
Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 9, numéro 1, 1998
Sommaire (16 articles)
Ottawa 1998
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Presidential Address: The Personal and the Historical
Judith Fingard
p. 3–13
RésuméEN :
In her 1998 Presidential Address to the Canadian Historical Association, Judith Fingard poses a question which has been on our collective minds for some time: “Does the personal history of the historian determine the choice of her or his subject matter, approach, and ongoing professional development?” By delving into the personal reflections of celebrated Canadian historians, Fingard has been able to shed light on this contentious issue. According to Fingard, the personal and professional intersect at several key points (or at least have for her sample of historians working in Canada in the past twenty years). The obvious, it seems, is true. Gender, class and stage of life all influence scholarly pursuits whether it be in terms of subject matter chosen or the amount of time one is able to devote to research and writing. Certainly the past twenty years has seen great change in Canadian academia; particularly, one can argue, in the field of history. It is clear that those sampled in Fingard's survey drew upon their personal backgrounds not only to forge a passion for the past - sometimes against all odds - but a professional identity based on the study of history of the margins. Ultimately, we can conclude that social historians of the past twenty years personify the field they played such a role in developing. To varying degrees, the profession is indeed personal.
FR :
Dans son discours à la Société historique du Canada, la présidente de 1998, Judith Fingard, a posé une question qui préoccupe la collectivité des historiens depuis un bon moment : « Est-ce que l'histoire personelle d'un historien détermine le choix de son sujet, son approche, et son développement professionnel ? » Pour aborder ce problème, elle a choisi d'interroger les réflections personnelles d'un échantillon d'historiens canadiens reconnus, actifs au cours des vingt dernières années. D'après elle, les histoires personnelles et professionnelles de ces individus se sont croisées a plusieurs points importants. Il semble évident que le sexe, la classe et l'étape de la vie exercent tous une influence sur les activités académiques, qu'il s'agisse du sujet des études ou du temps que les historiens ont été capables de consacrer à la recherche et à l'écriture. Le monde académique canadien a changé considérablement au cours des deux dernières décennies, en particulier, semble-t-il, dans le champs de l'histoire sociale. L'ensemble de la profession et de ses praticiens se sont enrichis de ces développements. Les personnes sélectionnées par l'enquête de Fingard se sont appuyées sur leurs histoires personnelles non seulement pour alimenter leur passion pour l'étude du passé, parfois dans l'adversité, mais aussi pour élaborer des identités professionnelles ancrées dans l'histoire des groupes marginaux. Enfin de compte, la présidente avance que les praticiens de l'histoire sociale des deux dernières décennies ont incarné les champs mêmes qu 'ils ont développés. À des degrés variés, a-t-elle conclu, la profession est donc personnelle.
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The Duelling Debate in Latin America, 1870-1920: Repress, Legalise, or Just Look the Other Way?
D. S. Parker
p. 15–37
RésuméEN :
Although formally considered a crime, the duel became increasingly common in Latin America through the late nineteenth and early twentieth centuries, especially among the political class, the very people charged with writing, interpreting, and enforcing the laws. The contradiction was not lost on contemporaries, who saw the impunity of duelling as a serious problem and debated how best to overcome the gulf between law and practice. This article looks at the arguments for and against the criminalisation of the duel, and shows how the debate raised far more fundamental questions about the role of law in a modernising society.
FR :
Bien qu'il ait été officiellement considéré à l'époque comme un crime, le duel est devenu de plus en plus répandu en Amérique latine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, surtout dans le milieu politique, celui-là même qui rédigeait, interprétait et appliquait la loi. La contradiction n'est pas passée inaperçue chez certains contemporains, qui considéraient l'impunité des duels comme un grave problème et qui essayaient de concilier loi et réalité. L'article présente les arguments pour et contre la criminalisation des duels et montre comment le débat a soulevé des questions fondamentales sur le rôle de la loi dans une société en pleine modernisation.
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“En part égale”: Family, Inheritance, and Market Change in a Francophone Community on the Prairies, 1880-1940
Ken M. Sylvester
p. 39–62
RésuméEN :
This paper uses the fates of farm families in a southern Manitoba community to examine the evolution of nineteenth-century inheritance practice during the development of the Canadian prairies. In Montcalm, settlers from Quebec shared their new rural municipality with anglophones from eastern Ontario. While parents were originally committed to establishing as many of their progeny as possible, by the 1920s landholders tended to liquidate their assets for distribution among already independent middle-aged children. Generally, this meant that property was transferred in portable and individual bundles, and decisions on how to make a living were left to the inheriting generation. Aging parents still provided for their children's futures, but because their relationship to the market economy had changed, so too had their relationship to their children. While simplifying obligations between farm parents and children, market change increasingly expressed family ties in the language of the marketplace.
FR :
Cet article évoque le sort des familles agricoles d'une collectivité du sud du Manitoba pour illustrer l'évolution des coutumes concernant les successions au XIXe siècle, pendant la colonisation des prairies canadiennes. À Montcalm, des colons québécois partageaient leur nouvelle municipalité rurale avec des anglophones venus de l'Est ontarien. Alors que les parents avaient été jusque là déterminés à installer le plus grand nombre possible de leurs enfants, dans les années 1920, les propriétaires terriens avaient tendance à liquider leurs biens et à en répartir le fruit entre leurs enfants déjà adultes et indépendants. Il s'ensuivait que les biens était transférés en lots individuels en espèces, et que les héritiers choisissaient seuls la manière de gagner leur vie. Les parents vieillissants assuraient toujours l'avenir de leurs enfants, mais parce que leurs rapports avec l'économie de marché avaient changé, leurs rapports avec leurs enfants avaient aussi changé. Tout en simplifiant les rapports entre parents et enfants au sein de la famille agricole, l'évolution du marché modelait les liens familiaux selon des considérations économiques.
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Apple of the Empire: Landscape and Imperial Identity in Turn-of-the-Century British Columbia
Jason Patrick Bennett
p. 63–92
RésuméEN :
With the dawn of a new century, the British Empire faced the world with a new monarch as the Dominion of Canada braced for one of the largest immigration movements in its brief history. These currents of change also mirrored broader societal transformations marked by dramatic industrial expansion and exploding urban growth. In this period of great transition, many well-to-do Britons found a powerful antidote to their fears and insecurities in the far-away province of British Columbia. Aggressively promoted by private land developers, immigrants found affinity with a radically-altered landscape defined by the agricultural practice of fruit farming. Representing a wealth of finance, culture, and refinement, notions of the land animated and perpetuated the values and identity of the new community. Although these settlers were eager to exclude difference and achieve a “natural” balance with nature, the intertwining of landscape and Empire could not preclude change, nor exorcise its own profound flaws.
FR :
Au début du siècle, l'Empire britannique avait un nouveau monarque et le Dominion du Canada se préparait à l'un des mouvements d'immigration les plus importants de sa courte histoire. Ces changements étaient le reflet de grandes transformations sociales ponctuées par une expansion industrielle spectaculaire et une croissance urbaine effrénée. Pendant cette période de transition, beaucoup de riches Britanniques trouvèrent un antidote efficace à leurs craintes et à leur insécurité dans la lointaine Colombie-Britannique. La province était fortement publicisée par des promoteurs immobiliers, et ces immigrants s'y trouvaient des affinités avec un paysage profondément transformé par la culture des fruits. Véritable corne d'abondance sur les plans de l'économie et de la culture, la terre revêtait un sens qui stimulait et perpétuait les valeurs et l'identité de la nouvelle collectivité. Les nouveaux colons voulaient éviter les différences et atteindre un équilibre « naturel » avec leur environnement, mais les liens étroits entre cet environnement physique et l'Empire ne pouvaient pas prévenir le changement ni exorciser les démons de cet Empire.
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Organizational Culture and Radical Technological Change: The Railway Locomotive Industry During the Twentieth Century
Albert Churella
p. 93–104
RésuméEN :
Beginning in the 1930s, North American railroads began replacing their steam locomotives with diesels at an ever-accelerating rate. Established steam locomotive producers, most notably the American Locomotive Company and the Baldwin Locomotive Works, proved incapable of dealing with this radical technological discontinuity. As successful steam locomotive manufacturers, these firms developed a corporate managerial culture that was not only linked closely to steam locomotive technology; it also embodied the fundamentals of small-batch custom manufacturing. More successful competitors, such as Electro-Motive (later a division of General Motors), developed a corporate culture amenable to both diesel locomotive technology and the standardized near-mass-production techniques that made diesel production efficient and profitable. Electro-Motive executives understood that railroad customers increasingly valued performance characteristics (flexibility, lower operating costs) best fulfilled by diesels, while steam locomotive producers continued to concentrate on the outdated characteristics (horsepower, low initial cost) of steam locomotive technology.
FR :
Dans les années 1930, les compagnies ferroviaires nord-américaines ont commencé à remplacer leurs locomotives à vapeur par des locomotives diesels, à un rythme toujours plus rapide. Les fabricants de locomotives à vapeur, surtout l’American Locomotive Company et la Baldwin Locomotive Works, ont été incapables de suivre ce virage technologique en épingle. En tant que fabricants prospères de locomotives à vapeur, ces entreprises avaient développé une culture de gestion qui n'était pas exclusivement liée à la technologie des locomotives à vapeur ; elle englobait aussi les principes de base de la fabrication sur mesure, en petittes quantités. Les concurrents plus chanceux, comme Electro-Motive (devenue plus tard une division de General Motors) avaient établi une culture d'entreprise applicable à la technologie des locomotives diesels et aux techniques de production en grande quantité qui ont rendu le diesel efficace et rentable. Les dirigeants d'Electro-Motive avaient compris que les compagnies ferroviaires clientes appréciaient de plus en plus les caractéristiques de rendement (souplesse, faible coût d'exploitation) qu'offrait le diesel, alors que les fabricants de locomotives à vapeur continuaient de mettre l'accent sur des caractéristiques désuètes (puissance, faible coût initial) de leurs produits.
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“Sharing the Halo”: Social and Professional Tensions in the Work of World War I Canadian Volunteer Nurses
Linda J. Quiney
p. 105–124
RésuméEN :
The experience of some 500 Canadian and Newfoundland women who served overseas as Voluntary Aid Detachment (VAD) nurses during the Great War has been eclipsed by the British record. Sent as auxiliary assistants to trained nurses in the military hospitals, Canadian VADs confronted a complex mix of emotional, physical, and intellectual challenges, including their “colonial” status. As casually trained, inexperienced amateurs in an unfamiliar, highly structured hospital culture, they were often resented by the overworked and undervalued trained nurses, whose struggle for professional recognition was necessarily abandoned during the crisis of war. The frequently intimate physical needs of critically ill soldiers also demanded a rationalisation of the VAD's role as “nurse” within a maternalist framework that eased social tensions for both VAD and patient. As volunteers assisting paid practitioners, the Canadian VAD experience offers new insights into a critical era of women's developing professional identities.
FR :
L'expérience de quelque 500 femmes canadiennes et terre-neuviennes qui, pendant la Grande Guerre, ont servi outre-mer en tant qu 'auxiliaires volontaires, a été oblitérée dans les registres britanniques. Envoyées dans les hôpitaux militaires comme assistantes des infirmières diplômées, les auxiliaires volontaires canadiennes étaient placées devant des défis d'ordre émotif, physique et intellectuel, auxquels leur statut de ressortissantes d'une colonie n'était pas étranger. Sommairement formées, et inexpérimentées dans un milieu hospitalier très structuré, elles subissaient souvent le ressentiment des infirmières diplômées surmenées et sous-estimées, dont la lutte pour la reconnaissance professionnelle avait été mise en veilleuse par la guerre. Les besoins physiques souvent intimes de soldats très malades exigeaient la rationalisation de leur rôle d'« infirmières » dans un contexte de maternage qui désamorçait les tensions sociales entre elles et les patients. En tant que bénévoles qui aidaient des professionnelles rémunérées, les auxiliaires volontaires canadiennes ont vécu une expérience qui jette un nouvel éclairage sur une époque qui a été critique pour l'acquisition d'une identité professionnelle par les femmes.
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The Strange Tale of Tom Cassidy and Catherine Rose, or, Free Love, Heterosexuality, and the One Big Union
Todd McCallum
p. 125–154
RésuméEN :
When Tom Cassidy and Catherine Rose were purged from the One Big Union (OBU) in October 1923 for their illicit sexual relationship, it unleashed an intense and at times dramatic series of confrontations lasting more than six months in which members said to advocate the ideals of “free love” became the greatest threat to the union's existence. Remarkably, these debates at dozens of union meetings occurred without any public reference to sex. Instead, OBU executive members contained the sexual content of Cassidy's and Rose's affair by posing the question of their relationship in terms of a value judgement about what would hinder the progress of the union. To talk of sex, they argued, would enable a sexual Red Scare at the hands of the bourgeois press. The OBU would be destroyed in the ensuing panic over charges of “free love” and the working-class movement for liberation would be undermined. But underneath their concern to protect the union's reputation lay patriarchal assumptions about heterosexuality, both as sexual practice and family structure, to explain the union's existence, its organizational tactics, and their dream of a better future. Thus, it was not so much that the OBU Executive refused to challenge conservative sexual values to protect the union, but that they promoted these values.
FR :
En octobre 1923, l'expulsion de Tom Cassidy et de Catherine Rose du syndicat One Big Union (OBU), en raison de leurs relations sexuelles illicites, a déclenché à l'intérieur du syndicat une série de confrontations intenses et parfois orageuses qui a duré plus de six mois pendant lesquels des membres qui défendaient les idéaux de « l'amour libre » sont devenus la pire menace à son existence. Fait étonnant, pendant ces débats survenus lors de douzaines de réunions syndicales, jamais la question des rapports sexuels n'a été publiquement soulevée. Les membres de la direction du OBU ont escamoté l'aspect sexuel de l'affaire Cassidy-Rose en portant le débat à un autre niveau, celui d'un jugement de valeur à propos de ce qui compromettrait les progrès du syndicat. Ils soutenaient qu'en parlant de sexualité, ils prêteraient flanc au scandale dans la presse bourgeoise. La panique suscitée par les allégations « d'amour libre » détruirait l’OBU et le mouvement de libération de la classe ouvrière serait miné. Mais cette préoccupation pour la réputation du syndicat cachait des notions patriarcales à propos de l'hétérosexualité, à la fois pratique sexuelle et structure familiale, qui étaient le fondement même du syndicat, de ses tactiques organisationnelles et de sa quête d'un avenir meilleur. Ainsi, la question n'était pas tant que la direction de l’OBU refusait de contester des valeurs sexuelles traditionnelles afin de protéger le syndicat, mais plutôt qu 'elle préconisait ces valeurs.
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Appropriating the Past: Pageants, Politics, and the Diamond Jubilee of Confederation
Robert Cupido
p. 155–186
RésuméEN :
This paper explores the relationship between public commemoration and the construction of social and political identity in the period between the wars, through a case study of the historical pageants that played such a conspicuous part in the celebration of the Diamond Jubilee of Confederation in 1927. Nationalist elites in Ottawa attempted to exploit pageantry for nation-building purposes by disseminating selective images of the past, conforming to the officially approved themes of material progress, social harmony and political unity. At the local level, historical pageants were used to define and celebrate the community's links to the past, present and future, the contribution of different social groups to its development, and its relationship to the larger nation. By organizing and participating in the pageants and other civic rituals of the Jubilee year through their networks of voluntary associations, middle-class women consolidated their public role as guardians of collective memory and historical tradition. And for a number of important groups-French-Canadian nationalists, British-Canadian imperialists, European immigrants and Native people, among others-a commemorative occasion intended to generate a common national consciousness ironically provided opportunities to affirm and celebrate competing sources of group loyalty and identity, through the use of historical representations that subverted the aims of federal organisers.
FR :
Cet article explore les liens entre la commémoration publique et la formation d'une identité sociale et politique dans la période de l'entre-deux-guerres, en étudiant le cas des spectacles historiques à grand déploiement qui ont marqué le 60e anniversaire de la Confédération, en 1927. L'élite nationaliste d'Ottawa a tenté d'exploiter ces célébrations pour renforcer la nation, en diffusant des images choisies du passé qui étaient conformes aux thèmes approuvés du progrès matériel, de l'harmonie sociale et de l'unité politique. À l'échelon local, les spectacles servaient à définir et à célébrer les liens de la collectivité avec le passé, le présent et l'avenir, la contribution des différents groupes sociaux au développement de cette collectivité, et son rôle dans la nation. En organisant des célébrations et d'autres événements par le truchement de leur réseau d'association de bénévoles, et en y participant, les femmes de la classe moyenne ont renforcé leur rôle public en tant que gardiennes de la mémoire collective et de la tradition historique. Ironiquement, pour certains groupes importants - notamment les nationalistes canadiens-français, les impérialistes canadiens-britanniques, les immigrants européens et les peuples autochtones - les fêtes commémoratives destinées à renforcer une identité différentes, en détournant ainsi les représentations historiques évoquées par les organisations fédéraux.
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The Romance of Reunion: Montreal War Veterans Return to Family Life, 1944-1949
Magda Fahrni
p. 187–208
RésuméEN :
The narratives of homecoming told during the last years of the Second World War and the first few years of peace drew on the elements of a literary romance: valiant heroes, loyal heroines, and a period of hardship culminating in the hero's triumphant return and the welcoming embrace of the woman he'd left behind. The moment of reunion, however, heralded the beginning of another story: veterans' reintegration into family life in the wake of war and separation. This paper examines the renegotiation of relationships between male war veterans and their spouses, children, and parents. Using Montreal as a case study, it argues that although the family was promoted as an agent of postwar healing, veterans' readjustment to family life was difficult. The fact that war had strained and sometimes shattered relationships was harder to bear given the rhetorical force of the reunion narrative for veterans and their families.
FR :
Les récits de retour au foyer faits pendant les dernières années de la Deuxième Guerre mondiale et les premières années de paix qui ont suivi réunissaient les ingrédients du roman sentimental : le brave héros, l'héroïne fidèle, une période d'épreuves se terminant par le retour triomphal du héros et l'étreinte de la femme qui l'attendait. Pourtant, ces retrouvailles marquaient le début d'une autre histoire, celle de la réinsertion des anciens combattants dans la vie familiale après la guerre et la séparation. Cet article traite de la renégociation des liens entre les hommes revenus de la guerre et leur conjointe, leurs enfants et leurs parents. Utilisant Montréal comme cadre de son étude, l'auteur affirme que bien que la famille ait servi d'instrument de guérison après la guerre, la réadaptation des anciens combattants à la vie familiale a été difficile. Le fait que la guerre avait altéré et parfois détruit des relations était plus difficile à admettre, étant donné la vigueur rhétorique du récit du retour des anciens combattants dans leur famille.
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Finding a Place for Father: Selling the Barbecue in Postwar Canada
Chris Dummitt
p. 209–223
RésuméEN :
Between the late 1940s and the mid 1950s, a group of advertisers, cookbook writers, and pop culture journalists introduced Canadians to a new form of household cookery: the barbecue. While grilling food over a fire was not entirely new, the cultural form and meaning of postwar suburban barbecuing sprung directly from middle-class family life and gender relations in 1950s Canada. In particular, this paper explores why men played such a key role in outdoor cooking and how sellers of barbecue culture attempted to normalise this apparent transgression of 1950s gender expectations. It argues that barbecuing was one of a number of postwar male-centred family leisure activities that resulted from changing notions of fatherhood-namely, an increased expectation that men be more involved in domestic life. This study of postwar barbecue culture shows that when gendered divisions between public and private faltered, new divisions between leisure and work took their place, re-articulating and redefining existing hierarchies between masculine and feminine.
FR :
Entre la fin des années 1940 et le milieu des années 1950, un groupe de publicitaires, de rédacteurs de livres de recettes et de journalistes de la culture pop ont présenté aux Canadiens une nouvelle forme de cuisson maison : le barbecue. L'idée de cuire des aliments sur un feu ouvert n'était pas nouvelle, mais la forme culturelle et le sens de cette nouvelle mode dans les banlieues de l'après-guerre étaient le produit direct de la vie des familles de la classe moyenne et des relations hommes-femmes dans le Canada des années 1950. Cet article explore plus particulièrement les raisons pour lesquelles les hommes jouent un rôle de premier plan dans la cuisson des aliments à l'extérieur et comment les vendeurs de cette culture ont tenté de normaliser cette transgression apparente des rôles traditionnels. L'auteur soutient que le barbecue figurait parmi les loisirs familiaux de l'après-guerre organisés autour du père qui étaient une conséquence de l'évolution du rôle de ce dernier, c'est-à-dire qu'on attendait de lui qu'il participe davantage à la vie domestique. Pourtant, cette étude de la culture « barbecue » d'après-guerre montre que lorsque les cloisons entre la vie publique et privée des hommes et des femmes tombaient, d'autres cloisons entre les loisirs et le travail venaient les remplacer, redéfinissant les rapports hiérarchiques entre les deux sexes.
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Tempered Sympathy: Canada’s Reaction to the Independence Movement in Algeria, 1954-1962
Robin S. Gendron
p. 225–241
RésuméEN :
This article examines the reaction of the Canadian government to the Algerian war for independence from France from 1954 to 1962. It reveals that, while sympathetic to the ambitions of colonial peoples to determine their own national destinies, the Canadian government often judged colonial issues after the Second World War by the impact they had on the North Atlantic Treaty Organisation, Canadian security interests and the Cold War. Given that the Algerian war threatened France's ability and willingness to contribute to NATO during this period the Canadian government felt compelled to support France's efforts to retain its North African colony both politically and militarily. Canadian officials wanted France's participation in NATO and were unwilling to antagonise France by opposing its Algerian policies. In this instance national security interests were of a higher priority for the Canadian government than support for the principle of national self-determination for colonial peoples.
FR :
Le présent article examine la réaction du gouvernement canadien face à la guerre d'Algérie menée contre la France de 1954 à 1962 et au terme de laquelle l'Algérie parvenait à l'indépendance. Après la Deuxième Guerre mondiale en effet, malgré la sympathie que lui inspiraient les ambitions des peuples coloniaux à prendre en main leur destin national, le gouvernement du Canada considérait souvent les questions coloniales en fonction de leurs répercussions sur l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, sur la sécurité du pays et sur la guerre froide. Or, en raison de cette guerre d'Algérie, la France risquait, au cours de cette période, de ne pas pouvoir et de ne pas vouloir contribuer à l'OTAN. C'est pourquoi le Canada s'est alors senti obligé de soutenir la France dans ses efforts visant à conserver sa colonie d'Afrique du Nord, tant sur le plan politique que militaire. Les dirigeants canadiens, qui tenaient à ce que la France participe à l'OTAN, se sont donc refusés à s'opposer à la politique française en matière algérienne. Dans les circonstances, la sécurité nationale comptait davantage pour le gouvernement que le principe de l'autodétermination des peuples coloniaux.
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From Dreams to Reality: The Evolution of Anglo-Canadian Trade During the Diefenbaker Era
Bruce Muirhead
p. 243–266
RésuméEN :
The articulated foreign economic policy of the Conservative government of John Diefenbaker following its election in June 1957 was to redirect trade away from the United States and toward the United Kingdom. This policy reflected Diefenbaker's almost religious attachment to the Commonwealth and to Britain, as well as his abiding suspicion of continentalism. However, from these brave beginnings, Conservative trade policy ended up pretty much where the Liberals had been before their 1957 defeat-increasingly reliant on the US market for Canada's domestic prosperity. This was a result partly of the normal development of trade between the two North American countries, but it also reflected Diefenbaker's growing realisation of the market differences between Canada and the United Kingdom, and the impossibility of enhancing the flow of Canadian exports to Britain.
FR :
Après l'élection de juin 1957, la politique très claire du gouvernement conservateur de John Diefenbaker concernant le commerce international visait à diminuer les échanges commerciaux avec les États-Unis et à intensifier ceux avec la Grande-Bretagne. Cette politique révélait l'attachement quasi religieux de Diefenbaker envers le Commonwealth et la Grande-Bretagne, ainsi que sa méfiance envers le continentalisme. Malgré des débuts louables, la politique conservatrice eut tôt fait d'aboutir à la situation où les libéraux étaient arrivés avant leur défaite de 1957 : la prospérité des marchés canadiens dépendait de plus en plus des marchés américains. Cet état de fait était en partie la conséquence du développement normal du commerce entre les deux pays nord-américains, mais elle trahissait aussi la prise de conscience de Diefenbaker à l'égard des différences entre les marchés canadien et britannique, et de l'impossibilité d'intensifier les exportations canadiennes vers la Grande-Bretagne.
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Intelligence at the Learneds: The RCMP, the Learneds, and the Canadian Historical Association
Steve Hewitt
p. 267–286
RésuméEN :
Much of the history of Royal Canadian Mounted Police's (RCMP) security intelligence role has ignored domestic counter-subversion work in favour of more glamorous counter-espionage operations. “Intelligence at the Learneds: The RCMP, the Learneds, and the Canadian Historical Association” examines one small part of that neglected counter-subversion past. For nearly twenty-five years, from 1960 to 1983, members of the RCMP secretly covered and reported upon various meetings of the Learned Societies. Initially attracted by the presence of communists, by the 1970s the RCMP had changed its focus to members of the so-called New Left. Hounded by criticism in the aftermath of the McDonald Commission's final report in 1981, Mounties returned to monitoring communists. Mounted Police coverage ended in 1984, when the Canadian Security Intelligence Service (CSIS) replaced the Security Service. The paper concludes with a suggestion that CSIS may not be as free from its RCMP ancestor as some would suggest.
FR :
Une grande partie de l'histoire des activités sur le renseignement de sécurité de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) passe sous silence le travail anti-subversif effectué au pays pour souligner les activités plus prestigieuses de contre-espionnage. Intelligence at the Learneds: The RCMP, the Learneds, and the Canadian Historical Association examine une petite partie de ce passé oublié. Pendant près de 25 ans, de 1960 à 1983, des membres de la GRC ont secrètement assisté à diverses réunions de sociétés savantes pour ensuite faire rapport. Attirée d'abord par la présence de communistes, la GRC a, dans les années 1970, transféré son attention vers les membres de la soi-disant « nouvelle gauche ». Vertement critiquée après la parution du rapport final de la Commission McDonald en 1981, la GRC a repris sa surveillance des communistes, qui s'est terminée en 1984, quand le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRC) a remplacé le Service de la sécurité. L'auteur conclut son article en posant l'hypothèse que le SCRC n'est peut-être pas aussi indépendant de la GRC qu 'on voudrait bien le laisser croire.