Cahiers de recherche sociologique
Numéro 52, hiver 2012 Le renouvellement de la sociologie historique marxiste des relations internationales Sous la direction de Frédérick Guillaume Dufour et Benno Teschke
Sommaire (10 articles)
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Présentation : le renouvellement de la sociologie historique marxiste des relations internationales
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La théorisation du système étatique westphalien : les relations internationales de l’absolutisme au capitalisme
Benno Teschke
p. 13–50
RésuméFR :
L’article présente une approche centrée sur les relations de propriété pour théoriser la constitution, l’opération et la transformation des systèmes géopolitiques au début de l’ère moderne. Contre le paradigme répandu qui associe la codification des relations internationales modernes aux traités de Westphalie, l’article défend que la géopolitique du XVIIe et XVIIIe siècle repose sur des pratiques prémodernes. L’argument théorique ici est que le caractère personnalisé de la souveraineté dynastique se basait sur des relations de propriété précapitalistes. Le dynasticisme, en retour, s’est traduit en modes de conflit et de coopération historiquement spécifique gouvernés par une logique de compétition pour l’accumulation géopolitique. La rupture décisive vers la modernité internationale se produit avec l’avènement du premier État moderne : l’Angleterre. Après l’établissement d’un système de propriété agraire capitaliste et la transformation de l’État anglais au XVIIesiècle, l’Angleterre post-1688 amorce une restructuration des relations internationales dans un processus à long terme de développement socialement inégal et géopolitiquement combiné.
EN :
This article provides a new approach, revolving around contested property relations, for theorizing the constitution, operation and transformation of geopolitical systems, exemplified with reference to early modern international relations. Against the cross-paradigmatic IR consensus that equates the Westphalian Settlement with the codification of modern international relations, the article shows to which degree 17th and 18th century European geopolitics remained tied to rather unique pre-modern practices. These cannot be understood on the basis of realist or constructivist premises. In contrast, the theoretical argument is that the proprietary and personalized character of dynastic sovereignty was predicated on pre-capitalist property relations. Dynasticism, in turn, translated into historically specific patterns of conflict and cooperation that were fundamentally governed by the competitive logic of geopolitical accumulation. The decisive break to international modernity comes with the rise of the first modern state–England. After the establishment of a capitalist agrarian property regime and the transformation of the English state in the 17th century, post-1688 Britain starts to restructure international relations in a long-term process of geopolitically combined and socially uneven development.
ES :
El artículo presenta un enfoque orientado al análisis de las relaciones de propiedad que teoriza sobre la constitución, la operación y la transformación de los sistemas geopolíticos en el inicio de la era moderna. Contra el paradigma establecido que asocia la codificación de las Relaciones Internacionales modernas con los tratados de Westfalia, el artículo sostiene que la geopolítica del siglo XVII y delsiglo XVIII descansa sobre las prácticas premodernas. El argumento teórico aquí es que el carácter personalizado de la soberanía dinástica se basa en las relaciones de propiedad capitalistas. El regreso del sistema de la dinastía se traduce en modos de conflicto y de cooperación históricamente específicos gobernados por una lógica de competición a través de la acumulación geopolítica. La ruptura decisiva hacia la modernidad internacional se produjo con el advenimiento del primer estado moderno: Inglaterra. Luego del establecimiento de un sistema depropiedad agraria-capitalista y la transformación del estado inglés del siglo XVII, la Inglaterra post-1688 inicia un proceso a largo plazo de restructuración de las Relaciones Internacionales, socialmente desigual y geopolíticamente combinado.
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Pourquoi n’y a-t-il pas de sociologie historique internationale ?
Justin Rosenberg
p. 51–86
RésuméFR :
Les études de sociologie historique font face à un défi similaire à celui examiné par Martin Wight dans son article intitulé « Why is There noInternational Theory ? ». Les théories sociales classiques ont conceptualisé la « société » au singulier ontologique, léguant à leurs successeurs le problème de l’analogie domestique qui a opiniâtrement résisté aux tentatives de fournir une théorie sociale des Relations Internationales. Pour surmonter ce problème, il faut étendre les prémisses de la théorie sociale pour y incorporer les éléments généraux de la réalité sociale qui génèrent le phénomène de l’« international ». Il est possible de mener cette extension à bon port grâce à l’idée de développement inégal et combiné mise de l’avant par Leon Trotsky. Plus spécifiquement, l’existence de l’« international » émerge ultimement de l’inégalité de l’existence sociohistorique humaine ; on peut dériver ses caractéristiques distinctives de l’analyse de la condition résultante de « développement combiné » ; et sa signification, bien que sociologiquement redéfinie, amène une reconceptualisation du « développement » même – une reconceptualisation qui libère la sociologie historique du problème de l’analogie domestique.
EN :
Historical sociological studies face a challenge similar to that discussed by Martin Wight in “Why is there no International Theory?” Classical social theorists conceptualized “society” in the ontological singular, leaving their successors with a “domestic analogy” problem which has dogged attempts to provide a social theory of International Relations. Overcoming this problem requires an expansion of the premises of social theory to incorporate those general features of social reality which generate the phenomenon of “the international”. This expansion can be achieved using Leon Trotsky’s idea of ‘uneven and combined development’. Specifically, the existence of ‘the international’ arises ultimately from the “unevenness” of human sociohistorical existence; its distinctive characteristics can be derived from analysis of the resultant condition of “combined development”; and its significance, thus sociologically redefined, entails are conceptualization of ‘development’ itself — one which removes the source of the “domestic analogy” problem for historical sociology.
ES :
Los estudios de la sociología histórica enfrentan un desafío similar al efectuado por Martin Wight en suartículo titulado “Por qué no hay una teoría de lo internacional?”. Las teorías sociales clásicas conceptualizaron a la «sociedad» de manera singular-ontológica, legando a sus sucesores el problema de la analogía doméstica que se resistió de manera obstinada a las tentativas de proveer una teoría social de las Relaciones Internacionales. Para superar este problema, es necesario extender las premisas de la teoría social e incorporar los elementos generales de la realidad social que generaron el fenómeno de lo «Internacional». Es posible llevar esta extensión a buen puerto gracias a la idea de desarrollo desigual, combinada con la propuesta de León Trotsky. Más concretamente, la presencia de lo “Internacional” surge en última instancia de la desigualdad de la existencia sociohistórica humana; se puede derivar sus características distintivas del análisis de la condición resultante del «desarrollo combinado». Su significación, a pesar de estar definida sociológicamente, conduce a una reconceptualización del «desarrollo» en sí mismo, una reconceptualización que libera a la sociología.
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Les mythes de la déréglementation néolibérale
Leo Panitch et Martijn Konings
p. 87–103
RésuméFR :
Cet article se penche sur le consensus selon lequel la crise financière globale résulterait essentiellement, voir uniquement, d’une entreprise de dérégulation financière. Selon ces interprétations, le rôle traditionnellement joué par l’État dans la régulation de la finance se serait effrité en parallèle à la montée en puissance des institutions financières. Le corolaire de ces analyses est que le retour à une plus grande régulation serait l’avenue à privilégier afin d’amorcer une sortie de crise. L’analyse des auteurs visent à remettre en question autant la lecture dominante de la période dite de « dérégulation » que des causes de la crise. Enfin, elle défend que le diagnostic de la crise financière globale doit être établi sur de nouvelles bases qui permettent de mieux la contextualiser dans le cadre des contradictions de l’État américain contemporain.
EN :
If a single root cause has predominated in explanations of the current global financial crisis, it is “deregulation”. Lack of state oversight of financial markets is widely cited as having permitted the perilous over-leveraging of financial institutions, based on weakly securitized debt, that has brought about the present debacle.This diagnosis of the cause of the crisis also steers towards a particular solution: if deregulation allowed markets to get out of control, then we must look to re-regulation as the way out. The authors’s argument seeks to underscore the limitations of the “deregulation thesis”. The authors propose a new approach to the financial crisis in the context of the contradictions of the contemporary neoliberal American State.
ES :
Este artículo analiza la idea establecida, según el cual la crisis financiera global resultaría en última instancia – y únicamente – de una empresa de desregulación financiera. De acuerdo a esta interpretación, el rol tradicional jugado por el Estado en la regulación de las finanzas habría sido erosionado de manera paralela al aumento del poder de las instituciones financieras. El corolario de este análisis es que el regreso a una etapa de mayor regulación sería la alternativa a privilegiar, con el fin de iniciar una salida de la crisis. El análisis de los autores se orienta a poner en cuestión no sólo la lectura predominante del mencionado periodo de “desregulación” sino también las causas de la crisis. En definitiva, el análisis sostiene que el diagnostico de la crisis financiera global debe establecerse sobre nuevas bases que permitan contextualizarla en el cuadro de las contradicciones el Estado Americano Contemporáneo.
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Au-delà de l’historicisme sans sujet : les antinomies du « tournant discursif » en Relations Internationales
Thierry Lapointe
p. 105–135
RésuméFR :
Cet article vise à rendre compte des contributions théoriques des chercheurs poststructuralistes au problème du changement social et historique en relations internationales. L’auteur soutient que malgré leurs contributions à la formation d’une réflexion métathéorique dans le champ à propos des fonctions réifiantes et naturalisantes de l’épistémologie positiviste en RI, ainsi qu’à la mise en lumière du rôle du langage et du discours dans la formation des relations de pouvoir en évolution, le projet poststructuraliste n’a pas réussi à échapper aux pièges et lacunes de la réification, du fonctionnalisme et du structuralisme.
EN :
This article seeks to account for the theoretical contributions of poststructuralism to the issues of social and historical change in international relations. The author argues that despite poststructuralism’s contributions both to the ongoing metatheoretical debates in the field about the reifying and naturalizing tendencies of positivism in the study of International Relations and to the understanding of language and discourses in the formation of evolving relations of power, poststructuralism did not managed to escape the pitfalls and lacunas of reification, functionalism and structuralism.
ES :
Este artículo se orienta a dar cuenta de las contribuciones teóricas de los investigadores postestructuralistas respecto del cambio social e histórico en las Relaciones Internacionales. El autor sostiene que a pesar de los aportes de las mencionadas teorías respecto a la formación de una reflexión meta-teórica dentro del campo relacionado con las funciones reificantes y naturalizantes de la epistemología positivista en Relaciones Internacionales, así como también la puesta en evidencia del rol del lenguaje y del discurso en la formación y en la evolución de las relaciones de poder, el proyecto postestructuralista no ha logrado escapar de las trampas y las lagunas de la reificación, del funcionalismo y del estructuralismo.
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Guerre et régimes sociaux de propriété dans l’Antiquité gréco-romaine. Un retour sur les contributions des Relations internationales
Frantz Gheller
p. 137–160
RésuméFR :
Le néoréalisme et l’École anglaise dépeignent l’Antiquité gréco-romaine comme un état de guerre permanent obéissant à une logique de balance du pouvoir analogue à celle du système international contemporain. De son côté, le constructivisme insiste sur les pratiques de coopération qui régulaient les interactions entre cités-États plutôt que sur la guerre elle-même. Par une analyse comparative du développement des logiques d’expansion territoriale de la Grèce démocratique et de la république romaine, cet article offre une conceptualisation alternative des stratégies de territorialisation et d’appropriation qui ont prévalu à Athènes et à Rome. Cette conceptualisation s’ancre dans la sociologie historique des relations internationales afin de souligner comment les activités militaires qui complémentent les capacités de production et d’appropriation revêtent des formes variées qu’on gagne à comprendre en analysant la spécificité historique des régimes sociaux de propriété.
EN :
Neorealism and the English School depict Greco-Roman antiquity as a permanent state of war following a logic of ‘balance of power’ analogous to the contemporary international system. For its part, constructivism emphasizes the practices of cooperation that regulated interactions between city-states rather than war itself. Through a comparative analysis of the different logics of territorial expansion developed in democratic Greece and the Roman Republic, this article offers an alternative conceptualization of the strategies of territorialization and accumulation that prevailed in Athens and Rome. Rooted in the tradition of historical sociology in international relations, this conceptualization highlights how military activities that complement capabilities of production and appropriation can take varied forms and can be best understood by analyzing the historical specificity of different social regimes of property
ES :
Neorrealismo y la escuela inglesa describen la Antigüedad greco-romana como un estado de guerra permanente que obedece a una lógica de ‘equilibrio de poder’ semejante al sistema internacional contemporáneo. Por su parte, el constructivismo destaca las prácticas de cooperación que reglamentaban las interacciones entre las ciudades-estado más que la propia guerra. A través de un análisis comparativo de la evolución de la lógica de expansiónnterritorial de la Grecia democrática y la República romana, este artículo ofrece una conceptualización alternativa de las estrategias de territorialización y de apropiación que prevalecieron en Atenas y Roma. Esta conceptualización se basa en la sociología histórica de las relaciones internacionales y pone de relieve cómo las actividades militares que complementan las capacidades de producción y apropiación asumen una variedad de formas que sólo logramos comprender mediante un análisis de la especificidad histórica de las relaciones sociales de propiedad.
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Les relations sociales, la formation de l’État au début de l’ère moderne et le nettoyage religieux : contribution à la sociologie historique des clôtures sociales
Frédérick Guillaume Dufour
p. 161–189
RésuméFR :
Cet article propose une analyse de l’origine sociale des conflits théologico-politiques dans la Péninsule Ibérique durant le XVe siècle. Mobilisant l’analyse des clôtures sociales d’une part et celle des régimes sociaux de propriété d’autre part, l’auteur reconstruit la grammaire générative des conflits sociaux qui amenèrent l’état-major administratif à adopter les statuts de sang pure à l’origine d’un recadrage des conflits sociaux où la perception du rôle des conversos allait devenir fatal. L’auteur défend qu’en dépit de l’absence d’unethéorie raciale « scientifique », l’état-major administratif introduisit une théorie de la « culpabilité par l’hérédité » qui eut des conséquences désastreuses pour la population juive d’Espagne.
EN :
This article offers an analysis of the social origins of the religious and political conflicts in the Iberian Peninsula during the XVth century. The theoretical argument mobilizes both an analysis of social closures and an analysis of the generative grammar of social property regimes in order to reconstruct the logic of social conflicts during the era of absolutist consolidation. The empirical section reconstructs the contentions and conflicts which lead to the framing of the Conversos under the statutes of pure blood. The author argues that even though Medieval Spain did not developed a scientific theory of “races”, the administrative authority did developed a form of social closure grounded on heredity with lethal consequences for the Jewish population of Spain.
ES :
Este artículo propone un análisis del origen social de los conflictos teológico-políticos en la Península Ibérica durante el siglo XV. Analizando los límites sociales por un lado y los regimenes sociales de propiedad por otro, el autor reconstruye la gramática recreativa de los conflictos sociales que llevan al Estado Mayor Administrativo a adoptar el estatus de pura sangre dentro del contexto de los conflictos sociales, donde la percepción del rol de los conversos sería fatal. El autor sostiene que a pesar de la ausencia de una teoría racial “científica”, el Estado Mayor Administrativo introdujo una teoría de la “culpabilidad por herencia”, que tuvo consecuencias desastrosas para la población judía de España.
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Contrainte et capital : le rapport mitigé au marxisme de la sociologie historique de Charles Tilly
Hubert Rioux Ouimet
p. 191–213
RésuméFR :
Quel rapport la sociologie historique de Charles Tilly, telle que développée notamment dans ses travaux sur la formation des États nationaux européens et les grandes révolutions, entretient-elle à la sociologie historique néomarxiste et plus généralement au marxisme ? Cet article se propose d’évaluer ce rapport à partir d’une analyse de trois des plus importants travaux de Tilly en sociologie historique, soit La Vendée, publié en 1964, Les révolutions européennes 1492-1992, publié en 1993, puis Contrainte et capital dans la formation de l’Europe 990-1990, publié en 1992. Sa thèse principale est que ce rapport existe mais se distingue par son caractère mitigé. Il y est soutenu que Tilly doit plutôt être classé du côté des auteurs néowébériens, l’héritage du marxisme étant assumé mais résolument intégré au sein d’études toujours multicausales de ces grandes transformations sociopolitiques.
EN :
What relation does Charles Tilly’s historical sociology, especially as developed in its works on European nation-state formation and the great revolutions, maintain to neo-Marxist historical sociology and more generally to Marxism? This article proposes to evaluate this relation from an analysis of three of Tilly’s most important works in historical sociology, including La Vendée, published in 1964, Les revolutions européennes 1492-1992, published in 1993, and Contrainte et capital dans la formation de l’Europe 990-1990, published in 1992. Its main thesis is that this relation does exist but is distinguished by its mixed character. It is also argued that Tilly should rather be classified as a neo-Weberian author, Marxism’s legacy being assumed but firmly integrated into always multicausal studies of those great sociopolitical transformations.
ES :
Qué relación tiene la sociología histórica de Charles Tilly, especialmente en lo que se desarrolla en sus obras en europeo Estado-nación formación y la grandes revoluciones, mantener al sociología histórica neo-marxista y, en general con el marxismo? En este artículo se propone evaluar esta relación desde un análisis de tres de las obras más importantes de Tilly en sociología histórica, como La Vendée, publicado en 1964, Les Révolutions européennes 1492-1992, publicado en 1993, y Contrainte et capital dans la formation de l’Europe 990-1990, publicado en 1992. Su tesis principal es que esta relación existe, pero se distingue por su carácter mitigada. También se argumenta que Tilly y no debe ser clasificado como un autor neo-weberiana, el legado del marxismo, sino que se asume firmemente integradas en estudios siempre multicausal de las grandes transformaciones sociopolíticas.
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Sociétés contemporaines et actualité de l’analyse de classe : une critique des théories de la société postindustrielle et des conceptions statiques des classes sociales
Xavier Lafrance
p. 215–242
RésuméFR :
Les travaux de Daniel Bell sur la société post-industrielle décrivent la dilution de la classe des travailleurs et l’essor d’une nouvelle forme de stratification sociale articulée au contrôle de l’information. À partir des années 1980, et encore aujourd’hui, plusieurs auteurs du monde anglophone se sont inspirés de ces travaux afin de théoriser la fin de classes sociales. Ceux-ci ont tendance à associer le destin de la classe des travailleurs à l’essor et au déclin de la phase spécifiquement industrielle du capitalisme. Au cours des trente dernières années, Erik Olin Wright a tenté de répondre au défi lancé par les théories de la société post-industrielle en renouvelant l’analyse des classes des sociétés capitalistes avancées à travers la production de cartographies des structures de classes très élaborées. Une telle analyse synchronique présente toutefois de nombreuses lacunes et prête flanc aux critiques qui y voient un modèle abstrait arbitrairement apposé à la réalité sociale. S’il est important d’insister sur le fait que les divisions de classes associées au capitalisme sont plus important que jamais au sein des sociétés contemporaines, le renouvellement de leur analyse passe aussi par une conception des classes comme processus et relations ancrés dans un rapport d’exploitation historiquement spécifique, telle que proposée par Edward Palmer Thompson.
EN :
The work of Daniel Bell on the post-industrial society describe the dilution of the working class and the rise of a new form of social stratification articulated to the control of information. From the 1980s, and still today, many authors in the anglophone world have been inspired by his work in their attempts to theorize the death of class. These authors tend to relate the evolution of the working class to the rise and fall of the specifically industrial phase of capitalism. Over the last thirty years, Erik Olin Wright has attempted to face the challenge brought forward by post-industrial society theories by renewing the class analysis of advanced capitalist societies through the production of very elaborated class maps. Such a synchronic analysis, however, implies important lacuna and is exposed to critics that describe it as an abstract model arbitrarily applied upon social reality. If it is important to insist on the fact that class divisions entailed by capitalism are more important than ever before in contemporary societies, the renewing of their analysis is also asking for a conception of class as a process and a relation stemming from a historically specific form of exploitation, as suggested by Edward Palmer Thompson.
ES :
Los trabajos del Daniel Bell sobre la sociedad post-industrial describen la dilución de la clase de los trabajadores y el origen de una nueva forma de estratificación social articulada sobre el control de la información. A partir de los años 1980 – y hasta nuestros días – muchos autores del mundo anglófono se inspiran en estos trabajos con el fin de teorizar sobre el fin de las clases sociales. Estos autores tienen la tendencia a asociar el destino de la clase de los trabajadores con el surgimiento y la caída de la fase específicamente industrial del capitalismo. En el curso de los últimos treinta años, Erik Olin Wright intentó responder al desafío lanzado por las teorías de la sociedad post-industrial renovando el análisis de las clases en las sociedades capitalistas avanzadas a través de la producción de cartografías de estructuras de clase muy elaboradas. Sin embargo, este tipo de análisis sincrónico presenta numerosas lagunas y se expone a críticas directas que lo ven como un modelo abstracto, arbitrariamente opuesto a la realidad social. Si es necesario insistir en el hecho de que las divisiones de clase asociadas al capitalismo son más importantes que nunca en el seno de las sociedades contemporáneas, la renovación de su análisis pasa también por una concepción de clase que resulta de un proceso y de una relación instituida, que proviene de una forma de explotación históricamente especifica, tal como la que propone Edward Palmer Thompson.
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Relire la violence dans la société colombienne à la lumière des relations sociales et internationales
Leila Celis
p. 243–269
RésuméFR :
La violence qui s’acharne contre la société colombienne a été l’objet d’une abondante littérature dans laquelle le chaos devient l’explicandum de l’action d’acteurs armés multiples : guérilla, délinquance ordinaire, paramilitaires, narcotrafiquants, Forces armées. Dans le récit officiel du conflit, l’État dit se battre contre différentes forces afin de protéger la population et les institutions légalement établies. Cependant, la violence politique institutionnelle a été, de la colonie à aujourd’hui, le principal mécanisme d’ascension au pouvoir, de même que l’appareil d’État demeure un moyen privilégié d’enrichissement. En analysant les relations sociales, ce texte démontre que les élites économiques et politiques de la société colombienne sont les principales responsables et bénéficiaires de la violence qu’elles disent combattre.
ES :
La violencia que se ensaña contra la sociedad colombiana ha sido objeto de estudio de una literatura prolifera, alrededor de la cual el caos es el explicandum de la acción de múltiples actores armados: guerrilla, delincuencia común, paramilitarismo, narcotraficantes, Fuerzas armadas. En el relato oficial del conflicto, el Estado dice combatir diferentes fuerzas con el objetivo de proteger la población y las instituciones legalmente establecidas. Sin embargo, la violencia política institucional ha sido, desde la colonia hasta hoy, el mecanismo principal para ascender al poder de la misma forma que el aparato de Estado sigue siendo un medio privilegiado para el enriquecimiento. Analizando las relaciones sociales, este texto demuestra que las élites económicas y políticas de la sociedad colombiana son las principales responsables y beneficiarias de la violencia que dicen combatir.