FR :
L’article se propose de montrer que les économistes régulationnistes peuvent intégrer la logique propre du politique dans leur approche à condition de reformuler et d’enrichir son architecture conceptuelle. Dans une première partie, sont redéfinis les notions d’économie et d’économique, du (polity) et de la (politics) politique qui permettent de conceptualiser l’État comme un complexe relationnel et institutionnel doté de sa propre économie — économie de prélèvement-redistribution. Dans une deuxième partie, un traitement de la monnaie et du droit comme médiations, cohérent avec ces distinctions analytiques, est proposé. Enfin, dans la troisième partie, l’article présente une topologie du social où, à côté des cinq formes institutionnelles de base de l’approche de la régulation, à savoir le rapport salarial, la concurrence, la monnaie, l’État et les relations internationales, on en introduit une sixième, en l’occurence, le droit, ces diverses formes n’étant plus, par ailleurs, disposées côte à côte, mais articulées de telle sorte que la logique propre du politique, dans la dualité de ses dimensions économique et politique soit prise en compte sur le même plan que la logique marchande du capital. Une conséquence immédiate de cette reformulation est que l’ordre politique étatique est tout aussi redevable d’une approche régulationniste que l’ordre marchand capitaliste, mais d’une approche régulationniste enrichie par la prise en compte des interdépendances entre ces deux ordres.
EN :
This article seeks to demonstrate that regulationist economists can account for the specific logic of politics, as long as they reformulate and enrich the conceptual architecture of their approach. The first part redefines the economy and economics, as well as the polity and politics, and it conceptualizes the state as a relational and institutional complex endowed with its own economy — an economy of taxation and redistribution. In a similar fashion, the second part portrays money and law as mediations. Finally, the third part presents a topology of the social. Besides the five basic institutional forms of the regulation approach — the wage relation, competition, money, the state, and international relations — a sixth is introduced, namely law. No longer portrayed side by side, these six forms are articulated so that the specific logic of politics is considered on the same plan as the merchant logic of capital. With this reformulation, the political order can be explained from a regulationist point of view, one that is enriched by an understanding of the interdependence between the political and capitalist orders.