Revue Gouvernance
Governance Review
Volume 11, Number 1, 2014
Table of contents (4 articles)
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Lettre des coéditeurs / Letter from the Editors
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Le train léger sur rails d’Ottawa : les rebonds d’un projet de transport durable conflictuel
Kenza Benali and Ella Bernier
AbstractFR:
De nombreux géographes ont constaté qu’après la période dite de « l’aménagement consensuel du territoire », nous sommes entrés dans l’ère de « l’aménagement conflictuel ». En effet, depuis une dizaine d’années, plusieurs grands projets d’aménagement et d’infrastructure à travers le monde ont connu des conflits et des tensions, à divers degrés, qui ont eu pour effet de retarder voire d’annuler leur réalisation. Le projet de train léger sur rails d’Ottawa n’a pas fait exception. Proposé en 2001 par la Ville d’Ottawa, ce mégaprojet de transport durable fut planifié pendant des années et bloqué en 2006, laissant aux contribuables une facture élevée. Il reste que le projet a connu, après une éclipse de deux ans, un nouveau rebondissement et finit par aboutir. Cet article revient sur la saga du projet du train léger qui déchaîne les passions depuis plus d’une décennie. À travers l’étude de la couverture médiatique, il tente de saisir les origines, les enjeux et le rôle des différents acteurs impliqués dans ce conflit d’aménagement, mais aussi les facteurs qui ont concouru à l’aboutissement d’un des plus grands projets d’aménagement de l’histoire de la capitale canadienne.
EN:
Many geographers agree that what followed the period known as “consensus-based land development” was a new era of “contentious land development”. Indeed, for a decade, several large management and infrastructure projects around the world experienced conflicts and tensions, which at times led to delays or even cancellations. The light rail project in Ottawa is no exception. Proposed in 2001 by the City of Ottawa, this megaproject for sustainable transportation was planned for years but eventually blocked in 2006, leaving taxpayers footing the high cancellation fee. Nonetheless, the project was relaunched two years later and is now back on track. This article reviews the famous saga of this light rail project that has been unleashing passions for more than a decade. Through a study of media coverage, this article attempts to capture the origins, the issues and the role of the various players involved in this development project, as well as the factors that have contributed to the outcome of one of the largest urban projects in the history of Canada’s capital.
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La lointaine origine de la gouvernance en Afrique : l’arbre à palabres
Fweley Diangitukwa
AbstractFR:
L’article s’attarde sur une origine méconnue de la gouvernance, la palabre africaine, afin de compléter les deux autres origines souvent citées, à savoir la corporate governance et la multi‐level governance. La palabre, en tant que lieu de rencontre et de discussion publique sans fin, remplit toutes les conditions pour être analysée comme le meilleur outil de politique publique utilisé dans les sociétés africaines traditionnelles. Cette pratique regroupe les acteurs venant de différents horizons, et couvre presque tous les domaines de la vie : tous les sujets sont publiquement discutés. La volonté générale qui se dégage des échanges est imposée aux parties. En Afrique, la palabre est l’équivalent de l’ « espace public » en Occident (voir Jürgen Habermas) ou encore de l’ « espace participatif ». Dans ce lieu, la vérité ne vient pas de l’autorité, mais elle résulte de la palabre qui met en scène le pouvoir et qui donne du sens au langage. Sans arrogance et sans mépris, l’un va à la rencontre de l’autre pour (r)établir la vérité afin de consolider les liens sociaux et l’unité. Ce texte se limite à présenter les manifestations de la palabre en Afrique subsaharienne dans ses rapports avec la gouvernance moderne.
EN:
This article focuses on a little-known source of governance, African palaver, that complements the other two sources often cited, namely corporate governance and multi-level governance. The palaver, as a meeting place for endless public discussions, meets all the conditions to be regarded as the best public policy tool used in traditional African societies. This practice brings together actors from different backgrounds and covers almost all areas of life; all topics are publicly discussed. The general will, which emerges from the discussions, is imposed on the parties. In Africa, the palaver is the equivalent of “public space” in the West (see Jürgen Habermas) or the “participatory space”. In this place, the truth does not come from the authority, but is the result of the palaver which defines the power and gives meaning to language. Without arrogance or contempt, one goes to meet each other to (re)establish the truth in order to consolidate social ties and unity. This text is limited to presenting examples of palaver in sub-Saharan Africa as a form of modern governance.
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Understanding Donor Behaviour: Actors and Processes in Disaster-Relief Decision-Making
Aaida Mamuji
AbstractEN:
Two of the largest natural disasters that hit in 2010 were the January earthquake in Haiti and the flooding in Pakistan which followed seven months later. Unlike Canada’s disaster-relief intervention to the earthquake, the response to the Pakistan floods has been argued to be comparatively minimal relative to the extent of damage sustained. Through a series of interviews with bureaucrats affecting Canada’s disaster-relief responses in both 2010 disasters, this paper asks, who (and what) really determines the scope and magnitude of international disaster-relief interventions? Through the development and application of a multi-level conceptual framework, donor behaviour is said to be affected by each of macro-institutional, meso-contextual and micro-foundational factors. The findings highlight the determinative role of political actors in shaping humanitarian assistance decisions.
FR:
Deux des plus grandes catastrophes naturelles enregistrées en 2010 ont été le tremblement de terre en Haïti et les inondations au Pakistan, sept mois plus tard. Contrairement à l’intervention canadienne de secours dans le cas du tremblement de terre, la réponse aux inondations pakistanaises a été qualifiée en comparaison de minimale compte tenu de l’importance des dommages subis. À travers une série d’entrevues menées auprès des fonctionnaires en lien avec les réponses canadiennes de secours des deux catastrophes de 2010, l’article pose la question de savoir qui (et qu’est-ce qui) influencent vraiment la portée et la magnitude des interventions lors de secours internationaux en cas de catastrophe. Par le développement et l’application d’un cadre conceptuel multi-niveau, le comportement du don semble affecté par des facteurs macro-institutionnels, meso-contextuels et micro-fondamentaux. Les résultats mettent en évidence le rôle déterminant des acteurs politiques dans l’élaboration des décisions d’aide humanitaire.