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Est-ce que l’encyclopédisme est la machine des machines pour mémoriser, organiser et transmettre le savoir ? Peut-on penser par soi-même et transmettre du savoir ? Qu’est-ce qui relie le savoir aux écritures, aux pratiques bancaires, à l’informatique et aux matériaux nouveaux ?
Le recueil des communications de ce colloque souligne que cette réflexion est nécessaire parce que la science et la connaissance se transmettent, depuis le savoir né au Moyen-Orient, qui a transité par la Grèce pour pénétrer en Europe par l’Espagne. C’est ainsi que l’auteur ouvre un débat transversal, interdisciplinaire et international. Comme inscrite au revers d’une médaille, sa question interroge d’un côté, l’unité dans la science, de la raison et de l’expérience ; de l’autre, sa dispersion par la spécialisation, l’accession à de nouveaux domaines et une large diffusion, à différents niveaux de compréhension.
L’éducation est l’un des domaines qui conditionnent l’avenir de la science et donc directement ou non notre avenir, elle représente le pilier de la culture, considérée sous ses diverses formes, et toutes impliquent d’abord l’enseignement mais aussi la diffusion médiatique…
Certes, le rapport aux techniques et à la technologie a recomposé notre réalité et notre actualité. L’informatique et le numérique ont changé notre façon de calculer, de communiquer, de penser, d’agir ; notre langage peut en témoigner. L’auteur cite les termes technoscience et économie de la connaissance, deux nouvelles expressions qualifiées d’inquiétantes et de puissantes, en termes de processus de production et de transmission de connaissances. Il recommande donc de s’armer d’épistémologie historique, de philosophie et d’éducation avisée, dont la difficulté ainsi que la question éthique et morale restent encore à maîtriser. En rattachant l’éducation à sa triple mission de formation au savoir, formation du savoir et formation par le savoir, les intervenants du colloque ont exploré quelques liens. Certains pensent qu’une encyclopédie demeure liée aux mêmes dilemmes et serait donc une machine à manier avec précaution. D’autres constatent, dans la philosophie de Descartes et les découvertes de Newton, un pouvoir interne d’accéder au savoir. Lequel peut être simplifié, à l’image des symboles mathématiques et chimiques, pour résumer, concentrer et transmettre des connaissances précises et élaborées. Par exemple, de nouveaux outils pédagogiques, à la suite des développements techniques récents en télécommunication, remettent en question la place de l’enseignant, ainsi que la mise au point de matériaux dits intelligents et aux compétences variées. De plus, plusieurs de ces connaissances auront contribué à industrialiser les banques et les finances au point d’obliger les universités, carrefours de connaissances et de recherche, à transformer les métiers et la formation. Chaque remise en question des concepts de base de l’enseignement supérieur, des méthodes pédagogiques, des programmes de formation, des plans d’études ou encore des universités, vise à mettre l’accent sur le développement de l’esprit critique, des capacités et du savoir-faire, explique l’auteur. C’est de cette manière que la science insuffle à son double mandat de production et de transmission un temps de réflexion.