FR:
Brigitte Haentjens, bien avant la carrière montréalaise qu’on lui connaît, a investi les scènes et le territoire de l’Ontario de 1977 à 1990. Elle a laissé le souvenir d’une frondeuse anti-establishment, à première vue anti-intellectuelle et anti-universitaire, qui pourtant maniait les idées et les mots avec précision et délectation et qui, en très peu de temps, s’est retrouvée au coeur même de l’institution théâtrale franco-ontarienne en prenant la direction du Théâtre du Nouvel-Ontario de 1982 à 1990 et la présidence inaugurale de l’Association nationale des théâtres francophones hors-Québec de 1984 à 1990. Elle s’est affirmée comme une artiste animée par la communauté, mais s’en prenant résolument à ses éléments rébarbatifs. L’étrangère devenue l’intime des Franco-Ontariens a démontré à sa communauté d’adoption l’importance de revendiquer non seulement une prise de parole, mais aussi une parole éloquente, déterminée et qui ne se laisse pas intimider. Le présent article à connotation historiographique explore cette période charnière dans le développement de la metteure en scène à partir de ses réalisations et du discours qu’elle a porté sur la pratique théâtrale et le rôle de l’artiste dans la société par le truchement de ses textes, de ses billets et de ses entrevues.
EN:
Brigitte Haentjens, well before her current renown in Montreal, first developed her artistic practice in Ontario between 1977 and 1990. She is remembered for her anti-establishment stance yet, paradoxically, this seemingly anti-intellectual and anti-academic artist nonetheless showed exceptional ease with concepts and discourse which brought her to the very heart of the Franco-Ontarian establishment, becoming Artistic Director of the Théâtre du Nouvel-Ontario from 1982 to 1990 and the foundational president of the Association nationale des théâtres francophones hors-Québec from 1984 to 1990. In Ontario, she was a community-engaged artist who wasn’t afraid of challenging that very community. Haentjens, a foreigner who became a most intimate member of her adopted Franco-Ontarian theatre community, insisted on the importance of proactive and well-articulated advocacy in the face of assimilation and social intimidation. This article offers a historiography and an overview of the evolving discourse of the director in her interviews, opinion pieces and articles during her pivotal and formative years in Ontario.