FR :
Dans la foulée de la querelle du panthéisme, nombreux furent les philosophes qui réhabilitèrent le spinozisme et sur lesquels ce dernier exerça une influence déterminante. C’est notamment le cas de Hegel, pour qui la confrontation avec le spinozisme était capitale. Or l’enjeu de cette confrontation résidait pour Hegel dans le passage d’un absolu-substance, qui exclut la négativité, à un absolu-sujet se réalisant en tant qu’Esprit, lequel intègre la négativité en l’absolu. C’est dans les années d’Iéna (1801-1807) que Hegel prend acte de la nécessité de ce passage. À partir de l’été 1803, Hegel rejette la définition de l’absolu comme totalité substantielle, qui caractérise la première phase d’Iéna (1801-1803), au profit d’une définition de l’absolu comme sujet ou comme Esprit. C’est pendant la seconde phase d’Iéna (1803-1807) que s’élabore ce passage que la Phénoménologie de l’Esprit révèle en 1807. C’est cette confrontation avec le spinozisme, laquelle apparaît comme un moment déterminant du développement philosophique de Hegel à Iéna, que cet article entend mettre en lumière.
EN :
In the years following the Spinozism controversy, many philosophers deeply influenced by Spinozism took up the task of rehabilitating it. It is notably Hegel’s case, for whom the confrontation with Spinozism was a central issue. What was at stake for Hegel in this confrontation was the passage from a definition of the absolute as substance, which excludes negativity, to a definition of the absolute as subject realizing itself as Spirit, which integrates negativity in the absolute. Hegel became aware of the necessity of this passage during the years he spent in Jena (1801-1807). From the Summer of 1803, Hegel moved from a definition of the absolute as substantial totality, which characterizes the first phase of Jena (1801-1803), to a definition of the absolute as subject or as Spirit ; a passage that occurred in the second phase of Jena (1803-1807) and that was revealed in the Phenomenology of Spirit in 1807. This paper aims to shed light on this confrontation with Spinozism, which appears as a decisive element of Hegel’s philosophical development in Jena.