TTR
Traduction, terminologie, rédaction
Volume 37, Number 1, 1er semestre 2024 L’universel à l’épreuve de la traduction : actualités de la traduction des sciences humaines et sociales Questioning the Universal Through Translation: Translating the Social Sciences and Humanities Today Guest-edited by René Lemieux and Patricia Godbout
Table of contents (13 articles)
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Présentation
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The Plasticity of Thought in Translation
Carolyn Shread
pp. 19–41
AbstractEN:
My first translation of French philosopher Catherine Malabou’s work is “An Eye at the Edge of Discourse” (2007), in which she asks “What is it to see a thought? To see a thought coming?” This question prompted me to ask in turn, “What is it to see a thought coming in translation?” I put this question to readers of translations and, in a self-reflexive move, as a translator of her French thought into English. Engaging a seminar on this topic in which Malabou offered a retrospective account of how plasticity has emerged in her work over more than two decades, I consider its transdisciplinary potential specifically as it manifests in the field of translation, and here in the translation of scholarly thought.
Following this retrospective gaze, I consider a recent article that is still untranslated from the French, Malabou’s “Quand on n’a que le discours: Réflexions sur la forme” (2022a). Drawing on the intersection of thinking and seeing, I refer to three artists—Kader Attia, Sophia Wallace, and Pearl Shread—to explore the valences of visibility and intelligibility, as well as routes of access to thought and knowledge.
I conclude my discussion with brief reflections on my recent Malabou translation Stop Thief! Anarchism and Philosophy (2023), suggesting that the act of translation offers a possible route to autonomy and self-determination in the face of dominating effects of governance.
FR:
La première traduction que j’ai faite de l’oeuvre de la philosophe française Catherine Malabou est un article intitulé « Un oeil au bord du discours » (2000b; trad. 2007), dans lequel elle demande « Qu’est-ce que voir une pensée? Voir une pensée venir? » Sa question provoque l’interrogation de cet article, à savoir, « Qu’est-ce que voir venir une pensée dans une traduction? » Question adressée aux lecteurs des traductions et, dans une démarche autoréflexive, que je médite en tant que traductrice de sa pensée française vers l’anglais. En m’appuyant sur un séminaire qu’elle a consacré à ce sujet, dans lequel elle a analysé rétrospectivement l’apparition, sur plus de vingt ans, de la plasticité dans son travail, j’examine le potentiel transdisciplinaire de la plasticité, tel que le concept se manifeste dans le champ de la traduction, notamment dans la traduction de la pensée savante.
Suivant ce regard rétrospectif, je m’appuie sur un article récent de Malabou qui n’a toujours pas été traduit du français, intitulé « Quand on n’a que le discours: Réflexions sur la forme » (2022a). Évoquant l’intersection de la pensée et de la vision, je fais référence à trois artistes – Kader Attia, Sophia Wallace et Pearl Shread – afin d’explorer les possibles de la visibilité et de l’intelligibilité, ainsi que les voies d’accès à la pensée et à la connaissance.
Je conclus ma discussion avec quelques réflexions sur la plus récente traduction de Malabou de Au voleur! Anarchisme et philosophie (2022c), suggérant que l’acte de traduire offre une voie à l’autonomie et à l’autodétermination face aux effets dominants de la gouvernance.
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L’apport de la traductologie au renouveau de l’universel dans les sciences humaines : Meschonnic, Berman, Cassin, Diagne
Hélène Thiérard
pp. 43–68
AbstractFR:
Au sein du débat qui domine actuellement les sciences humaines sur la nécessité de repenser l’universel après la fin de l’universalisme eurocentré, la réflexion sur la traduction joue un rôle décisif. En utilisant les « intraduisibles » comme méthode philosophique, Barbara Cassin et Souleymane Bachir Diagne mettent la supposée universalité des concepts aristotéliciens à l’épreuve de la traduction et s’efforcent de dépasser l’alternative traditionnelle entre universalisme et relativisme. L’article met en évidence ce que cette philosophie de la traduction doit à l’apport théorique d’Henri Meschonnic et d’Antoine Berman, qui font tous deux la critique d’une conception de la traduction annexionniste dominante reposant sur le dualisme du signe au fondement de la pensée du langage européenne. À la lumière du concept de Diagne d’universel latéral ou postcolonial, il s’agit aussi d’attirer l’attention sur ce qu’une relecture de Meschonnic et de Berman a de prometteur pour examiner sur d’autres bases la question de l’eurocentrisme de la traductologie.
EN:
In the debate currently dominating the humanities and social sciences about the need to rethink universality after the end of Eurocentric universalism, translation plays a crucial role. Using the “untranslatables” as a philosophical method, Barbara Cassin and Souleymane Bachir Diagne put the supposed universality of Aristotelian concepts to the test of translation, seeking to overcome the false alternative between universalism and relativism. This paper highlights how much this philosophy of translation owes to the theoretical contributions of Henri Meschonnic and Antoine Berman, both of whom criticize the dominant annexationist conception of translation based on the dualism of the sign at the foundation of European thought on language. Drawing on Diagne’s notion of a lateral, or postcolonial universality, it also calls attention to the promising potential of a re-reading of Meschonnic and Berman to examine the question of the Eurocentrism of Translation Studies from another perspective.
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Traduire pour inclure : les personnages non binaires et la langue française
Catherin·e Viens
pp. 69–95
AbstractFR:
Les personnes non binaires sont de plus en plus présentes dans notre paysage médiatique et nos entourages. Leurs réalités sont toutefois encore bien mal connues du grand public et leur besoin de représentation est grand. Une présence accrue dans la littérature française permettrait à la fois de sensibiliser la population et de donner des modèles aux personnes non binaires. Comme pour l’instant peu d’oeuvres francophones mettent en scène des personnages non binaires, la traduction devient un outil intéressant d’inclusion et de visibilisation. Cependant, les défis traductifs sont nombreux lorsqu’on doit passer d’une langue peu genrée comme l’anglais à une langue beaucoup plus genrée telle que le français. Non seulement il faut trouver un équivalent aux pronoms neutres anglais, il faut aussi jongler avec la flexion des participes et des adjectifs, ainsi qu’avec tous les substantifs genrés que comporte la langue française. C’est peut-être pour cette raison que, malgré un bassin relativement vaste de textes en littératures anglophones, très peu de textes comportant des personnages non binaires sont traduits vers le français. Cet article explore différentes stratégies de traduction des pronoms neutres anglais (plus particulièrement le they singulier) et la façon d’aborder les accords de participes et d’adjectifs dans un contexte non binaire. D’abord l’évitement, qui comporte le risque d’invisibiliser les personnes mêmes que l’on veut représenter; ensuite la troisième personne masculine plurielle (ils) et ses accords habituels, qui rendent le texte quelque peu incongru; le on qui apporte la confusion avec sa grande polysémie; et finalement les nouveaux pronoms et les accords doubles ou neutres qui introduisent des néologismes peu connus du lectorat.
EN:
Non-binary people are gaining visibility in the media scene and among the people we know. Nonetheless, the implications of being non-binary aren’t understood by many. A stronger presence in French literature could both raise awareness and provide role models for non-binary people. As few French-language books currently feature non-binary characters, translation can be an interesting tool for inclusion and visibilization. However, translating from a gender-neutral language like English into a gendered language like French brings many challenges. In addition to having to find equivalent terms for English neutral pronouns, translators need to juggle with the inflections of participles and adjectives, as well as with all the gendered nouns in the French language. This might explain why very few texts featuring non-binary characters have been translated into French, despite a relatively large pool of English texts. This article explores different strategies for translating English gender-neutral pronouns (especially the singular they) and how gendered French participles and adjectives have been dealt with in a non-binary context. Among the strategies examined are avoidance, which risks rendering non-binary characters invisible, the use of the third person masculine plural (ils) and its normal verbal and adjectival agreements, which make the text somewhat incongruous, recourse to the impersonal third person singular (on), which creates confusion due to its polysemy, and finally, new pronouns (for example iel) with dual or neutral agreements, which introduce neologisms unfamiliar to many readers.
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Translating Apȣagana: Conceptual-Affective Modelling as a Tool for Analyzing Historical Indigenous Legal Cultures
Andrew J. Fletcher
pp. 97–126
AbstractEN:
This paper explores the use of conceptual-affective modelling as a powerful tool for understanding Indigenous and European (or Euro-American) interactions in 18th century colonial North America. It illustrates how dictionaries and lexicons of Indigenous languages compiled by colonial actors, particularly the French Jesuit missionaries, can be harnessed to reveal a previously obscure conceptual world. These linguistic sources have only been used sparingly in the social sciences due to the linguistic and structural difficulties in engaging with what are atypical primary sources. Conceptual-affective modelling permits quantitative and qualitative analyses of the concepts contained within these sources. To demonstrate this, the intersection of Indigenous legal cultures and the Calumet [Apȣagana] has been chosen. First, a study of the Calumet in 17th-century Miami-Illinois–and–French dictionaries is discussed. Compiled in the area known to the French as the Pays des Illinois, these were tools for the evangelization project of the Society of Jesus. Within them are a wealth of words, expressions, and phrases that evoke the reality of the members of the political confederation called the Illinois (though their own term for themselves was Inoca). In a period from which few sources recorded Indigenous voices, these open a window onto language and culture. Second, the challenges of translating concepts pertaining to legal culture between societies with vastly different conceptions of justice are examined. The Calumet is considered in relation to a series of translated speeches by Indigenous leaders made in 1723, connected to a case of homicide. Rather than concentrating on the conflicts that can arise from conceptual divergences, the study investigates how attempts to resolve conflicts between different legal cultures can illuminate the diverse attributes that contribute to meaning and communication.
FR:
Cet article a pour but de présenter le modèle conceptuel-affectif afin de mieux comprendre les relations entre les nations amérindiennes et européennes en Amérique du Nord au XVIIIe siècle. Ce modèle se veut un outil puissant qui permet de mettre à contribution de nouvelles sources linguistiques. En effet, les dictionnaires et lexiques en langues amérindiennes compilés et rédigés lors de la colonisation par les missionnaires Jésuites français, entre autres, ont été rarement exploités par les anthropologues et historiens en raison des difficultés d’ordre linguistique et structural soulevées par des sources primaires atypiques. En permettant des analyses quantitatives et qualitatives des concepts qui s’y trouvent, le modèle conceptuel-affectif met à profit ces sources sous-utilisées. Plus spécifiquement, cet article se penche sur l’intersection entre les cultures juridiques amérindiennes et le Calumet [Apȣagana], en étudiant dans un premier temps ses traductions françaises dans trois dictionnaires Miami-Illinois-Français du XVIIe siècle. Rédigés dans la région connue sous le nom de Pays des Illinois, ces lexiques faisaient partie du projet d’évangélisation de la Société de Jésus. On y trouve un foisonnement de mots, d’expressions et même de phrases qui évoquent cette réalité des Inocas (terme que les Illinois utilisaient pour se nommer). À une époque où l’enregistrement des voix autochtones étaient rares, ces sources sont précieuses, car elles ouvrent une fenêtre sur la langue et la culture de la confédération illinoise. Dans un deuxième temps, les défis de la traduction des concepts légaux entre deux sociétés ayant des conceptions judiciaires diamétralement opposées sont évoqués. À ces fins, le rôle du calumet dans une série de discours récités par des leaders amérindiens en 1723, en lien avec un homicide, est analysé. Au lieu de mettre l’accent sur les conflits qui peuvent se développer à cause de divergences conceptuelles, cette étude vise à montrer comment les tentatives de résolution de conflits entre différentes cultures juridiques contribuent à mettre en évidence les divers attributs qui favorisent la signification et la communication.
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Kikinamasowinnoak, patlih8zak ta Aln8bak/Les prédicateurs, les prêtres et les Abénakis : la traduction du Petit catéchisme du diocèse de Québec en 1832 et la préservation cachée des valeurs abénakises
Philippe Charland
pp. 127–155
AbstractFR:
Cet article aborde les événements entourant la traduction, en 1832, du Petit catéchisme du diocèse de Québec en langue abénakise. Dans la première partie, nous revenons sur la vie de l’auteur de la traduction, un Abénakis de Saint-François (Odanak) du nom de Pierre-Paul Masta (Osunkhirhine, Wzokhilain). De son parcours scolaire au Dartmouth College, à son parcours professionnel en tant qu’instituteur, ministre du culte, auteur et traducteur, nous le suivons à travers le processus de traduction ainsi que les différentes controverses menant à la publication de l’ouvrage. Dans la deuxième partie, nous nous attardons à trois cas de figure relatifs à la traduction en elle-même du Petit catéchisme, lesquels révèlent la présence cachée de valeurs abénakises, soit la version du signe de la croix qui suit le modèle autochtone, les dix commandements qui s’éloignent du texte original et la traduction ambiguë de la section sur le mariage.
EN:
This article looks at the events surrounding the 1832 translation of the Petit catéchisme du diocèse de Québec into the Abenaki language. In the first part, we look back at the life of the author of the translation, an Abenaki from Saint-François (Odanak) by the name of Pierre-Paul Masta (Osunkhirhine, Wzokhilain). From his schooling at Dartmouth College, to his professional career as a teacher, a church minister, an author, and a translator, we follow him through the translation process and the various controversies leading up to the book’s publication. In the second part, we look at three examples of the translation process that reveal the underlying presence of Abenaki values: the version of the sign of the cross that follows the Indigenous model, the Ten Commandments that deviate from the original text, and the ambiguous translation of the section on marriage.
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« De sur a norte » : traduire la posture ch’ixi de Silvia Rivera Cusicanqui vers l’anglais
Ana Kancepolsky Teichmann
pp. 157–184
AbstractFR:
En 2019, dix ans après sa publication originale en espagnol, apparaît le premier livre traduit vers l’anglais de l’activiste, théoricienne, historienne et sociologue bolivienne Silvia Rivera Cusicanqui : Ch’ixinakax utxiwa. On Practices and Discourses of Decolonization (Polity Press). Le contexte de cette traduction est problématique : alors que, dans son texte, Rivera Cusicanqui adresse une forte critique aux théories et théoricien·nes de la décolonisation issu·es des universités nord-américaines, ce sont ces mêmes universités qui la traduisent quelques années plus tard. Cet article propose une analyse de la posture (Meizoz, 2009) de Rivera Cusicanqui qui se développe à partir du concept aymara ch’ixi, une couleur grise constituée d’un noir et d’un blanc qui ne se mélangent pas. L’étude de quelques extraits de Ch’ixinakax utxiwa. On Practices and Discourses of Decolonization servira à démontrer que la posture auctoriale est transformée dans le processus traductif, où certains de ses traits sont effacés ou nuancés, et que ces transformations sont indissociables du contexte de production de la traduction.
EN:
In 2019, ten years after the original publication in Spanish, the first English translation of the Bolivian activist, theorist and sociologist Silvia Rivera Cusicanqui’s book Ch’ixinakax utxiwa. On Practices and Discourses of Decolonization (Polity Press) is published. The context of this translation is problematic: while Rivera Cusicanqui addresses, in her text, a strong critique to theories and theorists of decolonization from North American universities, those same universities translate her text a few years later. This article presents an analysis of Rivera Cusicanqui’s posture (Meizoz, 2009), which develops from the Aymara concept ch’ixi, a gray colour made up of black and white that do not mix. The study of some excerpts from Ch’ixinakax utxiwa. On Practices and Discourses of Decolonization will serve to demonstrate that the author’s posture is transformed in the translation process, where some of its features are erased or nuanced, and that those transformations cannot be separated from the context in which the translation is produced.
Articles libres / Non-Thematic Articles
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Et si on lisait les préfaces ? Regards d’écrivain·es contemporain·es sur la (re)traduction
Manon Delcour and Olivier Hambursin
pp. 185–213
AbstractFR:
Cet article se propose d’étudier quelques retraductions publiées par des écrivain·es entre 2008 et 2021, en observant plus précisément le lieu de mise en perspective que constituent leurs préfaces.
Nous analyserons surtout les préfaces accompagnant les nouvelles traductions de Mrs Dalloway de Virginia Woolf par Nathalie Azoulai (2021), de Bartleby, the Scrivener d’Herman Melville et La Maison maudite de Phillips Howard Lovecraft par François Bon (2015 et 2017), des Métamorphoses d’Ovide par Marie Cosnay (2020), de Tristes pontiques d’Ovide et d’Un lieu à soi de Virginia Woolf par Marie Darrieussecq (2008 et 2016) ainsi que de Des souris et des hommes de John Steinbeck par Agnès Desarthe (2022).
Nous passerons en revue les fonctions généralement dévolues aux préfaces depuis la publication de Seuils de Gérard Genette, en particulier aux préfaces accompagnant des traductions (Letawe, 2018; Hersant, 2018). Le premier objectif de cet article sera, en considérant la préface comme le lieu d’un discours sur le texte traduit et le travail accompli, de mettre en évidence plusieurs questionnements et prises de position relatifs aux procédés, difficultés et enjeux inhérents à la traduction et, le cas échéant, la retraduction. Nous entendons ensuite décrire la posture adoptée par les écrivain·es de notre corpus dans leurs (re)traductions. Dans le troisième pan de notre étude, nous étudierons la manière dont ces auteur·ices se positionnent vis-à-vis de l’exercice particulier qu’est la retraduction, ce qui nous donnera l’occasion de nous pencher sur les intentions présidant à ces retraductions et sur la problématique du vieillissement des traductions.
EN:
This article examines a number of retranslations published by writers between 2008 and 2021, looking more closely at how their prefaces put their work into perspective.
We will focus on the prefaces accompanying the new translations of Virginia Woolf’’s Mrs Dalloway by Nathalie Azoulai (2021), Herman Melville’s Bartleby, the Scrivener and Phillips Howard Lovecraft’s La maison maudite by François Bon (2015 and 2017), Ovid’s Métamorphoses by Marie Cosnay (2020), Ovid’s Tristes pontiques and Virginia Woolf’s Un lieu à soi by Marie Darrieussecq (2008 and 2016) and John Steinbeck’s Des souris et des hommes by Agnès Desarthe (2022).
We will review the functions generally assigned to prefaces since the publication of Gérard Genette’s Seuils, in particular prefaces accompanying translations (Letawe, 2018; Hersant, 2018). Considering the preface as the site of a discourse on the translated text and the work accomplished, the first aim of this article is to highlight a number of questions and stances relating to the processes, difficulties, and issues inherent in translation and, where applicable, retranslation. We then set out to describe the stance adopted by the writers in our corpus in their (re)translations. In the third part of our study, we examine the way in which these authors position themselves in relation to the particular exercise of retranslation. This gives us the opportunity to examine the intentions behind these retranslations and the problem of the ageing of translations.
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Translation Quality Assessment of Diaphasic Intralingual Translation: A Functionalist Approach
Aage Hill-Madsen
pp. 215–243
AbstractEN:
This article proposes a Translation Quality Assessment (TQA) framework for a particular type of intralingual translation, namely the interregisterial transformation of specialized texts into ones suitable for a lay target readership, also known as diaphasic intralingual translation. Based on a functionalist linguistic and translation-theoretical approach, this framework is designed to assess and promote registerial adequacy in diaphasic intralingual target texts. The article associates this adequacy with maximum transparency of meaning in target texts and identifies five different principles as more specific quality criteria: (1) iconicity between meanings and wordings, (2) familiarity of lexis, (3) explicitness of meanings, (4) groundedness or concreteness, and (5) coherence. These five principles are in some cases subcategorized and in all cases defined in terms of linguistic manifestations. Examples are drawn from the lay-oriented genre known as Patient Information Leaflets, i.e., the small brochures included with medicinal products that provide information and instructions to the user. Most cases include both “positive” and “negative” examples, i.e., instances of both adherence and non-adherence to a given principle. Many of the “negative” examples are followed by suggestions for improvement.
FR:
Cet article propose un cadre d’évaluation de la qualité de la traduction (AQT) pour un type particulier de traduction intralinguale, à savoir la transformation interregistérielle de textes spécialisés en textes adaptés à un lectorat profane, également connue sous le nom de traduction intralinguale diaphasique. Basé sur une approche linguistique fonctionnaliste et une théorie de la traduction fonctionnaliste, ce cadre est conçu pour évaluer et promouvoir l’adéquation de registre dans les textes cibles intralinguales diaphasiques. L’article associe cette adéquation à une transparence maximale du sens dans les textes cibles et identifie cinq principes différents comme critères de qualité plus spécifiques: 1) l’iconicité entre les significations et les formulations, 2) la familiarité du lexique, 3) l’explicitation des significations, 4) l’ancrage ou le caractère concret, et 5) la cohérence. Ces cinq principes sont dans certains cas sous-catégorisés et dans tous les cas définis en termes de manifestations linguistiques. Les exemples sont tirés du genre non spécialisé connu sous le nom de « Patient Information Leaflets », c’est-à-dire les petites brochures accompagnant les médicaments et fournissant des informations et des instructions à l’utilisateur. La plupart des cas comprennent à la fois des exemples « positifs » et « négatifs », c’est-à-dire des cas d’adhésion et de non-adhésion à un principe donné. De nombreux exemples « négatifs » sont suivis de suggestions d’amélioration.
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Diamesic, Interlingual, and Intercultural Translation in Oodgeroo Noonuccal’s Stradbroke Dreamtime (1972)
Margherita Zanoletti
pp. 245–275
AbstractEN:
At the peak of her fame as a poet and political activist, the Australian author Oodgeroo Noonuccal (1920-1994, until 1988 known as Kath Walker) published her first complete work of prose, Stradbroke Dreamtime (1972). An important autobiographical narrative written in accessible English, the book comprises 27 stories for children that present two aspects of Oodgeroo’s life: episodes from her childhood on Minjerribah (North Stradbroke Island) and stories from Stradbroke Island and the Tamborine Mountains, as well as stories based on the author’s knowledge of her people and the land. This study adopts a semiotic-translation approach based on an expanded conceptualization of translation that goes beyond the literary sphere and the verbal realm. It argues that Oodgeroo’s writing entails three types of translation: the transformation of oral knowledge into written narrative (diamesic translation); the resemiotization of stories and legends from Aboriginal Australian languages and dialects into English (interlingual translation); and the transmission of her own life experience and culture to children and teenagers of all descent (intercultural translation). These translation processes enabled Oodgeroo to contextualize her own stories by calling upon the ancient stories of her people. The result is a multilayered literary work of rare complexity, worthy of greater scrutiny and more nuanced readings.
FR:
Au sommet de sa gloire comme poète et activiste politique, l’autrice australienne Oodgeroo Noonuccal (1920-1994, connue jusqu’à 1988 sous le nom de Kath Walker) a publié son premier ouvrage complet en prose, Stradbroke Dreamtime (1972). Récit autobiographique écrit dans un anglais accessible, le livre comprend 27 histoires pour enfants qui présentent deux aspects de sa vie: des épisodes de son enfance à Minjerribah (North Stradbroke Island) et des histoires traditionnelles de Stradbroke Island et des montagnes Tamborine, ainsi que des histoires basées sur sa connaissance de son peuple et du territoire. Cette étude adopte une approche sémiotique-traductionnelle fondée sur une conceptualisation élargie de la traduction qui dépasse les sphères littéraire et verbale. Nous avançons que l’écriture d’Oodgeroo repose sur trois types de traduction: la transformation de la connaissance orale en récit écrit (traduction diamésique); la resémiotisation des contes et légendes des langues et dialectes aborigènes australiens vers l’anglais (traduction interlingue); et la transmission de sa propre expérience de vie et de sa culture aux enfants et adolescents de toute origine (traduction interculturelle). Ces processus de traduction lui ont permis de faire appel aux histoires anciennes de son peuple pour contextualiser ses histoires. Le résultat en est une oeuvre littéraire multidimensionnelle d’une rare complexité, digne d’un examen plus approfondi et de lectures plus nuancées.
Comptes rendus / Book Reviews
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José Javier Ávila-Cabrera. The Challenge of Subtitling Offensive and Taboo Language into Spanish: A Theoretical and Practical Guide. Bristol, Multilingual Matters, 2023, 156 p.
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Arianne Des Rochers. Language Smugglers: Postlingual Literatures and Translation within the Canadian Context. New York, Bloomsbury, 2023, 240 p.
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Cornelia Zwischenberger and Alexa Alfer, eds. Translaboration in Analogue and Digital Practice: Labour, Power, Ethics. Berlin, Frank & Timme, 2023, 247 p.