FR:
À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l’hostilité des intellectuels canadiens à l’égard des États-Unis et de l’intégration continentale s’exprimait à travers deux discours conservateurs : l’impérialisme anglo-canadien et le nationalisme canadien-français. En dépit de leur divergence fondamentale sur la question nationale, ces doctrines possédaient un point de vue essentiellement antimoderne et trouvaient un point de convergence dans leurs vigoureuses critiques des États-Unis. Pour la droite impérialiste et nationaliste, les États-Unis représentaient la quintessence même de la modernité, étant donné leur acceptation, entre autres choses, du laïcisme, de la démocratie et de la culture de masse. Au Canada anglais, où les institutions politiques et le lien impérial étaient perçus comme les piliers de la spécificité canadienne, le discours antiaméricain avait tendance à se concentrer sur des questions politiques et diplomatiques. Au Québec, où les institutions politiques jouaient un rôle très secondaire dans l’identité nationale, les questions sociales et culturelles dominaient le discours antiaméricain.
EN:
At the end of the 19th century and the beginning of the 20th, the hostility of Canadian intellectuals toward the United States and continental integration was expressed through two different conservative discourses : Anglo-Canadian imperialism and French-Canadian nationalism. Despite their fundamental divergence on the national question, these doctrines shared an essentially anti-modern perspective and found a point of convergence in their vigorous critiques of the United States. For the imperialist and nationalist right, the United States represented the very essence of modernity, given its acceptance, among other things, of secularism, democracy and mass culture. In English Canada, where British political institutions and the imperial link were seen as the pillars of Canadian identity, anti-American discourse had a tendency to concentrate on political and diplomatic questions. In Quebec, where political institutions played a secondary role in national identity, social and cultural questions dominated anti-American discourse.