EN:
We often think of art as structured in art worlds. But what lies between art worlds? Do we find spaces of undefined practices, or are interstitial practices also clearly defined? For this text, we interviewed 11 French artists with sound-based practices who situate themselves in the spaces where music overlaps with the visual arts, instrument building, performance art, and poetry. How do these artists define themselves, given that the available labels do not satisfy them? How do they actually use established categories when they do not want to make their artistic practice conform to them? Three positioning strategies came up recurrently in our interviews: so-called negative, additive, and generic definitional strategies. We show here that each of these definitional strategies implies related artistic choices, which make it possible for these artists to both legitimize their sense of belonging to an interstitial space and to use this belonging as a powerful means to develop a unique identity. Beyond a simple, sometimes superficial, refusal to be labeled, the strategies we identify appear to be the true markers of “interstitial” artists and their careers within and around art worlds.
FR:
On considère souvent les pratiques artistiques comme étant organisées en différents mondes de l’art. Mais qu’est-ce qui se trouve entre ces mondes ? Y a-t-il une place pour des pratiques non définies, ou bien les pratiques interstitielles sont-elles tout aussi clairement définies ? Pour cet article, nous avons mené des entretiens avec onze artistes français dont la pratique comporte une dimension sonore, mais qui se situent dans des espaces où se chevauchent musique, arts plastiques, lutherie, performance et poésie. Comment ces artistes définissent-ils leurs pratiques, étant donné que les étiquettes disponibles ne semblent pas leur suffire ? Quels usages font-ils des catégories établies ? Trois stratégies de positionnement émergent de nos entretiens, que nous proposons d’appeler stratégies négatives, additives et génériques. Nous montrons ici que chacune de ces stratégies implique des choix artistiques spécifiques, ce qui permet à ces artistes de légitimer leur sentiment d’appartenance à un espace interstitiel et d’utiliser cette appartenance comme un moyen efficace de singularisation. Plus qu’un refus simple, parfois superficiel, d’adopter une étiquette, les stratégies que nous identifions semblent être la véritable marque des artistes interstitiels et de leurs carrières à la croisée des mondes de l’art.