![Couverture représentant le Volume 58, numéro 2, printemps 2023–2024](/fr/revues/mje/2023-v58-n2-mje09616/coverpage.jpg 135w)
McGill Journal of Education
Revue des sciences de l'éducation de McGill
Volume 48, numéro 3, fall 2013 Worker Education / Labour Learning: Tensions and lessons Formation des travailleurs / apprentissage au travail : tensions et leçons Sous la direction de Aziz Choudry et David Bleakney Sous la direction de David Bleakney
Sommaire (12 articles)
Editorial / Éditorial
Articles / Les articles
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Worker Education in South Africa: Lessons and contradictions
Salim Vally, Mphutlane wa Bofelo et John Treat
p. 469–490
RésuméEN :
Worker education played a crucial role in the development of the trade union movement in South Africa and in the broader struggle for social transformation. This article reviews key moments and dynamics in the trajectory of worker education in South Africa. We argue that international developments, the rise of neoliberalism, and the negotiated compromise between the African National Congress (ANC) and the apartheid state, as well as corporatism resulted in changes to worker education. While the latter as it existed in the past has weakened, the centre of gravity has shifted to community organizations where various forms of learning and creativity continue. Despite the challenges and setbacks of recent years, there remains a significant legacy and influence of the traditions of worker education and militant trade unionism in South Africa, which can and should be drawn upon.
FR :
La formation des travailleurs a joué un rôle déterminant dans le développement du mouvement syndicaliste en Afrique du Sud et dans l’ensemble des luttes pour la transformation sociale. Cet article survole les moments-clés et les dynamiques de l’évolution de la formation des travailleurs en Afrique du Sud. Nous soutenons que les développements sur le plan international, la montée du néolibéralisme et les compromis négociés entre le Congrès national africain (ANC) et le gouvernement d’apartheid, ainsi que le corporatisme, ont provoqué des changements dans la formation des travailleurs. Alors que la forme sous laquelle elle existait dans le passé s’est affaiblie, le coeur de ses activités réside désormais au sein d’organisations communautaires, où des formes diverses d’apprentissages et de créativité se poursuivent. Malgré les défis et les échecs au cours des dernières années, il reste encore un héritage important et une influence des traditions de la formation des travailleurs et du mouvement militant syndicaliste en Afrique du Sud, desquels il est possible et essentiel de s’inspirer.
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Intervening in Informal Learning: Activity theory as teaching tool
Susan L. Carter
p. 491–510
RésuméEN :
In this article, I argue that a concentrated focus on everyday informal learning about unions is critical not only to re-thinking union education programs, but to the overall project of union renewal. The article offers, by way of example, an inquiry into the grievance system as a routine (and central) union practice and a key site of informal learning. This inquiry is directed by cultural historical activity theory (CHAT) which provides method, tools, and theoretical building blocks for better understanding everyday learning. In addition, I argue, CHAT presents a powerful pedagogical tool for educators, leaders, and activists who are concerned with the challenge of intervening critically and strategically into everyday learning and everyday practices of unions and their members.
FR :
Dans cet article, j’affirme qu’accorder une attention particulière aux apprentissages informels réalisés au quotidien au sujet des associations syndicales est essentiel non seulement en ce qui a trait à la refonte des programmes de formation syndicale, mais aussi dans une perspective globale de revitalisation syndicale. Afin d’illustrer ce principe, l’article propose une incursion au sein du système de traitement des griefs en tant que pratique routinière (et centrale) et comme lieu propice aux apprentissages informels. Cet examen est effectué à l’aide de la théorie de l’activité culturelle et historique, théorie qui offre une méthode, des outils et des assises théoriques permettant une meilleure compréhension des apprentissages quotidiens. De plus, je soutiens que la théorie de l’activité, influencée par les contextes culturel et historique, constitue un outil pédagogique puissant pour les formateurs, les porte-paroles et les activistes vivant le défi d’intervenir de manière critique et stratégique dans les apprentissages et les pratiques de tous les jours des organisations syndicales et de leurs membres.
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Recognition of Prior Learning as “Radical Pedagogy”: A case study of the Workers' College in South Africa
Mphutlane wa Bofelo, Anitha Shah, Kessie Moodley, Linda Cooper et Barbara Jones
p. 511–530
RésuméEN :
This article argues that the model of Recognition of Prior Learning (RPL) in use at the Workers’ College in South Africa may be seen as a form of “radical pedagogy.” Drawing on documentary sources, focus group interviews with staff, and observations, it describes an educational philosophy which aims to build the competencies of activists in labour and community organizations, facilitate their self-affirmation and dignity, and provide an access route to post-school education. It documents and attempts to theorize how this philosophy is enacted in classroom pedagogy, and explores some of the tensions and contradictions encountered. It concludes by acknowledging the unique contribution of these educational practices to an understanding of what RPL as radical pedagogy might look like.
FR :
Cet article soutient que le modèle de reconnaissance des acquis (RPL) utilisé au Workers’ College en Afrique du Sud peut être considéré comme une forme de « pédagogie radicale ». Le texte décrit une philosophie éducative en s’inspirant de sources documentaires, de groupes de discussion avec des employés et des observations. Cette vision vise à développer les compétences des partisans d’organisations ouvrières et communautaires, à favoriser leur affirmation de soi et leur dignité, ainsi qu’à offrir une voie d’accès à une éducation postscolaire. L’article documente et tente d’élaborer une théorie sur la manière dont cette philosophie est appliquée en pédagogie et explore certaines des tensions et contradictions rencontrées. Il termine en reconnaissant la contribution unique de ces pratiques éducatives à l’élaboration d’une meilleure compréhension de la façon par laquelle le RPL peut présenter comme une pédagogie radicale.
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Power in Practice: Trade union education in Sierra Leone
John Stirling
p. 531–549
RésuméEN :
This article presents an analysis of the development of a trade union education program in Sierra Leone in the geo-historical context of British colonialism. It places the argument in relation to the contradictory trends of trade unionism more generally and alongside their antagonistic cooperation with capitalism. It discusses the limits and potentialities of a radical pedagogy when trade unions are constrained to engage with existing power structures that use English as the dominant language. It places more theoretical arguments within the context of a country characterized by major inequalities and facing the neo-liberal challenges of globalization and a trade union movement seeking to be representative of an informal workforce but rooted in the formal economy.
FR :
Cet article propose une analyse de l’élaboration d’un programme de formation syndicale en Sierra Leone dans le contexte géohistorique du colonialisme britannique. Il situe le débat en abordant de manière générale les tendances contradictoires de la formation syndicale et, en parallèle, la coopération conflictuelle avec le capitalisme. Il aborde les limites et les perspectives d’une pédagogie radicale lorsque les organisations syndicales sont contraintes à collaborer avec des structures décisionnelles privilégiant l’anglais comme langue de travail. Il situe plusieurs questionnements théoriques dans le contexte d’un pays reconnu pour ses inégalités profondes et qui fait face aux défis néolibéraux de la mondialisation et d’un mouvement syndical désireux de représenter une main-d’oeuvre informelle, mais qui est à la fois ancrée dans l’économie officielle.
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Labour Studies, the Liberal Arts, and the Sociological Imagination
Richard Wells
p. 551–568
RésuméEN :
In the US, the value of liberal arts is in question as neo-liberal reformers push for a more instrumentalist form of higher education. Older traditions of worker education, however, along with more recent university-based labour studies programs, offer a compelling counter-narrative concerning the social and political purpose of higher education. Taking its cue from C.W. Mills’ notion of the sociological imagination, labour studies has the potential not only to re-energize the transformational mission of popular worker education, but reclaim the idea of higher education as a public good.
FR :
Aux États-Unis, la pertinence des programmes en arts libéraux est remise en question, car les réformateurs néolibéraux préconisent une forme d’éducation supérieure plus efficace. Or, des courants plus anciens de formation des travailleurs, ainsi que des programmes universitaires en études du travail récents, proposent une alternative intéressante en ce qui a trait à la mission sociale et politique de l’éducation supérieure. Lorsqu’ils s’inspirent de la thèse de l’imagination sociologique de C.W. Mills, les programmes d’études du travail ont non seulement le potentiel de revitaliser la mission transformationnelle de la formation populaire des travailleurs, mais peuvent mettre en valeur l’idée que l’éducation supérieure puisse être bénéfique pour le public.
The MJE Forum / Le forum RSÉ
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Education and Knowledge Production in Workers’ Struggles: Learning to resist, learning from resistance
David Bleakney et Aziz Choudry
p. 569–586
RésuméEN :
Trade unions and other sites of community-labour organizing such as workers centres are rich, yet contested spaces of education and knowledge production in which both non-formal and informal / incidental forms of learning occur. Putting forward a critique of dominant strands of worker education, the authors ask what spaces exist for social movement knowledge production in these milieus? This article critically discusses the prospects, tensions and challenges for effective worker education practice in trade unions, alongside a discussion of informal learning and knowledge production in migrant and immigrant worker organizing. We consider how worker education practices within trade unions might best be built to support critical thinking, the collective power of working people and cultures of resistance, and the significance of knowledge and learning in community-labour struggles.
FR :
Les syndicats et les autres organisations communautaires de travail, telles que les centres pour travailleurs, constituent des bassins riches, quoique contestés, de formation et de production du savoir, au sein desquels des apprentissages informels et fortuits se produisent. Ébauchant une critique des branches dominantes de formation des travailleurs, les auteurs questionnent l’espace donné dans ces milieux à la création de connaissances liées aux mouvements sociaux. Cet article formule une critique des perspectives, des tensions et des défis d’une pratique efficace de formation des travailleurs. En parallèle, celui-ci aborde la production de connaissances et les apprentissages informels dans les organisations de travailleurs migrants et immigrants. Nous examinons de quelle manière les pratiques de formation des travailleurs au sein des organisations syndicales peuvent être mieux développées afin de soutenir la pensée critique, le pouvoir collectif et la culture de résistance des travailleurs, ainsi que l’importance du savoir et de l’apprentissage dans les luttes menées par les organisations communautaires de travail.
Notes from the Field / Notes du terrain
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Travailleurs-euses, étudiant-es : Même combat !
Association of Graduate Students Employed at McGill (AGSEM), 2012-2013 Teaching Assistants' Unit Executive
p. 587–595
RésuméEN :
In the wake of the Québec student movement, graduate students of the 2012-2013 executive team for the Teaching Assistants’ Unit of the Association of Graduate Students Employed at McGill (AGSEM) reflect on their individual backgrounds and motivations for pursuing union work. With various opportunities for employment on and off campus, what compels academic workers to serve their union; to become accountable to a diverse and growing membership, and to challenge the very institutional machinery upon which our careers can depend? As students, educators, activists, and workers, we reflect on these questions in considering how we have come to the union, why we have become advocates for workers’ rights, and the kinds of challenges and successes we experienced.
FR :
Dans la foulée des mouvements étudiants qui ont eu lieu au Québec en 2012, les étudiants de 2e et 3e cycle et les membres du comité exécutif des auxiliaires d’enseignement de l’Association des étudiants et étudiantes diplômés-ées employés-ées de McGill (AÉÉDEM) de 2012-2013 ont entrepris une réflexion sur leurs vécus et leurs motivations individuelles en ce qui a trait à leur implication syndicale. Considérant l’éventail d’opportunités de travail sur le campus ainsi qu’hors campus, qu’est-ce qui motive ces travailleurs universitaires à demeurer au service du syndicat, à rendre des comptes à un nombre grandissant de membres aux profils variés et à contester l’employeur, une organisation aux rouages très institutionnels, dont leur carrière dépend? Comme étudiants, enseignants, activistes et employés, nous réfléchissons à ces questions en nous attardant à la manière dont nous nous sommes engagés dans les rangs de l’association. Nous abordons aussi les raisons qui nous ont poussés à représenter les droits des travailleurs ainsi que les défis et les succès que nous avons vécus.
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Workers’ Education in Palestine
Wajih Elayassa
p. 597–603
RésuméEN :
Due to the political context and the restrictions placed on general freedoms and trade union activities, workers’ education in Palestine remained informal and largely reliant on oral memory until the early 1990s. For decades, it was an integral part of political education. Workers’ education only became a stand-alone field after the establishment of the Palestinian Authority, when the change of circumstances enabled the Democracy and Workers’ Rights Centre in Palestine to focus on developing training materials and curricula specifically aimed at strengthening the Palestinian labour movement. First inspired and modelled on materials and courses taught internationally, the Centre’s labour education program has grown to encompass many locally produced materials and seeks to address specific challenges that face unions in Palestine.
FR :
Jusqu’au début des années 1990, le contexte politique et les restrictions imposées aux libertés générales ainsi qu’aux activités syndicales étaient la raison pour laquelle la formation des travailleurs en Palestine soit demeurée informelle et largement tributaire de la mémoire orale. Durant plusieurs décennies, cette dernière était une partie intégrante de l’éducation politique. En fait, la formation des travailleurs est devenue un domaine à part entière à la suite de la création de l’Autorité palestinienne lorsqu’un changement de circonstances a permis au Democracy and Workers’ Rights Centre, en Palestine, de se concentrer sur le développement de matériel de formation et de programmes visant à renforcer le mouvement ouvrier palestinien. Si, dans un premier temps, le Centre s’est inspiré et a calqué son matériel et ses cours sur l’offre internationale, le programme de formation des travailleurs a évolué de manière à inclure de nombreux contenus pédagogiques locaux. Il cherche aussi à répondre aux défis plus spécifiquement rencontrés par les syndicats en Palestine.
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Doing it Old School: Peer-led occupational safety training in the U.S. construction Industry
Clayton Sinyai, Pete Stafford et Chris Trahan
p. 605–611
RésuméEN :
Many labour organizations that sponsor occupational health and safety training champion “peer training,” preferring instructors drawn from the shopfloor over academically credentialed experts. But peer training is hardly new: in the skilled trades, master craftsmen have instructed apprentices since the Middle Ages. Building on the apprenticeship model of education, the U.S.-based construction unions have created a network of more than 4,000 peer trainers who provide occupational health and safety training to up to 100,000 men and women in the building trades each year.
FR :
Plusieurs syndicats offrant des formations en santé et en sécurité au travail valorisent la formation par les pairs et favorisent l’embauche de formateurs issus du plancher de l’usine, au détriment d’experts universitaires. Or, cette façon de faire n’est pas récente. En effet, dans le domaine des métiers spécialisés, les artisans forment les apprentis depuis l’époque du Moyen Âge. Se basant sur le modèle éducationnel de compagnonnage, les associations syndicales du domaine de la construction ont créé un réseau regroupant plus de 4 000 formateurs-travailleurs qui donnent une formation en santé et sécurité au travail à plus de 100 000 travailleurs et travailleuses du domaine de la construction par année.
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Why Union Activists Write Good Stories
Helena H. Worthen
p. 613–618
RésuméEN :
The representative structure of a union is a maze which, when travelled as a narrative, has drama at every turn. It sets up expectations, pits good against evil, involves many characters with different interests, keeps the clock ticking, and offers opportunities for happy endings (and disappointments) at every level. Union members who are not experienced writers can produce good stories by writing about their lives at work and in the union.
FR :
La structure de représentation d’un syndicat est un véritable labyrinthe qui, lorsque parcouru comme un récit, propose un drame à chaque détour. Celle-ci établit les attentes, dresse les bons contre les méchants, implique de multiples intérêts, souligne le temps qui passe, et offre des chances de fins heureuses (ou de déceptions) à tous les niveaux. Les membres d’associations syndicales, sans être des écrivains expérimentés, peuvent écrire d’excellentes histoires en témoignant de leur vécu au travail et au sein du syndicat.