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Les pathologies au travail, Par Élisabeth Grebot (2019) Paris : Dunod, 293 pages. ISBN : 978-2-10-079134-7.[Record]

  • Johanne Dompierre

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  • Johanne Dompierre
    Professeure, Département des relations industrielles, Université Laval

À la lecture du titre du volume d’Élizabeth Grebot, le lecteur comprend tout de suite le travail colossal réalisé par l’auteure qui entreprit d’étudier quatre pathologies au travail majeures (le stress au travail, l’épuisement professionnel ou burnout en anglais, la dépendance au travail ou « workaholisme » et le harcèlement psychologique ou mobbying en anglais), dont l’intérêt demeure d’actualité en France (où l’ouvrage a paru), mais aussi au Canada et au Québec. L’auteure aborde ces pathologies à partir d’un « modèle intégratif » d’analyse, qui puise dans la psychosociologie, la psychopathologie, la clinique, la sociologie et l’économie (les trois premiers horizons disciplinaires étant passablement plus mobilisés que les deux derniers). Le terme « pathologie », central dans le titre, est pourtant rapidement abandonné par l’auteure, sans explication, et remplacé par le terme « processus professionnel », qui est plus générique et moins précis dans la nature des phénomènes qu’il cerne. Le but visé par Grebot est de caractériser et distinguer quatre processus professionnels, à savoir le stress au travail, l’épuisement professionnel ou burnout, la dépendance au travail ou « workaholisme » et le harcèlement, afin de « proposer les mesures préventives organisationnelles adaptées, l’accompagnement psychologique adéquat ou l’indication thérapeutique la plus efficiente » (p. 12). Le volume comporte cinq chapitres : 1- évolution des emplois et relation paradoxale des Français au travail; 2- le stress au travail; 3- l’épuisement professionnel (burnout en anglais); 4- la dépendance au travail ou « workaholisme »; et 5- le harcèlement psychologique (mobbying en anglais). Le premier chapitre porte sur les principaux changements du contexte professionnel et de l’environnement de travail, lesquels sont également observés en Amérique du Nord. Par la suite, l’auteure rapporte l’évolution dans la signification et la conception du travail en France et en Europe. Le deuxième chapitre porte sur le stress au travail. Les thèmes couverts sont très nombreux  : définitions, principaux modèles du stress (causalistes, interactionnistes, transactionnels et intégratifs), facteurs de stress (exigences du travail, exigences émotionnelles, manque d’autonomie et de marge de manoeuvre, manque de soutien social et de reconnaissance au travail, conflit de valeurs, l’insécurité de l’emploi et du travail), nombreux traits de personnalité, stratégies d’adaptation (coping en anglais), effets nocifs sur la santé des individus (ex. : syndromes d’épuisement professionnel, dépendance au travail ou « workaholisme ») et pour l’organisation, processus de stress, instruments d’évaluation et coûts du stress. Le modèle transactionnel de Lazarus et Folkman (1984) occupe une place très importante par rapport aux autres modèles qui sont présentés, tandis que seul celui de Karasek fait l’objet de considérations critiques. La présentation des nombreux outils d’évaluation du stress professionnel (facteurs de stress, processus cognitivo-émotionnels et conséquences sur la santé) constitue une belle contribution qui vaut la peine d’être soulignée. Toutefois, la description de ces outils n’est pas homogène et le niveau de détails donné ne s’avère pas toujours suffisant. À titre d’exemple, concernant les qualités psychométriques des outils, l’auteure se limite à mentionner si l’instrument « est satisfaisant » ou « plutôt satisfaisant ». Toutefois, il faut reconnaître que l’auteure fournit un vaste tour d’horizon pour quiconque veut acquérir une connaissance générale sur le stress au travail. Cependant, pour le lecteur connaissant quelque peu ce domaine de recherche, cette approche essentiellement descriptive aurait gagné à faire l’objet d’une analyse critique. Le troisième chapitre aborde en profondeur l’épuisement professionnel (burnout en anglais). L’auteure y traite, tour à tour, de l’historique de la notion, des liens entre le stress et l’épuisement professionnel, des définitions (symptômes et syndrome), des modèles (individuels, interpersonnels, organisationnelles et sociologiques), des facteurs, des traits de personnalité (Big Five …