Comptes rendus

Edmée Ollagnier, Femmes et défis pour la formation des adultes, Paris, L’Harmattan, 2014, 258 p.[Notice]

  • Manon Théorêt

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  • Manon Théorêt
    Université de Montréal

Psychologue du travail et docteure en sciences de l’éducation, Edmée Ollagnier, auteure de cet ouvrage préfacé par Nicole Mosconi, entend offrir ici un panorama international des défis que représente le travail du genre dans la formation des femmes adultes. Sans être le premier à explorer les ramifications de la question, l’ouvrage s’impose à plusieurs enseignes comme un ajout très pertinent aux ressources bibliographiques des formatrices et des formateurs. En effet, cet écrit original constitue un vaste état des lieux de la formation francophone, éclairé par un regard féministe, dénonciateur des injustices commises contre les femmes dans les rapports sociaux de sexe et révélateur des ouvertures à saisir pour s’éduquer et prétendre à l’égalité. Campé dans cette posture clairement assumée, le texte se distingue par une abondante littérature sur le genre et par l’alternance entre des passages plus personnels, des sections plus conceptuelles et d’autres encore, marquées par une réflexion critique sur les pratiques de formation des adultes, accompagnée d’une foule d’exemples tirés d’une solide expérience vécue : on sait ainsi qui parle, de quoi elle parle et pourquoi elle en parle. En révélant le genre comme un « déterminant des rôles sociaux avec la permanence d’une confrontation faite d’inégalités entre le pouvoir sociétal tenu par les hommes et les marges de manoeuvre délimitées qui sont attribuées aux femmes » (p. 27), le fait de « genrer » la formation des adultes revêt alors un sens fondamental, puisque le concept s’impose comme la variable principale de cette formidable expérimentation sociale qu’est la formation des adultes. La lecture nous entraîne au long des sept chapitres, qui proposent en premier lieu de mettre à jour des notions clés sur les femmes et le féminisme, notions qui empruntent à plusieurs disciplines leurs cadres de référence et leurs concepts. Les 30 premières pages autoriseront une portion du lectorat qui aborde la formation sous cet angle à prendre acte de la vie des femmes à l’échelle mondiale à travers l’analyse du genre, alors que d’autres personnes y découvriront une récapitulation de l’essentiel de l’enseignement du genre, à savoir comment il permet de comprendre la construction des stéréotypes et l’impact de la socialisation sur la santé et le bien-être des femmes, sur la violence qui leur est faite, sur leurs conditions d’éducation et de travail tissées d’incertitude et de pauvreté, bref de mieux saisir le rôle des institutions et des organisations sociales qui façonnent l’identité et les comportements des actrices et des acteurs sociaux. L’auteure examine aussi le jeu complexe des inégalités du genre, de la race et de l’économie de marché. Et elle ne dissimule pas les nombreuses situations où s’insinue encore le sexisme, mâtiné d’autres discriminations de classe et de race. Malgré ces nuances, ce sont bien l’analyse du genre et la vie des femmes qui occupent tout l’espace de réflexion, car, « [a]vant que d’être dépouillé de ses biens ou de ses droits, l’opprimé l’est, en effet, de son identité » (Noël 1989 : 91). Le premier chapitre sert donc de lanterne pour mieux entrevoir les avancées communes de l’égalité des chances, de l’égalité de droits et de l’égalité de fait dans le monde, qui seront approfondies dans les chapitres subséquents. Le deuxième chapitre contextualise plusieurs notions présentées dans les premières pages, en précisant le focus sur la formation des femmes adultes fondée sur une pédagogie féministe. Il puise ses références à des travaux d’envergure, dont la revue des écrits d’English (2006) pour le Canada, qui mettait en exergue l’influence des recherches psychologiques, et d’autres issues de disciplines connexes, sur l’avancement de l’éducation des filles et des femmes, avec le constat partagé par plusieurs …

Parties annexes