Volume 41, 2022 Sous la direction de Erin Keating, Kathryn Ready et Anne Sechin
Sommaire (16 articles)
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Conference Acknowledgements
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Remerciements pour l’organisation du congrès
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Introduction [in English]
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Introduction [en français]
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Les traductions des voyages imaginaires : exotisme et adaptation
Florian Ponty
p. 1–19
RésuméFR :
Cet article étudie la réinterprétation et l’appropriation de l’exotisme dans les traductions-adaptations des voyages imaginaires du xviiie siècle, tout particulièrement celles de Desfontaines (Les Voyages du capitaine Lemuel Gulliver), de Berault-Bercastel (Voyages récréatifs du chevalier de Quevedo) et de Louis de Mailly (Les Trois Princes de Sarendip). Les traducteurs ont comme objectif d’adapter l’oeuvre au « goût de la France » : ils sont aux prises avec un double exotisme, celui décrit dans le voyage et celui intrinsèque à l’oeuvre. Leur travail d’adaptation repose sur la recherche des équivalences culturelles, sur la suppression des passages subversifs et sur la conservation d’une représentation convenue de l’ailleurs et du merveilleux. Certains traducteurs vont jusqu’à réécrire une grande partie de ces ouvrages afin que le genre littéraire corresponde à celui du voyage.
EN :
This article studies the reinterpretation and appropriation of exoticism in French translations-adaptations of imaginary voyages from the eighteenth century, particularly those of Desfontaines (Les Voyages du Capitaine Lemuel Gulliver), Berault-Bercastel (Voyages récréatifs du chevalier de Quevedo), and Louis de Mailly (The Three Princes of Serendip). The translators wanted to adapt the original work to the “taste of France”: they were confronted with a double exoticism, the one described in the journey and the one intrinsic to the work. Their adaptation work is based on the search for cultural equivalences, on the suppression of subversive passages and on the preservation of an agreed representation of the elsewhere and the fantastic. Some translators rewrote a large part of these works so that the literary genre fit the voyage.
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Disputatio nova contra Mulieres, Qua probatur eas Homines non esse de 1595 et ses deux traductions françaises au xviiie siècle
Monika Malinowska
p. 21–32
RésuméFR :
Le texte latin Disputatio nova contra Mulieres, Qua probatur eas Homines non esse de la fin du xvie siècle, a connu un grand succès après sa première publication. Aujourd’hui, ce livre, dont le titre soulève des doutes sur l’humanité des femmes, s’inscrit dans le cadre de la querelle des femmes. Il en existe deux traductions françaises : la première d’Anne-Gabriel Meusnier de Querlon réalisée en 1744, la seconde de Charles Clapiès publiée, en 1766. Les deux textes reflètent parfaitement le débat entre la traduction libre et la traduction littérale à l’époque des Lumières. Il est intéressant de les comparer, de voir lequel est une traduction fidèle et lequel n’est qu’une transposition.
EN :
The Latin text Disputatio nova contra Mulieres, Qua probatur eas Homines non esse, published at the end of the sixteenth century, proved immensely popular in the years to come. Today, this book, the title of which raises doubts about the humanity of women, falls within the context of the longstanding historical debate known as the querelle des femmes. We have two French translations of this Latin text: the first one by Anne-Gabriel Meusnier de Querlon made in 1744, the second by Charles Clapiès in 1766. The two translation texts perfectly exemplify the discussion regarding the relative merits of free translation and literal translation in the Age of Enlightenment. Comparing these two translations yields important insights related to fidelity and transposition in translation.
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A Certified Copy: Translating Images in the Eighteenth-Century French Print Market
Tamara Abramovitch
p. 33–65
RésuméEN :
In an era before the invention of photography, fine art prints based on famous paintings dominated the eighteenth-century art market, inviting a common comparison between engravers and translators. At a time when writers and scholars placed much value on the closeness of translations to their original texts, such comparisons reflected a subordination of the skills of technical engravers to the assumed genius of painters. However, careful examination of the copy-prints reveals that loyalty to originals was not the primary interest of these visual translators. Instead, these translators saw themselves as active mediators. This essay reconsiders acts of eighteenth-century visual translation to reframe the practice of engraving during the period and to establish a new understanding of the movement from one visual artistic language to another. The case study of Nicolas de Launay, one the most successful engravers in eighteenth-century France, is selected for scrutiny and contextualized within historical debates around translation. The final aim is to illuminate important tensions between the disciplines of painting and engraving, as well as the complex process by which engravers strove to remain simultaneously loyal to the painters, to their audience, and to their own artistic identity.
FR :
À l’époque où la photographie n’existait pas encore, les reproductions d’oeuvres d’art et de peintures célèbres dominaient le marché de l’art. Au dix-huitième siècle, la comparaison entre les graveurs et les traducteurs était fort commune. Si, à l’époque, on accordait une grande importance à la fidélité des traductions aux textes originaux, de telles comparaisons amenaient à conclure à une sorte de submissivité purement technique des graveurs par rapport au talent génial des peintres. En examinant de près les copies réalisées, on remarque toutefois que la fidélité à l’original n’était pas nécessairement la préoccupation première de ces traducteurs visuels. Ces derniers seraient plutôt des médiateurs. Cet article réexamine les actes de traduction visuelle du dix-huitième siècle afin de recadrer la pratique de la gravure pendant cette période et de permettre de mieux comprendre le mouvement qui irait d’un langage visuel artistique à un autre. Une étude de cas, celle de Nicolas de Launay, qui est sans doute l’un des plus grands graveurs du dix-huitième siècle, nous permettra de contextualiser cette pratique au coeur des débats historiques autour de la traduction. Notre objectif principal sera, finalement, de mettre en lumière les tensions qui existent entre les différentes disciplines associées à la peinture et à la gravure, ainsi que les processus complexes par le biais desquels les graveurs ont réussi à rester fidèles à la fois aux peintres, à leur public et à leur propre identité artistique.
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Traduction et appropriation dans l’Encyclopédie, ou nouvelle apologie de l’abbé Mallet
Reginald McGinnis
p. 67–87
RésuméFR :
Quand, en 1747, Diderot et d’Alembert reprennent la direction de l’Encyclopédie, ils héritent d’un projet conçu au départ comme une traduction de la Cyclopaedia d’Ephraïm Chambers. Celle-ci ayant laissé son empreinte sur ce qui sera présenté par la suite comme un ouvrage original, les éditeurs seront souvent amenés à revenir sur leur relation au modèle anglais. Dans les polémiques autour de la publication des premiers volumes, les emprunts à Chambers, entre autres, ont été relevés par les défenseurs de la religion, qui accusaient les encyclopédistes à la fois de plagiat et d’impiété. À partir de ces remarques, cet article propose de considérer la contribution de l’abbé Mallet, l’un des premiers collaborateurs recrutés par Diderot et d’Alembert, et auteur de plusieurs centaines d’articles de l’Encyclopédie. Définir ce qui y relève de l’emprunt ou de l’invention révèle des erreurs majeures dans l’histoire de la réception de cet ouvrage, ce qui nécessite une réévaluation de son théologien principal.
EN :
When in 1747 Diderot and d’Alembert took over the direction of the Encyclopédie, they inherited a project initially conceived as a translation of Ephraim Chambers’ Cyclopaedia. The latter work having left its mark on what would eventually be presented as an original enterprise, the editors would often find themselves having to explain their relation to their English model. In polemics surrounding the publication of the first volumes, borrowings from Chambers and other sources came under scrutiny from defenders of religion who accused the encyclopedists of both plagiarism and impiety. Starting from these observations, this article proposes to consider the contribution of the Abbé Edme Mallet, one of Diderot and d’Alembert’s earliest recruits, and the author of hundreds of articles in ancient and modern history, literature, and theology. Identifying what is borrowed or original in these articles reveals important oversights in the history of the work’s reception, necessitating a reevaluation of its main theologian.
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Beyond Boundaries: Negotiations of National Identity in Den Vlaemschen Indicateur (1779–87) and the Journal des Pays-Bas autrichiens (1786)
Vanessa Van Puyvelde
p. 89–111
RésuméEN :
As the Brabant Revolution of 1789 came ever closer, the idea of national unity slowly took hold in the Southern Netherlands, that is, present-day Belgium. The current study looks at how this national consciousness arose in the years preceding the Brabant Revolution. Through an analysis of two literary journals, Den Vlaemschen Indicateur (1779–87) and the Journal des Pays-Bas autrichiens (1786), this essay identifies and examines how national belonging was imagined and articulated through fiction, either through poems, anecdotes, or imaginary letters. Taken together, these case studies illustrate the importance of literary journals in the Southern Netherlands as they fostered a period of nation-building, which was cultural rather than political. By reconstructing the social and biographical trajectories of the editors of these journals, this study brings clarity to the history of proto-Belgian journalism as it emerged during the second half of the eighteenth century.
FR :
À l’approche de la révolution brabançonne de 1789, l’idée d’unité nationale prend forme au sud des Pays-Bas, dans ce qui deviendra la Belgique. Cet article propose d’observer comment cette conscience nationale a pu émerger dans les années précédant la révolution de Belgique. Par l’analyse de deux journaux littéraires, Den Vlaemschen Indicateur (1779-1787) et le Journal des Pays-Bas autrichiens (1786), l’autrice délimite et observe comment l’appartenance nationale est imaginée et articulée dans la fiction, que ce soit à travers des poèmes, des anecdotes ou des lettres imaginaires. Considérées dans leur ensemble, ces études de cas montrent l’importance des journaux littéraires au sud des Pays-Bas, dans la mesure où ces derniers ont donné un élan culturel, plutôt que politique, à l’édification d’une nation. En retraçant les trajectoires sociales et biographiques des éditeurs de ces périodiques, cette étude éclaire l’histoire du journalisme proto-belge, qui émerge dans la seconde moitié du dix-huitième siècle.
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Everyday Aesthetics and Eighteenth-Century Fiction: Defoe’s Robinson Crusoe and Richardson’s Sir Charles Grandison
Elizabeth Kraft
p. 113–134
RésuméEN :
This essay employs strategies drawn from the emergent field of everyday aesthetics to explore the pleasures of reading Daniel Defoe’s Robinson Crusoe and Samuel Richardson’s Sir Charles Grandison. As a fictional paradigm, Crusoe has been a paradoxical inspiration, inviting critique as a seductive representative of colonial power, on the one hand, and eliciting admiration for his ability to provoke meaningful artistic and intellectual engagement from a diverse group of writers and thinkers, on the other hand. To many ordinary readers, he has proved company worth keeping as a source of inspiration and personal pleasure primarily through his aesthetic approach to the structuring of everyday life. The fiction of Samuel Richardson continues the focus on the everyday, placing even greater emphasis on the relationship between the ethical and the aesthetic. In his final novel, Sir Charles Grandison, pleasure can scarce be felt without some commentary outlining the contours of moral significance, and the very act of moral reasoning is demonstrably affective for characters and readers alike. The essay ends with consideration of the power of literature, especially the realistic novel, to shape the ordinary lives of everyday readers.
FR :
Cette contribution mobilise des stratégies issues d’un champ d’étude émergent qu’est l’esthétique du quotidien, afin d’explorer les plaisirs liés à la lecture de Robinson Crusoé de Daniel Defoe et de Sir Charles Grandison de Samuel Richardson. Le paradigme fictionnel qu’est le Crusoé de Defoe est une inspiration paradoxale, puisqu’il prête le flanc à la critique en tant qu’incarnation séduisante du pouvoir colonial tout en suscitant l’admiration par sa capacité à faire naître un enthousiasme intellectuel et artistique significatif chez un groupe diversifié de penseurs et d’écrivains. Pour de nombreux lecteurs, il a prouvé sa valeur comme source d’inspiration et de plaisir, en particulier dans son approche esthétique pour structurer la vie quotidienne. La fiction de Samuel Richardson, pour sa part, continue de mettre l’accent sur le quotidien, insistant encore davantage sur les rapports entre l’éthique et l’esthétique. Dans son dernier roman, Sir Charles Grandison, le plaisir n’est presque jamais ressenti sans s’accompagner de commentaires esquissant les contours de la portée morale ; l’acte du raisonnement moral lui-même est manifestement affectif, tant pour les personnages que pour les lecteurs. Cet article se conclut par une réflexion sur les capacités de la littérature et, particulièrement, celles du roman réaliste, à façonner la vie ordinaire des lecteurs de tous les jours.
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The Nabob, National Identity, and Social Performance in Elizabeth Griffith’s A Wife in the Right (1772)
Rose Hilton
p. 135–155
RésuméEN :
Elizabeth Griffith’s play A Wife in the Right (1772) features a nabob character, a British man returned from India after having made his fortune through imperial pursuits. This article explores Griffith’s use of the nabob and how the theme of national identity is linked to a discourse around the potential gap between external appearance and internal character in this drama. This article aims to contribute to the growing scholarship surrounding female dramatists in the long eighteenth century by providing an initial step in close reading this drama by Griffith in the context of philosophy and medical writing of the period. Applying, more specifically, Adam Smith’s philosophical and George Cheyne’s medical writing to a close reading of A Wife in the Right, this article reads Griffith’s nabob character and her commentary on national identity as part of a broader social performance of self in this period.
FR :
La pièce A Wife in the Right d’Elizabeth Griffith (1772) met en scène un personnage de nabab, un Britannique revenu de l’Inde après y avoir fait fortune par des voies impérialistes. Cet article s’intéresse à l’usage que fait Griffith de la figure du nabab, et explore comment, dans cette pièce, le thème de l’identité nationale s’articule autour de l’écart potentiel entre l’apparence extérieure et le caractère intérieur. L’autrice propose un premier pas vers l’élargissement du champ des connaissances entourant les femmes dramaturges du long dix-huitième siècle, en replaçant cette pièce de Griffith dans le contexte des textes philosophiques et médicaux de la période. Plus précisément, ce sont les écrits du philosophe Adam Smith et les traités médicaux de George Cheyne qui éclairent cette lecture d’A Wife in the Right : le personnage du nabab et le commentaire sur l’identité nationale de Griffith s’inscrivent dès lors dans un cadre plus large, celui de la mise en scène de soi au dix-huitième siècle.
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Race, Gender, and Memes: Reactive Blackness and Teaching the Eighteenth Century
Jeremy Chow
p. 157–181
RésuméEN :
This essay interweaves pedagogy, reflection, and critical synthesis to evaluate an assignment employed in the upper-division seminar, “Race and Gender in the Eighteenth Century”: The Meme Museum. The Meme Museum harnesses social media reaction with the goal of orienting students’ responses and readings to eighteenth-century literature. The Meme Museum also ineluctably reproduces “digital blackface” in that students, who attend a Predominately White Institution, rely on Black celebrities and athletes to express their reactive emotions and affects towards the assigned readings. This essay offers the term “reactive blackness” as a communicative media language and affective comportment that emerges directly from an eighteenth-century archive and admits the intersections of race and gender into its fold. Reactive blackness exploits blackened emotionality and reifies the Black experience as an icon of expressivity. The essay thus interrogates artifacts from the student-generated Meme Museum to consider the transhistorical analyses that such an assignment might avail in the anti-racist teaching of race and gender in the eighteenth century.
FR :
Cet article, où s’entremêlent pédagogie, réflexion et synthèse critique, se propose d’évaluer un exercice mené dans le cadre d’un séminaire aux cycles supérieurs sur « La race et le genre au dix-huitième siècle » : le musée du mème. Ce musée se sert des réactions publiées dans les médias sociaux dans le but d’orienter la lecture et les impressions des étudiant.e.s à l’égard de la littérature du dix-huitième siècle. Le musée du mème suscite inéluctablement une sorte de « blackface numérique », dans la mesure où les étudiant.e.s, qui fréquentent une institution à prédominance blanche, font appel à des célébrités et des athlètes noirs pour exprimer leurs émotions et leurs affects en réaction aux lectures assignées. L’auteur propose le terme de « réactivité noire » (« reactive blackness ») pour désigner un langage de communication médiatique et un comportement affectif, émergeant directement d’archives du dix-huitième siècle, et reconnaît l’intersectionnalité entre la race et le genre. La « réactivité noire » exploite l’émotivité noire et donne à voir l’expérience de ces communautés comme une forme emblématique d’expressivité. Cet article interroge ainsi des artéfacts tirés du musée du mème produits par les étudiant.e.s afin d’examiner les analyses transhistoriques que peut susciter un tel projet dans le cadre d’un enseignement antiraciste de la race et du genre au dix-huitième siècle.
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Freakish Masculinity in the Eighteenth Century: Andrew Miller’s Ingenious Pain and Hilary Mantel’s The Giant, O’Brien
Chantel Lavoie
p. 183–203
RésuméEN :
This paper considers masculinity in two twentieth-century historical novels set in the eighteenth century: Andrew Miller’s Ingenious Pain (1997) and Hilary Mantel’s The Giant, O’Brien (1998). It argues that both novels create protagonists who embody masculine-coded attributes, including resistance to pain and bodily size and strength, and that, in both novels, earning potential is concomitant with such attributes. Complicating matters, however, the very exaggeration of stereotypical masculine characteristics in these texts causes each man to seem something other and less than a man—ranging for both, at different times, from monstrous to pathetically weak (and childlike, or even womanish) victim. Qualities associated with manhood, therefore, paradoxically deny the men more agency than they allow in these stories set in the eighteenth century, inhibiting them from enjoying ideal manhood and making them the property of other men.
FR :
Cet article s’intéresse à la masculinité dans deux romans historiques du vingtième siècle, dont l’intrigue se déroule au dix-huitième : Ingenious Pain d’Andrew Miller (1997) et The Giant, O’Brien d’Hilary Mantel (1998). Les deux romanciers inventent des protagonistes qui incarnent des attributs considérés comme typiquement masculins, tels que la résistance à la douleur, la force physique et la masse corporelle, ces attributs étant par ailleurs liés à la possibilité de gagner de l’argent. Dans ces textes, cependant, l’exagération des caractéristiques masculines stéréotypées complexifie le portrait des deux personnages, les faisant paraître à différents moments comme des non-hommes ou des hommes inférieurs : ils ressemblent tantôt à des monstres, tantôt à des victimes pitoyablement faibles – comparés à des enfants, voire à des femmes. Paradoxalement, les qualités associées à la virilité dans ces récits dépouillent les hommes de leur autonomie plutôt que de la leur conférer, de sorte qu’ils se trouvent dépossédés de l’idéal masculin et deviennent la propriété d’autres hommes.
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Alexander Pope’s Dunciad and Ned Ward’s London Spy: Experiments in Text Visualization
Allison Muri
p. 205–234
RésuméEN :
Text visualization is the technique of using graphs and charts to examine text as data. Often, these do not represent a text directly and instead display an output based on word counts, word sequences, and so on. This technique can provide insights into important keywords in a text, provide an overview of textual content, or reveal trends and patterns within one text or across many texts. This paper describes recent development of and experiments with several tools for the Grub Street Project to generate visualizations of eighteenth-century texts, especially in terms of the spatial relationships of words and entities on the pages of the original documents. Two examples are discussed in this article as test cases: Edward Ward’s The London Spy Compleat, in Eighteen Parts (1703) and Alexander Pope’s The Dunciad. With Notes Variorum (1729).
FR :
La visualisation textuelle est une technique qui utilise des graphiques et des diagrammes afin d’examiner des textes sous la forme de données. Ces graphiques et diagrammes, en général, ne représentent pas les textes de manière directe, mais présentent des résultats fondés sur le nombre de mots, sur les termes en séquence, et ainsi de suite. Cette technique peut révéler des mots-clés importants, donner un aperçu du contenu textuel, faire émerger des tendances récurrentes dans un seul texte ou à travers un corpus. Cet article décrit les avancées récentes de ce champ de recherche et les expériences menées avec ces nouveaux outils pour le Grub Street Project, lesquelles consistent à générer des visualisations de textes du dix-huitième siècle, en portant notamment une attention particulière aux rapports spatiaux entre les mots et les entités dans les documents originaux. En guise d’exemple, deux études de cas sont abordées : The London Spy Compleat, in Eighteen Parts d’Edward Ward (1703) et The Dunciad. With Notes Variorum d’Alexander Pope (1729).
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Defining and Negotiating the Limits of the Immunity of Diplomatic Servants in Eighteenth-Century England
Karen A. Macfarlane
p. 235–254
RésuméEN :
The activities of foreign diplomats in England helped push and create the boundaries of diplomatic privilege in the eighteenth century. One specific issue—the extent to which foreign ministers could shield people from being arrested for debt—led to a sizeable body of case law that defined the limits of the immunity of servants of diplomats. The British government frequently allowed ambassadors to assert privileges even in instances when they were not merited. Diplomatic honour and preservation of good relations were of paramount importance. In addition to the significance to international legal history, the activities of these diplomats and the identity of those whom they sought to protect contribute to the current literature about the complex roles of ambassadors in the eighteenth century. This article addresses the 1708 statute on diplomatic privileges, the vexing question of debt in the eighteenth century, the role of diplomats, the changing case law, and, finally, the means by which matters involving diplomatic privilege avoided the courts altogether.
FR :
Les activités des diplomates étrangers en Angleterre ont contribué à créer puis à repousser les limites du privilège diplomatique au dix-huitième siècle. Un enjeu en particulier, à savoir jusqu’à quel point un ministre étranger était en mesure d’intervenir pour protéger des gens qui avaient été arrêtés pour dettes, a engendré un important corpus de jurisprudence définissant les limites de l’immunité des serviteurs des diplomates. Le gouvernement britannique a souvent permis à des ambassadeurs d’user de leurs privilèges, même dans des cas où ces derniers n’étaient pas mérités. L’honneur diplomatique et la préservation des bonnes relations étaient primordiaux. Outre leur importance pour l’histoire du droit international, les activités de ces diplomates et l’identité de ceux qu’ils cherchaient à protéger ont contribué aux connaissances actuelles sur les rôles complexes des ambassadeurs au dix-huitième siècle. Cet article s’intéresse au statut de 1708 sur les privilèges diplomatiques, à l’épineuse question de la dette au dix-huitième siècle, au rôle des diplomates, aux changements de la jurisprudence et, enfin, à la manière dont les affaires relevant du privilège diplomatique parvenaient à échapper aux tribunaux.
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True Touches of Nature: Laurence Sterne and the Sacred Heart
Eric Miller
p. 255–277
RésuméEN :
The pulse-taking scene in Laurence Sterne’s 1768 Sentimental Journey Through France and Italy is representative of the fiction. The episode, in which Yorick palpates the wrist of a Parisian grisette or shopgirl, engages with both literal and figurative matters of the heart. Scholars have long speculated about what Sterne may have meant when he described Sentimental Journey as a “work of redemption.” None has connected Yorick’s discourse of sensibility to a contemporary Catholic controversy of which, circumstantial evidence suggests, Sterne may have been aware. This controversy could well have informed the Anglican Sterne’s equivocal rapprochement with Catholic practice. In 1765, Pope Clement XIII approved some measure of devotion to the Sacred Heart of Jesus. He thus gave credence to the visions of the nun Marguerite-Marie Alacoque, which occurred between 1673 and 1675. After the second Jacobite uprising, in the late 1740s, the young Sterne had joined with his rabidly anti-Papist uncle Jacques to prosecute the nuns of Micklegate Bar outside York, who occupied one of only two convents left in England. In Sentimental Journey, which develops its own tragicomic theory of the Sacred Heart, Sterne may make eccentric amends for his former zealotry.
FR :
La scène de la prise du pouls, dans le Voyage sentimental à travers la France et l’Italie de Laurence Sterne (1768), est à l’image de cette oeuvre de fiction. Cet épisode, dans lequel Yorick palpe le poignet d’une grisette parisienne (c’est-à-dire d’une ouvrière), évoque les affaires du coeur, au sens propre comme au sens figuré. Les chercheurs ont longtemps spéculé sur le sens à donner aux mots de Sterne, lorsqu’il décrit le Voyage sentimental comme « une oeuvre de rédemption ». Cependant, personne n’a songé à faire un lien entre le discours de Yorick sur la sensibilité et une controverse catholique contemporaine que Sterne était d’ailleurs susceptible de connaître, comme invitent à le croire des preuves circonstancielles. Cette controverse pourrait avoir guidé le rapprochement équivoque de Sterne, pourtant anglican, avec les pratiques catholiques. En 1765, le pape Clément XIII autorisait une certaine dévotion au Sacré-Coeur de Jésus. Il donnait ainsi une valeur aux visions de la soeur Marguerite-Marie Alacoque, qui eurent lieu entre 1673 et 1675. Après le second soulèvement jacobite de la fin des années 1740, le jeune Sterne s’était joint à son oncle Jacques, farouche antipapiste, pour faire condamner les religieuses de Mickelgate Bar à proximité de York, qui occupaient l’un des deux derniers couvents en Angleterre. À travers le Voyage sentimental, où s’élabore une théorie originale et tragicomique du Sacré-Coeur, il est possible que Sterne ait cherché à faire amende honorable, sous une forme excentrique, pour son fanatisme des jours passés.