Historical Papers
Communications historiques
Volume 21, numéro 1, 1986 Winnipeg 1986
Sommaire (17 articles)
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Presidential Address: Doctoral Theses and the Discipline of History in Canada, 1967 and 1985
William Acheson
p. 1–10
RésuméEN :
A comparison of doctoral theses in progress in 1967 and 1985 reveals a number of trends in historical studies in Canadian universities during the past two decades. In 1967, 58 per cent of all doctoral candidates chose topics in Canadian history and the largest number ― fully 36 per cent of all candidates ― were writing theses at the University of Toronto, which offered the broadest range of fields of any Canadian university. Much smaller programmes existed at McGill and the University of Western Ontario; aside from these three institutions, no other university in English-speaking Canada enrolled more than four students. Two-thirds of all francophone candidates were enrolled at Université Laval, where only five candidates were writing on topics other than Canadian history. The political process led the field of interest in all fields of study, while social history of the Annales school held little interest for either linguistic group. More than half the dissertations in Canadian fields were supervised by only eight senior scholars.
By 1985, marked changes in this pattern were evident. The number of active doctoral candidates had increased from 236 in 1967 to 294, and Canadian history was the field of choice for 72 per cent. Doctoral programmes and hence supervision had decentralized in anglophone Canada, however, and the University of Toronto's dominance had been challenged by Queen's and York; specialized programmes of some size existed at a much larger number of institutions. Among francophone schools, enrollment had doubled and Laval had achieved a situation rivalling Toronto's in 1967. Laval and the Université de Montréal now had the largest doctoral programmes in the country. In terms of topic, policy and administration had replaced the political process as the subject of choice for both language groups; economic history experienced a modest degree of growth, while the history of ideas retained its traditional level of interest. Social history had become much more popular in both linguistic groups, while less European history was being studied.
These developments pose both problems and possibilities for the profession as a whole. Doctoral studies have been enriched by the diversity of interests, but the potential for academic sectarian strife is troubling. The need now is for syntheses and paradigms which will permit the findings of subdisciplines to be integrated into a broader and more sensitive understanding of the past.
FR :
Une comparaison des thèses de doctorat en préparation en 1967 et en 1985 révèle un certain nombre de tendances dans l'étude de l'histoire au sein des universités canadiennes au cours des deux dernières décennies. En 1967, 58 pour cent de tous les étudiants au doctorat choisissaient des sujets portant sur l'histoire du Canada et de ce nombre, la plupart, soit un peu plus de 36 pour cent de tous les candidats, rédigaient leur thèse à l'Université de Toronto qui, de toutes les universités canadiennes, offrait le plus vaste évantail de domaines. Des programmes beaucoup moins considérables existaient à McGill et à l'Université Western Ontario; à part ces trois institutions, aucune autre université au Canada anglais ne comptait plus de quatre étudiants au doctorat. Les deux-tiers des candidats francophones étaient inscrits à l'Université Laval et cinq d'entre eux seulement avaient choisi de rédiger leur thèse sur un sujet étranger à l'histoire du Canada. De tous les domaines d'études, c'est le processus politique qui suscitait la recherche la plus active, alors que l'histoire sociale à la façon des Annales ne présentait que peu d'intérêt pour l'un ou l'autre des groupes linguistiques. Plus de la moitié de toutes les dissertations sur des sujets canadiens étaient dirigées par seulement huit éminents professeurs.
En 1985, on pouvait observer des changements marqués dans cette distribution. Le nombre de candidats actifs au doctorat était passé de 236 qu'il était en 1967 à 294 maintenant et 73 pour cent d'entre eux avaient choisi d'étudier un sujet relatif à l'histoire du Canada. Toutefois au Canada anglais, les programmes de doctorat, et par conséquent la direction de thèse, avaient subi une décentralisation et la domination qu'exerçait l'Université de Toronto avait été remise en question par Queen's et York; des programmes spécialisés d'une certain ampleur existaient maintenant dans un nombre beaucoup plus grand d'institutions. Le nombre d'inscriptions avait doublé dans les écoles francophones et la situation à Laval était maintenant comparable à celle de Toronto en 1967. Laval et l'Université de Montréal offraient désormais les plus importants programmes de doctorat au pays. Pour ce qui est des sujets choisis, les questions de politique administrative étaient maintenant préférées à celles touchant au processus politique par les deux groupes linguistiques; l'intérêt pour l'histoire économique s'était accru quelque peu, alors que l'histoire des idées conservait sa position traditionnelle. L'histoire sociale était désormais beaucoup plus populaire au sein des deux groupes linguistiques, alors qu'on choisissait moins souvent des sujets touchants l'histoire de l'Europe.
Cette évolution présente à la fois des difficultés et des possibilités pour l'ensemble de la profession. Les études de doctorat se sont enrichies par la diversité des sujets, mais la possibilité de conflits sectaires est troublante. Il nous faut maintenant des synthèses et des paradigmes qui permettront l'intégration des résultats de la recherche dans des sous-disciplines en une compréhension plus complète et sentie du passé.
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Parisian Labour During the French Revolution
Michael David Sibalis
p. 11–32
RésuméEN :
Workers in revolutionary Paris did not show the class consciousness nor, with certain exceptions, the organizational skills of the workers' movement after 1830. Nevertheless, an analysis of eighty-five recorded labour disputes proves labour protest to have been a significant form of protest in the capital between 1789 and 1799. Sans-culotte unity has been exaggerated, and wage-earners articulated demands (principally for higher wages) that set them apart from the master-craftsmen and shopkeepers who directed the sans-culotte movement. The response of the authorities to labour unrest was often hesitant and contradictory, and the repressive Le Chapelier law of 1791 was in fact rarely invoked.
FR :
À Paris, à l'époque de la révolution, les travailleurs ne firent pas preuve d'esprit de classe ni, sauf certaines exceptions, du sens d'organisation que l'on observa au sein du mouvement des travailleurs après 1830. Néanmoins, une analyse des documents relatifs à quatre-vingt-cinq conflits de travail prouve que les protestations des travailleurs eurent un impact considérable dans la capitale entre 1789 et 1799. L'unité des sans-culottes a été exagérée. Les salariés formulèrent des revendications principalement pour des salaires plus élevés, ce qui les distinguait des maîtres-artisans et des boutiquiers qui dirigeaient le mouvement des sans-culottes. Face à ces remous chez les travailleurs, les autorités réagirent souvent de façon hésitante et la loi répressive de Le Chapelier de 1791 fut défait rarement invoquée.
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Toronto 1919
James Naylor
p. 33–55
RésuméEN :
In their examination of the conflicts which followed the First World War, Canadian labour historians have tended to draw a sharp dichotomy between a “radical” west and a “conservative” east. Events in Toronto, however, which brought the city to the edge of a general sympathetic strike in late May 1919 cannot be explained in this way. The most notable feature of the Toronto labour movement was the degree of polarization within it. The potential clearly existed for a break with past forms of craft organization, towards a highly politicized industrial unionism. A powerful left wing, with wide support among newly organized, less-skilled workers, as well as workers with an immediate need for new forms of organization, was rapidly gaining dominance in the central bodies of the Toronto labour movement. Opposing them were the major beneficiaries of previous waves of organizing. These consisted, on the one hand, of union leaders who had helped shape the Toronto labour movement, and found key places for themselves within it. On the other hand, it also included a large number of workers who had established a stable bargaining relationship with employers, and a stake in the benefits their organizations had given them. This division meant that, from the outset, the possibilities for the establishment of a “One Big Union” did not exist, despite the enthusiasm that the western movement initially generated in Toronto. Conservative unions and leaders lost their dominance within the city's central union bodies but, by foiling the sympathetic general strike, were able to prevent the radicals from implementing an alternative strategy.
FR :
Dans leur examen des conflits qui ont suivi la première guerre mondiale, les historiens canadiens du travail ont eu tendance à établir une nette distinction entre l'ouest « radical » et l'est « conservateur ». Toutefois cette dichotomie n'explique pas les événements de Toronto qui ont amené la ville au bord d'une grève générale de solidarité à la fin de mai 1919. L'aspect le plus notable du mouvement ouvrier à Toronto était son degré de polarisation interne. Il est évident qu'existait alors le potentiel d'un abandon des formes passées d'organisation des corps de métiers, au profit d'un syndicalisation industriel hautement politisé. On observe qu'au sein des principales composantes du mouvement ouvrier de Toronto, un puissant mouvement de gauche imposait rapidement sa domination, aidé en cela par l'appui massif des travailleurs moins spécialisés qui venaient de se regrouper, ainsi que par des travailleurs qui ressentaient le besoin immédiat de nouvelles formes d'organisation. Leurs adversaires étaient les principaux bénéficiaires des vagues précédentes d'organisation syndicale. D'une part, il s'agissait des leaders syndicaux qui avaient contribué à former le mouvement ouvrier à Toronto et qui s'y étaient taillés une place de choix. D'autre part, on retrouvait aussi parmi ces adversaires un grand nombre de travailleurs qui avaient établi une relation de négociation stable avec leur employeur et qui avaient un intérêt dans les avantages que leur procurait leurs organizations. Cette adversité signifiait que, dès le départ, il était impossible de constituer une « One Big Union » malgré l'enthousiasme que le mouvement venu de l'ouest avait d'abord suscité à Toronto. Les syndicats conservateurs et leurs chefs perdirent leur influence dominante au sein des principaux groupes syndiques de la ville. Mais en évitant la grève générale de solidarité, ils empêchèrent les radicaux de mettre en oeuvre une stratégie de rechange.
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La structure agraire au Canada : Le cas de l’Île Jésus au XVIIIe siècle
Sylvie Dépatie
p. 56–85
RésuméFR :
En raison du libre accès à la terre qui caractérise la Nouvelle-France, l'historiographie a hâtivement conclu qu'aux XVIIe et XVIIIe siècles, la terre ne constituait pas un enjeu social majeur. Or, s'il semble vrai que le sol a été distribué de façon plutôt égalitaire, rien ne prouve qu'à moyen terme, la situation n'ait pu évoluer vers une répartition foncière moins uniforme. La question de la propriété foncière mérite donc plus d'attention qu'elle n'en a reçue jusqu'à maintenant. Ce texte propose d'abord une critique des sources disponibles pour étudier ce problème et un exposé de la méthode à suivre pour en tirer partie. Il présente ensuite les résultats d'une étude de cas réalisée dans la seigneurie de l'Ile-Jésus. Cette enquête montre que, tout au long du XVIIIe siècle, la propriété paysanne conserve sa prépondérance et que, malgré une tendance au morcellement, le sol se répartit de façon plutôt égalitaire. Cependant, l'examen de la mise en valeur des propriétés révèle qu'au delà de cette apparente uniformité, il existe une hiérarchie entre les propriétaires. Certains exploitent plusieurs dizaines d'arpents productifs alors que d'autres ne disposent que de quelques arpents défrichés. Si l'accès à la terre est libre, l'accès à la terre productive ne s'obtient qu'à force de travail et d'investissements. Or, tous les paysans n'ont pas la même capacité productive. L'étude conclut donc qu'en période de colonisation, le libre accès à la terre n'implique pas nécessairement l'homogénéité de la paysannerie.
EN :
Because land was freely available in New France, historians have all too quickly concluded that during the seventeenth and eighteenth centuries the ownership of land did not constitute a major social preoccupation. Even if, at a glance, land was initially distributed rather equally, however, this situation may not have been maintained over the longer term; greater inequalities in ownership may have evolved over time. Thus the issue of land ownership deserves more attention than it has been given. This paper proposes a three-part examination of this problem: a critical survey of the available documentary resources, a review of possible methods to deal with these sources, and finally a case study of a single seigneury, Ile Jésus. This study shows that, during the eighteenth century, land ownership by the peasants remained the norm and, in spite of a tendency towards the breaking up of estates, land ownership was still fairly equal. An examination of individual estates reveals, however, that a hierarchy existed among land owners in spite of this apparent uniformity. Some farmed several acres of productive land, while others had only a few acres of cleared land. Even if land ownership was open to all, access to productive land only came with work and investment in equipment. Yet all peasants clearly did not have the same productive capacity. The study concludes that, during a period of colonization, free access to land did not necessarily imply an economically homogeneous peasantry.
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“Smashers” and “Rummies”: Voters and the Rise of Parties in Charlotte County, New Brunswick, 1846‑1857
Gail Campbell
p. 86–116
RésuméEN :
A case study of a single county helps to explain the rise of political parties in midnineteenth-century New Brunswick. While Charlotte County was not a microcosm of New Brunswick as a whole, fully 10 per cent of the province's population lived there at midcentury. More important, the voting patterns that emerged in Charlotte County did typify the province-wide election results.
Three distinct components are necessary to the evolution of a political party: the “organization proper,” composed of party officials and active members; the “party in office,” composed of elected members (caucuses, floor leaders, and whips); and the “party-in-the-electorate,” composed of the individual voters who attached themselves unofficially to the party by regularly supporting it at the polls. The first two components have received a good deal of attention from political historians. The role of the voter, however, has been virtually ignored. This paper seeks to fill that gap in the literature by examining the voting patterns of individual electors during the crucial decade (1846-57) that saw the rise of New Brunswick's first party system. The survival of a run of poll books made possible analysis of patterns of individual participation and response over a series of five elections during the period.
The electoral patterns which emerged in Charlotte County during the decade between 1846 and 1857 clearly illustrate the evolution of a party-within-the- electorate. At the beginning of the period, voter response was mainly candidate-oriented. By the end of the period, however, the majority of electors were voting for “slates” of candidates, or parties. The issue which precipitated the transition from a pattern of candidate-based voting to one of party-based voting was temperance. Yet the transition was gradual, extending over a period of three elections, and party-based voting emerged as an outgrowth and extension of candidate-based voting. Throughout the period, voters tended to favour candidates with whom they shared a common identity of interests-people who were, in fact, very like themselves. As politicians formed factions, and then parties, they too formed alliances with others like themselves. Thus, while voters continued to favour candidates with whom they shared a common identity of interests, by 1857 those candidates were running as members of slates representing parties. Voters chose the slate of candidates, or party, whose outlook seemed most in tune with their own. For voters, then, the emergence of party-in-the-electorate represented a conscious shift in orientation, but it required no significant ideological reorientation. For historians, the emergence of party-in-the-electorate, however gradual or imperceptible, is significant, for until parties develop solid support bases among groups of voters, their evolution is incomplete.
FR :
Une étude de cas d'un comté aide à expliquer l'ascension des partis politiques au Nouveau-Brunswick au mileau de 19ième siècle. Même si le comté de Charlotte n'était pas un microcosme de l'ensemble du Nouveau-Brunswick, dix pour cent de la population totale de la province vivait dans ce comté à cette époque. Ce qui est encore plus important, c'est que les habitudes de vote qui émergèrent dans le comté de Charlotte étaient typiques des résultats d'élection dans l'ensemble de la province.
Trois éléments distincts sont essentiels à l'évolution de tout parti politique: l'« organisation proprement dite », composée des dirigeants du parti et de membres actifs; le « parti au pouvoirs » composé du caucus des membres élus, des leaders en chambre et des whips; et finalement le « parti au sein de l'électoral », composé des votants qui se sont attachés officieusement au parti en l'appuyant régulièrement lors des élections. Les deux premiers éléments ont beaucoup attiré l'attention des historiens de la politique. Mais le rôle du votant a été presqu' entièrement délaissé. Cet article tente de combler cette lacune dans la recherche en examinant les habitudes de vote des particuliers pendant cette décennie cruciale (1846-1857) qui a vu l'émergence du premier système de parti au Nouveau-Brunswick. La préservation d'une série de registres de bureaux de scrutin a rendu possible une analyse des habitudes de participation et vote des particuliers pour cinq élections consécutives tenues pendant cette période.
Les habitudes électorales observables dans le comté de Charlotte entre 1846 et 1857 illustrent clairement l'évolution du parti au sein de l'électoral. Au début de la période, les votants manifestaient surtout leur préférence pour un candidat. Par comparaison, à la fin de cette période la majorité des électeurs votait pour des groupes de candidats, ou pour des partis. La tempérance fut la grande question qui accéléra la transition d'un vote axé sur le candidat vers un vote axé sur le parti. Et pourtant cette transition se fit graduellement, couvrant trois élections, et le vote axé sur le parti fut une extension ou un prolongement du vote axé sur un candidat. Tout au cours de la période, les votants eurent tendance à préférer des candidats avec lesquels ils partageaient une communauté d'intérêts; en définition des candidats qui leur ressemblaient beaucoup. Au fur et à mesure que les politiciens formèrent des factions, puis des partis, eux aussi formèrent avec des hommes qui leur ressemblaient. Donc, même si les votants continuaient de préférer des candidats avec lesquels ils partageaient une communauté d'intérêts, en 1857 ces candidats se présentaient désormais comme membres de groupes représentant un parti et les votants choisissaient le groupe de candidats ou le parti dont l'orientation semblait se rapprocher le plus de la leur. On peut donc affirmer que, pour les votants, l'émergence du parti au sein de l'électorat a représenté un changement d'orientation délibéré, mais un changement n'ayant pas nécessité un virage idéologique important. Même si elle fut graduelle ou imperceptible, l'émergence du parti au sein de l'électoral est important pour les historiens car l'évolution des partis demeure incomplète tant qu'ils n'ont pas acquis un appui solide au sein des groupes de votants.
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The Misery of Victory: France’s Struggle for the Versailles Treaty
Sally Marks
p. 117–133
RésuméEN :
From 1920 to this day, French policy after Versailles has been termed unreasonable, but was it really? Britain and the United States thought so, and effectively deemed it simplest if France would accept defeat in the aftermath of deliverance. They mistakenly thought Germany wanted to forget the past, as they did, and they misread the power balance, exaggerating Germany's temporary prostration and France's fleeting ascendancy. Thus they feared French predominance.
France worried about survival. She acted consistently to prevent a return of German predominance. France was realistic about the facts, if not always about her erstwhile allies. She was sometimes tactless and often disorganized; she clearly had failures of courage, will, propaganda, and economic insights. She knew, however, that she had not won the war and could not impose the peace alone against a largely intact Germany whose power position had been enhanced by the fragmentation of Europe. She saw that small-power alliances could not compensate for the Russian tie, that Germany was stronger, and that treaty clauses to offset that fact were mostly temporary. Thus France relied on Britain and the United States for security because without them she was lost, refusing to face mounting evidence that they were at best neutral, at worst in Germany's camp.
Germany and France both concentrated on Britain in their efforts respectively to undo or preserve the Versailles treaty. Germany had the easier task, as Britain soon wanted to circumvent the treaty too. Preoccupied with imperial and economic problems, Britain feared German market competition to finance reparations and also France's dwindling military power; she was hostile to her historic foe and eager to be the fulcrum of the power balance again. Hence, seconded substantially by the United States, she tried to strengthen Germany at French expense ― a state of affairs which largely explains why France painfully progressed in five years from a determination to enforce key treaty clauses to defeated resignation.
The chief battlegrounds of “the continuation of war by other means” were reparations and disarmament. The Ruhr conflict was the climax of the first battle, and the Dawes Plan embodied France's defeat. Locarno signalled both abandonment of requiring Germany's disarmament and her return to equality and diplomatic respectability. Thereafter a defeated France built the Maginot Line, tried with scant success to salvage something in the Young Plan, and clutched at straws, as in Briand's attempt to freeze the political status quo in his “European Union” scheme.
France's failure stemmed partly from her own errors but primarily from Anglo-American defection. As admitting defeat or combining with Soviet Russia were politically unthinkable, she struggled on in vain, trying not to face facts. Yet her decision at the outset to accept a misnamed and fatefully moderate Armistice may have contributed to her eclipse, leaving France only the misery, not the grandeur, of victory.
FR :
De 1920 jusqu'à nos jours, la politique française d'après Versailles a été jugée déraisonnable. Mais l'était-elle vraiment? La Grande-Bretagne et les États-Unis le croyaient et estimaient qu'il aurait été plus simple que la France accepte la défaite suite à la libération. Ils croyaient faussement que l'Allemagne voulait oublier le passé, comme ils l'avaient fait eux mêmes, et ils ont mal interprété l'équilibre du pouvoir, exagérant la prosternation temporaire de l'Allemagne et l'ascendance passagère de la France. Donc ils craignaient le prédominance française.
La France s'inquiétait pour sa survie. Elle chercha à prévenir le retour de la prédominance allemande. La France était réaliste quant aux faits, même si elle ne l'était pas toujours face à ses alliés d'autrefois. Elle manquait parfois de tact et était souvent désorganisée; elle manqua de courage, de volonté, de propagande et de perspicacité économique. Elle savait, néanmoins, qu'elle n'avait pas gagné la guerre et qu'elle ne pouvait pas imposer la paix seule contre l'Allemagne presque intacte et dont la position de pouvoir avait été accrue par la fragmentation de l'Europe.
Elle réalisait que des alliances avec plusieurs petits pays ne pouvaient compenser pour le lien avec la Russie, que l'Allemagne était plus forte et que les clauses du traité qui compensaient ce fait étaient temporaires pour la plupart. Ainsi la France comptait sur la Grande-Bretagne et les États-Unis pour sa sécurité parce que sans eux elle était perdue, elle refusait d'admettre les preuves toujours plus grandes de leur neutralité ou pire, de leur sympathie pour l'Allemagne.
L'Allemagne et la France ont toutes deux misé sur la Grande-Bretagne dans leurs efforts respectifs de défaire ou de préserver le Traité de Versailles. L'Allemagne eut la tâche plus facile puisque la Grande-Bretagne eut tôt fait, elle aussi, de chercher à circonvenir au Traité. Préoccupée par des problèmes impériaux et économiques, la Grande-Bretagne craignait la concurrence du marché allemand pour financer les réparations et aussi la puissance militaire française qui s'effritait; elle était hostile à son adversaire historique et impatients d'être de nouveau au centre de l'équilibre du pouvoir. Désormais, secondée fortement par les États-Unis, elle essaya de renforcer l'Allemagne au dépens de la France, ce qui explique largement pourquoi la France progressa péniblement en cinq ans de sa détermination à faire respecter les principales clauses du Traité jusqu'à sa resignation à la défaite.
Les principaux instruments pour « la poursuite de la guerre par d'autre moyens » étaient les réparations et le désarmement. Le conflit de la Ruhr fut le point culminant de la première bataille et le plan Dawes incarna la défaite de la France. Par la signature de Pacte de Locarno on cessait d'exiger que l'Allemagne se désarme et on consacrait son retour à l'égalité et à la respectabilité diplomatique. Par après, une France abattue construisit la ligne Maginot, tenta sans grand succès de récupérer un peu par le Plan Young et s'accrocha vainement, comme lors de la tentative de Briand de geler le statu quo en proposant son « Union Européenne ».
L'échec de la France résulta en partie de ses propres erreurs, mais surtout de la défection anglo-américaine. Parce qu'il était politiquement inconcevable qu'elle admette la défaite ou qu'elle s'allie à la Russie soviétique, elle continua de lutter en vain, tentant de ne pas reconnaître les faits. Et pourtant par sa décision dès le départ d'accepter une armistice très modérée et qui d'ailleurs n'en était pas une vraiment, par cette décision donc, la France a peut-être contribué à sa propre déclin, ne récoltant que la misère plutôt que la grandeur de la victoire.
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German Revisionpolitik, 1919‑1933
Carole Fink
p. 134–145
RésuméEN :
Germany's revisionist policy in the interwar period constituted a prime source of international instability. From the Treaty of Versailles to the advent of Adolf Hitler, the statesmen of the Weimar Republic pursued a purposeful, nationalistic diplomacy aimed at eroding the treaty's main provisions. Revisionspolitik, which united most segments of the Reich public, was highly successful: the divisions among the former allies and Soviet Russia helped contribute to the achievements of the statesmen Rathenau, Stresemann and Bruning. By 1933 the Nazi regime, less prudent and more militant, was able to build on its predecessors' labours to regain German hegemony in Europe, supported by a nation grown accustomed to an irredentist foreign policy as welt as by diplomatic partners who had largely acquiesced in Berlin's revisionism. Though historians still differ over the style, methods, individual practitioners, and short- and long-term goals of Weimar foreign policy, it seems clear that it was the most pervasive, integral element of republican diplomacy.
FR :
La politique révisionniste de l'Allemagne pendant l'entre-deux-guerres a constitué une source première d'instabilité internationale. Du Traité de Versailles à l'avènement d'Adolf Hitler, les hommes d'état de la République de Weimar poursuivirent délibérément une diplomatie nationaliste visant à miner les principales dispositions du traité. La Revisionspolitik, qui unissait la plupart des tranches de la population du Reich, remportait un vif succès : les divisions parmi les anciens alliés et la Russie soviétique contribuèrent aux réalisations des hommes d'État Rathenau, Stresemann et Brüning. En 1933, le nouveau régime Nazi, moins prudent et plus militant, fut en mesure de récolter les fruits du labeur de ces prédécesseurs pour rétablir l'hégémonie allemande en Europe. Les dirigeants nazi étaient aidés en cela par une nation maintenant habituée à une politique étrangère de type irrédentiste aussi bien que par des partenaires diplomatiques qui avaient largement appuyé le révisionnisme de Berlin. Même si l'opinion des historiens continue de différer sur le style, les méthodes, les pratiques individuelles et les buts à court et long terme de la politique étrangère de Weimar, il apparaît clairement que ce fut là l'élément le plus dominant de la diplomatie républicaine.
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Inuit Economic Responses to Euro‑American Contacts: Southeast Baffin Island, 1824‑1940
Philip Goldring
p. 146–172
RésuméEN :
First contacts between Inuit and European whalers on Cumberland Peninsula led to considerable movement of population after 1824. Whaling vessels aided the mobility of hunting groups and developed seasonal employment patterns. They also changed the material culture of Inuit hunting and the seasonal pattern of exploitation of marine mammals. Depletion of bowhead whales in the 1870s led the Inuit to diversify their hunting for trade, and diminished the number of whalers permanently living or seasonally visiting the region. The decline in ship-winterings increased the importance of permanent whaling stations as sources of ammunition and provisions. Collapse of the whaling industry and the outbreak of the First World War left most stations, including several new ones, under native management on behalf of British traders. In the 1920s the new Hudson's Bay Company post at Pangnirtung squeezed out less-efficient competition, concentrated on the white fox as the new fur staple, and reorganized production through small hunting camps. This paper examines the manner in which the Inuit facilitated some of these transitions and resisted others.
FR :
Les premiers contacts entre les Inuit et les chasseurs de baleines européens dans la péninsule de Cumberland ont occasionné un mouvement de population considérable après 1824. Les baleiniers favorisèrent la mobilité des groupes de chasseurs ce qui donna lieu à des cycles de travail saisonniers. Ils amenèrent des changements dans le matériel de chasse utilisé par les Inuit et les habitudes saisonnières d'exploitation des mammifères d'exploitation marins. La rareté des baleines boréales dans les années 1870 amena les Inuit à diversifier leur chasse en faveur du commerce, et diminua le nombre de chasseurs de baleines vivant en permanence dans la région, ou la visitant de façon saisonnière. L'abandon graduel de l'hivernage des navires augmenta l'importance des stations de pêche permanentes comme sources de ravitaillement en vivres et munitions. Avec l'effondrement de l'industrie de la pêche à la baleine et le début de la première guerre mondiale, la plupart de ces stations, y compris plusieurs installations nouvelles, furent confiées à des autochtones qui les administraient pour le compte de commerçants Britanniques. Dans les années 1920, l'établissement du nouveau poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson à Pangnirtung élimina les concurrents, entraîna une concentration sur la chasse au renard blanc comme nouvelle fourrure d'échange et réorganisa la production désormais axée sur divers petits camps de chasse. Cet article examine la façon dont les Inuit ont facilité certaines de ces transitions et ont résisté à d'autres.
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Bay Days: The Managerial Revolutions and the Hudson’s Bay Company Department Stores, 1912‑1939
David Monod
p. 173–196
RésuméEN :
North American business history has long been dominated by a belief in the centrality of entrepreneurial innovation to corporate success. This paper looks at the history of the Hudson's Bay Company Stores Department and attempts to explain from within the traditional business-history framework the company's prolonged inability to create a profitable chain of department stores in Western Canada. During the interwar years the HBC was highly competitive in its marketing methods and up-to-date in its business structure. Indeed, the company's failure seems to have stemmed in large measure from these very factors, from its excessive reliance upon scientific management formulas and organizational theories. It was only during the Depression that the Bay was able to recoup its losses by moving away from the professional orthodoxies of the twenties, returning to older business structures, and deciding on a more consumer-oriented approach.
FR :
L'histoire des affaires en Amérique du Nord a longtemps été dominée par la croyance que l'esprit innovateur des entrepreneurs était essentiel au succès des sociétés commerciales. Cet article examine l'histoire de la « Stores Department » de la Compagnie de la Baie d'Hudson et lente d'expliquer à partir du cadre conceptuel traditionel l'incapacité prolongée de la compagnie d'établir une chaîne profitable de magasins à rayons dans l'ouest de Canada. Pendant l'entre-deux-guerres la Compagnie de la Baie d'Hudson était fortement compétitive dans ses méthodes de commercialisation et sa structure était inspirée des connaissances les plus récentes dans ce domaine. Défait, l'échec de la compagnie découle en grande partie de ces facteurs, ainsi que sa trop grande confiance dans les formules administratives et dans les théories organisationnelles scientifiques. Ce n'est que durant la crise que la Compagnie de la Baie d'Hudson fut en mesure de récupérer ses pertes; elle dut pour ce faire s'éloigner de l'orthodoxie professionnelle des années 1920, retourner à des structures commerciales plus anciennes et adopter une approche plus orientée vers le consommateur.
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Urban Migration in Imperial Germany: Towards a Quantitative Model
Steve Hochstadt
p. 197–210
RésuméEN :
Migration research has been dominated by broad assumptions which this paper brings into question. Modernization theory holds that rural-urban migration was one-way, permanent, and continually increasing during industrialization. Nominal-level research on urban populations tends to accept the idea that nonnatives are becoming permanent residents. Data from Germany show reality to have been quite different. Urban mobility peaked around 1900, and has fallen steadily since then. The great majority of urban inmigrants soon left the city, mainly returning to their rural origins. Thus a new model of urban migration is needed. This model must lake into account certain structural characteristics of urban migrants in Germany. Males were more mobile than females, but the differences lay primarily among unmarried adults, whose mobility rates were at least five times those of families. Mobility was inversely proportional to income: workers and domestics were several times as mobile as professionals and the self-employed. The paper does not construct a new model of migration but uses these data to raise questions which might lead to such a model.
FR :
La recherche sur la migration a été dominée par de grandes hypothèses que cet article remet en question. La théorie de la modernisation affirme que la migration de la campagne vers la ville fut à sens unique, permanente et constante pendant la période de l'industrialisation. La recherche basée sur les recensements nominatifs de la population urbaine, amène à accepter l'idée que les non-autochtones deviennent des résidents permanents. Des données provenant de l'Allemagne démontrent que la réalité est toute autre. La mobilité a atteint un sommet vers 1900, et n'a cessé de décroître depuis. La grande majorité des immigrants urbaines ont tôt fait de quitter la ville, principalement pour retourner à leurs origines rurales. Un nouveau modèle d'immigration est donc nécessaire. Ce modèle doit tenir compte de certaines caractéristiques de la structure de la migration urbaine en Allemagne. Les hommes étaient plus mobiles que les femmes, mais les principales différences s'observent chez les adultes célibataires, pour qui la mobilité était cinq fois plus grande que pour les familles. La mobilité était inversement proportionnelle au revenu : les employés et les domestiques étaient beaucoups plus mobiles que les professionnels ou les travailleurs indépendants. Cet article ne propose pas un nouveau modèle d'immigration mais utilise ces données pour soulever des questions qui pourraient mener à un tel modèle.
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Prophets, Priests and Preachers: Dene Shamans and Christian Missions in the Nineteenth Century
Kerry Abel
p. 211–224
RésuméEN :
Throughout the nineteenth century, European and Canadian observers recorded instances of “prophets” arising among the Dene in the northwest. These men and women reported having travelled to the land of the spirits or to heaven, where they learned new rules for human behaviour which would bring about a change of circumstances for the better. Missionaries of the Church Missionary Society and particularly the Oblates of Mary Immaculate were concerned about these events and interpreted them in a variety of ways. Anthropologists and historians have considered similar postcontact events in North American Indian societies as “revitalization movements” and “crisis cults.” These concepts are examined and found somewhat misleading when applied to the Dene prophets. Instead, the activities of these prophets are interpreted as manifestations of traditional cultural responses to the various pressures of life in a harsh northern environment.
FR :
Au cours du 19ième siècle, des observateurs canadiens et européens ont fait mention de la présence des « prophètes » parmi les Dene du nord-ouest. Ces hommes et ces femmes rapportèrent avoir voyagé au pays des esprits ou au ciel, où ils apprirent de nouvelles règles de comportement humain qui pourraient apporter des changements positifs. Les missionnaires de la Church Missionary Society et plus particulièrement les Oblats de Marie-Immaculée étaient préoccupés par ces événements façons. Des anthropologistes et des historiens ont considéré de semblables manifestations post contact dans les sociétés indiennes nord-américaines comme des « mouvements de revitalisation » et des « cultes de crise ». Nous faisons ici l'examen de ces concepts pour les juger quelques peu trompeurs lorsqu'on les applique aux prophètes Dene. Nous interprétons plutôt les activités de ces prophètes comme des réactions culturelles traditionnelles aux diverses pressions que comporte la vie quotidienne dans le dur environnement nordique.
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Secrets Between Different Kinds of Friends: Canada’s Wartime Exchange of Scientific Military Information with the United States and the USSR, 1940‑1945
Donald Avery
p. 225–253
RésuméEN :
The outbreak of the Second World War, with the emphasis on new weapons and defence technology, brought about dramatic changes in the role of the scientist in Britain, the United States, and Canada. In many ways, Canadian scientists were most affected by these changes. Now, through the National Research Council and various defence agencies, they were able to gain access to highly confidential scientific data through the medium of joint British and Canadian research projects. Equally important was the extent that the British connection made it possible for Canadian scientists to become involved in sophisticated American military projects. Canada was also indirectly affected by the complex negotiations between Britain, the United States and the USSR on applied science exchanges during World War II. In addition, there were a variety of bilateral arrangements between Canada and the Soviet Union which had important implications for the exchange of military technology. But even more important were the revelations in September 1945 that the Soviet Union had been operating an extensive espionage system in Canada which had obtained considerable “Top Secret” scientific military information. The subsequent report of the Royal Commission on Espionage had major national and international ramifications.
FR :
L'éclatement du deuxième conflit mondial, avec son emphase sur les armes modernes et les nouvelles technologies de défense, amena des changements considérables dans le rôle des scientifiques en Grande-Bretagne, aux États-Unis et au Canada ― particulièrement pour les Canadiens. Désormais, par l'entremise du Conseil national de recherche et diverses agences de défense, ils purent avoir accès à des informations scientifiques hautement confidentielles dans le cadre de projets de recherche militaire menés conjointement par des Britannique et des Canadiens. Le Canada fut aussi indirectement affecté par les négociations complexes entre la Grande-Bretagne, les États-Unis et l'URSS sur les échanges en matière de sciences appliquées durant la deuxième guerre mondiale. De plus, plusieurs arrangements bilatéraux entre le Canada et l'Union Soviétique eurent de grands impacts sur l'échange de technologie militaire. Mais plus importantes encore furent les révélations en septembre 1945 à l'effet que les Soviétiques avaient exploité un système élaboré d'espionnage au Canada grâce auquel ils avaient obtenu beaucoup d'informations scientifiques militaires très secrètes. Le rapport subséquent de la Commission royale sur l'espionnage a eu un impact majeur sur le plan national et international.
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Local Control, Resources and the Nova Scotia Steel and Coal Company
Kris E. Inwood
p. 254–282
RésuméEN :
Financial market activity indicates that Maritime interests lost control of the Nova Scotia Steel and Coal Company in 1915 and 1916. Production and financial records of the firm suggest that poor profitability contributed to the change of ownership. The firm's weakness is traced to its resource base and the resulting high costs of production. The causation implicit in conventional accounts is reversed: control and ownership changes were a result of, rather than a cause of, production difficulties and weak profitability.
FR :
L'examen de l'activité boursière indique que les financiers des Maritimes ont perdu le contrôle de la compagnie Nova Scotia Steel and Coal pendant les années 1915 et 1916. Les états de comptes de la compagnie démontrent que les petits profits ont contribué à ce changement de contrôle. L'auteur suggère que la faiblesse économique de la compagnie était le résultat des ressources principales et de l'augmentation des coûts de la production du fer. L'explication traditionnelle est mise en doute : les changements de propriétaires étaient le résultat, et non la cause, des difficultés de production et des petits profits.
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Unpublished Papers/Communications non imprimées
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William (Bill) Acheson