Arborescences
Revue d'études françaises
Numéro 5, juillet 2015 Acquisition du français L2 Sous la direction de Jeffrey Steele et Mihaela Pirvulescu
Sommaire (6 articles)
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Introduction
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Gender Errors in French Interlanguage: The Effect of Initial Consonant Versus Initial Vowel of the Head Noun
Jean-Marc Dewaele
p. 7–27
RésuméEN :
Many studies on gender assignment in French have focused on the effect of the final morpheme of the noun on the identification of the gender of the noun and the subsequent agreement with any determiners. The present study considers the effect of a noun’s initial vowel on gender accuracy in conversations with 36 Dutch-speaking French foreign language learners. The analysis of 1540 indefinite article + noun sequences revealed that gender accuracy was significantly lower when the noun started with a vowel. This effect was significant for French L3 learners but weaker among more advanced French L2 learners. It thus seems that an initial vowel, and the resulting gender syncretism, delays the correct identification of a noun’s gender among French L2 learners.
FR :
Beaucoup d’études sur l’assignation du genre en français ont considéré l’effet du morphème final du substantif dans l’identification du genre de celui-ci et de l’accord subséquent avec des déterminants. La présente étude se penche sur l’effet de la voyelle initiale du substantif sur l’exactitude du genre dans des conversations avec 36 néerlandophones apprenant le français comme langue étrangère. L’analyse de 1540 séquences d’article indéfini + substantif a révélé que l’exactitude du genre était significativement plus basse lorsque le substantif commençait par une voyelle. Cet effet était significatif pour les apprenants qui avaient le français comme L3 mais était plus faible parmi les apprenants plus avancés qui avaient le français comme L2. Il semble donc qu’une voyelle initiale, et le syncrétisme de genre qui en résulte, retarde l’identification correcte du genre parmi les apprenants du français langage étrangère.
ES :
Muchos estudios sobre la asignación de géneros franceses han considerado el efecto del morfema final del substantivo en la identificación de su género y de su concordancia subsecuente con los determinantes. El presente estudio analiza el efecto de la vocal inicial del substantivo sobre la exactitud del género en conversaciones con 36 neerlandófonos que aprenden el francés como lengua extranjera. El análisis de 1540 secuencias de articulo indefinido + substantivo reveló que la exactitud del género era significativamente más baja cuando el substantivo empezaba con una vocal. Este efecto era significativo por los aprendices más avanzados que tenían el francés como L2. Parece, entonces, que la vocal inicial, y el sincretismo de género que resulta, ralentiza la identificación correcta del género entre los aprendices del francés como lengua extranjera.
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Traitement de l’accord dans la parole continue chez les apprenants anglophones tardifs du français
Emily Felker, Annie Tremblay et Peter Golato
p. 28–62
RésuméFR :
Cette étude examine le traitement de l’accord dans la parole continue chez les apprenants anglophones tardifs du français, langue seconde/étrangère (L2). Elle cherche à faire le tri entre trois théories qui tentent d’expliquer pourquoi le traitement de la morphologie flexionnelle est difficile chez les apprenants tardifs de L2. Des locuteurs natifs de l’anglais ayant commencé à apprendre le français aux alentours de l’âge de douze ans et des locuteurs natifs du français ont fait une tâche de jugement d’acceptabilité auditive en français dans laquelle la dépendance d’accord en nombre entre le sujet et le verbe était courte (positions adjacentes) ou longue (positions non adjacentes). Les participants ont également fait une série de tests pouvant servir de mesures de variabilité individuelle : un test de compétence en français (test de closure), deux tests de mémoire de travail auditive (un en français l’autre en anglais), un questionnaire de familiarité aux verbes employés dans la tâche de jugements et deux tests d’aptitude verbale non spécifiques au français ni à l’anglais (mémoire phonologique et déduction grammaticale). Les résultats de la tâche de jugement d’acceptabilité montrent une sensibilité à l’accord moins élevée chez les apprenants de L2 que chez les locuteurs natifs et un effet de distance entre le sujet et le verbe seulement chez les apprenants de L2. Des analyses de régression révèlent que le niveau de compétence en français et la mémoire phonologique expliquent une partie de la variance dans les jugements d’acceptabilité. Nous discutons des implications de ces résultats quant aux trois théories qui tentent d’expliquer le manque de sensibilité à l’accord chez les apprenants tardifs de L2.
EN :
This study examines the processing of agreement in continuous speech by English-speaking late learners of French as a second/foreign language (L2). It aims to tease apart three theories that attempt to explain why the processing of inflectional morphology is difficult for late L2 learners. Native English speakers who began learning French towards the age of twelve and native French speakers completed an auditory acceptability judgment task in French in which subject-verb agreement dependencies were either short (adjacent positions) or long (non-adjacent positions). Participants also completed a series of tests that could serve as individual variability measures: a French proficiency test (cloze test), two working memory tests (one in each of French and English), a word-familiarity questionnaire targeting the verbs used in the acceptability judgment task, and two language aptitude tests not specific to French or English (phonological memory and grammatical deduction). The results of the acceptability judgment task show lower sensitivity to agreement in L2 learners than in native speakers, and an effect of distance between the subject and the verb only in L2 learners. Regression analyses reveal that proficiency in French and phonological memory explain some of the variance in the acceptability judgments. We discuss the implications of these findings in relation to the three theories that attempt to explain the lack of sensitivity to agreement in late L2 learners.
ES :
Este estudio examina la manera de tratar la concordancia en el habla continua en los aprendices anglófonos tardíos de francés, lengua segunda/extranjera. Este trata de distinguir entre tres teorías que prueban a explicar porque el tratamiento de la morfología inflexional es difícil para los aprendices tardíos de L2. Los locutores nativos de inglés que empezaron a aprender francés alrededor de los doce años y los locutores nativos de francés completaron una tarea de juzgamiento de aceptabilidad auditiva en francés en la cual la dependencia de concordancia de nombre entre el sujeto y el verbo era corta (posiciones adyacentes) o larga (posiciones no adyacentes). Los participantes también completaron una serie de pruebas que sirvieron de medidas de variabilidad individual: una prueba de competencia en francés (cloze test), dos pruebas de memoria (una en inglés y otra en francés), un cuestionario de familiaridad de los verbos usados en la tarea de juzgar, y dos pruebas de aptitud verbal no especificadas ni en francés ni en inglés (memoria fonológica y deducción gramatical). Los resultados de la tarea de juzgamiento de aceptabilidad demuestran una sensibilidad a la concordancia menos elevada en los participantes de L2 que en los locutores nativos, además, solamente en los aprendices de L2, un efecto de distancia entre el sujeto y el verbo. Algunos análisis de regresión revelan que el nivel de competencia en francés y la memoria fonológica explican una parte de la varianza en el juzgamiento de aceptabilidad. Aquí analizamos las implicaciones de estos resultados sobre las tres teorías que tratan de explicar la falta de sensibilidad a la concordancia en los aprendices tardíos de L2.
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L’acquisition L2 des compléments infinitifs français par des apprenants anglophones
Caitlin Gaffney
p. 63–96
RésuméFR :
L’acquisition L2 des compléments infinitifs français (CI ; p. ex. chercher à + infinitif, empêcher de + infinitif, aller Ø + infinitif) implique d’apprendre que le choix de la préposition (à, de ou élément nul) qui précède l’infinitif est arbitraire et qu’il doit être déterminé cas par cas. L’anglais (la L1 des participants de cette étude) utilise uniquement la préposition to ‘à’ à cette fin. Cette étude vise à répondre aux questions suivantes : (1) Quels types d’erreurs les apprenants anglophones font-ils relativement aux constructions verbales à CI ? ; (2) Y a-t-il une utilisation généralisée d’une des prépositions ? Nous avons supposé que (1) tous les apprenants utiliseraient à, de et l’élément nul dans des contextes inappropriés, (2a) que à serait surgénéralisé par les apprenants moins compétents à cause de l’influence translinguistique, (2b) tandis que de serait surgénéralisé par les apprenants plus compétents en raison de sa fréquence élevée dans l’input. Nous avons examiné la production et la compréhension des CI chez onze apprenants L2 (six moins compétents, cinq plus compétents) à l’aide d’un test à trous et d’une tâche de jugement de grammaticalité ; et nous avons trouvé (i) des erreurs relatives au choix de la préposition, (ii) ainsi qu’une surgénéralisation de la variante de que nous avons interprétée comme une conséquence de sa fréquence importante dans l’input.
EN :
The L2 acquisition of French infinitival complements (e.g., chercher à ‘seek to’ + infinitive, essayer de ‘try to’ + infinitive, vouloir Ø ‘want to’ + infinitive) involves learning that the choice of preposition (à, de, or null element) preceding the infinitive is arbitrary and must be acquired on a case-by-case basis. English (participants’ L1 in the present study) uses only the preposition to in this context. This study sought to answer the following questions: (1) What types of errors do less and more proficient Anglophone L2 learners make with infinitival complements introduced by the prepositions à, de or a null element ?; (2) Is one variant overgeneralized as a default form ? We hypothesized that (1) all learners would make incorrect preposition choices, (2a) that à would be overgeneralized by the less proficient learners due to cross-linguistic influence, (2b) while de would be overgeneralized by the more proficient learners due to input frequency. We examined 11 learners’ (six less proficient, five more proficient) production and comprehension of French infinitival complements using a cloze test and a grammaticality judgment task and found (i) errors with preposition choice; (ii) an overgeneralization of the variant de, that we propose is due to its high frequency in the input.
ES :
La adquisición L2 de los complementos infinitivos en francés (por ejemplo, chercher à ‘tratar de’ + infinitivo, empêcher de ‘impedir de’ aller Ø ‘ir’ + infinitivo) implica aprender que la elección de la preposición (à ‘a’, de ‘de’ o elemento nulo) que precede el infinitivo es arbitrario y que tiene que ser determinado caso por caso. El inglés (la L1 de los participantes de este estudio) utiliza únicamente la preposición to ‘a’ a este fin. Este estudio trata de responder a las preguntas siguientes: (1) Cuáles son los tipos de errores que los aprendices anglófonos hacen relativamente a las construcciones verbales introducidas por las preposiciones à, de o elemento nulo? (2) Existe una utilización generalizada de una de estas preposiciones? Supusimos que (1) todos los aprendices utilizarían à, de y el elemento nulo en contextos inapropiados, (2a) que à seria sobregeneralizada por los menos competentes a causa de la influencia translingüística, (2b) mientras la de sería sobregeneralizada por los aprendices mas competentes gracias a su frecuencia elevada en el input. Examinamos la producción y la comprensión de once aprendices (seis menos competentes, cinco mas competentes) con la ayuda de una prueba de cloze y pruebas de juzgamiento de gramaticalidad; y nosotros encontramos (i) errores relativos a las elecciones de la preposición, (ii) con una sobregeneralización de la variante de que interpretamos como una consecuencia de su frecuencia importante en el input.
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At the Interface between Sociolinguistic and Grammatical Development: The Expression of Futurity in L2 French: A Preliminary Study
Martin Howard
p. 97–125
RésuméEN :
As an example of socio-grammatical variation in target language French, the morphological variation at work in the expression of futurity constitutes an interesting area to intricately relate the L2 learner’s sociolinguistic and grammatical development. This conceptual entity is all the more interesting since previous studies of this variable in native speaker French point to a certain discrepancy between prescriptive and sociolinguistic norms in the speaker’s choice between the inflected and periphrastic forms as well as in the use of the present to mark futurity, whereby the prescriptively hypothesized semantic restrictions on the use of each form are not seen to be upheld in real language usage. This paper is concerned with the acquisition challenge that such a threefold choice poses to the L2 learner of French, based on a quantitative cross-sectional analysis of Irish instructed and study abroad learners of French. Reflecting previous studies of other variables (see, for example, Dewaele 2004; Mougeon et al. 2010), results suggest an important effect for naturalistic exposure on the acquisition of native speaker norms surrounding the expression of futurity, as well as for the actual target language variety to which the learners are exposed.
FR :
À titre d’exemple de la variation socio-grammaticale en français langue-cible, la variation morphologique dans l’expression du futur constitue un domaine intéressant pour lier le développement grammatical et sociolinguistique de l’apprenant L2. Cette entité conceptuelle est encore plus intéressante puisque des études antérieures de cette variable en français langue maternelle indiquent une certaine divergence entre les normes prescriptive et sociolinguistique dans le choix qu’a le locuteur entre la forme fléchie et la forme périphrastique ou même l’utilisation du présent pour marquer le futur : les restrictions sémantiques sur l’utilisation de chaque forme mises de l’avant par l’approche prescriptive ne semblent pas tenir pour l’usage de la langue réelle. Le présent article s’intéresse au défi acquisitionnel que présente le choix entre les trois formes pour l’apprenant L2, en s’appuyant sur une analyse quantitative d’apprenants irlandais du français en salle de classe et en immersion. Comme des études antérieures d’autres variables (voir, par exemple, Dewaele 2004 ; Mougeon et al. 2010), nos résultats indiquent un effet important de l’exposition naturaliste aux normes des locuteurs natifs quant à l’expression du futur, d’une part, et de la variété de la langue-cible à laquelle les apprenants sont exposés, d’autre part.
ES :
Como ejemplo de variación socio-gramatical en la lengua meta, el francés, la variación morfológica en expresiones de futuridad constituyen un área interesante para relatar intrincadamente el desarrollo sociolingüístico y gramatical del aprendedor L2. Esta entidad conceptual es más interesante todavía porque los estudios anteriores de esta variable en locutores nativos de francés demuestran una cierta discrepancia entre las normas prescriptivas y sociolingüísticas en la elección de los locutores entre las formas flexivas y perifrásticas, junto al uso del presente para marcar la futuridad, en donde las restricciones prescriptivas conjeturadas en el uso de cada forma no se mantienen en la utilización del lenguaje verdadero. Este artículo se concentra sobre el reto de la adquisición sobre los aprendedores L2 de francés y la elección triple basada sobre un análisis transversal cuantitativo de aprendedores de francés al extranjero y de aprendedores educados por Irlandeses. En relación a otros estudios sobre variables (por ejemplo, Dewaele 2004; Mougeon et al. 2010), los resultados sugieren un efecto importante por exposición naturalista sobre la adquisición de normas de locutores nativos sobre la expresión de futuridad, junto a la variedad de la lengua meta a la cual los aprendedores están expuestos.
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Nous/on : De la réalité linguistique à la salle de classe
Alain Thomas
p. 126–138
RésuméFR :
Le remplacement du pronom nous par on, fréquent en français moderne, est encore peu reconnu dans l’enseignement du FL2 au niveau universitaire canadien. Pour mieux comprendre ce retard pédagogique sur la réalité linguistique et contribuer à le réduire, nous ferons d’abord ici une synthèse des études consacrées au sujet, après un rappel historique de l’évolution des deux pronoms. Une analyse de la présentation de la première personne du pluriel dans les manuels scolaires permettra ensuite de réexaminer nos pratiques pédagogiques, non seulement pour la paire nous/on, mais aussi pour d’autres aspects du français « ordinaire », qui sont mieux acceptés dans la pratique quotidienne des locuteurs que dans le français soigné des grammairiens prescriptifs.
EN :
The replacement of nous by on, frequent in modern French usage, is still not fully recognized in FSL teaching at Canadian universities. In order to better understand and help reduce this gap between usage and pedagogy, we begin with a synthesis of the relevant research, after a historical review of the evolution of the two pronouns. Then an analysis of the way the first person plural is presented in classroom textbooks is given, leading to a re-examination of our teaching practices in that area. The discussion is finally extended to other aspects of “regular” French, which are better accepted in common speech than in the formal variety described by prescriptive grammarians.
ES :
El reemplazamiento del pronombre nous por on, frecuente en francés moderno, sigue siendo poco reconocido en el enseñamiento del FL2 a nivel universitario canadiense. Para mejor entender este retraso pedagógico sobre la realidad lingüística y para contribuir a disminuirla, este estudio hará una síntesis de los estudios consagrados a este tema, después del recuerdo histórico de la evolución de los dos pronombres. Un análisis de la presentación de la primera persona del plural en los manuales escolares permitirá luego de reexaminar nuestras practicas pedagógicas, no solamente por la pareja nous/on, pero también otros aspectos del francés “ordinario,” que son mas aceptados en la practica cotidiana de los locutores que en el francés formal de los gramáticos prescriptivos.