Historical Papers
Communications historiques
Volume 13, numéro 1, 1978 London 1978
Sommaire (16 articles)
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Presidential Address: The View of History in the Making of Canada’s External Policies
David M.L. Farr
p. 1–17
RésuméFR :
On se propose ici de discuter de la place qu'a tenue l'histoire dans l'élaboration de la politique extérieure du pays en se référant principalement aux années d'après la deuxième guerre mondiale.
L'auteur s'arrête d'abord aux "leçons" qui se dégagent de cette histoire, tant celles qui sont issues de la mémoire collective que celles qui résultent d'un événement particulier. Dans le premier groupe figurent l'importance de l'unité nationale, le besoin de faire contrepoids aux Etats-Unis et la conscience grandissante du rôle d'intermédiaire que le pays est appelé à jouer de par la place singulière qu'il a toujours occupée entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Au chapitre des événements, l'auteur s'attarde à la dépression des années trente, à l'échec de la Ligue des Nations, aux accords de Munich et aux relations quasi fraternelles que le Canada entretient avec son voisin du sud depuis le début du siècle.
Au fil des ans et des événements, un certain style de diplomatie s'est façonné. Ce style, il est empirique et discret, axé sur l'immédiat, préoccupé du juste milieu et reconnu pour sa grande capacité d'adaptation. Maints exemples sont apportés à l'appui de l'une ou l'autre caractéristique et l'auteur conclut en souhaitant que les documents, en particulier ceux qui se rapportent aux affaires extérieures du pays, deviennent de plus en plus accessibles aux chercheurs. Notre connaissance du passé en dépend.
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Moat Theories and the English Atlantic, 1675 to 1740
I. K. Steele
p. 18–33
RésuméFR :
La croyance que les communications transatlantiques entre l'Angleterre et l'Amérique étaient nettement mauvaises aux dix-septième et dix-huitième siècles est à ce point répandue qu'on pourrait presque la qualifier de truisme. L'Atlantique prend ainsi l'apparence d'une immense douve, et, de là à dire qu'il a contribué au développement de la nation américaine, il n'y a qu'un pas. L'auteur se propose ici de jeter un nouveau regard sur ces présomptions ou supposées vérités. Que ces idées aient eu des fondements, il n'y a aucun doute. Edmund Burke autant que Thomas Paine ont utilisé l'argument. De même, de multiples auteurs américains les ont véhiculées fussent-ils aussi connus que Turner, Boorstin, Andrews, Dickerson, Bridenbaugh, Morgan ou Greene. De plus, rien de plus facile que d'élaborer sur les dangers de l'océan: de nombreux documents d'époque tels les récits de voyage des Puritains, des "Quakers" et des Anglicans sont là pour en témoigner. Cependant, de dire l'auteur, on a trop souvent oublié de considérer les nombreux voyages que certains ont effectués - les 110 traversées du capitaine Bryant, par exemple - et de mentionner le nombre impressionnant de marins - 7,000 au tournant du dix-huitième siècle - qui sillonnaient l'océan d'alors. De même, on a fréquemment mal interprété l'intermittence de la correspondance entre la métropole et la colonie, n'utilisant presqu'exclusivement que l'exemple de celle qui s'échange officiellement au lieu de tenir compte de tout ce qui traverse l'océan tout au long de la période. L'auteur s'interroge aussi sur cette notion par trop populaire que la terre unit alors que l'eau divise quand on sait qu'à l'époque, en Angleterre, il en coûte seize fois plus pour expédier des marchandises par terre que par eau. Il s'arrête aussi à la perception du temps au dix-huitième, si différente de la nôtre que l'on a tendance à en oublier la portée. Enfin, selon lui, cette théorie de l'Atlantique-fossé ou barrière fait paraître bien peu plausible la longue durée du lien colonial et elle résiste mal à un examen sérieux. Néanmoins, le fait de la remettre en question ajoute à notre compréhension du premier empire britannique et de l'émergence de l'identité américaine.
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The Wheat Staple and Upper Canadian Development
Douglas McCalla
p. 34–46
RésuméFR :
On a dit, et sans doute avec raison, que le commerce du blé fut à la base du développement économique du Haut-Canada. Cependant, si l'on tente d'organiser la masse des données accumulées à date de façon à construire un modèle qui rende compte à la fois du progrès économique et de sa chronologie, de multiples difficultés surgissent en ce qui concerne la séquence des changements et la place qu'y a pris le blé, particulièrement, le blé exporté. Par exemple, si le blé exporté a engendré le développement qu'est-ce donc qui a permis qu'on en produise autant? N'est-il pas possible que ces facteurs antérieurs soient plus en mesure d'expliquer le processus du progrès économique? Ce sont là les questions que se pose l'auteur en examinant la situation et les événements de la décennie 1830. Ce qui frappe, au départ, c'est que la période 1832-1838 augure mal pour le Haut-Canada à cause des bonnes récoltes en Grande-Bretagne. Pourtant, la population augmente régulièrement de même que Ie nombre d'acres en culture. L'habitant emprunte pour continuer de produire et l'auteur y voit la preuve que, d'une part, l'endettement est considéré comme une stratégie d'investissement raisonnable et que, d'autre part, il existe un autre marché pour le blé haut-canadien à l'époque, en l'occurence, celui du Bas-Canada. Autre problème: l'on constate que le blé n'est pas nécessairement à la base du développement d'autres secteurs; ainsi, les canaux se construisent pour des motifs militaires, et ce, bien avant les bonnes récoltes de 1829-1831. Il ne s'agit là que de quelques exemples que l'auteur apporte à l'appui de son assertion première selon laquelle la question du blé ne peut suffire à expliquer le développement économique du Haut-Canada. Il suggère donc de recourir à une approche différente par l'étude de l'investissement. Celle-ci, dit-il, rendra mieux compte de la place des capitaux britanniques dans l'économie haut-canadienne, des mécanismes de crédit et de la gamme des activités commerciales. Il insiste, de plus, sur l'importance d'établir une véritable chronologie du progrès économique: alors seulement sera-t-il possible d'étudier les phases du progrès et leur intensité respective.
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Professional vs. Proprietor: Power Distribution in the Railroad World of Upper Canada/Ontario, 1850 to 1881
Peter Baskerville
p. 47–63
RésuméFR :
A la lumière de l'évolution des techniques administratives britanniques et américaines, l'auteur analyse les structures administratives des chemins de fer ontariens Great Western et Northern durant la deuxième moitié du dix-neuvième siècle.
A prime abord, il appert que, bien que les chartes des deux organismes confiaient le pouvoir décisionnel à un groupe de directeurs élus par les actionnaires,les administrateurs désignés ne possédaient ni le talent, ni l'expérience, ni même le temps pour assumer convenablement ces lourdes responsabilités. Cette situation n'était en rien différente de celles qui prévalaient aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne; cependant, elle était ici compliquée par le fait que les chemins de fer ontariens se devaient d'avoir deux conseils d'administration, l'un, canadien, et l'autre, britannique. Par la force des choses, on en vint à confier la charge de tout diriger à une seule personne, et, c'est ainsi que l'on retrouva Charles John Brydges, puis Thomas Swinyard à la tête de la Great Western et Fred C. Cumberland à celle de la Northern.
L'auteur décrit la carrière de chacun de ces hommes qu'il considère comme des professionnels de l'administration pour l'époque. Chacun, à sa façon, a tenté d'appliquer ce qu'il y avait d'innovateur dans les techniques administratives britanniques et américaines; chacun a de plus occupé d'autres postes que l'on peut qualifier de haute administration. Au fait, ils sont tous trois morts riches. En somme, à travers eux, on voit émerger un nouveau type d'homme, celui de l'administrateur qualifié travaillant à salaire.
Une restriction s'impose cependant: en dépit de leur compétence respective, ils n'ont pas réussi à assurer une véritable autonomie à l'administration telle qu'elle s'observe ailleurs, notamment aux Etats-Unis. Ceci reflète le sous-développement de l'économie ontarienne qui doit importer ses argents et ses compétences. L'auteur conclut en se demandant si cet état de chose n'a pas contribué à entretenir l'état de dépendance dans laquelle l'économie canadienne s'est développée.
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The Shaping of Canadian Criminal Law, 1892 to 1902
R. C. Macleod
p. 64–75
RésuméFR :
En 1892, le parlement canadien adopte le code criminel proposé par Sir John Thompson, et, l'année suivante, il accepte également une loi complémentaire soumise par le même concernant les témoignages de procès. Ces deux lois marquaient une nette réforme de la loi criminelle existante et l'auteur se penche sur les intentions, les motifs, ou encore, les agissements qui ont pu présider à la passation de ces actes de même qu'aux nombreux amendements apportés au code dans la décennie qui suivit.
Au premier plan, on retrouve Thompson avec son prestige, ses talents de persuasion, son désir de réforme et sa conviction que le parlement se devait d'être le principal instigateur de tout changement légal au pays. Cette conviction coïncidait d'ailleurs assez bien avec les désirs du parlement qui démontra bien ses intentions à cet égard par le soin et l'attention qu'il apporta à l'étude des divers amendements proposés.
D'autres éléments contribuèrent également à amener des changements. De par son caractère national, le code attira l'attention de nombreux groupes de pression qui demandèrent qu'on légifère sur les loteries, les paris, ou encore, sur la boisson. A l'époque, on était convaincu qu'il était possible d'améliorer la société en prohibant certains comportements et, de fait, la majorité des amendements adoptés entre 1892 et 1902 apportait des restrictions à la loi, créait de nouvelles offenses ou multipliait les pénalités.
En somme, les réformateurs du dix-neuvième siècle croyaient pouvoir changer la société par le biais de la loi criminelle, convaincus qu'ils étaient qu'une loi plus rationnelle profite à tous. L'on comprend que, pour eux, ceci se soit traduit par un resserrement de la loi. De nos jours, le terme réforme est plutôt synonyme d'adoucissement mais, nous dit l'auteur, ceci relève sans doute de notre vision plus pessimiste du citoyen qui nous fait le considérer comme victime possible de la justice plutôt que bénéficiaire.
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Canadian High Schools in the 1920’s and 1930’s: The Social Challenge to the Academic Tradition
Robert M. Stamp
p. 76–93
RésuméFR :
L'auteur traite d'abord de l'augmentation assez spectaculaire du nombre d'élèves dans les écoles secondaires pendant les décennies 1919-1939 pour ensuite s'interroger sur les causes et effets de cet état de chose. Deux provinces, l'Ontario et l'Alberta, lui servent de points d'observation, l'une représentant la société déjà industrialisée de l'est, l'autre, celle plus jeune et plus rurale de l'ouest.
Comment donc s'explique cette forte montée de la population étudiante? Deux facteurs se distinguent comme étant nettement plus importants : celui du progrès technique qui réduit de beaucoup le besoin d'une main d'oeuvre non-spécialisée d'une part, et, d'autre part, celui du fait que la société semble de plus en plus consciente du rôle de surveillance et de direction que l'école peut assumer dans la vie de l'étudiant.
Les effets sont tout aussi marquants. Durant les années vingt, on voit se multiplier les écoles de métiers ainsi que les écoles techniques et commerciales. De même, les activités parascolaires se diversifient et il y a peu d'écoles qui n'ait son conseil étudiant, son journal, son annuaire, ou encore, ses compétitions sportives. Cependant, il n'en demeure pas moins que, dans la majorité des écoles, le programme académique change peu et qu'il est toujours dressé en fonction du petit nombre d'élèves qui se dirige vers l'université. Ces changements s'observent tant en Ontario qu'en Alberta bien qu'ils s'effectuent plus lentement dans cette dernière.
Pendant les années trente, le nombre toujours grandissant d'étudiants amène des changements plus radicaux. Dans l'ouest du pays, on adopte bientôt une nouvelle formule où les septième, huitième et neuvième années sont considérées comme un tout servant d'intermédiaire entre l'école élémentaire et l'école secondaire. Cette formule ne sera pas acceptée en Ontario; on optera plutôt pour de plus nombreuses options de cours au niveau de la neuvième année. Autres changements : on se ralliera à une école qui abrite tous les secteurs sous le même toit, et de plus, on abolira les examens dits "d'entrée" pour se tourner du côté du système des "recommandations". En somme, l'école secondaire de 1939 est différente de celle de 1919 tant au qualitatif qu'au quantitatif.
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Continuity and Change in Italian Education, 1859 to 1923
Elmiro Argento
p. 94–105
RésuméFR :
L'auteur étudie le problème de l'éducation en Italie à partir de l'unification du pays jusqu'à l'avènement du fascisme. Il y distingue deux grandes périodes : la première, qui correspond au gouvernement de la droite, couvre les années 1859-1876, alors que la seconde, qui commence avec la prise du pouvoir par la gauche, en 1876, s'étend jusqu'en 1923. Bien que ces périodes soient plus marquées par des éléments de continuité que par des disparités, l'auteur a choisi de faire ressortir ces dernières.
Sous la droite, on réussit à établir une certaine forme d'administration de l'éducation, et ce, malgré les failles de la procédure parlementaire et l'instabilité ministérielle. Pendant ces années, on se préoccupe surtout d'autonomie et de centralisation. Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, les politiques de l'éducation se retrouvent de plus en plus liées aux luttes sociales. On préconise alors l'établissement d'écoles élémentaires gratuites et obligatoires, l'élargissement du suffrage, une plus grande décentralisation et plus d'autonomie pour les administrations locales. Ces changements s'instaurèrent évidemment d'une façon très graduelle et l'auteur s'attarde à l'un et l'autre ministre de l'éducation de même qu'à leurs réformes respectives.
A la fin de la période, l'état est devenu de plus en plus omniprésent; l'école et l'éducation ont perdu de leur caractère social et semblent plutôt servir d'instrument aux politiques gouvernementales. Désormais, on traitera les institutions comme des entités placées au-dessus des professeurs et des élèves qui les constituent.
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“Jill Canuck”: CWAC of All Trades, But No “Pistol Packing Momma”
Ruth Roach Pierson
p. 106–133
RésuméFR :
Pendant la deuxième guerre mondiale, on admet des femmes dans les forces armées canadiennes. Cette incidence a-t-elle amélioré de quelque façon le statut de la femme au pays? C'est la question que se pose l'auteur en examinant quatre aspects du problème. Elle s'attarde d'abord aux circonstances qui ont amené les femmes à faire partie de l'armée, puis, elle s'enquiert des divers postes qu'on leur a offerts de même que des salaires et bénéfices qu'elles en ont retirés, enfin, elle s'interroge sur la place que ces femmes ont occupée dans la hiérarchie militaire.
Il appert donc que la présence féminine dans les forces armées repose sur la coïncidence de deux facteurs: le désir de certains groupes de femmes de servir leur pays d'une part, et, l'insuffisance croissante du personnel masculin d'autre part. Toutefois, admission n'est pas synonyme d'intégration; on admet des femmes dans l'armée, mais, on les affecte à des postes ou ouvrages que l'on considère comme propres à leur sexe : travail de cuisinière, de téléphoniste, de secrétaire ou de commis; ces postes, d'ailleurs, seront toujours moins rémunérés que ceux de leurs homologues masculins, les femmes ne recevant, à travail égal, qu'entre soixante-six à quatre-vingt pour cent du salaire de l'homme.
Cette inégalité est tout aussi manifeste dans la hiérarchie: si haut que soit le poste de commande qu'une femme détienne, son autorité ne s'applique qu'à la gent féminine et elle est toujours subordonnée à l'homme du même rang. Somme toute, selon l'auteur, la présence de la femme dans les forces armées n'a rien changé aux rôles traditionnels de l'un et l'autre sexe au pays.
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Business as Usual: Canadian Relations with China in the 1940’s
Kim Richard Nossal
p. 134–147
RésuméFR :
Cet article retrace l'évolution de la politique canadienne vis-à-vis de la Chine nationaliste durant les années précédant 1949 en analysant l'élément principal de cette politique, soit, celui de la fourniture d'armes pendant et après la guerre contre le Japon. L'auteur examine d'abord brièvement les débuts de la mission canadienne à Chungking, puis, le programme canadien d'aide mutuelle établi pendant la guerre, et enfin, les dédales de la politique régissant la vente d'armes après la guerre.
Il appert donc que l'établissement d'une véritable représentation diplomatique en Chine ait été assez fortuite puisqu'elle a suivi les demandes faites à cet effet pour le Japon. Nonobstant, de 1943 à 1947, le gouvernement canadien s'est montré un fidèle supporteur du gouvernement de la Chine nationaliste, motivé qu'il était par les avantages économiques qu'il escomptait en retirer éventuellement. Et ce sont d'ailleurs ces mêmes motivations économiques qui ont été à la base des diverses ventes d'armes consenties après la guerre.
Au fait, bien qu'il puisse sembler que le support militaire apporté par le Canada à la Chine nationaliste ait pu résulter d'un certain anti-communisme, il n'en est pas ainsi. C'est avant tout, de dire l'auteur, le désir de faire progresser l'économie canadienne qui a présidé à toutes les décisions concernant l'aide à la Chine pendant les années quarante.
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Resource Management Conflict in the Temagami Forest, 1898 to 1914
Bruce W. Hodgins et Jamie Benidickson
p. 148–175
RésuméFR :
En 1901, la région du Témagami devient la première réserve forestière de l'Ontario. Ce système de réserves, institué en 1898, désignait certaines régions comme devant servir uniquement à la coupe du bois et visait ainsi à assurer à la province la perpétuité de cette importante ressource.
Le programme n'eut toutefois pas les résultats escomptés. Dès le début, les Indiens habitant la contrée - en l'occurence, ici, celle du Témagami - opposèrent une résistance formelle au projet, et, cette attitude fut longuement maintenue; de plus, les politiques toujours à court terme des gouvernements au pouvoir allaient souvent à rencontre des buts proposés en 1898; enfin, si lointaines que semblaient ces régions au moment de l'élaboration du système des réserves, les progrès assez impressionnants du début du siècle, qu'il s'agisse de ceux des chemins de fer, de la prospection, de la colonisation, ou encore, du tourisme, eurent tôt fait de rapprocher ces régions des grands centres, et, par le fait même, de compromettre les chances de succès de l'entreprise. De fait, de par la coïncidence de ces divers facteurs, la région du Témagami n'avait pas encore subit de dommages sérieux à l'approche de la première grande guerre.
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Ecclesiastical Territorial Organization and Institutional Conflict in Eastern and Northern Ontario, 1840 to 1910
D. G. Cartwright
p. 176–199
RésuméFR :
L'auteur se propose d'abord d'étudier l'organisation du territoire ecclésiastique telle qu'établie par l'Eglise catholique dans l'est et le nord de l'Ontario pendant le dix-neuvième siècle; puis, il tente de démontrer que cette organisation territoriale qui avait pour but de minimiser les conflits sociaux et de favoriser les bonnes relations a, au contraire, engendré des dissensions et miné l'esprit de coopération et de solidarité au sein de cette institution.
Le problème se pose à partir de l'érection du diocèse d'Ottawa, en 1847, parce que celui-ci couvre un immense territoire tant en Ontario qu'au Québec. Si l'établissement du diocèse répondait aux programmes de colonisation établis par la hiérarchie québécoise, il indisposait nettement les dirigeants des diocèses ontariens qui auraient voulu voir coïncider les limites des juridictions civiles et ecclésiastiques. De part et d'autre, on espérait protéger l'homogénéité de la population colonisatrice, fut-elle francophone ou anglophone, et de plus, minimiser les conflits ethniques.
L'auteur estime que, si cette politique a eu quelque succès au niveau de la paroisse, elle s'est avérée un échec au niveau des relations interdiocésaines; selon lui, la hiérarchie ecclésiastique a raté ici une excellente occasion de créer une atmosphère de coopération entre ethnies dans cette zone qui sert de transition entre le Canada français et le Canada anglais au dix-neuvième siècle.
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The Vichy-Free French Propaganda War in Quebec, 1940 to 1942
Paul M. Couture
p. 200–216
RésuméFR :
En juin 1940, l'armée française rend les armes et le maréchal Pétain instaure un nouveau gouvernement à Vichy. La légalité de ce gouvernement est, dès lors, vivement contestée par un groupe rival dirigé par le général de Gaulle qui établit ses quartiers généraux en Angleterre. Pendant les années 1940-1942, ces deux factions vont se livrer une lutte qui eut de fortes répercussions au Canada et qui s'avéra même l'un des événements les plus controversés au pays.
Ces controverses, il faut bien le dire, dépassaient de beaucoup l'opposition Pétain-de Gaulle; elles rejoignaient de multiples dissensions idéologiques, raciales, politiques et diplomatiques, qu'il s'agisse des revendications nationalistes des Canadiens-français, de sentiments pro ou anti-impérialistes, ou encore, du problème de la participation à la guerre. L'auteur a choisi de s'étendre plus longuement sur les diverses réactions qui s'observent au Québec à la suite de la propagande considérable dont les deux factions inondent le pays.
Ce qui frappe, au départ, c'est la sympathie avec laquelle les Québécois ont reçu la nouvelle des événements qui déchiraient la France en 1940. Puis, avec la propagande, vinrent les prises de positions. A vrai dire, sauf quelques exceptions, peu de gens militèrent activement pour l'un ou l'autre camp; cependant, le gouvernement Pétain était vu d'un meilleur oeil. On admirait le vieux maréchal et maints organismes endossaient ses projets de "restauration". De Gaulle, pour sa part, fut assez vite identifié à la campagne pour une guerre totale et, de ce fait, rabaissé aux yeux des Québécois. Malgré ce consensus apparent, la question française n'engendra pas moins d'acerbes disputes qui allaient s'envenimant puisqu'elles débouchaient sur des problèmes typiquement québécois. L'occupation de Vichy par l'armée allemande, en 1942, et la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Canada vinrent mettre fin aux débats sur la question.
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Academics and Social Scientists versus the Press: the Policies of the Bureau of Public Information and the Wartime Information Board, 1939 to 1945
William R. Young
p. 217–240
RésuméFR :
Pendant la deuxième guerre mondiale, le gouvernement canadien commence à recourir aux techniques des sciences sociales pour élaborer ses politiques d'information. Ceci n'est pas sans susciter de vives oppositions de la part des gens de la presse qui estiment que, dans un gouvernement élu démocratiquement, toute manipulation de l'information brime la liberté du citoyen puisqu'elle l'empêche de se faire une opinion personnelle de l'événement.
Au fait, les années de guerre voient alterner à la tête de l'organisme gouvernemental chargé de l'information publique des hommes représentant tantôt les gens de la presse, tantôt les adeptes des sciences sociales. C'est ainsi que se succèdent Gardiner, un partisan de la presse, qui est en poste de juillet 1940 à juin 1941, puis, Thorson, un supporteur des sciences sociales, qui est en fonction jusqu'à mai 1942; vient ensuite Vining, un tenant de la presse, de mai 1942 à février 1943, suivi de Grierson, un fervent des sciences sociales de février 1943 à janvier 1944. Après lui, on opte définitivement pour les instruments qu'offrent ces dernières.
En janvier 1944, la direction passe à Dunton, un journaliste qui a travaillé sous Vining et Grierson. Pendant son mandat, on développera des techniques qui se réclament nettement des sciences sociales; elles s'étendront d'ailleurs assez rapidement à d'autres agences du gouvernement, voire même, elles permettront au parti libéral de se faire réélire en 1945. En somme, la guerre a accéléré l'intégration des méthodes des sciences sociales dans le cadre de l'administration gouvernementale; cependant, elle n'a pas apporté de solution au problème que soulevèrent les journalistes tout au long de cette période: celui de la manipulation de l'information dans un état démocratique.
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