbol of cultural ties. Similarly, his historical context shifted; Jacques Cartier was never fixed in historical memory. In 1835, and again in 1889, Cartier was portrayed as the discoverer of Quebec, and in particular of Quebec City. By the 1930s, his significance had broadened to the discovery of Canada, with differing interpretations as to what that meant. But historical heroes are not rooted in reason. They are rooted in lived experience, or more precisely, in lived noumenal experience. The veneration of heroes is more emotional than rational.
FR:
On crée des héros historiques pour promouvoir des causes sociales et politiques. Jacques Cartier illustre à merveille cette affirmation. Il est en fait un personnage du XIXe siècle. Bien qu il ait vécu au XVIe siècle, il ne fit guère parler de lui avant les années 1830. On peut donc considérer qu'il est un produit des connaissances, des comportements et des préjugés du XIXe siècle. On lui conféra plusieurs significations historiques : drapé à l'origine d'une aura religieuse et nationale, Cartier devint au bout de quarante ans un symbole de liens culturels. De même, on colora différemment son contexte historique selon les circonstances. Jacques Cartier est un personnage flottant de la mémoire historique. En 1835, et encore en 1889, on le présenta comme celui qui avait découvert le Québec, et plus particulièrement la ville de Québec. Dans les années 1930, on amplifia son importance en lui attribuant la découverte du Canada, une assertion par ailleurs sujette à plusieurs interprétations. Mais les héros historiques ne sont pas des créatures cartésiennes. Ces personnages prennent racine dans le vécu, et plus précisément, dans un semblant de vécu. La vénération des héros est bien plus émotive que rationnelle.
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A “Christian Businessman” in the Eastern Townships: The Convergence of Precept and Practice in Nineteenth-Century Evangelical Gender Construction
Marguerite Van Die
pp. 103–127
AbstractEN:
In their analysis of the impact of nineteenth-century market forces upon the lives of women, historians have drawn attention to the important evangelical construct of the pious, praying mother with its strong, prescriptive norms for female behaviour. This study examines its largely unexplored counterpart, “the Christian businessman”, through means of a detailed case study of the business and family life of a single individual, Charles C. Colby (1827-1907), a prominent Eastern Townships lawyer, entrepreneur, Methodist layman, and federal politician. Richly documented in a large collection of family and business papers, Colby's life offers a unique opportunity to move beyond the clerically constructed “Christian businessman” to a world where business and religious interests were often in daily competition, and where the much-vaunted tranquility of Victorian domestic life was frequently challenged by the forces of the market-place, even in Colby's case, to the point of bankruptcy. The study tests the extent to which an ideal religious construct both influenced and was in tum influenced by the reality of economic and family concerns even as it sought to maintain moral continuity.
FR:
Dans leurs analyses de l'impact des forces du marché au XIXe siècle sur la vie des femmes, les historiens ont fait ressortir l’importance du modèle évangélique qui valorisait la mère pieuse et en prière, et qui imposait aux femmes de strictes normes de conduite. Le présent article examine la contrepartie peu étudiée de cette représentation, à savoir « l'homme d'affaires chrétien ». Il s'agit d'une étude de cas sur la situation familiale et professionnelle d'une seule personne, Charles C. Colby (1827-1907), un éminent avocat des Cantons de l'Est, un entrepreneur, un méthodiste laïque et un homme politique fédéral. Richement documentée par une vaste collection de correspondance familiale et d'affaires, la vie de Colby présente une occasion unique d'aller au-delà du sens religieux de l'expression « homme d'affaires chrétien » ; elle révèle un monde où les intérêts commerciaux et religieux se heurtent quotidiennement et où les forces du marché ébranlent fréquemment la sérénité tant vantée de la vie familiale victorienne, des forces qui acculeront même Colby à la faillite. L'étude de Marguerite Van Die permet d'évaluer comment la réalité économique et les préoccupations familiales interagissent avec un idéal religieux soucieux d'assurer une pérennité morale.
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La sociabilité religieuse à l’ère du vapeur et du rail
Christine Hudon
pp. 129–147
AbstractFR:
Grâce à une documentation variée, constituée principalement de documents épiscopaux, d'articles de press et de journaux personnels, cet article s'intéresse aux rapports entre la religion et la technologie. Plus précisément, il vise à cerner certains des effets de la révolution des transports sur la gestion des diocèses, l'encadrement clérical et la sociabilité religieuse. En facilitant et en accélérant la circulation des idées, des marchandises et des personnes, l'essor de la navigation à vapeur et le développement du réseau ferroviaire bouleversent la vie paroissiale. Face à ces changements, l'attitude de l'Église consiste, d'une part, à essayer de contrôler les usages qui pourraient être faits du vapeur et du rail, et, d'autre part, à en tirer parti pour centraliser les pouvoirs, uniformiser la gestion des paroisses et organiser de grands rassemblements religieux, tels les bénédictions et les pèlerinages qui soulignent la dimension collective et le caractère rassembleur du catholicisme québécois. Pour les prêtres, comme pour les fidèles, ces manifestations d'envergure deviennent des occasions de rencontre et de divertissement qui échappent en partie aux efforts des évêques pour encadrer et contrôler la sociabilité.
EN:
Thanks to a range of documentation, primarily consisting of clerical records, newspaper articles and personal diaries, this article explores the relationship between religion and technology. More precisely, it examines the effects of the transportation revolution on the development of dioceses, clerical organisation, and religious fellowship. By facilitating and accelerating the circulation of ideas, goods, and people, the expansion of steam shipping and the development of a rail system challenged parish life. Confronting these changes, the Church's attitude consisted, on the one hand, of trying to control the uses that could be made of steam and rail and, on the other hand, taking advantage of it to centralise powers, standardise the formation dimension and character of Quebec Catholicism. For the priests, as for the faithful, these sizeable events became occasions for reunion and entertainment that partly undermined the efforts of the bishops to shape and control fellowship.
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Monopoly’s First Moment in Global Electronic Communication: From Private Monopoly to Global Media Reform, Circa 1860-1920
Robert M. Pike and Dwayne Winseck
pp. 149–183
AbstractEN:
This paper analyses the ownership, control, business practices and ideologies surrounding the creation of a global and imperial underseas cable network between the 1860s and 1920s. A major focus is placed on linkages between governments (notably Britain) and private cable cartels in the formulation of cable policies and on debates that arose between the 1880s and first decade of the twentieth century concerning private versus state ownership of cables and the issue of cable rates. In these debates, Canada was heavily involved in favour of state ownership and stronger imperial ties. The Pacific Cable seen as the first phase in the implementation of an “All Red” cable system, then Canada engaged in a short-lived campaign for reform on the Atlantic route. The paper shows the need to go beyond imperial military motives to explain the net's form and functioning; it also examines similarities between old and new patterns of globalisation in electronic communications.
FR:
L'article de Pike et Winseck analyse les questions de propriété, de contrôle, de pratiques commerciales et d'idéologies ayant présidé à la création d'un réseau mondial et impérial de câbles sous-marins entre les années 1860 et 1920. L'accent est mis principalement sur les relations entre les gouvernements (notamment celui de la Grande-Bretagne) et les cartels de câbles privés lors de l'élaboration de politiques relatives aux câbles ; l'étude s'intéresse également aux débats soulevés entre les années 1880 et la première décennie du XXe siècle au sujet de la tarification et de la propriété des câbles - serait-elle publique ou privée ? Dans ces discussions, le Canada se montra fortement en faveur d'un contrôle de l'État et préconisa le renforcement des liens impériaux. Après Vétablissement du Pacific Cable, considéré comme le premier jalon d'un réseau de câbles « rouge d'un bout à l'autre », le Canada s'attaqua à la route de l'Atlantique, mais ses tentatives d'aménagement furent de courte durée. Les deux auteurs démontrent que les motifs militaires impériaux n’expliquent pas à eux seuls la géographie et le fonctionnement du réseau ; ils tracent également un parallèle entre les anciens et les nouveaux scénarios de mondialisation dans le domaine des communications électroniques.
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Tom Thomson, Antimodernism, and the Ideal of Manhood
Ross D. Cameron
pp. 185–208
AbstractEN:
Tom Thomson is a legendary figure in Canadian culture. That legend was created after his death by a group of colleagues and admirers, many of whom had or later took up central positions in Canadian art circles and were important contributors to the nationalist movement of interwar Canada. Thomson's mythologisers created a symbol and a myth which combined their concerns about modernity - its threats to manhood and to Canadian society - and their desire to build a national cultural hero out of their own experiences. But their antimodern enthusiasm for the wilderness vacation also reinforced - though with a newly enthusiastic emphasis - an existing definition of Canada as an untamed country filled with rugged, virile men. In the face of the challenges of modernity, the Thomson of legend revitalized the independent and virile manhood his celebrants considered to be essential aspects of the national identity.
FR:
Tom Thomson est une figure mythique de la culture canadienne. Sa mort insuffla de la vie à sa légende, que construisit un groupe de ses collègues et admirateurs, dont un grand nombre occupaient ou occuperaient des postes influents dans les cercles artistiques canadiens ; ce sont ceux-là mêmes qui contribuèrent largement à alimenter le mouvement nationaliste dans le Canada de I’entre-deux-guerres. Les glorificateurs de Thomson forgèrent un symbole et un mythe qui trahissaient à la fois leurs préoccupations face à la modernité, qu'ils voyaient comme une menace pour la virilité et pour la société canadienne, et à la fois leur désir de créer un héros culturel national inspiré de leur propre vécu. Par leur ferveur antimoderniste pour les vacances dans la nature, ils contribuèrent à renforcer avec un regain d'enthousiasme l'image qu'on se faisait déjà du Canada, à savoir un pays sauvage peuplé d'hommes rudes et virils. Face aux défis de la modernité, la légende de Tom Thomson revalorisait les valeurs de l’indépendance et de la virilité, éléments fondamentaux de l'identité nationale, selon les admirateurs de Thomson.
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Marching and Memory in Early Twentieth-Century Quebec: La Fête-Dieu, la Saint-Jean-Baptiste, and le Monument Laval
Ronald Rudin
pp. 209–235
AbstractEN:
During a three-day period in June 1908, 250,000 people attended a series of elaborate celebrations in Quebec City in honour of Mgr François de Laval, the first bishop of Quebec, upon the bicentenary of his death. A monument to Laval was unveiled on the middle day, in between the two most important summer festivals of the French-Canadian calendar. The Fête-Dieu (Corpus Christi) celebrations preceded the unveiling, while the Fête de la Saint-Jean-Baptiste followed. In planning the festivities, particular care was devoted to organising processions through the streets of Quebec City. These two processions, the former organised by clerics and the latter by laymen, sent somewhat contradictory messages to both spectators and participants. Nevertheless, they formed part of a collective effort by clerical and lay leaders to claim the streets of Quebec, in the process asserting their power at a time when French-Catholic society was being challenged from various quarters.
FR:
En juin 1980 à Québec, pendant trois jours consécutifs, 250 000 personnes prirent part à une série de grandes célébrations pour commémorer le bicentenaire de la mort de Mgr François de Laval, premier évêque de Québec. Un monument qui lui était dédié fut dévoilé au cours de la deuxième journée, soit le lendemain de la Fête-Dieu et la veille de la Saint-Jean-Baptiste, les deux fêtes estivales les plus importantes du calendrier canadien-français. Les responsables des festivités avaient pris grand soin d'organiser pour chacune des deux fêtes des défilés dans les rues de Québec. Toutefois, la première procession, dirigée par des ecclésiastiques, et le second défilé, confié à des laïcs, envoyèrent des messages contradictoires aux spectateurs et aux participants. Mais ces parades permirent aux leaders de l'Église et des laïcs de s'approprier les rues de Québec et ce faisant, d'affirmer leur pouvoir à une époque où la société canadienne-française était bousculée de tous côtés.
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“Non-Resident Me”: John Bartlet and the Canadian Historical Profession
Rohit T. Aggarwala
pp. 237–277
AbstractEN:
John Bartlet Brebner (1895-1957) was a significant Canadian historian, but his work has been marginalised and discredited in the historiography. A Maritime historian, he continued to study Nova Scotia after leaving the University of Toronto for Columbia University, and this and his work on early explorers and British history led to his espousal of a continental approach that emphasised Canadian-American exchange and a shared British legal and political heritage. A deep liberal, he felt under suspicion because he did not promote either of the two nationalist schools of Canadian history and because he lived in the United States; this feeling moved him to naturalise as an American in 1941 and give up Canadian history. He later regretted this action, as his experiences as a liberal American in the post-war era gave him concerns about the liberal quality of American nationalism. After Brebner's death, his reputation was tarnished by the posthumous publication of an obsolete manuscript and the concerted attack of nationalist historians who, led by Donald G. Creighton, sought to deny legitimacy to even the most nuanced use of the "continental approach."
FR:
John Bartlet Brebner (1895-1957) fut un important historien canadien, mais l’historiographie a marginalisé et discrédité son oeuvre. Historien des Maritimes, il continua de s'intéresser à l'histoire de la Nouvelle-Écosse, même après qu'il eut quitté l’Université de Toronto pour l'Université de Columbia ; ses recherches sur les premiers explorateurs et sur l'histoire britannique l'amenèrent à développer une approche continentale qui mettait l'accent sur les échanges canado-américains et sur le patrimoine politique et juridique britannique commun aux deux pays. Homme profondément libéral, Brebner devint suspect aux yeux de ses collègues, parce qu'il ne soutenait aucune des deux écoles de pensée nationaliste de l'histoire du Canada et parce qu'il vivait aux États-Unis. Cette attitude le poussa à prendre la nationalité américaine en 1941 et à abandonner la recherche en histoire du Canada. Il regretta plus tard son geste, et ses expériences en tant qu'Américain libéral dans la période d'après-guerre l'incitèrent à s'interroger sur la qualité du libéralisme du nationalisme américain. Après sa mort, sa réputation fut noircie par la publication posthume d'un manuscrit dépassé et par les attaques concertées des historiens nationalistes, qui, dirigés par Donald G. Creighton, cherchaient à discréditer toute étude se servant, même un tant soit peu, de « l’approche continentale ».
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“Boy meets Girl”: Constructing Heterosexuality in Two Victoria Churches, 1945-1960
Tina Block
pp. 279–296
AbstractEN:
Canadian historians have neglected the role of churches and religion in shaping post-war sexual, gender, and domestic ideals. This article explores the interplay of religion and sexuality in Glad Tidings Pentecostal and First United Church in Victoria, British Columbia. It argues that church officials actively regulated and defined heterosexual gender relations in the late 1940s and 1950s. While traditional "family values" were upheld in Glad Tidings, Pentecostal beliefs about the individual's relationship with God subtly challenged the primacy of heterosexual marriage. The United Church defined marriage as the most important of relationships, and, drawing on the advice of secular “experts”, started a range of sexual and marital training programs in the post-war years. While church officials contributed to the post-war normalisation of heterosexuality, religion also helped to shape alternative and contested meanings of sexuality and family in this period.
FR:
Les historiens canadiens ont négligé d'analyser le rôle des Églises et de la religion dans la construction des idéaux domestiques et sexuels au cours de la période d'après-guerre. Le présent article explore l’interaction de la religion et de la sexualité dans le pentecôtisme Glad Tidings et dans la First United Church de Victoria, en Colombie-Britannique. Il démontre que les ecclésiastiques définissaient et contrôlaient activement les relations hétérosexuelles à la fin des années 1940 et pendant les années 1950. Le mouvement Glad Tidings défendait les « valeurs familiales » traditionnelles ; cependant, les croyances pentecôtistes sur les relations individuelles avec Dieu poussèrent les gens à remettre subtilement en question la primauté du mariage hétérosexuel. Pour l'Église unie, le mariage était la plus importante des relations ; conseillée par des « experts » séculiers, elle mit sur pied dans les années d’après-guerre toute une série de programmes de formation sexuelle et conjugale. Pendant que les représentants de l'Église s'efforçaient de normaliser l'hétérosexualité, la religion contribuait de son côté à offrir d'autres possibilités et à contester la signification de la sexualité et de la famille.
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The Apotheosis of the Apothecary: Retailing and Consuming the Meaning of a Historic Site
Paul Litt
pp. 297–321
AbstractEN:
This paper examines how history is interpreted and understood at the Niagara Apothecary, an early 1970s heritage restoration project that is operated as a Victorian-era pharmacy museum in Niagara-on-the-Lake, Ontario. It recounts the history of the restoration of this historic site to show the variety of influences and interests that have shaped the history it presents. The apothecary's setting in Niagara-on-the-Lake, a mecca for heritage tourism and consumerism, makes it an interesting case study of how history is communicated to a popular audience. To this end, the nature of the tourist experience at Niagara-on-the-Lake in general and the apothecary in particular are explored. The paper contrasts the professional historian's emphasis on objectivity and context with the material, romantic, specialised and consumer-friendly strategies that are employed in the presentation of the past at the apothecary.
FR:
L'auteur examine ici la façon dont on s'est servi de l'histoire pour rénover la pharmacie de Niagara, qui fut l'un des premiers édifices à faire l'objet de restauration patrimoniale dans les années 1970. La pharmacie-musée, replantée dans son décor de l'ère victorienne, se trouve à Niagara-on-the-Lake, en Ontario. Paul Litt rappelle les étapes de la restauration de ce site historique et explique comment la tranche d'histoire qu'on y fait revivre a été modelée par diverses considérations. Parce que la pharmacie est située à Niagara-on-the-Lake, la Mecque du tourisme patrimonial et du consumérisme, il est possible de faire ici une intéressante étude de cas sur la façon dont on présente l'histoire au grand public. L'auteur étudie de façon générale la nature du tourisme à Niagara-on-the-Lake et analyse de plus près la clientèle touristique qui visite la pharmacie. Il montre comment s'affrontent, dans la recréation du passé de la pharmacie, l’historien professionnel, en quête d'objectivité, et les promoteurs du site, aux prises avec des réalités matérielles et des stratégies de marketing axées sur le romantisme, la spécialisation et la convivialité.