Développement Humain, Handicap et Changement Social
Human Development, Disability, and Social Change
Volume 24, numéro 1, avril 2018 Représentations sociales et handicap : regards croisés sur le sens commun du handicap Social Representations and Disability: Perspectives on the Common Sense Notions of Disability Sous la direction de Charles Gaucher, Ann M. Beaton et Jérémie B. Dupuis
Sommaire (13 articles)
ÉDITORIAL / EDITORIAL
ARTICLES ORIGINAUX / ORIGINAL ARTICLES
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Personal and Collective Disability Identity Development
Rebecca S. Curtis, Angie Hall, Sharon Weaver et Jill Meyer
p. 7–20
RésuméEN :
The purpose of this paper is to explore how individuals with disabilities establish and maintain a social identity that incorporates meaning and context into a personal and collective perspective defined as disability identity. Beginning with a broad lens, the concepts of identity and social identity are explored. Theories and concepts that have shaped and refined the concept of social identity, specifically within a context of disability, are introduced. Disability Identity development is explored as to the key components and constructs that bring forth a comprehensive view of identity development for individuals with disabilities. Finally, these components are brought together within the context of Independent Living in order to show how this movement supports a positive, life-enhancing worldview of disability.
FR :
Le but de cet article est d’explorer comment les individus avec un handicap établissent et maintiennent une identité sociale qui incluent un sens et un contexte dans une perspective personnelle et collective définis comme une identité handicap. En commençant avec un sens plus large, les concepts d’identité et d’identité sociale sont explorés. Des théories et des concepts qui ont créé et précisé le concept de l’identité sociale dans un contexte de handicap sont présentés. Le développement de l’identité handicap est exploré par rapport aux construits et composantes clés qui amènent une perspective compréhensive du développement de l’identité pour les gens avec handicaps. Finalement, ces composantes sont mises ensemble dans un contexte de Vie Indépendante afin de voir comment ce mouvement promut une vision globale plus positive du handicap.
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Le rôle des représentations sociales (surdité, parentalité, services professionnels) dans l’engagement des parents auprès de leurs enfants vivant avec une surdité au Québec
Jessica Breau, Lilian Negura et Charles Gaucher
p. 21–34
RésuméFR :
Les parents entendants d’un enfant vivant avec une surdité (PEES) sont aux prises, dès le début, avec une réalité peu familière qui occupe rapidement une place considérable dans leur vie. Cela est dû, entre autres, à l’arrivée quasi immédiate d’une gamme de services professionnels, ce qui sollicite un engagement de la part des PEES. Dans cet article, nous analysons l’engagement des PEES à partir de la théorie des représentations sociales. Vingt-neuf parents entendants ayant un enfant vivant avec une surdité dans la province de Québec (Canada) ont participé à notre enquête mixte combinant la technique d’évocation et des entrevues semi-dirigées. Nos résultats ont permis de montrer comment les représentations sociales de la surdité, de la parentalité et des services professionnels façonnent l’intensité et l’orientation du processus d’engagement des PEES auprès de leur enfant.
EN :
Parents of deaf children are immediately confronted with an unfamiliar reality that quickly occupies a significant part in their lives. This is due, amongst other things, to the almost immediate arrival of a range of professional services, which calls for the parent’s engagement. In this article, we analyze the engagement of hearing parents of deaf children from the theory of social representations. Twenty-nine hearing parents with deaf children from the province of Quebec (Canada) participated in our research combining the evocation technique and semi-structured interviews. Our results have shown how social representations of deafness, parenthood and professional services shape the intensity and direction of the parent’s engagement process with their child.
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Qu’entend-on par sourd? La perception sociale à l’égard des personnes sourdes
Melanie Hamm
p. 35–52
RésuméFR :
L’objectif de cette recherche est l’étude des réactions affectives et du jugement social à l’égard des personnes sourdes selon la familiarité des participants avec elles. Soixante-dix-sept personnes ont été enquêtées à partir d’échelles de mesure conçues par Louvet et Rohmer (2000, 2004, 2006). Les personnes sans contact avec la population sourde ont les réactions émotionnelles les plus négatives vis-à-vis des sourds. Toutefois, le jugement social des personnes familiarisées avec la surdité est assez négatif par rapport aux autres participants. Cette familiarité paraît reposer sur la connaissance de la surdité comme une déficience difficile à surmonter. Enfin, les individus ayant des contacts épisodiques avec les sourds ont les réactions affectives et le jugement évaluatif les plus positifs : ils semblent avoir une représentation de la surdité qui dépasse et pallie les problèmes qui y sont liés.
EN :
This research aims at studying people’s emotional reactions and their social attitude towards deaf persons, relative to familiarity their with deafness. 77 subjects were interviewed based on measurement scales devised by Louvet and Rohmer (2000, 2004, 2006). The subjects with the least contact with deaf persons had the most negative emotional reactions. But, the social judgment of persons familiar with deafness is rather negative when compared to other participants. People most familiar with deafness seemed to think the handicap as a deficiency difficult to overcome. Finally, the group with occasional contacts had the most positive evaluative reactions. Those subjects seemed to consider deafness as a problem to be mitigated and overcome.
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Social Representations of Persons with Learning Disability or Autism Spectrum Disorder Among Rehabilitation Professionals in Sweden
Per Germundsson
p. 53–62
RésuméEN :
Individuals with disabilities are affected by their environment in different ways, and one important factor involves how these individuals are perceived by others. This article focuses on rehabilitation professionals and the social representations of people with learning disability or autism spectrum disorder, as this group’s life situation is largely influenced by the professionals who work with them in their everyday lives. An association study, which is an established method in the theory of social representations, was carried out to gain more insight; in total, 121 rehabilitation professionals were included in the study. The results indicate that, when thinking about the target group, the respondents often associated the individuals in the group with work and the working process. A relational representation emerges where the individual is not perceived as someone with independent agency but rather as a person whose characterization is assigned in relation to the work tasks. Despite this, the respondents were sympathetic to the individuals and this work. The study also shows that the professionals’ social representations of the target group differs depending on what organization they belong to and that the various denominations of the individuals used in the organizations are not appreciated by the professionals.
FR :
Les individus avec des incapacités sont affectés par leur environnement de plusieurs façons, entre autres par la manière dont ils sont perçus des autres. Cet article se penche sur les représentations des professionnels de la réadaptation envers les gens vivant des difficultés d’apprentissage ou qui vivent avec le spectre de l’autisme, car les situations de vie de ces derniers sont grandement influencées par les professionnels avec lesquels ils travaillent au quotidien. Une étude par association, qui est une méthode établie dans la théorie des représentations sociales, fut entreprise afin d’approfondir les connaissances. Au total, 121 professionnels de la réadaptation ont participé au projet. Les résultats indiquent que, quand les professionnels pensent à leur clientèle, ils associent ce groupe au travail et au processus de travail. Une représentation de type relationnelle émerge où les personnes ne sont pas comme telle autonomes, mais plutôt associées aux tâches qu’elles réalisent. Malgré cela, les répondants avaient des attitudes sympathiques envers les individus et le travail. Cette étude montre aussi que les représentations sociales des professionnels envers les gens qu’ils aident diffèrent selon l’organisme auquel ils appartiennent et que les nombreuses dénominations par ces organismes à l’égard des individus ayant des incapacités ne sont pas appréciées par les professionnels.
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Le paternalisme organisationnel et l’employabilité des personnes ayant des incapacités : les retombées paradoxales de l’autorité et de la bienveillance déplacées
Ann M. Beaton, John Kabano, Charles Gaucher, Monica Lavoie et Josee Lanteigne-Dupuis
p. 63–75
RésuméFR :
Deux études ont été effectuées afin d’évaluer une mesure de paternalisme organisationnel (PO) à l’endroit des personnes ayant des incapacités. Dans la première étude, une échelle de PO a été élaborée, évaluant, à l’aide d’un sondage en ligne, deux composantes des représentations de 266 étudiants universitaires n’ayant pas d’incapacité : 1) l’autorité déplacée et 2) la bienveillance déplacée. Les résultats démontrent que ces deux sous-dimensions du PO sont actives chez la population étudiée. Elles permettent aux participants, dans le cas de l’autorité déplacée, d’exprimer leur supériorité par rapport aux personnes ayant des incapacités et, dans le cas de la bienveillance déplacée, de soutenir leur impression d’être respectueux du principe d’égalité envers ce groupe spécifique. La seconde étude avait pour objectif d’examiner le lien entre les deux composantes du PO retenues dans l’étude précédente et l’évaluation de la candidature d’une personne ayant une incapacité motrice. L’étude invitait de façon aléatoire les participants de la première recherche à évaluer cette candidature en fonction de deux offres d’emploi dont la seule variation dans la description était que le poste se situait dans un milieu intégré (n = 33) ou dans un milieu protégé (n = 28). Les résultats de cette deuxième étude démontrent que dans le cadre d’un poste menant à un emploi dans un milieu intégré, plus les participants avaient exprimé une autorité déplacée, moins ils accordaient une correspondance entre le profil du candidat et les exigences de l’emploi; le candidat est perçu comme moins compétent. Toujours dans le cadre d’une demande d’emploi dans un milieu intégré, les participants qui manifestaient une bienveillance déplacée, ont évalué le candidat comme davantage chaleureux; qualité n’ayant aucun lien avec les compétences visées par l’offre d’emploi. Or, le PO n’a pas été un enjeu dans l’évaluation de la candidature pour un poste dans un milieu protégé. Les retombées de ces résultats sur l’employabilité d’une personne ayant des incapacités seront abordées.
EN :
Two studies were conducted to evaluate a measure of organisational paternalism (OP) directed toward people with disabilities. In the first study, a measure of OP was developed, designed to tap into two dimensions: 1) inappropriate authority; 2) inappropriate benevolence, and administered by an online survey to 266 university students. Results reveal that these two dimensions are relevant features for the sample under study. Both dimensions allow participants to express their superiority toward people with disabilities, in the case of inappropriate authority, and to maintain an impression of respecting the equality principle, as in the case of inappropriate benevolence. The object of the second study was to examine the link between the two dimensions of OP that were retained in the previous study and the evaluation of a candidate of a person with a physical disability. The study randomly placed participants in one of two job opportunities whereby both varied in terms of whether the employment was situated in an integrated (n = 33) or protected (n = 28) work environment. Results of this second study revealed that in an integrated employment situation, participants who reported high levels of inappropriate authority were less likely to report that the candidate was a good fit for the job and perceive the candidate as competent. Furthermore, in the integrated employment situation, participants who expressed inappropriate benevolence were more likely to evaluate the candidate as warm, a quality that was not associated with the job requirements. However, the OP was not an issue in the evaluation of the candidate when the job was situated in a protected work environment. Implications of these results for the employment of people with disabilities are discussed.
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Impact of Contextual Factors on the Social Representation of Disability Among Students in Inclusive Junior High Schools
Kahina Harma, Frédérique Vernay, Thierry Marrone, Anne Gombert et Jean-Yves Roussey
p. 77–93
RésuméEN :
This article explores the social representation of disability and the stereotypes held by nondisabled students. We were particularly interested in how these might change as a result of the interaction between contact, visibility and hindrance. We recruited 549 junior high students from schools that included pupils with disabilities. Results showed that social representation and disability stereotypes were indeed contingent upon the interaction of the three factors. The wheelchair, which was at the core of the student’s social representation of handicap at the beginning of the year, eased out and was replaced by references to mental disability and/or other terms when there was direct contact with a disabled peer. In the case of indirect contact, the disability had to be visible to observe similar results. Concerning disability stereotypes, the majority of participants initially attributed negative personality traits to people with disabilities and expressed negative emotions towards them. There was a tendency for them to become less negative under certain conditions at the year’s end. We discuss these results and their implications.
FR :
Cet article porte sur l’évolution de la représentation sociale du handicap et des stéréotypes qui y sont liés auprès de 549 jeunes adolescents non handicapés, scolarisés dans un cadre inclusif lors d’une année scolaire. L’interaction des facteurs contact, visibilité et importunité du handicap est particulièrement étudiée. Les résultats montrent que l’évolution de la représentation sociale et les stéréotypes du handicap dépendent effectivement de l’interaction des trois facteurs. Le fauteuil roulant, élément central de la représentation sociale du handicap en début d’année, s’efface au profit de références à la déficience mentale ou à d’autres termes lorsque le contact est direct avec un pair handicapé. En revanche, le handicap doit être visible pour repérer un tel résultat en cas de contact indirect. En ce qui concerne les stéréotypes du handicap, la majorité des participants attribuent des traits de personnalité négatifs aux personnes handicapées et expriment des émotions négatives à leur égard. Ces stéréotypes évoluent peu, mais tendent à devenir moins négatifs dans certaines conditions en fin d’année. Ces résultats sont discutés ainsi que leurs implications.
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Active Involvement of People with Disabilities in Education: A Literature Review
Élise Milot, Anne-Sophie Ruest-Paquette, Gabrielle Fortin, Sylvain Letscher et Maman Joyce Dogba
p. 95–107
RésuméEN :
In recent years, a growing number of educational initiatives designed for current and future professionals have sought the active involvement of patients and users. Recent reviews have explored different aspects of these initiatives. However, they do not distinguish between the involvement of people with disabilities and that of other users. This review describes the main features of educational initiatives in the fields of education, health and social sciences that actively seek the involvement of people with disabilities. Our systematic approach identified 20 projects. We analyzed their nature, the actors involved, and their documented outcomes. This review shows that to improve professional practice and the quality of services given to people with disabilities, it is important to seek their active participation in educational initiatives targeting learners from a range of disciplines and to use a diversity of teaching strategies. Recommendations to consider when implementing such initiatives are also discussed.
FR :
Au cours des dernières années, un nombre grandissant d’initiatives de formation destinées à des professionnels actuels et futurs ont misé sur l’engagement actif des patients ou des usagers. Les recensions des écrits publiées dans les dernières années décrivent différentes composantes de ces initiatives. Or, elles ne permettent pas d’établir de distinctions entre l’engagement de personnes présentant des incapacités et celui d’individus vivant avec une autre condition. Cette recension met en exergue les principales composantes d’initiatives de formation dans le domaine de l’éducation, de la santé et des sciences sociales, qui ont recours à l’engagement actif de personnes présentant des incapacités. Notre approche systémique a favorisé l’identification de 20 projets. Nos analyses nous ont permis de circonscrire leur nature, les acteurs impliqués et leurs retombées. Cette recension met en lumière que l’engagement des personnes ayant des incapacités dans la formation doit se faire en utilisant une diversité de stratégies pédagogiques et viser des apprenants de plusieurs disciplines pour contribuer au développement de pratiques et de services de meilleure qualité. Des recommandations pour implanter de telles initiatives sont aussi proposées.
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Toward a More Balanced Representation of Disability? A Content Analysis of Disability Coverage in the Flemish Print Media
Tina Goethals, Dimitri Mortelmans et Geert Van Hove
p. 109–120
RésuméEN :
Although the relations between media coverage and the public are complex, the media has a powerful influence on the way ‘disability’ as a phenomenon is perceived and on the process of attitude formation. Hence, it is important to document the depiction of people with disabilities and the myths and stereotypes perpetuated by media portrayals of persons with disabilities. This paper reports on a quantitative examination of the extent and nature of the coverage of people with disabilities in the print media in Flanders, the Dutch speaking part of Belgium. Seven newspapers and 16 magazines between January 2003 and December 2012 were content-analysed. Key findings include a sorely limited coverage, or even total lack of representation, in certain media sources. The study also discovered interesting correlations between gender, age and type of magazine on the one hand, and the type of disability on the other. Analysis also revealed that print media focuses on certain disabilities. In addition, the results showed that, looking over the ten-year time span, some events have more influence than others on the evolution of the quantity of coverage. The paper concludes with a discussion of these findings and their implications, from the perspective of disability studies and with reference to Cooley’s concept of the looking glass self. It is argued that media representation of disability reflects certain broader ideologies and socio-political processes shaped by basic exclusionary social frames. Yet, the media do more than hold up a mirror to basic mindsets and frames. As the media functions as mechanisms for strengthening and entrenching the social order, they transmit hegemonic conceptions and play a significant role in the ongoing construction of disability discourses.
FR :
Même si les relations entre la couverture médiatique et le public sont complexes, la presse a une forte influence non seulement sur la façon dont « le handicap » est perçu en tant que tel, mais également sur le processus de développement des comportements. Par conséquent, il importe de documenter la façon dont sont décrites les personnes en situation de handicap ainsi que les mythes et stéréotypes les concernant et comment ceux-ci sont perpétrés par les médias. Cet article présente une analyse quantitative de l’étendue et du caractère de la couverture médiatique concernant les personnes en situation de handicap dans la presse écrite en Flandres, la partie néerlandophone de la Belgique. Les articles de sept quotidiens et de seize magazines datant de janvier 2003 à décembre 2012 ont été soumis à une analyse de leurs contenus. Les résultats principaux soulignent une couverture particulièrement limitée ou même inexistante dans certains médias. L’étude montre une corrélation intéressante entre le genre, l’âge et le type de magazine d’un côté et le type de handicap de l’autre. L’analyse indique également que la presse écrite se concentre sur certains types de handicap. De plus, les résultats montrent que - sur une période de dix ans - certains événements ont davantage d’influence que d’autres sur l’évolution du nombre de sujets couverts. En conclusion, l’article discute ces résultats ainsi que leurs répercussions sur la base de la perspective des études sur le handicap et en se référant au concept de Cooley du « looking glass self ». On y fait valoir que la représentation médiatique du handicap reflète une gamme plus large d’idéologies et de processus socio-politiques façonnés par des discours d’exclusion de base. Pourtant, les médias ne présentent pas seulement un miroir des mentalités et des façons de penser de base. Vu que les médias fonctionnent comme des mécanismes renforçant et ancrant l’ordre social, ils transmettent des conceptions hégémoniques et jouent un rôle significatif dans la discussion sur le handicap en construction permanente.
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Friday Night Disability: The Portrayal of Parent-Child Interactions on Television’s Friday Night Lights
Ewa McGrail, J. Patrick McGrail, Alicja Rieger et Amy Fraser
p. 121–140
RésuméEN :
Studies of television portrayals of parent/child relationships where the child has a disability are rare. Using the social relational theory perspective, this study examines interactions between parents and a young man with a disability as portrayed in the acclaimed contemporary television series, Friday Night Lights. We found a nuanced relationship between the portrayed teen and his parents and a powerful influence of the community on the parent-child relations and family life.
FR :
Des études portant sur les représentations de relations parent-enfant à la télévision où l’enfant a des incapacités sont rares. À l’aide de la théorie des relations sociales, cette étude observe les interactions entre un jeune homme ayant des incapacités et ses parents dans la télésérie contemporaine Friday Night Lights. Nous avons trouvé une relation nuancée entre le jeune homme et ses parents, ainsi qu’une influence importante de la communauté sur les relations parent-enfant et la vie de famille.
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Le handicap brouille-t-il le genre? La mise en « Portrait » du handicap dans le journal Libération
Laurence Joselin et Cristina Popescu
p. 141–156
RésuméFR :
En partant d’une approche intersectionnelle, cet article propose de mettre en évidence de quelle manière les discours journalistiques construisent une image spécifique des femmes et des hommes en situation de handicap. L’analyse porte sur un corpus de trente portraits parus durant une vingtaine d’années dans le journal français Libération. Les résultats montrent que le handicap intervient pour brouiller les frontières classiques du genre, ainsi qu’une forte mise en évidence du caractère extraordinaire des personnes portraitisées qui prennent un rôle de « modèles » pour les lecteurs.
EN :
Based on an intersectional approach, this article aims to underline the manner in which mass media can build a particular representation of women and men with disabilities. It analyses thirty portraits published by the French newspaper Libération during twenty years. The results show how disability interferes with the traditional boundaries of gender. They also highlight the exceptional nature of the portrayed people who become “role models” for the others, readers of the newspaper.
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The Formidable Double D: Analysis of Desire and Disability
Emese Ilyes
p. 157–169
RésuméEN :
This article untangles the social representation of people with intellectual disabilities by calling attention to a recent story tucked in the shadowy crevices of American newspapers. These articles found on the Internet are not static presentations of facts, but rather dynamic sites of interactions where people respond, dispute, and elaborate on the content. This work traces the social origins and locations of everyday knowledge, drawing on Serge Moscovici’s social representation theory that considers knowledge to be a process that is communally enacted, socially embedded, and ongoing. An analysis of the language used by journalists and commentators on published internet articles related to the case found that individuals oppressed by the label of intellectually disabled are often prevented from defining themselves, this task is deferred to professionals and families. When a relationship is established with someone else, it is therefore assumed to be a clinical relationship. Characteristics such as inaccessibility to verbal communication lead to infantilization, which makes consent inconceivable. Finally, lurking behind these themes is the implication that people who are oppressed by the label of intellectually disabled are less than human and therefore do not have the privilege of inalienable human rights, such as the right to feel desire.
FR :
Cet article aborde l’enchevêtrement des représentations sociales concernant les personnes ayant des incapacités intellectuelles à travers une histoire émergeant de recoins sombres des journaux américains. Ces articles trouvés sur internet ne sont pas des présentations statiques de faits, mais plutôt des interactions dynamiques puisées à des sites où des gens se répondent, se disputent et élaborent sur le sujet. Ce travail cherche les origines et les lieux de connaissances quotidiennes à partir des travaux de Serge Moscovici sur les représentations sociales pour qui les connaissances sont le résultat de processus communément partagé, fondées sur la socialisation, et continues. Une analyse du discours des journalistes et des répondants des articles publiés montre que les gens opprimés par l’étiquette de « handicapé intellectuel » se voient souvent empêchés de se définir; cette tâche reviendrait plutôt aux professionnels ou aux membres de la famille. Quand une relation est établie, elle est souvent présumée d’ordre clinique. Des caractéristiques telles que l’inaccessibilité à la communication verbale mènent souvent à de l’infantilisation, ce qui rend le consentement inconcevable. Finalement, en arrière-plan, on retrouve l’idée que les gens avec une étiquette de « handicap intellectuel » sont moins humains et n’ont donc pas les mêmes droits inaliénables, comme celui de ressentir du désir.