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Si, à la lecture du titre, certains s’attendent à une réponse univoque, qu’ils se détrompent ! Loin d’exposer une seule ligne de pensée, cet essai, réalisé sous la direction de deux chercheurs aux prises de positions antithétiques, dévoile les principales lectures (psychanalytiques, sociales, etc.) sur Harry Potter. L’objectif de cet ouvrage consiste à mieux cerner les raisons du succès mondial et intergénérationnel, de la série de Rowling, à l’esthétique populaire, qui, au départ, s’adressait à un jeune public.
L’analyse du contenu d’Harry Potter, de sa réception et de sa forme permet d’expliquer un tel engouement (Smadja). En effet, les lecteurs se plaisent à vivre, par procuration, les aventures d’un héros qui évolue. En outre, sans nuire à la cohérence de l’intrigue principale, l’intertextualité de l’oeuvre invite à une lecture active. Porté par une écriture ludique, dont l’inventivité se manifeste lors du délicat travail de traduction (voir Ernould et Smadja), ce récit est plus profond qu’il n’y paraît. La richesse des thèmes l’emporte toutefois sur le style (Virole). Par la simplification de l’univers magique, Harry Potter aide l’enfant, à l’instar du mythe, à mieux comprendre la société dans laquelle il vit. Grâce au modèle de héros résilient, ce conte contemporain (Auriacombe) permettrait à l’enfant de dépasser ses angoisses. Harry Potter rappelle au lecteur sa propre expérience scolaire, et lui donne accès à une lecture plus poussée de la littérature, voire de la vie (Biagioli).
En mettant l’emphase sur les hiérarchies humaines (ex. : l’existence d’une classe privée de pouvoirs magiques, les Moldus) et le rôle moins important des personnages féminins par rapport aux personnages masculins, Bruno souligne le conservatisme des idées. Il s’agit cependant d’une erreur d’interprétation, car, en parallèle avec la publication des derniers tomes, les relations hommes – femmes évoluent (Smadja). Puisqu’il bouleverse les classifications traditionnelles : littérature – paralittérature, Harry Potter est transgressif. Ébranlée par l’ouragan Potter, la définition d’une oeuvre littéraire pour la jeunesse doit d’ailleurs être revue (Prud’homme). Pour rendre justice à cette littérature trop souvent dénigrée, il importe de créer le champ d’études juvénistes, qui analyserait trois concepts : l’intentionnalité, l’accessibilité et la littérarité. Cela aiderait certainement les éditeurs dans leur travail de sélection, devenu plus difficile, en raison de l’éclosion de nouveaux titres dans les collections jeunesse (Raoul).
De ce collectif, les contributions de Smadja, Prud’homme et Raoul se démarquent par la clarté du propos et l’écriture soignée. Soulignons au passage la pertinence d’une bibliographie commentée. Notons toutefois que certains textes, plus hermétiques (Bruno, Auriacombe et Biagioli), nécessitent plusieurs relectures. En outre, l’article de Smadja et Bruno, dans lequel sont recueillies les motivations des créateurs de sites francophones sur Harry Potter, détonne par rapport aux autres textes, de facture plus scientifique. Le recours à certaines expressions métaphoriques (ex. : le chaudron magique de l’écriture de Rowling [Virole, p. 37]) tranche également avec la rigueur d’écriture et peut agacer le lecteur.
Pour conclure, il s’agit d’un ouvrage intéressant, pluridisciplinaire, qui peut orienter, dans ses recherches, toute personne intéressée par le phénomène Harry Potter. À chacun de juger de la valeur des arguments présentés !