Jean-François Rodary
p. 7–16
Notice
Résumé
L’éducation populaire évoque en France quantité d’activités diverses et même disparates qui ont cependant en commun de vouloir permettre au plus grand nombre, au peuple, l’accès à la culture, au savoir, à la maîtrise de son avenir.Ni totale dispersion, ni monolithisme idéologique, mais enchevêtrement historique de deux traditions, telle paraît être la perception la plus réaliste de l’histoire de l’éducation populaire. La première, « tradition républicaine » est plus orientée vers des objectifs de société et accorde la prééminence au savoir, à la production, au progrès pour libérer l’individu. La seconde, « tradition communautaire » est attachée au développement de la personne, à son autonomie, à sa liberté et soumet les processus éducatifs à ces valeurs. Chacune de ces traditions est bien sûr supportée par des institutions, des associations, des débats propres. Elles s’influencent réciproquement au point de rendre leur différenciation parfois difficile.La notion de « formation permanente », et son support législatif récent, semble reléguer actuellement l’éducation populaire à la marge du système. Mais l’histoire montre que l’éducation populaire ambitionne plus qu’une formation générale collective et c’est là une des raisons pour laquelle elle est « populaire ».
Colette Humbert et Jean Merlo
p. 17–23
Notice
Résumé
Toute éducation populaire n’est pas ipso facto libératrice des masses dominées et ne concourt pas à leur conscientisation.
Les conditions principales à réunir pour atteindre un tel objectif sont :
de mieux définir ce que sont les « masses populaires » aux niveaux économique, politique et idéologico-culturel pour préciser le contenu et la méthode d’une éducation libératrice : construction d’un nouveau savoir social à partir du vécu et des conditions de vie des masses populaires, savoir mis en rapport avec ce qui se passe à l’échelle nationale et internationale;
de préciser le type de militants qui vont devenir animateurs-formateurs d’éducation populaire, leurs liens avec les organisations de lutte et leurs statut face aux masses populaires;de développer la confrontation et la critique entre les divers organismes de formation qui poursuivent des objectifs de pédagogie militante, afin de s’interroger réciproquement sur les discours idéologiques, les stratégies à long terme, les modalités d’action des uns et des autres en vue de parvenir à une plus grande efficacité dans la poursuite des objectifs d’une « authentique éducation populaire ».
Pierre Idiart
p. 25–31
Notice
Résumé
Créées en 1935, dans le milieu rural français, les MFR ont réinventé une méthode d’éducation populaire très semblable à celle qui a suscité le « Réveil Scandinave » au XIXe siècle. Luttant contre l’exode rural, indépendantes de l’État et de l’Église avec qui elles collaborent, les MFR se veulent autre chose qu’une école. Elles utilisent avec les jeunes, dès l’âge de 14 ans, des méthodes pédagogiques pour adultes, qui préfigurent ce que donneront la « formation permanente » et « l’enseignement programmé ». Le cadre de cette pédagogie est l’Alternance : 18 semaines de classe par an, mais l’essentiel de la formation est continu, hors de l’école. L’outil pédagogique est le Cahier d’exploitation : une monographie de la ferme où il vit et travaille, que le jeune rédige et discute avec son père, ses camarades, ses maîtres, pendant trois ans. L’exercice principal est l’Atelier : très tôt le jeune assume toute la responsabilité d’une culture ou d’un élevage, où il expérimente et innove, jusqu’à s’y procurer l’indépendance économique qui lui permet de préparer son installation de chef d’entreprise agricole. Le concept central de cette pédagogie est la Praxis, qui érige la pratique la plus traditionnelle en source de réflexion théorique et la méthode expérimentale.