Résumés
Résumé
Les enjeux relatifs à la parentalité – telles les capacités reproductives de la femme ou la capacité de l’homme à assurer le confort matériel de sa famille – sont fréquemment présentés comme des facteurs influençant les individus à choisir une relation intime où l’homme est plus âgé que la femme. Toutefois, peu de chercheurs se sont intéressés aux expériences vécues des individus entretenant des relations intimes hypogamiques en termes d’âge – soit les relations où la femme est plus âgée que son partenaire – et on ignore, à ce jour, si ces thèmes affectent la durabilité de ce genre de relation et, si tel est le cas, de quelle façon. À l’aide de 55 entrevues semi-dirigées menées auprès de femmes âgées de 30 à 60 ans qui ont un (ou des) partenaire(s) intime(s) plus jeune(s) qu’elles, j’explore dans cet article la perspective des femmes quant à la façon dont la question des enfants influence le développement de leur(s) relation(s) hypogamique(s) en termes d’âge. Ces entrevues révèlent que dans le contexte de développement initial des relations hypogamiques en termes d’âge, les enjeux associés à la parentalité influencent les choix conjugaux des femmes et ceux-ci sont principalement perçus comme des obstacles au développement et à la pérennité de leurs relation(s). Précisément, les limites biologiques à la fertilité féminine ainsi que le rapport (perçu) que les hommes plus jeunes entretiennent avec la conjugalité et parentalité s’imposent aux yeux des femmes comme des éléments nuisant à leur capacité de développer des relations durables avec des hommes plus jeunes. Cependant, peu de femmes décrivent l’(in)capacité des hommes plus jeunes à assurer le confort matériel de leur famille comme un obstacle au développement de ce type de relation intime.
Mots-clés :
- Écart d’âge,
- relation amoureuse,
- parentalité,
- fertilité,
- rapports sociaux de sexe,
- rôles de genre
Abstract
Issues related to children – such as a woman’s reproductive abilities or a man’s ability to provide material comfort to his family – are frequently presented as factors influencing (heterosexual) individuals to choose intimate relationships where the man is older. However, few researchers have investigated the lived experiences of individuals invested in age-hypogamous intimate relationships – i.e. relationships where the woman is older than her male partner. Therefore, it is unclear whether these themes actually affect the longevity of such relationships and if so, how they affect them. Drawing on 55 semi-structured interviews with women aged 30-60 who date younger men, I explore in this article their perspective regarding the way issues related to children influence the development of their age-hypogamous intimate relationships. Results show that in the context of age-hypogamous dating, this theme does influence women’s choices and it is perceived mainly as an obstacle to the development and sustainability of their relationships. Specifically, the (perceived) biological limitations of female fertility as well as younger men’s (perceived) relationship to coupledom and parenthood are seen by women as complicating their ability to develop long-term relationships with younger men. Few women reported younger men’s (in)ability to offer material comfort to his family as an obstacle to the longevity of age-hypogamous intimate relationships.
Keywords:
- Age differences,
- Romantic relationships,
- Parenthood,
- Fertility,
- Gendered social roles
Resumen
Los desafíos relativos a la parentalidad – tales como las capacidades reproductivas de la mujer o la capacidad del hombre de asegurar el confort material de la familia - son frecuentemente presentados como factores que inciden sobre los individuos en el momento de elegir una relación íntima y cuando el hombre tiene mayor edad que la mujer.
A pesar de ello, pocos investigadores se han interesado en las experiencias vividas por los individuos que mantienen relaciones íntimas del tipo hipogámicas en término de edad – y aún en aquellas relaciones donde la mujer tiene mayor edad que su pareja – e ignoran, hasta el día de hoy, si estos temas afectan la duración y la manera como se da este tipo de relación.
Con el apoyo de 55 entrevistas semi-dirigidas llevadas a cabo entre mujeres que poseen entre 30 y 60 años, que tienen una o varias parejas intimas más jóvenes que ellas, en este artículo voy a explorar la perspectiva de las mujeres en relación con la cuestión de cómo los niños influencian el desarrollo de su (s) relación (es) hipogámica(s) y en términos de edad. Estas entrevistas revelan que en un contexto de desarrollo inicial de relaciones hipogámicas en términos de edad, los desafíos asociados a la parentalidad influencian en las elecciones conyugales de las mujeres y son percibidos principalmente como obstáculos en el desarrollo y en la duración de su (s) relación (es).
Precisamente, los límites biológicos sobre la fertilidad femenina, como así también la relación (que se percibe) sobre los hombres más jóvenes respecto a la vida conyugal y a la parentalidad, son vistas desde la mirada de las mujeres como elementos que perjudican su capacidad de desarrollar relaciones de mayor duración con este tipo de hombres. Pese a ello, no pocas mujeres describen la (in)capacidad de los hombres más jóvenes a asegurar el confort material de su familia como un obstáculo al desarrollo de este tipo de relación íntima.
Palabras clave:
- Diferencia de edad,
- Relación amorosa,
- Parentalidad,
- Fertilidad,
- Relaciones sociales de sexo,
- Roles de género
Corps de l’article
Lorsqu’il s’agit des relations intimes hétérosexuelles, la majorité des femmes optent pour une relation intime hypergamique en termes d’âge, c’est-à-dire une relation où l’homme est plus âgé que la femme[2]. Selon plusieurs chercheurs, la prédominance des relations intimes hypergamiques en termes d’âge serait en grande partie reliée aux enjeux relatifs à la parentalité. Par exemple, les chercheurs adeptes de la psychologie évolutionniste avancent que les hommes opteraient généralement pour une relation hypergamique en termes d’âge afin de maximiser leurs chances de procréation, alors que les femmes feraient ce choix afin de maximiser les chances de survie et le bien-être de leur progéniture[3]. En fait, les questions entourant le projet parental sont souvent présentées comme un des obstacles majeurs à la formation et à la pérennité des relations intimes où la femme est plus âgée, soit les relations hypogamiques en termes d’âge[4]. Toutefois, peu de chercheurs se sont intéressés à ce type de relation intime de manière à savoir si ces thèmes affectent effectivement la qualité et la durabilité de ce genre de relation et si tel est le cas, la façon dont ces thèmes affectent ces relations.
À l’aide de 55 entrevues semi-dirigées menées auprès de femmes vivant sans conjoint, âgées de 30 à 60 ans et ayant (ou ayant récemment eu) un (ou des) partenaire(s) intime(s) plus jeune(s) qu’elles, j’explore dans cet article la perspective de ces dernières quant à la façon dont la parentalité influence le développement de leur(s) relation(s) hypogamique(s) en termes d’âge. Ces entrevues révèlent que dans le contexte hypogamique en termes d’âge, cette question fait partie des principales considérations affectant les choix conjugaux des femmes et que cet enjeu est principalement perçu par les femmes comme un obstacle à durabilité de leur(s) relation(s). Précisément, les préoccupations entourant les différences biologiques (perçues) en matière de fertilité féminine et masculine ainsi que le rapport (perçu) que les hommes plus jeunes entretiennent avec la conjugalité et parentalité influencent le choix des femmes de s’investir à long terme ou non avec leur partenaire plus jeune. La capacité financière des hommes à assurer le confort matériel de sa famille est, quant à elle, une thématique moins présente dans le discours des femmes.
Revue de littérature
Expliquer la prédominance de l’hypergamie en termes d’âge : approches théoriques
En Amérique du Nord, tout comme dans presque toutes les autres sociétés à travers le monde, la plupart des femmes choisissent un homme plus âgé comme partenaire de vie[5]. Une analyse de tous les mariages hétérosexuels célébrés au Québec au cours de l’année 2015 révèle que le mari est plus âgé que sa conjointe dans deux nouvelles unions sur trois et que l’écart d’âge moyen entre les nouveaux mariés est de de 4,4 ans[6]. S’il y a quand même une proportion considérable de mariages ou d’unions de faits hypogamiques en termes d’âge en Amérique du Nord, il faut préciser que la femme n’est généralement que légèrement plus âgée que son partenaire, soit de 1 à 4 ans son aînée[7].
Parmi les approches théoriques les plus souvent utilisées pour expliquer la prédominance de l’hypergamie en termes d’âge en sein des couples hétérosexuels, on note la psychologie évolutionniste[8]. S’inspirant de la théorie évolutionniste moderne, de la biologie et de la psychologie cognitive, la psychologie évolutionniste postule que le comportement humain est influencé par des mécanismes psychologiques inconscients qui se seraient développés à travers le temps afin de permettre à l’humain de résoudre les problèmes nuisant à la survie de l’espèce. Selon cette théorie, les hommes et les femmes auraient développé des préférences différentes en matière de choix de partenaires et de pratiques sexuelles en grande partie parce que les femmes seraient « naturellement » plus impliquées physiologiquement que les hommes dans la survie de leur progéniture – par exemple, pendant la grossesse et l’allaitement – et que la fertilité des femmes est beaucoup plus étroitement liée à l’âge que celle des hommes[9]. Ainsi, les hommes chercheraient à multiplier les conquêtes sexuelles et ils privilégieraient les jeunes femmes, le tout dans le but de maximiser leur chance de procréation et d’avoir le plus d’enfants possible[10]. De l’autre côté, les femmes cherchaient plutôt à maximiser les chances de survie de leurs enfants. Ainsi, elles préféreraient les relations intimes de longue durée et chercheraient un partenaire plus âgé dans l’espoir que celui-ci soit en mesure d’assurer confort matériel et protection[11]. En raison de son accent mis sur le désir inconscient de se reproduire, la psychologie évolutionniste est toutefois plutôt limitée en termes d’outils théoriques permettant d’expliquer les relations hypogamiques en termes d’âge - ou tout comportement sexuel n’ayant aucun potentiel reproducteur, telles la masturbation, la pédophilie ou l’homosexualité.
La théorie de l’échange social[12] est aussi couramment utilisée pour expliquer la prédominance des relations hypergamiques en termes d’âge. Ici, le choix de partenaire est compris comme une décision rationnelle fondée sur un calcul logique. Selon cette théorie, chaque personne se présente sur le « marché » du célibat avec l’intention de trouver un(e) partenaire ayant le plus de qualités désirées possible. La théorie prédit que puisque tous cherchent à attirer l’attention des personnes ayant la plus grande « valeur », les individus ayant des caractéristiques moins valorisées devraient réduire leurs attentes afin de trouver un(e) partenaire[13].
Appliqués à l’hypergamie en termes d’âge, plusieurs avancent qu’il s’agit en fait d’un échange rationnel entre les femmes et les hommes, tenant compte de ce qui est hautement valorisé par ces deux groupes. D’un côté, les femmes placeraient beaucoup d’importance sur le statut socioéconomique des hommes, tandis que les hommes porteraient particulièrement attention à l’apparence physique d’une femme ou à ses capacités reproductives[14]. Cette conception de la valeur des hommes et des femmes en tant que partenaire intime mène certains auteurs à présenter les relations hypogamiques de façon plutôt négative. Certains abordent ces relations comme un choix de dernier recours pour les femmes âgées, interprétant leurs choix comme une preuve qu’elles n’ont pas été en mesure d’intéresser les hommes de leur âge[15]. D’autres avancent qu’il est peu probable qu’une relation hypogamique en termes d’âge dure dans le temps, puisqu’une femme d’âge avancé pourrait ne pas être en mesure d’offrir une progéniture à son partenaire[16].
À travers l’examen des rapports de pouvoir homme-femme, la perspective féministe permet, quant à elle, d’analyser la capacité des hommes et des femmes de négocier et d’imposer leurs désirs et préférences en matière de sexualité et de conjugalité[17]. Elle permet entre autres de mettre en lumière les facteurs historiques et structurels influençant les femmes à faire certains « choix » conjugaux[18]. Par exemple, en raison des inégalités économiques entre hommes et femmes, on peut remettre en question l’idée selon laquelle les femmes « préfèrent » les traits indicateurs du statut socioéconomique à d’autres types de caractéristiques chez un homme et suggérer que les femmes sont poussées à concevoir l’union hétérosexuelle comme une façon d’améliorer leur situation économique et d’assurer leur bien-être et celui de leurs enfants[19].
L’approche féministe permet aussi de mettre en lumière les facteurs socioculturels pouvant influencer les choix conjugaux des individus, tels les doubles standards genrés en matière de sexualité qui permettent une plus grande permissivité sexuelle aux hommes quant au nombre de partenaires sexuels qu’ils peuvent avoir et aux contextes dans lesquels les relations sexuelles peuvent se produire[20], le script traditionnel en matière de séduction et de formation initiale de la relation qui encourage la femme à jouer un rôle passif et à attendre d’être choisie par l’homme[21] ou encore l’association culturelle entre la valeur des femmes, l’apparence physique et la jeunesse qui dévalue le vieillissement chez les femmes[22]. Ainsi, il est possible que les femmes se sentent moins à l’aise que les hommes d’approcher une personne plus jeune ayant attiré leur regard et de manifester leur intérêt, de peur d’aller à l’encontre des attentes normatives en matière de performance du genre ou d’être rejetée. Puis, considérant que la féminité est fortement associée au rôle de conjointe et de mère[23], on peut interpréter le désir des femmes en âge de procréer de trouver un conjoint prêt à s’investir dans une relation sérieuse et à fonder une famille comme résultant des attentes normatives qui contraignent les femmes vers la maternité.
Durabilité des relations hypogamiques en termes d’âge : données empiriques
Puisque les hommes sont imaginés comme priorisant avant tout la jeunesse chez les femmes et que ces dernières sont imaginées comme cherchant un homme établi financièrement, les relations hypogamiques en termes d’âge sont fréquemment dépeintes comme des relations éphémères qui n’ont aucune chance de survie[24]. Les recherches démontrent toutefois que ces relations peuvent durer et mener à la cohabitation ou au mariage[25]. En fait, à la lumière des études quantitatives, force est de constater que l’on peut difficilement déterminer si la différence d’âge a une influence positive, négative ou nulle sur la qualité de la dynamique interpersonnelle au sein de ces couples[26] ou sur la longévité de ces unions[27].
Alors que les enjeux relatifs à la parentalité - telles les capacités reproductives de la femme ou la capacité de l’homme à assurer le bien-être financier de sa famille - sont fréquemment présentés comme des facteurs influençant les individus à choisir une relation hypergamique en termes d’âge, la façon dont ces thèmes peuvent potentiellement affecter les individus qui entretiennent des relations hypogamiques en termes d’âge a été largement ignorée par les chercheurs jusqu’à présent. Seules quelques études ont exploré l’expérience vécues des individus investis dans une relation hypogamique en termes d’âge et celles-ci dressent un portrait quelque peu contradictoire. Par exemple, l’étude de Warren[28] suggère que la question des enfants est rarement rapportée comme étant un élément négatif associé à la différence d’âge tandis que le statut socioéconomique du conjoint est souvent décrit par les femmes comme un irritant. De leur côté, Proulx et ses collègues[29] constatent que l’(in)fertilité de la conjointe est souvent présentée par leurs participants comme un défi important auquel ils sont confrontés dans leur relation, alors que les enjeux relatifs à l’argent ou au statut professionnel sont rarement présentés comme des obstacles.
Ainsi, afin de contribuer à la littérature sur les relations intimes hypogamiques en termes d’âge et de mieux comprendre les facteurs qui peuvent influencer la longévité de ces relations, cet article explore la façon dont les enjeux relatifs à la parentalité peuvent affecter les choix conjugaux des femmes entretenant des relations intimes avec des hommes plus jeunes. Plus précisément, je me penche sur l’importance de cette thématique durant le développement initial de relations intimes (communément identifié comme le dating dans la littérature anglophone) de manière à clarifier la façon dont ces enjeux peuvent faciliter/compliquer le développement des relations hypogamiques en termes d’âge.
Méthodologie
Échantillonnage et recrutement
Cet article présente une partie des résultats ayant émergé d’une étude traitant des expériences des femmes qui entretiennent des relations intimes hypogamiques en termes d’âge, et ce, dans le contexte du développement initial de relations intimes. À cette fin, les femmes invitées à participer à l’étude ne devaient être ni mariées ni habiter avec leur(s) partenaire(s) plus jeune(s). De plus, afin d’être incluses dans l’étude, les femmes devaient être nées au Canada, parler couramment français ou anglais, être âgées de 30 à 60 ans et entretenir présentement (ou avoir entretenu au cours des trois dernières années) une relation intime hypogamique en termes d’âge. Afin d’arrimer les concepts utilisés ici avec ceux que l’on retrouve couramment dans la littérature traitant de l’hétérogamie en termes d’âge[30] et de faciliter les comparaisons, la notion de « relation intime hypogamique en termes d’âge » est définie ici comme toute relation intime où la femme est au moins cinq ans plus âgée que son partenaire.
L’étude a été menée dans la région du Grand Montréal (Québec, Canada). Le recrutement des participantes a été effectué à l’aide des dépliants qui ont été distribués dans divers événements publics ou semi-privés attirant une clientèle féminine, ainsi qu’à travers une affiche numérique qui a circulé sur les réseaux sociaux. Afin d’analyser la façon dont l’âge chez une femme pouvait influencer ses expériences, une technique d’échantillonnage stratifié en fonction de l’âge des femmes a été retenue. L’échantillon comporte 55 femmes et il a été développé de manière à créer trois groupes d’âge comprenant un nombre similaire de participantes : 21 femmes dans la trentaine, 19 participantes dans la quarantaine et 15 femmes âgées de 50 à 60 ans[31].
Environ la moitié (28 femmes) des participantes était mère, alors que les autres n’avaient pas d’enfants ; toutefois, il y avait plus de femmes dans la trentaine que dans les autres groupes d’âge qui n’avaient pas d’enfants (voir Tableau 1). Tandis que seule la moitié des participantes dans la trentaine (10 femmes) avaient déjà été mariées ou vécu en union de fait, toutes les femmes dans la quarantaine et cinquantaine à l’exception d’une participante avaient déjà vécu au moins un de ces deux types de relation. Les profils socioéconomiques des participantes étaient assez diversifiés. En termes de revenu annuel, 8 participantes ont rapporté moins de 30 000 $, 28 participantes ont rapporté faire annuellement entre 30 000 $ et 59 999 $, 10 femmes ont indiqué un salaire annuel oscillant entre 60 000 $ à 89 999 $, 9 ont mentionné faire 90 000 $ ou plus et quatre femmes ont préféré ne pas répondre. En ce qui a trait au niveau d’éducation atteint, quatre femmes avaient seulement un diplôme d’études secondaires ou moins, 18 participantes avaient complété un diplôme d’études collégiales, 19 avaient obtenu un diplôme de baccalauréat et 18 avaient un diplôme d’études supérieures. La grande majorité des participantes se sont identifiées comme étant « blanches » ; seules deux participantes se sont identifiées comme appartenant à un autre groupe.
Collecte de données et analyse
La collecte de données a été effectuée en 2015, et ce, à l’aide d’entrevues semi-dirigées individuelles. Avant de commencer l’entrevue, chaque participante a signé un formulaire de consentement et rempli un bref questionnaire sociodémographique. Durant l’entrevue, les participantes ont été invitées à raconter à quel moment de leur vie elles ont commencé à entretenir des relations intimes avec des hommes plus jeunes, comment elles ont rencontré leur(s) partenaire(s) plus jeune(s), comment elles jugent de la désirabilité d’un partenaire et du potentiel d’une relation intime, comment elles font sens de l’intérêt que les hommes plus jeunes ont pour elles, quelles différences elles perçoivent entre les relations hypogamiques en termes d’âge et celles avec des hommes de leur âge ou plus âgés et, finalement, comment elles entrevoient le futur avec leur(s) partenaire(s) intime(s) plus jeune(s). Les entrevues ont été menées en français ou en anglais, dépendamment de la préférence des participantes. Les entrevues ont duré en moyenne 1 heure et 45 minutes, elles ont toutes été enregistrées à l’aide d’une enregistreuse audio et elles ont été retranscrites. Puis, afin de résumer l’expérience vécue des participantes, un « mémo »[32] présentant les thèmes importants aux yeux de la participante et résumant le sens que cette dernière donnaient à ses expériences a été rédigé pour chacune des entrevues.
Les données ont été analysées à l’aide du logiciel MAXQDA11. Une première étape de codage a été effectuée à partir d’une liste préconstruite de codes élaborée en fonction des principaux thèmes retrouvés dans le guide d’entrevue ainsi que ceux identifiés grâce aux mémos. Toutefois, tout au long de cette première étape de codage, de nouveaux codes ont été créés afin de refléter les thèmes émergents[33]. Une deuxième ronde de codage a par la suite été menée afin d’assurer que chaque information pertinente avait été classée dans le bon code. Les codes ont ensuite été regroupés sous forme de catégories, lesquelles permettent de représenter les phénomènes observés[34]. Les entrevues ont été analysées un groupe d’âge à la fois, afin de faciliter l’identification de potentielles différences entre les femmes de différents âges. Les citations présentées ci-dessous ont été traduites en français, si elles étaient tirées d’entrevues menées en anglais. Toute information permettant d’identifier une participante a été modifiée ou censurée afin d’assurer la confidentialité des participantes.
Résultats
À la lumière d’entrevues menées auprès de femmes entretenant des relations intimes avec des hommes plus jeunes, on constate que la parentalité fait partie des principales considérations affectant les choix conjugaux des femmes et que cet enjeu est principalement perçu par les femmes comme un obstacle à la survie à long terme de leur(s) relation(s). La majorité des participantes les plus jeunes n’ayant pas d’enfants craignent de manquer le bateau de la maternité en attendant que leur partenaire soit prêt à devenir père ou doutent des capacités de ce dernier à assumer pleinement le rôle de coparent. La plupart des participantes plus âgées, quant à elles, anticipent que leur jeune partenaire voudra éventuellement fonder une famille avec une femme en âge de procréer ou, si leur partenaire est déjà père, que celui-ci attende d’elles qu’elles s’impliquent activement auprès de ses enfants. Le statut socioéconomique du partenaire est cependant peu souvent rapporté comme un obstacle à la pérennité des relations hypogamiques en termes d’âge, et ce, peu importe l’âge des participantes. Finalement, pour certaines participantes, telles les femmes en âge de procréer qui rejettent l’injonction culturelle à la maternité, le thème de la parentalité est présenté comme un avantage des relations intimes avec des hommes plus jeunes.
Les limites (perçues) à la fertilité féminine
Les différences en matière de fertilité féminine et masculine sont présentées par la grande majorité des participantes comme compliquant le développement d’une relation sérieuse à long terme avec leur partenaire plus jeune. Chez les participantes les plus jeunes, c’est la crainte de rater le bateau de la maternité qui s’impose comme thème dominant. Il importe de rappeler que la plupart des femmes dans la trentaine (et quelques femmes dans le début de la quarantaine) ayant participé à cette étude d’ont pas d’enfant et que la majorité d’entre elles désirent un jour devenir mère. Leur réflexion quant au futur de leurs relations hypogamiques en termes d’âge est influencée, en partie, par les ambitions parentales perçues de leurs partenaires plus jeunes, à savoir si ces ambitions correspondent à leurs propres capacités reproductives et projet parental.
Plusieurs des femmes sans enfant dans la trentaine ou au début de la quarantaine refusent de trop s’investir émotionnellement avec leur partenaire plus jeune de peur de rater l’occasion de devenir mère. Par exemple, Felicity, 40 ans, explique que quoiqu’elle trouve ses relations intimes hypogamiques en termes d’âge très satisfaisantes sur le plan sexuel, elle ne croit pas que celles-ci pourraient être plus que de brèves aventures du fait que les hommes dans la vingtaine ou début trentaine ne sont généralement pas prêts, selon elle, à devenir père.
Honnêtement, je recherche un partenaire plus de mon âge, parce que je veux une relation sérieuse. J’ai 40 ans, heu, il ne me reste pas grand temps pour avoir des enfants, en tout cas. Heu, c’est quelque chose qui me… qui, je pourrais dire, me bouleverse. À 40 ans je suis en train de peut-être faire… Est-ce que je fais un deuil sur avoir des enfants ? Fait que je cherche plus un homme de mon âge. Mais, je trouve ça important d’avoir une vie sexuelle active (rire). J’aime le sexe, pis heu, les hommes plus jeunes sont le fun.
Felicity, 40 ans, sans enfant
Certaines des participantes sans enfant dans la trentaine ou début quarantaine se permettent, malgré le risque perçu, de développer une relation sérieuse avec leur partenaire plus jeune. Par exemple, Zoey, 35 ans, est en relation depuis environ trois ans avec Gavin, 24 ans. Quoiqu’elle ait fait le choix de s’investir sérieusement dans sa relation avec lui et qu’elle espère que celle-ci durera, elle admet que la question des enfants est un élément quelque peu angoissant. Élaborant sur la façon dont la question de la parentalité affecte sa vision du futur avec lui, elle affirme :
On a comme commencé à en parler. Mais, je ne veux pas lui mettre de la pression. Et, dans un sens, je fais comme un peu le choix de peut-être jamais avoir d’enfants… Parce que je choisis d’être avec lui. Mais, je sais qu’il en veut, des enfants. Donc, peut-être que ce sont des questions qu’on va plus se poser plus tard ? (rire) Mais c’est sûr que ça me chicotte. Parce que je veux des enfants. Et puis, quand il va vouloir en avoir, je ne serai peut-être plus capable d’en avoir ? […] Va-t-il me laisser pour une fille plus jeune ?
Zoey, 35 ans, sans enfant
Évaluant la possibilité de bâtir une relation sérieuse avec leur partenaire plus jeune, les femmes dans la quarantaine et cinquantaine qui ne désirent plus ou ne peuvent plus avoir d’enfants ont, quant à elles, plutôt tendance à imaginer qu’elles ne seront en mesure de satisfaire l’éventuel désir parental de leur partenaire, ce qui poussera probablement leur couple vers la rupture. En effet, bon nombre d’entre elles croient que ce n’est qu’une question de temps avant que l’appel de la paternité ne s’impose comme un obstacle insurmontable au sein de la relation. Par exemple, Olivia, 42 ans, explique qu’elle ne se « permet jamais de tomber amoureuse de ses partenaires plus jeunes » et qu’elle s’oblige à voir ses relations hypogamiques en termes d’âge comme de simples aventures passagères. Élaborant sur les raisons pour lesquelles elle ne peut envisager de développer une relation sérieuse avec ses partenaires plus jeunes, elle présente l’appel de la paternité chez les hommes dans la trentaine comme un obstacle majeur au développement de relations hypogamiques en termes d’âge : « Il y a combien de gars qui, à 30 ans, disent ‟tu sais, je ne veux pas d’enfants” mais que lorsqu’ils arrivent à 36 ans, oups, ils sont comme ‟Je veux vraiment avoir des enfants”. Pis moi, je leur dis ‟Je ne te blâme pas. Tu devrais en avoir. Mais tu ne pourras pas les avoir avec moi” ».
En fait, bon nombre des femmes dans la quarantaine et cinquantaine éprouvent de la difficulté à croire leurs partenaires plus jeunes lorsqu’ils affirment qu’ils ne désirent pas avoir des enfants. Ces femmes interprètent parfois ces propos comme une stratégie pour les amadouer et les convaincre d’entreprendre une relation intime hypogamique en termes d’âge, malgré leurs réticences. D’autres remettent en question la capacité de leurs partenaires plus jeunes à déterminer avec certitude qu’ils ne voudront jamais d’enfants et affirment que ces derniers vont sûrement changer d’idée en vieillissant. Certaines participantes plus âgées ressentent d’ailleurs une responsabilité morale face aux choix amoureux que peuvent faire leur(s) partenaire(s) plus jeune(s) et ressentent une certaine culpabilité à l’idée de les empêcher d’avoir un jour des enfants (biologiques). Béatrice, 56 ans, raconte son expérience avec Patrick, de 16 ans son cadet, qu’elle a fréquenté pendant sept ans de façon intermittente, jusqu’à tout récemment. Elle explique que malgré les sentiments forts qu’elle ressentait pour lui, elle ne pouvait concevoir nuire à son rêve d’avoir un jour, lui aussi, des enfants. Ainsi, elle tentait de le convaincre de chercher une femme dans la trentaine, même si lui désirait continuer la relation.
Je lui disais « ok, vas-y sur Réseau Contact [un site de rencontre], parce que de toute façon là, moi je veux que tu aies des enfants. Tu en veux ». Lui, il en voulait. Puis je lui disais « moi, j’aimerais mieux que tu en aies, c’est la plus belle affaire qui peut t’arriver dans la vie. Puis, moi je ne veux pas te barrer là-dedans. Écoute, c’est sûr que je m’attache à toi, mais ça me fait de la peine de savoir que peut-être que tu perds des occasions [de rencontrer une femme de ton âge] », tsé ? Fait que, comme, je l’envoyais rencontrer quelqu’un d’autre.
Béatrice, 56 ans, mère
Malgré tout, plusieurs femmes dans la quarantaine et cinquantaine fréquentant un homme plus jeune sans enfant font le choix de développer leur relation tout en croyant qu’elle ne survivra peut-être pas l’épreuve du temps. Tania, 52 ans sans enfant, raconte comment la question du projet parental a influencé sa relation avec Daniel, 21 ans son cadet, avec qui elle a eu une relation sérieuse pendant 3 ans. Tous deux convaincus que leur relation ne pourrait durer éternellement considérant que Daniel voulait un jour fonder une famille, ils préféraient éviter de discuter de ce sujet sensible afin de prolonger le plus possible leur histoire d’amour : « Il aimerait en avoir. Au début de notre relation, la première année, ça l’affectait beaucoup. Il avait de la peine, parce qu’il savait qu’on n’aurait pas une vie familiale ensemble, pas à l’âge que j’avais. […] On évitait ces sujets-là. On se disait qu’on profitait du temps qu’on avait ensemble. »
Il est intéressant de noter que, parmi toutes les femmes ayant participé à cette étude, seules quelques-unes ont mentionné l’adoption et aucune femme n’a parlé des nouvelles technologies reproductives comme solutions potentielles à envisager afin de pallier les limites biologiques associées à la fertilité féminine et ainsi, faciliter le développer de leurs relations hypogamiques en termes d’âge. Selon Édith, 60 ans, ces solutions ne viennent pas sans leur lot de défis, particulièrement pour les femmes âgées. Élaborant sur sa relation avec Jonathan, son partenaire de 36 ans, elle explique sa vision des choses :
Je serais ouverte à adopter, définitivement. Mais entre toi et moi, dans la plupart des organisations, je serais disqualifiée. Pour l’adoption, ils mettent souvent des limites d’âge, certains organismes mettent une limite aussi basse que 40 ans. Puis ici, je pourrais adopter, mais il faudrait que je passe par le processus de famille d’accueil avant.
Edith, 60 ans, mère
La capacité à assumer le rôle de père
Si la majorité des femmes présentent les différences en matière de limites biologiques à la fertilité féminine et masculine comme un obstacle au développement de leur relation intime hypogamique en termes d’âge, il ne s’agit toutefois que d’une des raisons pour laquelle la parentalité est perçue comme complexifiant le développement de leur relation. Une portion considérable des participantes dans la trentaine et les quelques femmes dans la quarantaine qui aspirent à devenir mère un jour doutent de la capacité des hommes plus jeunes à assumer pleinement toutes les responsabilités qui viennent avec le fait de devenir père. Discutant de la possibilité de s’investir dans une relation à long terme et d’avoir un enfant avec leur partenaire plus jeune, plusieurs d’entre elles croient leur partenaire trop immature ou irresponsable pour qu’elle le considère comme un coparent potentiel. Élaborant sur sa relation avec Carter, 25 ans, qu’elle fréquente depuis environ deux ans, Ashley affirme que malgré ses sentiments amoureux pour lui, elle devra probablement un jour mettre fin à la relation afin de trouver un partenaire de son âge avec qui fonder une famille :
Je le regarde et je me dis « Oh mon Dieu ! Tu es tellement irresponsable ! Tu n’es même pas capable de payer tes factures ! Comme, je ne veux pas partager la responsabilité d’élever un enfant avec toi. Jamais de la vie ! » […] Je le regarde puis je me dis « Tu n’es tellement pas rendu là… » […] Oui, je pense que ma relation avec Carter est sérieuse, on est très investis l’un envers l’autre et on s’aime beaucoup. Mais je ne vois pas ça comme du long terme.
Ashley, 32 ans, sans enfant
En fait, un grand nombre de participantes décrivent la vingtaine, voire la trentaine, comme une phase de développement de soi, d’exploration sexuelle, d’aventures et de fête pour les hommes et considèrent ce stade de vie comme incompatible avec le développement d’une relation à long terme et la formation de famille. Par exemple, Annabelle, 32 ans, ayant récemment vécu deux relations intimes avec des hommes de 22 et 23 ans, explique pourquoi elle n’a jamais pu concevoir de développer une relation sérieuse avec ses deux partenaires :
Un gars de 22 ans, pour son bien-être à lui, je ne pense pas que c’est une bonne idée pour lui de s’embarquer dans une relation stable, à long terme avec une femme de 32 ans, parce qu’il a besoin de vivre des expériences de vie, il a besoin de dater, il a besoin de rencontrer des filles, il a besoin de partir en voyage, il a besoin de vivre plein d’aventures. Donc s’il se prive de ça, à un moment donc, il va exploser – dans 4 ans, dans 5 ans – puis la relation va foirer parce qu’il va avoir envie d’explorer qui il est vraiment, pis son célibat, pis sa liberté à lui, tsé !
Annabelle, 32 ans, sans enfant
En fait, même lorsque leur partenaire exprime se sentir prêt à devenir père, plusieurs participantes dans la trentaine ou quarantaine n’ayant pas encore eu d’enfants remettent en question la capacité de leur partenaire à saisir l’ampleur des responsabilités qui viennent avec l’arrivée d’un enfant. Ainsi, plusieurs sont réticentes à l’idée de fonder une famille avec leur jeune partenaire. Se remémorant sa récente relation de huit mois avec son ex-copain de 23 ans, Louise, 32 ans, affirme que quoique ce dernier se disait prêt à avoir des enfants, elle ne pouvait concevoir fonder une famille avec lui puisque celui-ci n’était pas assez outillé pour assumer pleinement le rôle de père.
Je ne me voyais pas avoir des [enfants avec lui]… J’avais l’impression de lui enlever sa jeunesse, aussi, en faisant ça. J’avais l’impression qu’il n’était pas conscient de ce que ça allait impliquer avoir un enfant à 23-24 ans avec une femme plus vieille. […] c’est beaucoup trop de responsabilités pour un jeune garçon, je trouve.
Louise, 32 ans, sans enfant
Il est intéressant de noter qu’alors que plusieurs avancent qu’il est irréaliste de s’attendre d’un homme qu’il s’engage dans une relation intime sérieuse et qu’il fonde une famille, alors qu’il est encore un jeune adulte, peu de participantes remettent en question la capacité des femmes d’assumer pleinement leur rôle de mère lorsqu’elles sont dans la vingtaine. Lorsqu’elles sont invitées à discuter des possibles difficultés associées aux relations où l’homme est plus âgé que sa partenaire, rares sont celles qui considèrent que les jeunes femmes pourraient ne pas être en mesure d’assumer leur rôle de mère pleinement en raison de leur jeune âge. Les différences perçues entre hommes et femmes en matière de développement de la maturité et du sens des responsabilités sont d’ailleurs souvent présentées par les participantes comme un des facteurs permettant d’expliquer la popularité des relations où l’homme est plus âgé que sa partenaire.
Je pense que pour un gars au niveau de la maturité, le gars de 32 ans va avoir la même… proche de la même maturité de la fille de 25 ans. Fait que au niveau du potentiel de relations, c’est un bon match. C’est un bon match, tandis que pour une fille qui, selon moi et selon plusieurs études, souvent notre niveau de maturité est plus élevé, plus vite que chez les hommes. Donc, quand t’es une fille de 32 ans qui rencontre un gars de 22 ans, souvent, en général au niveau de la maturité, il va y avoir un clash. Tandis que l’homme ne vivra pas ce clash-là avec sa blonde de 25 ans.
Annabelle, 32 ans, sans enfant
Il est aussi intéressant de noter que la capacité des hommes plus jeunes à assumer leurs responsabilités parentales est rarement présentée comme étant associée à leurs capacités financières ou leur statut socioéconomique. En fait, seule une minorité de femmes aborde ces enjeux comme des obstacles à la pérennité de leurs relations intimes hypogamiques en termes d’âge, et ce, peu importe l’âge des participantes. Par exemple, élaborant sur l’effet que la question financière a pu avoir dans le développement des trois relations intimes hypogamiques en termes d’âge qu’elles a récemment entretenues, Martine, 33 ans, affirme :
C’est tellement pas une question qui est revenue, c’est drôle. C’est jamais revenu avec les trois [partenaires plus jeunes que j’ai eus]. […] Ils m’ont jamais demandé « combien tu fais ? ». Moi non plus, je leur ai jamais demandé l’inverse […] Il faut croire que c’est pas un critère important ».
Martine, 33 ans, sans enfant
Discutant de sa relation avec Omar, 31 ans, avec qui elle est en couple depuis environ deux ans, Tatianna, 49 ans, affirme que la disparité salariale entre elle et lui n’est pas un problème à ses yeux :
Quand je l’ai connu je faisais 100 000 $ et plus, pis lui il fait 24 000 $ par année, bon. Moi je voulais, j’avais un certain standing, je voulais voyager, j’aime aller […] dans du high end, mais il peut pas me suivre, fait que les trois voyages [qu’on a fait ensemble], c’est moi qui les a payés. […] Mais il paie des trucs avec moi et tout. C’est pas quelqu’un de cheap qui est accroché après mon argent ! Et maintenait j’ai pas de job, fait que (rire)… Du tout, [l’argent] ça n’a jamais été un issue [entre nous].
Tatianna, 49 ans, sans enfant
Cela étant dit, certaines participantes présentent toutefois la situation financière des hommes plus jeunes comme pouvant compliquer le développement d’une relation intime sérieuse à long terme. Par exemple, Louise, 32 ans, fait un lien direct entre l’âge de l’homme, sa situation financière et sa capacité à assurer le bien-être matériel de sa famille, advenant la venue d’un enfant. Comparant ses plus jeunes partenaires à un homme plus âgé qu’elle a récemment rencontré, elle affirme : « Le gars de 38 ans, c’est un gars bien établi qui avait sa maison dans [un quartier huppé], la piscine, pis tout. Fait que c’est sûr que tu peux plus facilement te projeter dans une vision de vie de famille. »
Refuser le rôle de belle-mère
Les participantes ayant rencontré des hommes plus jeunes qui sont déjà pères parlent généralement de la présence d’enfants comme d’un obstacle au développement de leurs relations. La plupart de ces femmes expliquent qu’elles anticipent que leur partenaire exigera d’elles qu’elles s’impliquent rapidement auprès de ses enfants, alors que d’assumer un rôle de mère (à nouveau) ne les intéresse pas. Par exemple, discutant de sa relation avec David, un homme de 30 ans qu’elle fréquente depuis quelques mois, Hélène, 53 ans, explique que quoiqu’elle voyait initialement du potentiel dans cette relation, sa vision des choses changea lorsqu’il l’informa, après quelque temps, qu’il était père d’un bébé. S’imaginant que celui-ci voudra qu’elle s’implique activement auprès de l’enfant, Hélène refuse maintenant d’imaginer plus qu’une relation de nature purement sexuelle.
Quand j’ai entendu ‒ après avoir couché avec [lui] ‒ qu’il avait une puce de 6 mois, je l’ai mis en garde : « On ne sera jamais amoureux ensemble. J’adore mes enfants, j’ai joué avec eux à quatre pattes en masse ! Mais c’est autre chose que je veux vivre dans ma vie ». Ok, sexuellement, oui [on peut se voir]. Il peut me dire ce qu’il veut, mais moi je l’avertis tout le temps : « Embarque-toi pas, parce que c’est toi qui va se faire du mal ».
Hélène, 53 ans, mère
En fait, pour la majorité des participantes ayant déjà élevé leurs enfants, l’idée de devoir se relancer à nouveau dans un tel projet est peu attrayante. Le récit de ses femmes dépeint souvent la maternité comme une expérience positive qui leur a apporté une grande joie, mais aussi comme d’un rôle qui implique un sacrifice de soi important, particulièrement pour les femmes. Ainsi, ces femmes hésitent à s’investir sérieusement auprès d’hommes plus jeunes qui sont pères de jeunes enfants. Craignant d’être appelée à s’impliquer auprès des enfants d’Elliot, un homme de 44 ans qui tente activement de gagner son coeur, Xylia, 59 ans, a de la difficulté à envisager de développer une relation intime sérieuse avec ce dernier.
Mais là, il a une fille de 4 ans, pis d’un autre un bébé d’un an. Eille woah ! Non, woah ! […] J’étais beaucoup esclave - pis ça c’était de ma propre chef - esclave de mes enfants. Je les ai beaucoup utilisés comme excuse, et maintenant, ben c’est vraiment la liberté, là. Je pense que le plus beau bout de ma vie, je le vis là, là. Je le commence là, là. Le plus beau bout sans, sans culpabilité. Juste le fait de dire « JE choisis, je le fais, je l’assume ».
Xylia, 59 ans, mère
Les avantages perçus
Il importe de souligner que pour une minorité de participantes, les thématiques relatives à la parentalité sont abordées comme facilitant le développement des relations hypogamiques en termes d’âge. Tout d’abord, pour certaines femmes en âge de procréer refusant l’injonction culturelle à la maternité, le fait que les hommes plus jeunes n’aient pas d’enfants et ne soient pas encore interpellés par le désir de fonder une famille représente un avantage significatif. Par exemple, Jackie, 30 ans, présente le jeune âge de son copain comme allégeant la pression sociale associée aux attentes normatives relatives à la maternité et ainsi, comme facilitant le développement de leur relation intime :
C’est le fun qu’il est plus jeune ; il ne me mettra pas de pression pour avoir des kids (rire) ! J’ai une autre amie, elle, elle a 31, pis vois-tu, elle, elle vient de laisser son copain à cause de ça, entre autres, là. Parce que lui, il mettait beaucoup de pression pour avoir des enfants maintenant et elle, elle n’était pas prête.
Jackie, 30 ans, sans enfant
Similairement, Valérie, 34 sans, préfère les relations hypogamiques en termes d’âge puisqu’elles considèrent que les hommes de son âge ou plus âgés ont souvent des enfants ou voudront en avoir rapidement. Peu intéressée par la maternité, elle présente les relations hypogamiques en termes d’âge comme la meilleure option pour elle.
S’il a un enfant, je ne donne vraiment pas suite, là. Non, j’évite complètement. […] Souvent, quand ils sont plus vieux, aussi, ils en veulent rapidement […] Un gars de 37 qui n’en a pas et qui en voudrait, il va en vouloir rapidement, ce qui n’est pas mon cas. C’est une autre raison pourquoi les plus vieux, ça me tente moins.
Valérie, 34 ans, sans enfant
Finalement, quelques femmes dépeignent le fait d’avoir un partenaire plus jeune comme pouvant être un avantage sur le plan du rôle que ce dernier peut jouer auprès des enfants. Quelques participantes ayant des enfants à la maison perçoivent le jeune âge de leur partenaire comme un avantage au niveau de la relation que ce dernier est en mesure de développer avec eux et donc, comme ayant un impact positif sur la dynamique familiale. Par exemple, Cailin, affirme :
C’est sûr qu’il a une belle relation avec mes filles. Il les a déjà rencontrées, ils s’entendent bien, ils ont des points communs. […] [Comparativement à moi], il a moins de différence d’âge avec eux autres. Ben, il est quand même plus jeune. Fait que c’est sûr que moi, il y a des choses qu’en tant que maman de 40 ans, presque, je passe à côté, tsé.
Cailin, 38 ans, mère
Puis, certaines participantes sans enfant imaginent que contrairement à un homme plus vieux qui aurait potentiellement des problèmes de santé ou un niveau d’énergie plus bas qu’elles, leur partenaire plus jeune serait sûrement un père physiquement actif et enthousiaste à l’idée de jouer avec les enfants. Par exemple, témoignant de sa relation intime avec Joël, 26 ans, avec qui elle est en couple depuis plusieurs mois, Yasmina affirme :
Il va être un super de bon papa parce qu’il est tellement plein d’énergie. […] C’est sûr il va jouer avec les enfants. De ce côté-là, il est enfant lui-même. Lui-même a un père qui est encore très enfantin. Ils vont peut-être faire du skate [planche à roulette] avec eux autres, avec ses gars et tout. Fait que je le vois comme d’un bon côté, justement.
Yasmina, 33 ans, sans enfant
Conclusion
À la lumière de ces entrevues, on constate que la majorité des femmes entretenant des relations hypogamiques en termes d’âge parlent de la parentalité comme d’un enjeu important influençant leurs choix conjugaux et que, dans la majorité des cas, cette thématique est perçue comme un obstacle à la durabilité de leurs relations avec des hommes plus jeunes. Tel qu’anticipé par plusieurs chercheurs s’intéressant aux écarts d’âge au sein des relations intimes hétérosexuelles, les différences biologiques (perçues) en matière de fertilité masculine et féminine sont vécues par la plupart des femmes comme un obstacle qui complexifie le développement des relations hypogamiques en termes d’âge. Pour la majorité des participantes dans la trentaine (et certaines dans le début de la quarantaine) n’ayant pas encore d’enfants, s’investir à long terme avec un homme plus jeune est perçu comme pouvant nuire à leur objectif de devenir un jour mère. Les participantes plus âgées, quant à elles, se demandent s’il est réaliste d’envisager une relation à long terme si leur partenaire n’a pas encore eu d’enfant ou s’il aimerait en avoir d’autres considérant qu’elles ne peuvent plus (ou ne veulent plus) avoir d’enfants. Alors que les alternatives en matière de formation de la famille - telles l’adoption, la gestation pour autrui ou la procréation médicalement assistée - sont plus accessibles que jamais, il est intéressant de noter que presque aucune participante n’a abordé ces options comme permettant d’atténuer les effets négatifs des limites biologiques de la fertilité féminine sur le développement de leurs relations hypogamiques en termes d’âge.
Tel que mentionné précédemment, il est souvent avancé dans la littérature que les femmes préfèrent les hommes plus vieux parce qu’ils sont plus susceptibles d’être établis professionnellement, ce qui permet aux femmes d’assurer le confort matériel de leur famille. On pourrait donc s’attendre à ce que les enjeux relatifs au statut socioéconomique des hommes plus jeunes soient présentés par les femmes comme un des obstacles importants à la pérennité de leurs relations intimes. Les résultats présentés ici suggèrent que les incertitudes des femmes face au futur de leur relation reposent moins sur la possible instabilité professionnelle/financière des hommes plus jeunes que sur le rapport (perçu) que ces derniers entretiennent avec la conjugalité et la parentalité. En effet, les femmes dans la trentaine ou début quarantaine espérant avoir des enfants un jour considèrent que la vingtaine (voire la trentaine) est une période de développement de soi, d’exploration sexuelle, et d’aventures et doutent de la capacité de leur partenaire plus jeune à assumer pleinement le rôle de père, advenant la venue d’un enfant. Quant aux participantes plus âgées qui fréquentent des hommes plus jeunes ayant à leur charge de jeunes enfants, la plupart croient que ces derniers exigeront d’elles qu’elles s’impliquent activement auprès des enfants et qu’elles prennent ainsi sur leurs épaules une partie des responsabilités parentales, ce qui les rebute.
Ces résultats font écho aux théories sociologiques qui stipulent que, maintenant que les femmes ont acquis un pouvoir économique propre, elles recherchent davantage une dynamique égalitaire dans l’espace domestique[35]. Selon cette perspective, les femmes seraient maintenant plus libres de choisir un homme plus jeune n’ayant pas atteint une grande stabilité professionnelle, une interprétation qui peut être soutenue tant d’un point de vue féministe qu’en utilisant la théorie de l’échange social. En fait, plusieurs études démontrent que si les femmes d’aujourd’hui accordent encore plus d’importance que les hommes au statut socioéconomique d’un partenaire potentiel, ce trait ne fait toutefois pas partie des critères de sélection principaux rapportés par les femmes[36].
Cependant, la prudence s’impose. Tout d’abord, certaines études démontrent que lorsque les femmes sont interrogées sur les qualités désirées d’un partenaire hypothétique, le revenu de la participante n’a aucun effet significatif sur son ouverture à l’idée d’épouser un homme plus jeune[37]. Il convient également de rappeler que la présente étude traite du développement initial des relations intimes. Puisque la cohabitation et le mariage impliquent généralement un partage considérable de ressources économiques et matérielles[38], il est possible que le revenu ou le statut socioéconomique des hommes plus jeunes prendrait plus d’importance aux yeux des femmes si la relation devenait plus sérieuse, ce que d’autres études suggèrent[39]. Il est également possible que, dans un contexte social où il est devenu largement attendu que les femmes occupent un emploi rémunéré et partagent les responsabilités financières de la famille[40], les participantes aient été mal à l’aise d’admettre qu’elles accordaient beaucoup d’importance à la situation financière d’un homme.
Il est aussi intéressant de souligner que la représentation sociale de la vingtaine (voire de la trentaine) comme d’une période de vie incompatible avec la parentalité est bien souvent marquée par le genre. En effet, lorsqu’elles discutent de cette phase de la vie, bon nombre de femmes l’abordent comme étant importante pour les hommes, passant sous silence la possible importance de cette phase pour les femmes. Rares sont les participantes qui dépeignent la différence d’âge au profit de l’homme comme complexifiant la formation de famille ou qui perçoivent les femmes dans la vingtaine comme étant incapables d’assumer pleinement leur rôle de mère en raison de leur jeune âge. L’analyse des propos de ces femmes révèle que bon nombre d’entre elles ont intériorisé certaines idées reçues relatives aux soi-disant différences naturelles entre hommes et femmes en ce qui a trait à la sexualité, aux relations intimes et à la parentalité et que l’âge de l’homme est perçu comme exacerbant/atténuant ces différences. En effet, plusieurs reproduisent (inconsciemment ou non) le stéréotype de l’homme comme étant un être naturellement plus sexuel que la femme[41]. Le vieillissement est toutefois perçu par bon nombre de participantes comme atténuant le « besoin » de liberté sexuelle des hommes et, donc, comme affectant leur désir de s’investir dans une relation intime sérieuse avec une femme et leur capacité à assumer les responsabilités découlant de l’arrivée d’un enfant.
Il importe aussi de mentionner que si la majorité des participantes présente les enjeux relatifs à la parentalité comme un obstacle à la pérennité des relations intimes avec des hommes plus jeunes, il faut éviter de positionner ces femmes en victimes. En fait, une proportion considérable des femmes ayant participé à cette étude, particulièrement celles ayant déjà vécu l’expérience du mariage ou ayant déjà eu des enfants, ne cherche pas obligatoirement une relation amoureuse à long terme et se dit satisfaite des relations intimes sans trop d’investissement émotionnel. Ainsi, quoique ces femmes perçoivent les enjeux relatifs à la parentalité comme des obstacles à la durabilité des relations hypogamiques en termes d’âge, elles semblent peu affectées à l’idée que leurs partenaires intimes et elles aient peu de chance de passer le reste de leurs jours ensemble. Les propos de ces participantes font écho aux études démontrant que les femmes dans la cinquantaine sont moins susceptibles que celles dans la trentaine de chercher une histoire d’amour qui durera toujours[42] et qu’elles sont moins susceptibles d’espérer que leur relation intime mène au mariage[43].
Cette étude démontre également que pour les femmes dans la trentaine qui ne sont pas interpellées par la maternité, les relations hypogamiques en termes d’âge peuvent être perçues comme allégeant la pression sociale relative à la formation de famille. Malgré les changements sociaux importants au cours des 60 dernières années, le discours culturel encourageant les individus à s’investir dans une relation intime à long terme et à fonder une famille est encore puissant[44]. L’injonction culturelle à la relation intime de longue durée et à la famille touche les femmes de façon particulièrement prononcée puisque la féminité est fortement associée au rôle de conjointe et de mère[45]. Les propos des participantes dans la trentaine qui ne désiraient pas d’enfants révèlent que la différence d’âge au profit de la femme peut faciliter leur désir de résister aux attentes normatives en matière de maternité et ainsi faciliter le développement de leurs relations intimes.
Au final, la présente étude apporte un éclairage important sur l’influence que peuvent avoir les enjeux relatifs à la parentalité sur le développement et la durabilité des relations hypogamiques en termes d’âge. Cela étant dit, cette étude comporte certaines limites dont il faut tenir compte. Tout d’abord, quoique plusieurs éléments relatifs aux désirs et aptitudes des hommes en matière de conjugalité et de parentalité ont été abordés, il ne s’agit ici que de la perception des femmes. Il est primordial d’interroger les hommes entretenant des relations hypogamiques en termes d’âge afin de dresser un portrait complet de la situation. Deuxièmement, cette étude concerne le développement initial des relations intimes et aucune entrevue de suivi n’a été effectuée. Il est ainsi impossible de déterminer si les relations intimes dureront dans le temps, malgré les obstacles perçus. Finalement, l’échantillon est composé exclusivement de femmes nées au Canada et principalement de femmes s’identifiant comme « blanches ». Quoiqu’aucune des deux participantes ne s’identifiant pas comme « blanches » n’ait parlé de la race/ethnicité comme influençant ses expériences avec les hommes plus jeunes, l’interaction entre l’appartenance à un groupe racisé et l’expérience vécue en matière de relation hypogamique en termes d’âge mérite d’être explorée plus en profondeur.
Avant de terminer, il faut rappeler que si cet article examine l’influence de la parentalité comme facteur influençant le développement et la durabilité des relations hypogamiques en termes d’âge, il ne s’agit pas du seul facteur influençant les choix conjugaux des femmes. En effet, les participantes ont aussi mentionné d’autres considérations affectant leur décision de s’investir sérieusement et à long terme (ou non) avec leur partenaire plus jeune. À l’instar des autres études qualitatives à ce sujet[46], les participantes à cette étude ont présenté le stigma et les effets du vieillissement sur leur apparence physique comme des facteurs complexifiant le développement de leurs relations intimes hypogamiques en termes d’âge. Bref, quoique la question de la parentalité soit un thème dominant abordé par les femmes entretenant des relations intimes avec des hommes plus jeunes, il faut garder en tête que la décision de ces dernières de développer ou non la relation est multifactorielle.
Parties annexes
Notes
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[1 ]
Cette étude a été financée en partie par Conseil de Recherches en Sciences Humaines (CRSH). L’auteure aimerait également remercier Elaine Weiner, Jason Carmichael, Eran Shor, les codirectrices du numéro spécial ainsi que les évaluateurs anonymes pour leurs commentaires et suggestions.
-
[2 ]
U.S. Bureau of the Census, « America’s Families and Living Arrangements : 2016. Family Groups, Table Fg3 », 2016, en ligne : www.census.gov/data/tables/2016/demo/families/cps-2016.html; M. Boyd et A. Li, « May-December : Canadians in Age-Discrepant Relationships », Canadian Social Trends, no 70, 2003, p. 29-33 ; L. Duchesne, « Quatre ans d’écart d’âge en moyenne entre les conjoints », Bulletin Données sociodémographiques en bref, vol. 8, no 3, 2004, p. 1-8 ; J.-F. Mignot, « L’écart d’âge entre conjoints », Revue française de sociologie, vol. 51, no 2, 2010, p.281-320 ; M. Bozon, « Les femmes et l’écart d’âge entre conjoints : Une domination consentie. I. Types d’union et attentes en matière d’écart d’âge », Population, vol. 45, no 2, 1990, p.327-360 ; Institut de la Statistique du Québec, « Le Bilan Démographique Du Québec- Édition 2016 », Québec, Gouvernement du Québec, 2016, en ligne : www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/population-demographie/bilan2016.pdf.
-
[3 ]
D. M. Buss, « Sex Differences in Human Mate Preferences : Evolutionary Hypotheses Tested in 37 Cultures », Behavioral and Brain Sciences, vol. 12, 1989, p. 1-49 ; D. M. Buss et D. P. Schmitt, « Sexual Strategies Theory : An Evolutionary Perspective on Human Mating », Psychological review, vol. 100, no 2, 1993, p. 202-232 ; B. P. Buunk et coll., « Age Preferences for Mates as Related to Gender, Own Age, and Involvement Level », Evolution and Human Behavior, vol. 22, no 4, 2001, 241-250 ; D. T. Kenrick et R. C. Keefe, « Age Preferences in Mates Reflect Sex Differences in Human Reproductive Strategies », Behavioral and Brain Sciences, vol. 15, no 01, 1992, p. 75-91.
-
[4 ]
Voir Z. Lawton et P. Callister, « Older Women-Younger Men Relationships the Social Phenomenon of ‟Cougars” : A Research Note », Institute of Policy Studies, 2010, p. 1-22, en ligne : http://ips.ac.nz/publications/files/be0acfcb7d0.pdf ; N. Proulx, S. Caron, et M. Logue, « Older Women/Younger Men : A Look at the Implications of Age Difference in Marriage », Journal of Couple & Relationship Therapy, vol. 5, no 4, 2006, p.43-64 ; M. Bozon, op. cit.
-
[5 ]
U.S. Bureau of the Census, op. cit. ; M. Boyd et A. Li, op. cit. ; L. Duchesne, op. cit. ; J.-F. Mignot, op. cit. ; M. Bozon, op. cit. ; Institut de la Statistique du Québec, op. cit.
-
[6 ]
Institut de la Statistique du Québec, op. cit.
-
[7 ]
U.S. Bureau of the Census, op. cit. ; M. Boyd et A. Li, op. cit. ; L. Duchesne, op. cit. ; Institut de la Statistique du Québec, op. cit..
-
[8 ]
Voir D. M. Buss, op. cit. ; D. M. Buss et D. P. Schmitt, « Sexual Strategies Theory : An Evolutionary Perspective on Human Mating », Psychological Review, vol. 100, no 2, 1993, 204-232 ; L. Ellis et A. Walsh, « Gene-Based Evolutionary Theories in Criminology », Criminology, vol. 35, no. 2, 1997, 229-276 ; D. T. Kenrick et R. C. Keefe, op. cit. ; D. M. Buss et D. P. Schmitt, « Evolutionary Psychology and Feminism », Sex Roles, vol. 64, no 9-10, 2011, p.768-787 ; D. Singh et D. Singh, « Shape and Significance of Feminine Beauty : An Evolutionary Perspective », Sex Roles, vol. 64, no 9-10, 2011, 723-731.
-
[9 ]
L. Ellis et A. Walsh, op. cit. ; J. S. Hyde et M. B. Oliver, « Gender Differences in Sexuality : Results from Meta-Analysis », dans Sexuality, Society, and Feminism, dir. C. B. Travis et J. W. White, Washington, American Psychological Association, 2000, p. 57-77 ; P. C. Regan et E. Berscheid, « Gender Differences in Characteristics Desired in a Potential Sexual and Marriage Partner », Journal of Psychology & Human Sexuality, vol. 9, no 1, 1997, 25-37 ; D. M. Buss et D. P. Schmitt, op. cit.
-
[10]
D. Singh et D. Singh, op. cit. ; D. M. Buss, op. cit. ; L. Ellis et A. Walsh, op. cit.
-
[11]
D. M. Buss, op. cit. ; B. P. Buunk et coll., op. cit.
-
[12]
Voir M. J. Rosenfeld, « A Critique of Exchange Theory in Mate Selection », American Journal of Sociology, vol. 110, no 5, 2005, p. 1284-1325 ; G. H. Elder, « Appearance and Education in Marriage Mobility », American Sociological Review, vol. 34, no 4, 1969, p. 119-133 ; W. Goode, « Family and Mobility », dans R. Bendix et S. M. Lipset, dir., Class, Status, and Power : Social Stratification in Comparative Perspective, New York, Free Press, 1966, p.582-601 ; P. A. Taylor et N. D. Glenn, « The Utility of Education and Attractiveness for Female Status Attainment through Marriage », American Sociological Review, vol. 41, no 3, 1976, p. 484-498 ; E. A. McClintock, « Beauty and Status : The Illusion of Exchange in Partner Selection ? », American Sociological Review, vol. 79, no 4, 2014, p. 575-604 ; E. O. Laumann et coll., The Social Organization of Sexuality : Sexual Practices in the United States, Chicago, University of Chicago Press, 1994.
-
[13]
Z. Lawton et P. Callister, op. cit. ; P. C. Regan, The Mating Game : A Primer on Love, Sex, and Marriage, Los Angeles, Sage Publications, 2008 ; S. J. South, « Sociodemographic Differentials in Mate Selection Preferences », Journal of Marriage and the Family, vol. 53, no 4, 1991, p. 928-940.
-
[14]
M. J. Rosenfeld, op. cit. ; G. H. Elder, op. cit. ; R. Schoen et J. Wooldredge, « Marriage Choices in North Carolina and Virginia, 1969-71 and 1979-81 », Journal of Marriage and Family, vol. 51, no 2, 1989, p. 465-481 ; S. J. South, op. cit. ; W. Goode, op. cit. ; P. A. Taylor et N. D. Glenn, op. cit. ; Z. Lawton et P. Callister, op. cit.
-
[15]
Voir E. O. Laumann et coll., op. cit., p. 253.
-
[16]
Voir Z. Lawton et P. Callister, op. cit., p. 12.
-
[17]
Voir S. B. Kurth, B. B. Spiller et C. B. Travis, « Consent, Power, and Sexual Scripts : Deconstructing Sexual Harassment », dans C. B. Travis et J. W. White, dir., Sexuality, Society, and Feminism, Washington, American Psychological Association, 2000, p. 323-354 ; P. L. N. Donat et J. W. White, « Re-Examining the Issue of Nonconsent in Acquaintance Rape », ibid., p. 355-376.
-
[18]
J. S. Hyde et M. B. Oliver, op. cit. ; C. B. Travis, K. L. Meginnis, et K. M. Bardari, « Beauty, Sexuality, and Identity : The Social Control of Women », dans C. B. Travis et J. W. White, dir., op. cit., p.237-272 ; L. M. Carpenter, C. A. Nathanson, et Y. J. Kim, « Sex after 40 ? : Gender, Ageism, and Sexual Partnering in Midlife » , Journal of aging studies, vol. 20, no 2, 2006, p.93-106.
-
[19]
J. S. Hyde et M. B. Oliver, op. cit.
-
[20]
P. Jonason et M. Marks, « Common Vs. Uncommon Sexual Acts : Evidence for the Sexual Double Standard », Sex Roles, vol. 60, no 5-6, 2009, p. 357-365 ; J. Reid, S. Elliott et G. Webber, « Casual Hookups to Formal Dates : Refining the Boundaries of the Sexual Double Standard », Gender & Society, vol. 25, no 5, 2011, p. 545-568 ; P. England, E. F. Shafer et A. C. K. Fogarty, « Hooking up and Forming Romantic Relationships on Today’s College Campuses », dans M. S. Kimmel et A. Aronson, dir., The Gendered Society Reader, New York, Oxford University Press, 2008, p.531-547 ; J. S. Hyde et M. B. Oliver, op. cit.
-
[21]
S. B. Kurth, B. B. Spiller, et C. B. Travis, op. cit. ; P. England, E. F. Shafer, et A. C. K. Fogarty, op. cit. ; M. R. Laner et N. A. Ventrone, « Egalitarian Daters/Traditionalist Dates », Journal of family issues, vol. 19, no 4, 1998, p.468-477 ; A. A. Eaton et S. Rose, « Has Dating Become More Egalitarian ? A 35 Year Review Using Sex Roles » , Sex Roles, vol. 64, 2011, p. 834-862 ; E. Lamont, « Negotiating Courtship : Reconciling Egalitarian Ideals with Traditional Gender Norms » , Gender & Society, vol. 28, no 2, 2014, p.189-211.
-
[22]
C. B. Travis, K. L. Meginnis, et K. M. Bardari, op. cit. ; N. Wolf, The Beauty Myth : How Images of Beauty Are Used against Women, New York, W. Morrow, 1991 ; B. Montemurro et J. Siefken, « Milfs and Matrons : Images and Realities of Mothers’ Sexuality », Sexuality & Culture, vol. 16, no 4, 2012, p.366-388.
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[23]
R. Simpson, « Singleness and Self-Identity », Journal of Social & Personal Relationships, vol. 33, no 3, 2016, p. 885-400 ; M. Andrews, « Calendar Ladies : Popular Culture, Sexuality and the Middle-Class, Middle-Aged Domestic Woman », Sexualities, vol. 6, no 3-4, 2003, p. 885-403 ; K. Park, « Stigma Management among the Voluntarily Childless, », Sociological Perspectives, vol. 45, no 1, 2002, p. 21-45 ; K. A. Mueller et J. D. Yoder, « Gendered Norms for Family Size, Employment, and Occupation : Are There Personal Costs for Violating Them ? », Sex Roles : A Journal of Research, vol. 36, nos 3-4, 1997, p. 207-220.
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[24]
M. Alarie, « Vieillissement, sexualité et le mythe de la femme ‟cougar” », dans V. Billette, P. Marier, et A.-M. Séguin, dir., Les vieillissements sous la loupe : Entre mythes et réalités, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2018, p. 143-150 ; B. Kaklamanidou, « Pride and Prejudice : Celebrity Versus Fictional Cougars », Celebrity Studies, vol. 3, no 1 , 2012, p. 78-89 ; M. Tally, « ‟She Doesn’t Let Age Define Her” : Sexuality and Motherhood in Recent ‟Middle-Aged Chick Flicks” », Sexuality & Culture, vol. 10, no 2, 2006, p. 33-55.
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[25]
M. Alarie et J. T. Carmichael, « The ‟Cougar” Phenomenon : An Examination of the Factors That Influence Age-Hypogamous Sexual Relationships among Middle-Aged Women », Journal of Marriage and Family, vol. 77, no 5, 2015, p. 1250-1265.
-
[26]
Voir N. Brietman, T. K. Shackelford et C. R. Block, « Couple Age Discrepancy and Risk of Intimate Partner Homicide », Violence & Victims, vol. 19, no 3, 2004, p. 321-342 ; J. J. Lehmiller et C. R. Agnew, « Commitment in Age-Gap Heterosexual Romantic Relationships : A Test of Evolutionary and Socio-Cultural Predictions », Psychology of Women Quarterly, vol. 32, no 1, 2008, p. 74-82 ; T. K. Shackelford, « Cohabitation, Marriage, and Murder : Woman-Killing by Male Romantic Partners », Aggressive Behavior, vol. 27, no 4, 2001, p.284-291 ; T. K. Shackelford, « Partner-Killing by Women in Cohabiting Relationships and Marital Relationships », Homicide Studies, vol. 5, no 3, 2001, p. 284-291.
-
[27]
Voir W. Clark et S. Crompton, « Till Death Do Us Part ? The Risk of First and Second Marriage Dissolution », Canadian Social Trends, vol. 8, no 81, 2006, p. 23-33 ; J. Gentleman et E. Park, « Age Differences of Married and Divorcing Couples », Health reports, vol. 6, no 2, 1994, p. 225-240 ; D. R. Hall et J. Z. Zhao, « Cohabitation and Divorce in Canada : Testing the Selectivity Hypothesis », Journal of Marriage and the Family, vol. 57, no 2, 1995, p. 421-427 ; B. Wilson et S. Smallwood, « Age Differences at Marriage and Divorce », Population Trends, no 132, 2008, p. 17-25.
-
[28]
C. A. B. Warren, « Older Women, Younger Men : Self and Stigma in Age-Discrepant’ Relationships », Clinical Sociology Review, no 14, 1996, p. 62-86.
-
[29]
N. Proulx et coll., op. cit.
-
[30]
Voir M. P. Atkinson et B. L. Glass, « Marital Age Heterogamy and Homogamy, 1900 to 1980 », Journal of Marriage and Family, vol. 47, no 3, 1985, p. 685-691 ; C. L. Shehan et coll., « Women in Age-Discrepant Marriages », Journal of Family Issues, vol. 12, no 3, 1991, p. 291-305 ; D. R. Hall et J. Z. Zhao, op. cit.
-
[31]
Afin de faciliter la lecture, les femmes âgées de 50 à 60 ans seront identifiées ici comme étant dans la cinquantaine.
-
[32]
Voir A. L. Strauss et J. M. Corbin, Les Fondements De La Recherche Qualitative : Techniques Et Procédures De Développement De La Théorie Enracinée, Fribourg, Academic Press Fribourg, 2004, p. 143-44.
-
[33]
J. W. Creswell, Qualitative Inquiry & Research Design : Choosing among Five Approaches, 3e éd., Thousand Oaks, Sage Publications, 2013, p. 185.
-
[34]
A. L. Strauss et J. M. Corbin, op. cit., p. 153.
-
[35]
F. Goldscheider, E. Bernhardt, et T. Lappegård, « The Gender Revolution : A Framework for Understanding Changing Family and Demographic Behavior », Population and Development Review, vol. 41, no 2, 2015, p. 207-239 ; L. Mundy, The Richer Sex : How the New Majority of Female Breadwinners Is Transforming Sex, Love, and Family, New York, Simon & Schuster, 2012.
-
[36]
P. C. Regan et E. Berscheid, op. cit. ; L. M. Levesque et S. L. Caron, « Dating Preferences of Women Born between 1945 and 1960 », Journal of Family Issues, vol. 25, no 6, 2004, p. 833-846.
-
[37]
S. J. South, op. cit.
-
[38]
H. Belleau, « La Solidarité Conjugale- Analyse des Liens d’amour et d’argent au sein des couples », dans H. Belleau et A. Martial, dir. Aimer Et Compter ? : Droits Et Pratiques Des Solidarités Conjugales Dans Les Nouvelles Trajectoires Familiales, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2011, p. 55-73.
-
[39]
Voir X. P. Montenegro, Lifestyles, Dating and Romance : A Study of Midlife Singles, Washington, American Association of Retired Persons (AARP), 2003.
-
[40]
S. J. South, op. cit. ; K Gerson, The Unfinished Revolution : How a New Generation Is Reshaping Family, Work, and Gender in America, Oxford, Oxford University Press, 2010.
-
[41]
P. J. Morokoff, « A Cultural Context for Sexual Assertiveness in Women », dans Sexuality, Society, and Feminism, dir. C. B. Travis et J. W. White, Washington, American Psychological Association, 2000, p. 299-319 ; P. Trotman Reid et V. M. Bing, « Sexual Roles of Girls and Women : An Ethnocultural Lifespan Perspective », op. cit. ; P. L. N. Donat et J. W. White, op. cit.
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[42]
B. Lichtenstein, « Dating Risks and Sexual Health among Midlife Women after Relationship Dissolution », dans L. M. Carpenter et J.D. DeLamater, dir., Sex for Life : From Virginity to Viagra, How Sexuality Changes Throughout Our Lives, New York, New York University Press, 2012, p. 180-197.
-
[43]
J. Mahay et A. C. Lewin, « Age and the Desire to Marry », Journal of Family Issues, vol. 28, no 5, 2007, p. 706-723.
-
[44]
B. M. DePaulo et W. L. Morris, « Singles in Society and in Science », Psychological Inquiry, vol. 16, no 2, 2005, p. 57-83 ; D. Byrne et A, Carr, « Caught in the Cultural Lag : The Stigma of Singlehood », Psychological Inquiry vol. 16, no 2-3, p. 84-91.
-
[45]
R. Simpson, op. cit. ; M. Andrews, op. cit. ; K. Park, op. cit. ; K. A. Mueller et J. D. Yoder, op. cit..
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[46]
N. Proulx, S. Caron, et M. Logue, op. cit. ; C. A. B. Warren, op. cit..