Arborescences
Revue d'études françaises
Numéro 2, mai 2012 La littérature de voyage Sous la direction de Grégoire Holtz et Vincent Masse
Sommaire (9 articles)
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Étudier les récits de voyage : bilan, questionnements, enjeux
Grégoire Holtz et Vincent Masse
RésuméFR :
Cet article s’intéresse en premier lieu au contexte de renouvellement de la recherche consacrée à la littérature de voyage, à partir de la deuxième moitié des années soixante-dix, qui permet d’en mieux saisir les objectifs intellectuels et les paramètres critiques. Ainsi, les processus de décolonisation créent certains parallèles entre la critique du colonialisme et la « critique » consacrée à la littérature de voyage et expliquent notamment l’intérêt pour les bilans, principalement liés aux travaux sur l’Ancien Régime. L’importance prêtée à ces origines et à ces « premiers contacts » est à son tour l’un des points d’attache réunissant les études sur la littérature de voyage et l’anthropologie. En deuxième lieu est considérée la relation ambivalente qu’entretient la recherche sur la « littérature de voyage » envers la nécessité d’une définition de son objet d’étude, et tout particulièrement envers la notion de « genre ». La définition de l’objet, multiforme, apparaît ainsi secondaire en comparaison à sa réhabilitation ou à son historicisation. En troisième lieu, et en guise de présentation des articles du présent numéro, sont présentés une sélection de discours critiques, de questionnements et d’enjeux ayant investi la littérature des voyages : (1) la poétique du genre, (2) les approches historiques, du new historicism à l’histoire du livre, (3) l’altérité et son étude phénoménologique ou anthropologique, (4) le rapport entre le texte et l’image, (5) la réception des récits de voyage, et notamment la récupération des voyages par la philosophie (6) le discours colonial et les théories postcoloniales, (7) les « histoires connectées ».
EN :
The first part of the article examines the context of the renewal of the study of travel literature, which started in the mid 1970s, in order to better understand its intellectual objectives and critical parameters. The context of decolonization thus created certain parallels between the criticism of colonialism and the literary criticism of travel literature. The need for assessing the legacy of colonialism also motivates the study of its advent in Early Modern texts. The insistence placed upon origins, and upon first contact, in turn, is one of the many places where the study of travel narratives interacts with the discipline of anthropology. The second part of the article is about the ambivalence involving, on one hand, the advent of research on travel literature, and on the other, its difficulties in precisely defining its object, or its refusal to do so. The definition of the object appears to be less crucial than its rehabilitation or its historicization. The third part of the article presents a selection of critical discourses, questionings, and stakes, linked to travel literature: (1) poetics, (2) historical approaches, from new historicism to the history of the book, (3) alterity and its phenomenological or anthropological study, (4) text and image, (5) the reception of travel narratives, such as its reprocessing by philosophical discourse, (6) colonial discourse and postcolonial theories, (6) world history.
I Transferts culturels
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Échange interculturel et transfert de représentations : sur les portraits turcs de Paolo Giovio
Robin Beuchat
RésuméFR :
Parmi son imposante collection, l’humaniste italien Paolo Giovio possédait plusieurs portraits de sultans ottomans qui, comme il l’explique dans une scène célèbre de ses Elogia virorum bellica virtute illustrium (1551), avaient été copiés d’après les miniatures offertes par Barberousse à Virginio Orsini, deux capitaines que l’alliance franco-turque avait réunis sous la même bannière. Au-delà de sa valeur documentaire, cette scène nous permet d’étudier un échange interculturel unique – puisque, comme on a eu tendance à l’oublier, Orsini ne se contente pas de recevoir des présents, il en offre aussi. Examinant dans un premier temps le regard de Giovio, je montre que s’il témoigne de préjugés hostiles aux Turcs, ces préjugés relèvent avant tout d’un patriotisme italien. Ses portraits, auxquels je m’attache plus spécifiquement dans un second temps, attestent le même préjugé. Car bien qu’il revendique une esthétique de la transparence, Giovio insiste sur la nécessité d’adapter ses modèles au bon goût italien – autrement dit sur la nécessité d’une « traduction culturelle ». En étudiant le regard que Giovio porte sur l’art oriental et la manière dont il se l’approprie, cet article souhaite ainsi apporter une contribution à une histoire interculturelle de l’art et, plus généralement, à l’histoire des perceptions interculturelles à la Renaissance.
EN :
The Italian Humanist Paolo Giovio possessed several portraits of Ottoman sultans in his imposing collection which, as he explains in a famous scene in his Elogia virorum bellica virtute illustrium (1551), were copied from the miniatures presented by Barbarossa to Virginio Orini, two captains aligned under the same banner thanks to the Franco-Turkish alliance. Apart from its documentary value, this scene allows us to study a unique intercultural exchange – since, as is often forgotten, Orini was not content with simply receiving presents: he offered them as well. By first examining Giovio’s point of view, I will show that though he exhibits hostile prejudice against the Turks, these prejudices are above all rooted in an Italian patriotism. His portraits, which will be examined in greater detail in the second part of the article, attest to the same prejudice. Though he calls for an aesthetics of transparency, Giovio insists on the necessity of adapting his models to the Italian taste – in other words on the necessity of a “cultural translation”. By studying Giovio’s views on Oriental art and the manner in which he appropriates it, this article aims to contribute to an intercultural history of art, and, more generally, to the history of intercultural perceptions during the Renaissance.
ES :
Entre su colección imponente, el humanista italiano Paolo Giovio poseía varios retratos de sultanes otomanos que, como lo explica en una famosa escena de su Elogia virorum bellica virtute illustrium (1551), habían sido copiados según las miniaturas ofertas de parte de Barbarroja a Virginio Orsini, dos capitanes que la alianza franco-turca había reagrupado bajo un sólo estandarte. Más allá de su valor documentario, esta escena nos permite estudiar un cambio intercultural único – por que, como lo hemos olvidado en el pasado, Orsini no se contenta sólo con recibir regalos, sino también ofreciéndolos. Examinando primeramente la percepción de Giovio, demostraré que si él tiene prejuicios hostiles cerca de los Turcos, estos, ante todo pertenecen a un patriotismo italiano. Sus retratos, que analizo específicamente en un segundo plano, demuestran el mismo prejuicio. Aunque él revindique una estética de la transparencia, Giovio insiste sobre la necesitad de adaptar sus modelos al buen gusto italiano – en otras palabras, enfatiza la necesitad de una “traducción cultural.” Estudiando la manera que Giovio percibe el arte oriental y la manera en la que se lo apropia, así mismo, este artículo pretende contribuir a una historia intercultural de arte y más en general, a la historia de las percepciones interculturales en el Renacimiento.
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L’impossible altérité
Pierre Berthiaume
RésuméFR :
La découverte des mythes amérindiens a posé aux Européens des difficultés particulières. Ils ont constitué un véritable point aveugle, comme le montre l’interprétation d’un des épisodes du cycle cosmogonique d’Aataentsic par Jean de Brébeuf et par Antoine-Denis Raudot. Si le premier ne voit dans les légendes amérindiennes qu’un avatar de la mythologie judéo-chrétienne, le second y trouve matière à nourrir une obsession à l’endroit des monstres. Ainsi la mythologie amérindienne est-elle dépouillée de son sens véritable et de toute valeur propre et permet-elle aux deux relationnaires de s’aveugler sur leurs propres mythologies.
EN :
The discovery of Amerindian myths posed a number of specific challenges for Europeans. Such myths constituted a veritable blind spot, as is made evident in the interpretation of one of the episodes of the cosmogonic cycle of Aataentsic by Jean de Brébeuf and by Antoine-Denis Raudot. While Brébeuf only saw Amerindian legends as an avatar of Judéo-Christian mythology, Raudot found in them the seeds to nourish an obsession with monsters. Thus, Amerindian mythology is stripped of its true meaning and any inherent value, permitting both narrators to consequently blinker themselves in regards to their own mythologies.
ES :
El descubrimiento de los mitos amerindios ocasionó a los Europeos dificultades particulares. Estos mitos fueron parte de un verdadero punto ciego, como lo demuestra la interpretación de uno des los episodios del ciclo cosmogónico de Aataentsic de Jean de Brébeuf y de Antoine-Denis Raudot. Si de Brébeuf solo ve en las leyendas amerindias que un avatar de la mitología judío-cristiana, Raudot encuentra materia que alimenta su obsesión vis-à-vis de los monstruos. Entonces la mitología amerindia se despoje de su sentido verdadero y de todo valor propio y permite a los relatadores de cegarse ante a sus propias mitologías.
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Voyages d’Orient et d’Occident : Jean Léon l’Africain et Ahmad al-Hajarî dans la littérature de voyage
Oumelbanine Zhiri
RésuméFR :
Cet article compare les oeuvres et les carrières de Léon l’Africain, géographe marocain originaire de Grenade, et du Morisque Ahmad al-Hajarî, et examine leurs contributions respectives à la littérature de voyage et au développement des études orientales en Europe.
EN :
This article compares the works and careers of Leo Africanus, Moroccan geographer born in Granada, and of the Morisco Ahmad al-Hajarî, focusing on their contributions to travel literature and to the development of Oriental studies in Europe.
ES :
Este articulo compara las obras y las carreras de León el Africano, geógrafo marroquí originario de Granada, y del Morisco Ahmad al-Hajarî, y examina sus contribuciones respectivas a la literatura de viajes y al desarrollo de los estudios orientales en Europa.
II Écritures du voyage
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Enjeux d’une sublimation : l’écriture du voyage par procuration dans la Relation nouvelle et singuliere du royaume de Tunquin de Jean-Baptiste Tavernier
Camelia Sararu
RésuméFR :
Marqués par un style dépersonnalisé, mis au service d’un témoignage « objectif », voire désenchanté, les récits de voyage en Orient de Jean-Baptiste Tavernier se bornent pour la plupart à conforter l’ethnocentrisme occidental. Cela dit, sa représentation du Tonkin semble se distinguer par l’émergence d’une perspective décentrée, qui déplace le modèle français de civilité et sa valorisation vers la culture de l’Extrême-Orient. Le propos de cet article est d’examiner la dynamique et les enjeux d’un tel transfert culturel, et cela dans le contexte d’un voyage par procuration, dont la textualisation exige une légitimation particulière. Patente surtout dans la différence spécifique entre l’autoreprésentation du voyageur et la représentation de son frère, sa « source oculaire », cette légitimation sera analysée à travers le prisme du rapport entre l’honnêteté et la galanterie. L’article montrera, enfin, que la représentation idéalisée du Tonkin participe d’une perspective renversée, opposant au mercantilisme et à la « barbarie » occidentale un Orient civilisé, qui « s’humanise » dans ses rapports avec les autres.
EN :
Marked by a depersonalized style, serving the purpose of an “objective”, even disenchanted account, most of Jean-Baptiste Tavernier’s Oriental travel writings limit themselves to reinforcing Western ethnocentrism. However, his representation of Tonkin seems to distinguish itself by the emergence of a decentred perspective, which transposes the French model of civility and its valorization to the culture of the Far East. The point of this article is to examine the dynamics and implications of such a cultural transfer, and this in the context of a vicarious travel, whose textualizing requires a special legitimization. Manifest particularly in the specific difference between the traveler’s self representation and that of his brother, his “eyewitness source”, this legitimization will be analysed through the prism of the relationship between honnêteté and galanterie. Lastly, the article will show that the idealized representation of Tonkin draws on a reversed perspective, opposing to Western mercantilism and “barbarity” a civilized East, which “humanizes” itself in its relationships to others.
ES :
Marcados por un estilo despersonalizado que sirve como un relato “objetivo” para no decir desilusionado, los relatos de viaje en el Oriente de Jean-Baptiste Tavernier se limitan por la mayoría a confrontar el etnocentrismo occidental. Sin embargo, su representación del Tonkin parece distinguirse por el surgimiento de una perspectiva descentrada que desplaza el modelo de la cortesía francesa y su valorización hacia la cultura del Extremo Oriente. El objetivo de este articulo es de examinar la dinámica y los riesgos de una tal transferencia cultural, y esto en un contexto de un viaje indirecto, el cual la textualización exige una legitimación particular. Evidente sobretodo en la diferencia especifica entre la autorepresentación del viajador y la representación de su hermano, su “fuente ocular,” esta legitimación será analizada a través del prisma de la relación entre la honestidad (honnêteté) y la galantería (galanterie). El articulo enseñará, por ultimo, que la representación idealizada del Tonkin invierte la perspectiva, oponiendo al mercantilismo y a la “barbarie” occidental contra un Oriente civilizado, que se “humaniza” en sus relaciones con los otros.
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Du viatique à l’épique : l’épyllion américain de Marc Lescarbot
Phillip John Usher
RésuméFR :
Dans cet article, l’auteur étudie les rapports pouvant exister à la Renaissance entre le récit de voyage et le genre épique. Dans un premier temps, l’auteur cerne quelques oppositions théoriques permettant de distinguer les deux genres, oppositions qui s’avèrent pourtant insuffisantes pour penser leur pratique à la Renaissance. Dans la suite de ces questionnements, la majeure partie de l’étude s’attache à relire un épyllion de Marc Lescarbot, La Défaite des Sauvages Armouchiquois (1607), dans sa relation intertextuelle et même interpaginale avec l’Histoire de la Nouvelle France (1609) du même auteur afin de montrer comment l’épyllion et le récit de voyage se prolongent et s’interrogent. L’auteur de l’article analyse la présence de certains épisodes du voyage de Lescarbot dans les deux textes pour dégager la spécificité de chaque (re-)présentation et pour appréhender le rôle joué par la relation très concrète qui rattache l’épyllion au récit de voyage et vice-versa. Une telle démarche, qui tient compte de la matérialité des textes épique et viatique sous forme de livres, permet de faire remarquer une évolution majeure dans la relation de ces deux genres qui, longtemps restés en France comme incompatibles, commencent à s’ouvrir l’un à l’autre.
EN :
The author of this article studies the possible relationships, in the French Renaissance, between the travel narrative and the epic genre. First, the author establishes several theoretical oppositions, which allow the two genres to be distinguished – but these oppositions are shown to be insufficient for thinking about actual practice of thee genres. To further explore such questions, the greater part of the study offers a new reading of Marc Lescarbot’s epyllion, La Défaite des Sauvages Armouchiquois (1607), in its relationship (intertextual and perhaps interpaginal) with the same author’s Histoire de la Nouvelle France (1609), in order to show how the epyllion and the travel narrative both prolong and question each other. The article’s author analyzes the presence of certain episodes of Lescarbot’s voyage in both texts, to show the specificity of each (re)presentation and to seize upon the role played by the very concrete relationship that connects the epyllion to the travel narrative, and vice-versa. Such an approach, which takes account of the epic and travel texts as books, identifies a major evolution in the relationship of the two genres which, having for a long time avoided each other in France, start to open up to each other.
ES :
El autor de este articulo estudia las relaciones posibles en el Renacimiento francés, entre el relato de viajes y el género épico. Para empezar, el autor establece algunas oposiciones teóricas que permiten distinguir los dos géneros; no obstante estas oposiciones resultan insuficientes para poder pensar su practica en el Renacimiento. Después de haber establecido estas cuestiones, la continuación de este articulo examinará el epilion de Marc Lescarbot, La Défaite des Sauvages Armouchiquois (1607), y la relación intertextual o interpaginal basándose también en la Histoire de la Nouvelle France (1609) del mismo autor para demostrar cómo el epilion y el relato de viajes se prolongan y se interrogan. El autor de este articulo analiza la presencia de algunos episodios del viaje de Lescarbot en los dos textos para extrapolar la especificidad de cada (re)presentación y para tomar el papel apropiado según la relación concretizada que relaciona al epilion con el relato de viajes y viceversa. Un proceso como éste, que toma en cuenta la materialidad de los textos épicos y viáticos en la forma de libros, permite entender la evolución principal entre la relación de estos dos géneros, que fueron incompatibles durante muchos años en Francia y que empiezan finalmente a abrirse uno a otro.
III Mémoires du voyage
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Aborder les Relations jésuites de la Nouvelle France (1632-1672) : enjeux et perspectives
Adrien Paschoud
RésuméFR :
Publiée chez l’éditeur catholique Sébastien Cramoisy entre 1632 et 1672, la collection des Relations forme une masse documentaire et scripturaire de premier plan pour qui s’intéresse à la colonisation des territoires nord-américains, mais également aux pratiques institutionnelles, doctrinales et savantes de la Compagnie de Jésus. Objet d’un intérêt renouvelé depuis les années 1980, cette publication, véritable vitrine de l’entreprise missionnaire des jésuites auprès d’un lectorat dévot et lettré, se prête à des approches croisées. Elle intéresse aussi bien les historiens et les ethnohistoriens que les spécialistes du littéraire et de l’esthétique de la réception ; elle touche également aux problématiques post-coloniales dans la mesure où elle interroge de plain-pied les rhétoriques de l’altérité (otherness) et les phénomènes de violence symbolique qui les accompagnent (une approche qu’un pan important de la critique, notamment dans le domaine de l’histoire culturelle, remet aujourd’hui en question pour privilégier une « anthropologie des zones de contact »). Cet article se propose donc de dresser un état des lieux bibliographique qui reflète plus largement la richesse d’un corpus qu’on ne saurait limiter à sa seule composante apologétique.
EN :
Published by the Catholic publisher Sébastien Cramoisy between 1632 and 1672, the collection of the Jesuit Relations forms a first rate documentary and scriptural corpus for those who are interested in the history of the colonization of the North-American territories, but also in the institutional, doctrinal and scholarly activities of the Society of Jesus. As an object of renewed interest since the 1980s, this publication, a veritable showcase of the missionary enterprise of the Jesuits, aimed at a devout and lettered public, lends itself to a variety of approaches. It also is of interest for historians and ethno-historians as well as specialists of literature and the aesthetics of reception; as well, the collection touches on post-colonial issues in that it openly interrogates the rhetorics of otherness and the phenomena of symbolic violence that accompanied them (an approach that an number of critics, notably in the domain of cultural history, have questioned in order to privilege an “anthropology of zones of contact”). This article thus proposes to present the state of bibliographical places that reflect, in a more extensive manner, the richness of a corpus that cannot only be limited to its apologetic component.
ES :
Publicada por el editor católico Sébastien Cramoisy entre 1632 y 1672, la colección de Relatos constituye una masa documentaria y bíblica de primer plano para quiénes se interesan a la colonización de los territorios norte-americanos, así como a las practicas institucionales, doctrinales y eruditas de la Compañía de Jesús. Esta obra – una verdadera vitrina de la empresa misionaria de los jesuitas hacia sus lectores devotos y letrados – fue objeto de un interés renovado desde los años 1980 y se presta a diversos enfoques. Ésta interesa tanto a los históricos como a los etnohistóricos como también a los especialistas de la literatura y de la estética de la recepción; la obra trata igualmente de las problemáticas post-coloniales cuestionando siempre a un mismo nivel las retoricas de la alteridad (otherness) y los fenómenos de violencia simbólica que las acompaña (un enfoque que una parte importante de la crítica, particularmente en el campo de la historia cultural, vuelve a poner en duda para privilegiar una “antropología de zonas de contacto”). Este articulo tiene como fin de tratar el estado de verificación bibliográfico que refleja ampliamente la riqueza de un corpus que no debería limitarse a su único componente apologético.
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La mémoire coloniale survit-elle au voyage ? Leiris, Léry et Sagard
Sébastien Côté
RésuméFR :
Parmi les mal-aimés de l’histoire littéraire, que ce soit au Québec ou en France, la relation de voyage semble occuper une place de choix, si bien que sans le rôle central joué par la « fonction-auteur » (Foucault), le corpus viatique retenu par le canon serait probablement plus restreint encore. Bref, on pourrait se demander ce que serait le Voyage en Amérique sans Chateaubriand… Le présent article examine la réception institutionnelle de trois oeuvres coloniales fort différentes, soit L’Afrique fantôme de Michel Leiris, Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil de Jean de Léry, ainsi que Le grand voyage du pays des Hurons de Gabriel Sagard. Plus particulièrement, j’insisterai sur le cas de Sagard, afin de proposer une relecture du corpus atypique de la Nouvelle-France et de la mémoire coloniale qu’il contient.
EN :
Travel literature seems to occupy a choice spot among the least popular topics of literary history in Québec and France. And this is so evident that, without the central role played by the “author-function” (Foucault), the corpus of travel narratives retained in the canon would probably be even more restricted. In sum, it still possible to ask a question such as: “What would be the Voyage en Amérique without Chateaubriand?” This article examines the institutional reception of three vastly different colonial texts : Michel Leiris’ L’Afrique fantôme, Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil by Jean de Léry, as well as Le grand voyage du pays des Hurons by Gabriel Sagard. In particular, I will focus on the case of Sagard, in order to propose a re-reading of the atypical corpus of Nouvelle France and the colonial memory it contains.
ES :
Entre los malqueridos de la historia literaria, que ya sea en Quebec o en Francia, el relatar un viaje parece ocupar un lugar de elección. De hecho, sin el papel central que ocupa la “función-autor” (Foucault), el corpus viático reservado del canon literario sería probablemente todavía más limitado. En pocas palabras, podríamos preguntar: qué sería Le Voyage en Amérique sin Chateaubriand? El presente articulo examina la recepción institucional de tres obras coloniales completamente diferentes, a saber L’Afrique fantôme de Michel Leiris, Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil de Jean de Léry, y Le grand voyage du pays des Hurons de Gabriel Sagard. Con el hecho de proponer una relectura del corpus atípico de la Nueva-Francia y de la memoria colonial que ésta contiene, insistiré particularmente sobre el caso de Sagard.